La suspension minimaliste
Pas d’air, pas d’huile, aucun réglage, jamais d’entretien… La Lauf étonne et se démarque dans un domaine empli de technologies complexes, avec ici un système simplifié faisant néanmoins appel à de l’ingénierie moderne autour du travail du carbone et des fibres composite. Un concept surprenant que l’on a décortiqué quelques centaines de kilomètres pour livrer un verdict précis sur l’objet.
Nous avions découvert en exclusivité la Lauf TR Boost – voir Lauf 2016, arrivée des Carbonara et TR Boost – lorsqu’elle fut dévoilée à la presse spécialisée en juin 2015, avec en prime quelques tours de roue sur les chemins islandais pour se rendre compte de certaines évolutions. Cette fois, nous vous proposons un essai plus long et plus complet sur cette proue atypique, que nous pouvons comparer directement au premier produit de la marque de Reykjavik, La Trail Racer que nous avions testé avant sa sortie en 2014 – voir : Essai Lauf TR29
L’arrivée d’une version Boost fin 2015 se justifie pleinement avec la généralisation de ce standard (avant le prochain changement…). Plutôt que d’élargir de 10 mm la Trail Racer 29, Lauf a également reconsidéré plusieurs points pour améliorer le comportement général de sa fourche. On a ainsi un châssis nouveau avec un ensemble moncoque jambages/tête plus imposant mais aux formes adoucies pour un meilleur accord esthétique avec les différents cadres du marché. Tant que l’on parle d’esthétique, si les TR29 et TR27.5 sont proposés en 9 coloris différents, la TR Boost se limite pour l’instant à 3 choix (+ ceux présents en première monte sur des vélos de série).
Le bloc recevant l’axe de roue est également un peu plus massif. But de ce remaniement (outre l’aspect esthétique évoqué), gagner en rigidité latérale et en stabilité. Pas de changement du côté des 12 lames en fibre de verre avec toujours 60 mm de débattement offert, à noter qu’il n’existe plus que deux duretés (contre trois sur la première TR29) sur toute la gamme aujourd’hui (TR 29, TR 27.5, TR Boost). On a donc le choix entre Regular pour les pilotes de plus de 65 kg et une version Light plus souple pour les vététistes de moins de 70 kg. Si votre poids se situe entre 65 et 70 kg, la question du choix peut se poser. De notre point de vue, le mieux est d’opter pour la Light pour profiter pleinement des capacités d’absorption de la Lauf et plus concrètement de sa courbe d’amortissement progressive, sauf si vous recherchez quelque chose de très ferme pour des parcours très roulants où l’on pourrait presque basculer sur une fourche rigide.
Enfin pour clôturer le chapitre présentation, la TR Boost n’existe qu’en format 29/27.5+, pas de modèle 27.5/26+. Le redesign du châssis permet ainsi d’augmenter la capacité pneumatique par rapport à la TR29 en portant à 29 x 2.50 et 27.5 x 3.00 les limites max pour le montage des enveloppes.
En plaine
Sur le terrain, nos premiers ressentis en terre volcanique se sont confirmés durant ces 2 mois de test en France. Plus de stabilité, réduction drastique des vibrations au freinage, rigidité latérale accrue. On a au final une fourche plus précise et plus tolérante, ce qui permet d’aller vers des terrains un peu plus détériorés. Mais la Lauf reste une Lauf, oubliez l’idée d’aller l’emmener sur des parcours XC où pierres et racines composent une grosse majorité de la surface. On retrouvera l’effet bien connu d’une sensation marteau piqueur sauf si l’on passe tout doucement ou à une certaine vitesse (assez élevée mais pas maximale) où la roue va suffisamment survoler les obstacles et se contenter de faire passer au mieux son pilote en utilisant les oscillations des lames pour capter un grip suffisant. Montée sur notre Open ONE+ de test – voir Test du OPEN ONE+ – nous l’avons roulé en Île de France mais aussi en Wallonie sur les 100 kms du Raid des Sources qui fut une bonne opportunité pour juger le produit sur un parcours comportant des surfaces assez différentes. Il est clair que nous avons du jouer du frein pour modérer l’allure sur certaines descentes où la perte de contrôle devenait imminente. A contrario, la légèreté et l’efficacité sur les parties moins accidentées furent fortement appréciés. Tant que l’on reste dans la fenêtre d’utilisation de la Lauf, c’est du pur bonheur à rouler. On ne se soucie de rien hormis d’appuyer à bloc sur les pédales, car c’est là que réside l’intérêt principal. Pas de blocage à actionner en côte, le faible SAG (quelques millimètres) et la rigidité de l’ensemble font que le pompage reste très faible, sentiers tortueux abordés à vitesse grand V en profitant de la réactivité de l’avant…
On regrette l’obligation de monter un disque de frein en 180 mm, un 160 étant plus léger et surtout bien suffisant avec l’utilisation de systèmes de freinage reconnus. On note toujours une déformation frontale mais amoindrie et sans réelles vibrations parasites, ce qui permet d’aborder les courbes avec davantage de sérénité. Dernier point lors du passage de secteurs boueux, l’absence d’arceau permet d’éviter tout risque de bourrage, une problématique déjà rencontrée personnellement sur des courses XC dans ces conditions où seuls les pilotes ayant opté pour une fourche rigide arrivaient à s’en sortir…
Pour qui ?
La TR Boost, comme sa devancière, reste une fourche très différente de ce que l’on trouve sur le marché. Avec un amorti non sans rappeler les fourches à élastomères du siècle dernier, son utilisation se limite à des parcours de plaine où l’on ne rencontre pas de zones pleines de pavasses ou autres. Il y’a une fréquence d’utilisation très intéressante à exploiter mais trop limitée pour donner pleine valeur à cette courbe d’amortissement progressive qui peut être comparable à certaines hydrauliques. Sensibilité, progressivité et exploitation des 60 mm de débattement, on a, mais à partir d’un certain niveau d’ondes de chocs on se retrouve avec une fourche qui réagit n’importe comment ou avec un rebond beaucoup trop important au point d’avoir l’impression de rouler en rigide. Le concept reste néanmoins pertinent et correspond réellement aux besoins d’une catégorie de pilotes évoluant sur des parcours peu agressifs mais trouvant leur fourche rigide trop extrême ou leur hydropneumatique trop présente et pénalisante. Pour être clair, celles et ceux qui gonflent leur fourche XC bien au delà des recommandations constructeurs, la Lauf peut être la solution ultime. Idem pour les accrocs du light utilisant des rigides qui peuvent trouver ici un plaisir de pilotage accru et un bénéfice en performances qui compenseront aisément les quelques centaines de grammes d’embonpoint. L’absence totale d’entretien en prime !
Les – : Disque de frein de 180 mm obligatoire
Hauteur : 485 mm
Capacité pneumatiques : 29×2.50 – 27.5×3.00
2 duretés : Regular Stifness pour pilotes de plus 65 kg, Light Stifness pour pilotes de moins de 70 kg
Poids limite pilote : 110 kgs
3 coloris : carbone verni/rouge, carbone verni/blanc, noir mat
Poids : 1000 g avec axe de roue et pivot coupé à 175 mm
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