Test des pneus Specialized Turbo Cotton

Du rendement et des sensations

Très haut de gamme, les pneus Specialized Turbo Cotton apportent un rendement de haut niveau, du confort, et des sensations dignes des meilleurs boyaux. De quoi convaincre les rares adeptes inconditionnels du traditionnel tube en coton ou en soie.

La résistance au roulement (frottement des pneus sur la route) peut représenter jusqu’à 20% des contraintes à effacer au cours d’un effort. À 30 km/h, on peut trouver jusqu’à 15 watts d’écart entre les meilleurs pneus du marché et les moins bons. La proportion de cette résistance augmente avec la vitesse, et diminue avec la pente (où la lutte contre la gravité devient le facteur le plus important).

Pour en savoir plus : comparatif des pneus route, test des pneus Michelin Power Competition

Par ailleurs, les pneus ont depuis quelque temps largement supplanté les boyaux en termes de rendement, à quelques exception près, dans les domaines de la résistance au roulement et des contraintes aérodynamiques. Cela s’explique en partie par la puissance industrielle des fabricants de pneus, qui peuvent travailler sur des mélanges de gomme très performants quand la fabrication de boyaux restent pratiquement artisanale, et parce que la forme tubulaire d’un boyau ne favorise pas l’écoulement de l’air au niveau de la bande de freinage sur la jante. Le tubeless est une solution alternative, mais encore en pleine évolution et avec relativement peu de modèles différents disponibles sur le marché. On comprend donc l’intérêt de soigner le choix du montage pneumatique quand on recherche la performance, mais aussi bien sûr l’adhérence et le confort, ou encore la résistance à la crevaison, toutes ces qualités étant très difficiles à regrouper.

Specialized propose une gamme de pneumatiques bien fournie, avec par exemple le S-Works Turbo, ou le Turbo Pro. Mais le Turbo Cotton dépasse les deux modèles précités, d’abord au niveau du prix. À 59,90 € le pneu, il est très haut de gamme, et ne se choisit donc pas par hasard, ne serait-ce que pour ces magnifiques flancs couleur laquée beige, qui rappellent les beaux boyaux. Il est disponible en deux sections : 700×24 et 700×26. Sur une jante large de 27 mm (17 mm en interne), le 24 fait en réalité un peu plus de 25 mm avec un pied à coulisse, pour une hauteur de 23,5 mm. Nos deux exemplaires de test sont pesés à 222 et 224 g, pour un poids revendiqué autour de 220 g, ce qui reste équivalent à un Michelin Power Competition, supérieur à un Hutchinson Fusion 5 ElevenStorm, et inférieur à un Vittoria Competition Graphène dans la même catégorie. La version 26 mm est logiquement un peu plus large encore, et permet de diminuer très légèrement la résistance au roulement à pression de gonflage égale. En revanche, à moins d’être montée sur une section de jante encore plus large, cette section est moins favorable sur le plan aérodynamique.

La carcasse en polycoton est très souple et à haute densité, avec 320 TPI (nombre de fils par pouce), et ressemble fortement aux anciens pneus Vittoria Corsa CX. La chape est composée d’une gomme nommée Gripton, avec une bande de roulement lisse et peu épaisse (à peine plus de 2 mm) et des épaulements avec des pointes de diamant.

Sous la bande de roulement, Specialized a installé un renfort anti-crevaison appelé BlackBelt. Le montage ne pose aucun problème particulier, et gagne à être réalisé avec des chambres à air légères maison en Butyl (autour de 70g) pour le rendement, puisque le Latex est interdit sur des jantes carbone (avec des risques d’explosion lors des freinages prolongés). Le Turbo Cotton accepte une pression de gonflage jusqu’à 125 PSI (un peu plus de 8 bar). Rappelons que la perte de rendement est sensible en abaissant la pression des pneus, même si le gain en confort est réel. De plus, une pression trop basse influe sur la précision des trajectoires, avec un pneu qui dérive lors des changements d’appui. C’est aussi sensible lorsqu’on roule en danseuse. Bref, selon notre expérience, la bonne pression pour un pneu de cette dimension se situe toujours entre 7 et 8 bar, pour un usage sportif et à modérer selon votre poids et le type de routes pratiquées.

Des pneus « siffleurs »

Sur la route, les sensations sont excellentes dès les premières centaines de mètres. Gonflés à 8 bar, les Turbo Cotton sont très directs, mais ils préservent en même temps un semblant de confort, car on sent la souplesse de la carcasse. Le léger surpoids par rapport aux Hutchinson Fusion 5 est totalement indolore, et remplacé par un toucher de route soyeux et vif. Au roulement, le bruit est semblable à celui des bons boyaux en coton, avec un sifflement caractéristique au fur et à mesure que l’on prend de la vitesse. Montés sur de très bonne roues de 45 mm de haut, les Turbo Cotton sont très rapides, ce que nous pouvons vérifier en battant de nombreux records personnels, sur des segments effectués « à fond ». Selon Swiss Side, le pneu Continental Grand Prix 4000 S II est le plus aérodynamique du marché, grâce aux dessins sur la bande de roulement. Selon d’autres études, le Turbo Cotton n’est pas le meilleur dans le domaine, mais ceci est largement compensé par sa résistance au roulement, l’une des plus faibles du marché selon notre confrère bicyclerollingresistance.com. Car en plus de son rendement économe en watts une fois lancé, le Turbo Cotton facilite les mises en action et les relances, grâce à sa nervosité hors norme. Testée sur 2200 km, avec une majorité de belles routes assez roulantes et moins de 10% de routes cabossées et gravillonneuses, la paire n’a pu éviter quelques averses, entre bruine bretonne et orages d’été plus violents. Dans ces conditions, l’adhérence se révèle aussi de très bon niveau, sur un sol tiède ou chaud tout du moins. Nous ne sommes jamais partis à la faute, et n’avons jamais senti la moindre perte de grip. Même un ou deux freinages d’urgence, qui ont fini par bloquer la roue, n’ont pas déstabilisé ces Turbo Cotton à la gomme tendre, et donc assez sensible à l’abrasion. Il y a peu de coupures à signaler, mais plutôt une usure uniforme sur la bande de roulement du pneu arrière, ce qui nous a incité à intervertir les deux pneus pour tenter de gratter 5 ou 600 km supplémentaires. Car les Turbo Cotton sont moins durables que les concurrents cités plus haut, mais plus durables que des boyaux d’un prix équivalent. Sur la bande de roulement, on trouve des petits trous qui font office de témoins d’usure.

C’est lors d’un retour sous l’averse que nous n’avons pu éviter une crevaison, à cause d’un silex un peu plus acéré que les autres. Cela n’est de toute façon pas exceptionnel sur une telle distance et avec la pluie. Enfin, reste la question de l’entretien cosmétique des Turbo Cotton, forcément plus exposés aux salissures sur les flancs que des pneus tout noirs. En fait, seul le pneu arrière, côté transmission, a un peu plus souffert que les autres côtés, car lors des sorties humides des saletés provenant de la chaîne ou du dérailleur sont inévitablement projetées. Le montage sur des roues carbone évite en tout cas de constater les salissures habituelles de la dégradation des patins sur les pistes de freinage en alu. Pour le nettoyage, un peu de dégraissant, de l’eau savonneuse et de l’huile de coude permettent de préserver autant que possible les Turbo Cotton, malgré quelques tâches indélébiles.

En conclusion, Specialized avec le Turbo Cotton met l’accent sur un superbe rendement, l’adhérence et le confort, plutôt que sur la durabilité. En y ajoutant une touche de nervosité, qui fait souvent défaut à de nombreux pneus. Un ensemble de qualités qui le rend extrêmement attachant, malgré un prix élevé. Mais c’est l’un des tout meilleurs pneus du marché.

SPECIALIZED TURBO COTTON
Les + : rendement, confort, adhérence, look
Les – : prix, durabilité
COMPOSITION : Carcasse 320 TPI, gomme Gripton, renfort BlackBlet. Disponible en 700×24, 700×26
POIDS : 222 g en 700×24
PRIX PUBLIC : 59,90 €

 

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2 commentaires sur “Test des pneus Specialized Turbo Cotton”

  1. Bonjour,
    Avec l’inversion des pneus av/ar, avez-vous tenu 2200km ou considériez que l’on peut en faire encore environ 500 comme vous l’écrivez ?
    Merci

  2. Bonjour, pneus cotton très jolis et effectivement très bonne sensation dans les relance mais très fragiles, en effet au bout de 1000 km pour l arriere et 400 km pour l avant et bien les 2 bandes de roulements se sont décollées malgré une pression de gonflage a 6,5 bras. Dommage quand on voit le prix du pneu en magasin 80 euros. Je ne recommencerai pas. Surtout quand on regarde le pneu en descente et que le voit la bande de roulement flotté.

    Lolo

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