GravelMan Côte d’Azur 2025, le vécu de l’intérieur !

Une journée hors norme

Le calendrier des GravelMan Series touche petit à petit à sa fin et nous voici cette fois entre les départements du Var et des Alpes-Maritimes pour venir découvrir le GravelMan Côte d’Azur qui remplace l’édition « St Tropez » des deux années précédentes. Bienvenue en immersion pour une journée ensoleillée entre mer et montagne.

Par Fred Ischard

Nous sommes vendredi 17 octobre, rendez-vous à Théoule sur Mer situé sur les contreforts du massif de l’Esterel en bordure de la fameuse baie de Cannes. On a fait cette année le choix de découvrir la version « route » sur la distance originelle de 350 kilomètres. Remise du fameux tracker GPS qui nous permet d’être suivi en temps réel par tout le monde via une plate-forme de suivi GPS, un café accompagné du traditionnel petit-dej de bienvenue. Il est 6 heures et c’est parti, tout les concurrents des parcours 350 et 500 Route ou Off-road s’élancent en même temps. Aussi surprenant que cela puisse paraître et malgré un site séduisant ensoleillé, ce n’est pas un peloton très fourni qui s’élance. Nous ne serons qu’une petite vingtaine de coureurs sur la version asphalte.

On débute cette journée par une cinquantaine de kilomètres tout plats le long du littoral dont une petite trentaine sur la « corniche d’or » pour rejoindre St Raphaël. Ça fait une jolie balade nocturne pas très dangereuse car nous sommes souvent guidés par les éclairages des stations balnéaires de St Raphaël. On pourrait presque se passer d’éclairage mais cela reste obligatoire pour être vu par le peu d’automobilistes que l’on croise à cette heure matinale. Bon ce littoral n’est pas absolument plat mais ça fait une bonne mise en jambes en guise de réveil. On a formé à l’avant du groupe un petit quatuor qui me permet de dérouler les jambes sans fournir trop d’efforts.

Il fait toujours nuit lorsque l’on traverse St Raphaël et Fréjus. On passe devant l’ancien site de départ des éditions précédentes du Gravelman « St Tropez » et on file en direction de Ste Maxime où petit à petit, on commence à croiser plus de véhicules. Effectivement il est 8h, le jour se lève et la trace ne nous fait pas traverser ni le port, ni la cité historique, l’idée d’un café sur le port aurait été sympa donc c’est petit détour obligatoire pour ceux qui le souhaite. Soit dit en passant le cœur de Ste Maxime a déjà été exploré à de nombreuses reprises lors des Gravelman précédents. On reste donc sur les extérieurs de Ste Maxime et la sortie de la zone urbaine en direction de Plan de la Tour est assez pénible car nous sommes en pleine heure de pointe sur un axe très emprunté par la population locale. Deux coureurs de notre groupe décident de marquer une pause, du coup je continue avec un coureur du coin dont ce n’est pas sa première expérience des longues distances, il a une soixantaine d’années et j’adapte mon allure afin de rester ensemble quelques kilomètres et profiter du lever de soleil sur les premiers massifs de l’arrière pays varois.

On traverse ce joli village de Plan de la Tour et les premiers reliefs se dessinent, on attaque notre première ascension du jour longue de 7 kilomètres mais avec des pourcentages très doux qui n’excèdent pas 4% de pente sur une petite route tortueuse typique des petites routes varoises. On monte ainsi au col du Vignon, un petit sommet à 380m d’altitude. J’ai vraiment beaucoup aimé cette petite route très agréable avec de chouettes vues sur la mer. On bascule sur une jolie descente qui s’inscrit dans le même schéma que la montée, très sinueuse sur une route assez étroite et partiellement humide, ça insite à la prudence tout en profitant du pilotage. Une fois en bas, on a passé le massif des Maures et changement de décor, on se retrouve enveloppé dans des nappes de brouillard et l’humidité de quelques cours d’eau de cette plaine varoise nous refroidit un peu trop à mon goût, il ne doit pas faire plus de 3 degrés qui contrastent avec l’étonnante douceur ressentie depuis le départ. Ce petit refroidissement est également accompagné d’un petit coup de fatigue sur cette section où j’emmène toujours ce compagnon de virée sur mon porte bagages. On passe le village de Vidauban qui va devenir un lieu prisé par beaucoup de coureurs pour faire une pause. De mon côté, je décide de pousser plus loin et de m’enfoncer dans les massifs de l’arrière pays varois avant de faire une pause. Effectivement, on va enchaîner une succession de difficultés autour de Draguignan dont une qui va nous mener à Tourtour surnommé le « village dans le ciel » car situé sur un promontoire qui domine le parc naturel régional de la Ste Baume d’où l’on peut apercevoir les massifs en face de nous. Après une courte visite de ce chouette village avec ses ruelles et sa charmante place centrale, je poursuis encore une dizaine de kilomètres jusqu’à Aups où je vais effectuer mon premier arrêt toujours accompagné de mon compagnon de virée. Remplissage d’eau dans une fontaine, quelques barres ingurgitées et je suis prêt à repartir, j’ai 115 kilomètres effectués lors de ces 5 premières heures de roulage, un train de sénateur dira t-on.

Allez ça repart avec une sévère montée, l’ascension du col de la Bigue et ses 5 kilomètres qui nous mènent à près de 800m d’altitude, on monte crescendo en difficulté, c’est plutôt chouette comme tracé d’autant qu’après quelques kilomètres sur un plateau, voici le lac de Ste Croix et ses eaux turquoises qui s’ouvre devant nous et comme une surprise n’arrive jamais seule, voici Steven Le Hyaric et son équipe qui a dressé un petit ravito « surprise » au 140e kilomètre. C’est bien une belle occasion de grignoter quelques victuailles et débriefer un peu sur cette chouette matinée qui nous aura fait visiter cet arrière pays varois qui ne manque pas d’attrait. Il est 13h, c’est reparti et maintenant on attaque les choses sérieuses. En effet, après quelques kilomètres le long du lac, on commence l’ascension du col d’Ayen qui va nous faire grimper jusqu’à 1000m d’altitude, 500 mètres de dénivelé qui va surtout nous faire visiter l’impressionnant Grand Canyon des mythiques Gorges du Verdon. Et c’est clair que ce canyon au relief très vertical est impressionnant ainsi que la route que l’on emprunte qui chemine en corniche au dessus de ces falaises avec les eaux turquoises en contrebas. On aperçoit également pour la dernière fois le lac de Ste Croix. Allez, me voici sur un plateau peu avant de franchir ce col d’Ayen qui n’est autre que la porte d’entrée d’un plateau qui surplombe les gorges. J’ai redoublé mon ex compagnon de virée et fais maintenant route solo à mon allure.

Passage au village de La Palud et soulagement lorsque je m’aperçois que l’organisation s’est bien gardé de nous faire prendre la fameuse route des Belvédères, absolument magnifique mais vraiment raide et difficile. Du coup, on file plein nord vers le « Point Sublime », la porte de sortie des Gorges, les falaises sont nettement moins impressionnantes mais la route serpente entre la roche et le Verdon, parfois même sous la roche, c’est vraiment un délice cette visite et je me laisse ensuite glisser jusqu’à Castellane, célèbre pour sa chapelle accrochée à un rocher qui surplombe la ville. Je décide de m’accorder une nouvelle pause qui sera la plus longue de la journée, une bonne vingtaine de minutes afin de me ravitailler, manger, boire et profiter de sanitaires, le tout pour me remettre à neuf avant d’attaquer la seconde moitié du parcours sur les contreforts des Alpes maritimes.

Il est quasi 15h lorsque je repars, j’estime mon heure d’arrivée vers 23h si tout va bien car le tracé sur des routes nettement plus isolées ne va pas m’inciter à m’arrêter souvent et je veux surtout profiter des lueurs du jour pour profiter au maximum du décor. Dès la sortie de Castellane, je m’attaque d’entrée à la plus longue difficulté du jour, le col de St Barnabé et ses 10 kilomètres d’ascension. On longe d’abord un lac de retenue et son barrage avant d’affronter les premières pentes assez difficiles sur une petite route qui serpente en lacets. J’y redouble à nouveau ce coureur avec qui j’aurai partagé bon nombre de kilomètres; un petit mot d’encouragement et il me laisse partir, on ne se verra désormais plus qu’à l’arrivée. Je retrouve ensuite une route plus large lors de la seconde partie d’ascension qui devient du coup plus facile. J’aperçois le col et j’y arrive assez rapidement, me voici au point culminant du parcours à près de 1400m d’altitude. Passage au col St Barnabé qui laisse place à une très courte descente. Il est maintenant 16h et j’ai encore presque 3 heures pour profiter des magnifiques décors de jour. Je vais maintenant longer le cours de l’Esteron pendant une petite dizaine de kilomètres sur un plateau à 1100m d’altitude, c’est quasi dénué d’habitations, un véritable écrin de verdure dans une nature préservée. Une fois passé le village de St Aubin, je m’enfonce au coeur du parc naturel des Préalpes d’Azur en direction du col de Pinpinier, alors ne faut pas s’attendre à une escalade très difficile car on reste quasiment à la même altitude, on longe la Montagne de Bleine et le très long faux plat montant qui m’attend va vraiment se révéler difficile. Le passage du col n’est quasi pas visible et je poursuis maintenant sur un morceau de bravoure de cette incroyable journée, une vertigineuse route en corniche qui surplombe le cours de la Gironde (je ne parle pas de l’estuaire bordelais) et le passage de la clue d’Aiglun, un passage étroit où la route est creusée à même la roche. Le tout petit village d’Aiglun est d’ailleurs absolument charmant et j’y trouve une fontaine salvatrice pour me ravitailler en eau. Je poursuis maintenant sur de petites routes toujours aussi tortueuses pour descendre jusque Roquesteron, on en prend vraiment plein les yeux. Initialement, je pensais faire une pause dans ce village mais je préfère profiter de la dernière heure de jour qu’il me reste et je m’élance donc directement sur une montée de 6 kilomètres me menant à Conségudes, un petit village à 600m d’altitude. Le magnifique décor des massifs alpins du Mercantour s’ouvre devant nous, on ira pas visiter ces massifs sur ce Gravelman mais ce décor de carte postale mêlant nuages menaçants et teintes rosées du jour qui décline rend ce moment fabuleux. Je vais ensuite décider de m’accorder une petite pause à Bouyon, l’un de ces petits villages perchés de l’arrière pays niçois.

Il commence à ne pas faire chaud, la nuit commence à tomber et je vais donc m’arrêter une petite dizaine de minutes; juste pour me ravitailler un peu, installer l’éclairage et enfiler un coupe-vent, bref assurer les 75 derniers kilomètres qu’il me reste. Il est 19h30, la fin de parcours étant plus facile, je pense pouvoir arriver vers 22h et ne pas trop rouler de nuit. Mon plus proche poursuivant étant à 7/8 kilomètres derrière moi, je décide donc de terminer seul. Je file vers Vence en empruntant des routes plus larges qui surplombent la vallée très urbanisée du cours du  Var car avant d’être un département, c’est également un fleuve. Je vais également retrouver l’important trafic de l’heure de pointe des retours du travail vers l’urbanisation de l’arrière pays azuréen. Suite aux nuages menaçants aperçus précédemment, une fine pluie s’abat à l’approche de Vence. Je redouble de prudence car ici les routes peuvent rapidement devenir glissantes en cas de pluie. Après la traversée de Vence, je me dirige vers les gorges du Loup sur une route vraiment trempée, c’est assez crispant avec la grande circulation sur ces routes assez larges mais tortueuses. Et c’est après avoir traversé le cours d’eau du Loup que l’on va avoir droit à la « surprise du chef », une rampe raide à 18% de pente sur un gros kilomètre pour se hisser aux portes de la ville de Grasse, capitale du parfum ! Au sommet, ne me reste que 25 kilomètres mais je dois de nouveau faire une petite pause car entre le « stress » des véhicules, le passage pluvieux et cette vilaine montée, je suis à la limite de l’hypoglycémie.

Je prends 5 minutes pour me ravitailler, quelques cacahuètes suffiront et c’est parti pour la dernière heure de roulage qui m’attend. Bon, pas grand chose à dire sur cette fin de parcours exclusivement urbaine sur la liaison entre Grasse et Cannes. Enfin revoici le littoral, on traverse Mandelieu et c’est la dernière petite bosse pour rejoindre l’arrivée à Théoule sur Mer.

C’est sur les coups de 22h que je boucle ce GravelMan « Route » qui cumulait 347kms et 4700m de dénivelé en 18 heures dont 15 heures de roulage ! C’est ensuite l’heure de débriefer avec l’équipe d’organisation et quelques participants, notamment mon compagnon de virée de la première moitié de journée qui terminera une demi heure après moi pour partager nos diverses aventures vécues différemment selon l’allure et la distance mais au final quoiqu’il en soit c’est pour chacun l’accomplissement d’un défi et une très chouette visite de l’arrière pays varois. Une petite médaille finisher pour récompenser chaque aventurier et il est temps de rentrer chez soi au terme d’une journée incroyable riche en images.

Les GravelMan Series, ce n’est pas tout à fait terminé pour 2025. Le GravelMan Verdun-Paris vient juste de se dérouler mais il est encore temps de s’inscrire pour la dernière date des GravelMan Series, ce sera lors du GravelMan Marseille dont le rendez-vous sera donné les 5 et 6 décembre à Aubagne. Pour 2026, une bonne dizaine de destinations au programme : Paris-Est, Marrakech, Wallonie, Bretagne-St Malo, Lac du Salagou, Lyon, Bordeaux, Anjou et surtout une édition inédite d’une trace itinérante entre Annecy et la Croatie. Toutes ces dates sont à retrouver sur le site officiel des GravelMan Series.

Infos et inscriptions : www.gravelmanseries.com

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