Un final en apothéose !
Rendez-vous était donné le week-end du 4 et 5 octobre à Maussane les Alpilles, petite cité provençale à quelques encablures d’Avignon où quelques centaines de coureurs sont venus vivre et partager leur passion du vélo à l’occasion de ce Raid des Alpilles ! Petit compte-rendu en immersion de cette manche finale du Cycling Challenge.
Par Fred Ischard – Photos : LVO
Tout commence le samedi après-midi avec l’épreuve Gravel qui va parfaitement ouvrir ce week-end provençal, une discipline mixte mêlant chemins de vignes et petites routes tranquilles au milieu des oliviers. Cette épreuve faisait office de manche finale du Gravel’Tour Cannondale, un challenge national créé en 2021 et comptant 7 manches à travers la France. Deux boucles étaient proposées; une première en version rando non chronométrée longue de 34 kilomètres cumulant 500m de dénivelé et une seconde plus longue en version chrono sur une boucle de 68 kilomètres avec pas moins de 900m de dénivelé à gravir. Globalement côté tracé, c’est assez similaire aux autres éditions, à savoir des tracés très roulants parfaitement adaptés au Gravel sur des pistes au cœur du massif des Alpilles. C’est un magnifique peloton d’une bonne centaine de coureurs qui prennent le départ de cette épreuve, du rarement vu sur une épreuve du Gravel’Tour Cannondale, cela prouve un succès toujours grandissant de ces épreuves Gravel au format court et tonique mais également de ce Raid des Alpilles qui se veut accessible au plus grand nombre.
Il est 13h30 lorsque le peloton s’élance sous un beau soleil, prêt à en découdre. Le départ est plutôt assez calme sur le premier kilomètre mais ça va très vite changer dès la sortie de Maussane et les premières pentes à l’approche du magnifique village de Fontvieille. Passage à proximité du mythique moulin d’Alphonse Daudet qui marque le sommet de la première montée du jour, une petite difficulté d’un kilomètre en guise d’amuse bouche avant de descendre sur Fontvieille. Évidemment, ça monte très vite et le peloton se disloque. C’est après le passage de Fontvieille que les choses sérieuses commencent, les coureurs s’attaquent à une montée d’une dizaine de kilomètres avec des pentes certes modérées mais c’est tout de même 250m de dénivelé qu’il faut gravir. Au sommet, passage au premier ravito du jour placé au col de Sarragan à 240m d’altitude. C’est cette difficulté qui fera déjà de gros écarts et va quasiment sceller le résultat de l’épreuve. On retrouve le rhodanien Anthony Chamerat-Dumont en tête avec une petite poignée de secondes d’avance sur l’isérois Maxendre Druneau. Ensuite, on retrouve des duos ou des trios, la vitesse est tellement rapide que le peloton s’est littéralement découpé en petits morceaux. A la 13e place, on retrouve le leader du challenge Lionel Genthon déjà relégué à près de 5 minutes après moins d’une heure de course, c’est dire le rythme effréné imprimé par l’homme de tête.
Le tracé plonge ensuite vers Saint Rémy de Provence et les coureurs ont pu profiter d’une magnifique piste sur une des crêtes de ce massif des Alpilles. Un peu de répit attend ensuite le peloton qui va longer le canal des Alpines avec un enchaînement de chemins tous plats pendant 5 kilomètres environ avant d’attaquer la seconde difficulté du parcours. Il reste maintenant une petite trentaine de kilomètres, la moitié du parcours est déjà passée, voici l’homme de tête toujours en la personne de Anthony Chamerat-Dumont qui passe avec une minute d’avance sur Henry Jumeaux et deux minutes sur Maxendre Druneau. C’est maintenant une longue montée de 6 kilomètres sur une belle piste qui attend les coureurs pour atteindre le point culminant de l’épreuve à 350m d’altitude. Au sommet, il ne reste plus de difficultés durant les 20 derniers kilomètres; la première partie de la descente s’effectue sur asphalte pour rejoindre le charmant village d’Aureille avant de poursuivre sur un chemin de halage le long du canal de la vallée des Baux jusqu’à l’arrivée à Maussane les Alpilles.
Sans grande surprise, Anthony Chamerat-Dumont a poursuivi sur sa lancée pour franchir la ligne en tête en bouclant les 68 kilomètres du parcours en 2h20 avec une avance de 1’15 sur un duo qui va se départager au sprint, Henry Jumeaux prenant la seconde place devant Maxendre Druneau. En prenant la 11e place de cette épreuve extrêmement relevée, Lionel Genthon remporte le classement général final du Gravel’Tour Cannondale. La haute savoyarde Laureen Leemans remporte l’épreuve chez les féminines.

Le dimanche, place à la cyclosportive avec deux parcours au programme dont une grande boucle chronométrée et c’est à nouveau le soleil qui va nous accompagner car j’aurai la grande chance d’être au départ de ce Raid des Alpilles version asphalte avec une belle balade dans ce somptueux massif en perspective. C’est à 8h30 que je m’élance sur l’épreuve reine avec 125 kilomètres et 1300m de dénivelé à gravir en compagnie de 450 coureurs répartis en plusieurs vagues selon sa catégorie d’âge. Ça va partir relativement vite dès la première petite montée qui va servir à étirer le peloton avec six kilomètres à 3% de pente, une montée courte et assez facile qui va rapidement jouer son rôle sélectif. La route est belle et large pour monter au col de la Vayède situé juste à l’entrée des Baux de Provence mais la vitesse imprimée par la tête du peloton va littéralement scinder le peloton en plusieurs groupes. Une fois passé ce premier col, la route se rétrécit et après quelques enchaînements de virages, on reprend le cours de notre montée jusqu’au col de Sarragan qui servira également de lieu d’arrivée chrono de cette cyclo. Malheureusement, pour ma part un petit manque de roulage ces dernières semaines ne m’a pas permis de passer cette première difficulté avec un groupe de tête très fourni avec une bonne centaine de participants dans ce « fast pack ». Sur le papier, ça ne paraissait pas insurmontable de basculer avec ce groupe de tête, aussi fallait-il être capable de réaliser un effort explosif d’une bonne dizaine de minutes.
On bascule maintenant dans une chouette descente avec de belles enfilades de virages rapides, il va également falloir bien mémoriser cette descente car cette route servira de montée finale. A peine 5 minutes plus tard pour effectuer les 4 kilomètres et me voici tout en bas avec une quinzaine de coureurs. On poursuit sur une route étroite qui longe le canal des Alpines pour rejoindre St Etienne du Grès, ça roule vite et il faut se méfier des nombreux pièges tels que graviers, trous et aménagements urbains. Le retour sur Maussane sur une belle route large avec vent défavorable sera ensuite propice au retour d’un bon groupe revenu de l’arrière pour clore cette première boucle d’une petite trentaine de kilomètres. Au premier passage sur la ligne d’arrivée, c’est un énorme groupe de 90 coureurs qui se présente pour entamer la seconde boucle longue d’une bonne cinquantaine de kilomètres comprenant deux fois l’ascension du Pas de la Figuière. Pour ma part, je passe cette ligne avec déjà 4 minutes de retard sur ce gros groupe de tête, c’est impressionnant sur aussi peu de distance.
On enchaîne donc sur cette seconde boucle que l’on débute à toute allure vent favorable en direction de St Martin de Crau avant de bifurquer sur une petite route avec de fortes rafales de vent latéral, je fais donc le choix de me replacer un peu à l’avant du groupe pour éviter les effets de vague. On passe les villages de Mouriès puis d’Aureille à une allure raisonnable sur un long faux plat montant qui associé au vent annihile toute tentative d’attaque. Quelques coureurs vont tenter mais seront revus quelques kilomètres plus tard. On attaque maintenant la première montée du Pas de la Figuière avec seulement 3 kilomètres à 3,5% qui n’ont rien d’effrayant sur le papier mais avec un fort mistral vent de face. Ca change un peu la donne, d’autant que sur ce premier passage, on enchaine en montant jusqu’au col de Meyrol, soit un effort de près d’un quart d’heure depuis la sortie du village. Au sommet, nous voici à mi-course et sans surprise cette montée a créé une grosse sélection à l’avant avec une quarantaine de coureurs en tête, certes les écarts sont faibles avec des poursuivants prêts à tout donner pour retrouver le wagon de tête. Dans notre groupe, malgré une cassure dans le Pas de la Figuière, tout le monde est rentré dans la seconde partie de montée vers le col de Meyrol et ceci, 10 minutes après le groupe de tête ! Le décor est vraiment sublime, nous sommes vraiment au cœur de ce massif des Alpilles avec une vue sur la plaine camarguaise et la vallée du Rhône, le soleil est rayonnant et seul le mistral a vraiment décidé de jouer les trouble-fêtes en cette matinée. On plonge sur une descente rapide vers le village d’Eyguières puis on retrouve le vent latéral sur la route large menant à Aureille, gare aux effets de bordures mais très clairement dans notre groupe, personne ne tentera de grandes manœuvres et on a plutôt l’impression que chacun attend le second passage de la montée du Pas de la Figuière. Justement, nous arrivons à Aureille et nous voici de nouveau au pied de cette montée, je tente à mon tour de sortir du groupe malgré le vent de face, on creuse un petit écart avec deux coureurs mais la bascule toujours avec vent de face va largement permettre le retour des coureurs et le groupe se reforme, la volonté est là mais le Mistral en décide autrement. En tête de course, le vent joue son rôle également et du coup, ça se neutralise, permettant le retour d’un bon nombre de poursuivants et ils ne sont pas moins de 65 coureurs encore en lice pour la victoire au sommet du Pas de la Figuière. Il ne reste donc plus qu’une quarantaine de kilomètres et la difficulté finale pour se départager.
On bascule sur une descente qui sera plus courte que je ne le pensais car on enchaine sur une rampe facile de 1500m à travers la pinède avec vent favorable, montée trop courte et trop rapide pour tenter quoique ce soit. La descente qui suit plutôt facile et peu pentue avec de belles courbes qui permettent de descendre sans risques le long d’un vallon. On a maintenant une petite dizaine de kilomètres roulants pour rejoindre Maussane en longeant la vallée des Baux tout comme l’a fait le parcours Gravel la veille, c’est assez casse-pattes et nous roulons à nouveau à vive allure permettant de rejoindre un petit groupe peu de temps avant de basculer sur une descente un peu plus technique qui va sacrément étirer notre groupe.
Nous arrivons au 95e kilomètre, second passage sur la ligne. Il ne nous reste plus qu’à effectuer la première boucle du jour mais en sens inverse. En tête de course, coup de théâtre car on ne retrouve que trois hommes échappés en tête de course avec Maxime Queyret, Loic Gouasdoue et Hugo Viort. Ces trois fuyards qui ont profité de la descente possèdent 40 secondes d’avance sur un autre trio constitué de Maxim Pirard, Morgan Bertet et du vététiste Hugo Pigeon. Place aux trente derniers avec pour commencer une bonne quinzaine de kilomètres sur une route large et casse-pattes où on sent que chacun garde ses forces pour la montée finale, ça n’avance vraiment pas vite, clairement on attend que ça se passe et je reste placé pour traverser le village de St Etienne dont je sais qu’il y’a de nombreux pièges. On retrouve à nouveau la route étroite pleine de graviers et on file vers le pied de l’ascension finale où je parviens à rester en très bonne position du groupe. Allez, c’est parti pour 4 kilomètres et moins de 10 minutes d’efforts. La première partie en faux plat se monte assez gentiment et à 3 kilomètres du sommet, j’essaie d’accélérer pour sortir mais malheureusement pas assez fort pour créer un écart, je vais malheureusement me faire piéger à devoir lancer le groupe d’autant que le dernier kilomètre comporte des passages à 9%, je vais m’écraser un peu et voir une bonne partie du groupe me doubler, tant pis il faut tenter et je me suis vraiment amusé. En tête de course, les trois poursuivants vont parvenir à refaire leur retard sur les trois hommes de tête juste avant le pied de la bosse finale et c’est le belge Maxim Pirard qui impose sa puissance au sprint qui remporte la victoire avec quelques secondes d’avance sur le coureur de Martigues Morgan Bertet. À une petite dizaine de secondes, Maxime Queyret complète le podium. Chez les femmes, victoire de Cynthia Boivinet avec 10 petites secondes d’avance sur Anne-Lise Meisenburg et 30 secondes sur Florine Perrin.
J’ai vraiment beaucoup apprécié le parcours, certes peu de difficultés sur ce massif ne proposant pas un relief très important mais ça clôture parfaitement le calendrier cyclosportif. J’ai passé une excellente matinée, le décor était très chouette, l’ambiance très conviviale et le repas d’arrivée aux couleurs locales à base de daube provençale fort apprécié ! On pouvait, comme sur de nombreuses épreuves du Cycling Challenge, combiner épreuve Gravel le samedi et cyclosportive le dimanche, une excellente idée pour passer un parfait week-end de vélo tout en découvrant un magnifique territoire et son patrimoine local. Cette édition 2025 en aura été une vraie réussite.
Rendez-vous maintenant en 2026 pour un nouveau calendrier du Cycling Challenge !
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