Test du capteur de puissance ROTOR InPower

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Rotor s’invite parmi les pédaliers avec un capteur de puissance intégré, avec un modèle simple, léger, efficace et abordable : le InPower. Que vaut-il à l’usage ?

Aborder le sujet des capteurs de puissance est toujours délicat. Il y a d’un côté ceux qui ne jurent que par la marque allemande SRM, précurseur de ce type de technologie et reconnue pour la fiabilité de ses mesures, et de l’autre ceux qui jugent la mesure de la puissance comme inutile, ou trop onéreuse. Un SRM reste aujourd’hui horriblement cher et pas exempt de tout reproche en termes de pannes ou de fréquences de retour en SAV. Il y a aussi PowerTap, dont on loue la précision (comparée à un SRM) et dont on apprécie les différentes solutions proposées (dans le moyeu, dans les pédales ou au niveau des plateaux). Puis il y a les autres, maintenant une dizaine d’intervenants, qui tentent de se faire une place au soleil avec des prix plus abordables que la référence SRM. Certains d’entre-eux sont des flops, avec des appareils qui ne fonctionnent pas, qui sont complexes à monter ou à régler, ou qui donnent des mesures erronées. Pourtant, avant d’attendre des tests « validés scientifiquement » (la plupart du temps comparés à un SRM) qui tardent à venir concernant ces solutions alternatives, il existe une autre approche qui consiste à se demander quelles sont les qualités utiles et indispensables d’un capteur de puissance pour un usage fréquent et intéressant en termes de progression de la condition physique. C’est ce que nous avons fait avec le Rotor InPower, comme nous l’avions fait pour le Quarq.

  • Les valeurs indiquées sont-elles cohérentes ?
  • La mesure de la puissance est-elle reproductible et comparable dans le temps, quelles que soient les conditions météo ?
  • Quelles sont les facilités de montage, d’appairage avec un compteur, de remplacement de la batterie, de lecture et d’interprétation des données ?
  • Quelle est la fiabilité de l’appareil dans le temps ?

Une solution simplifiée

Le Rotor InPower s’inscrit au sein d’une famille de trois capteurs de puissance, aux côtés du Power Dual et du Power LT. Il est aussi le moins cher, puisqu’il s’affiche à partir de 749 € (sans plateaux), selon la version de manivelles. Car le InPower est proposé à partir de trois niveaux de gamme de pédalier route, et deux niveaux de gamme de pédalier VTT. Pour ceux qui roulent déjà en Rotor, la manivelle gauche InPower avec l’axe est disponible à partir de 649 €. Le poids supplémentaire par rapport à un pédalier Rotor sans capteur de puissance est dérisoire, de l’ordre de 30 g (sans la pile). Celle-ci est une simple pile de type AA, donnée pour 300 h d’autonomie et facilement remplaçable. Enfin, facilement, c’est vite dit, car la manipulation du bouchon de protection et son verrouillage ne sont pas si aisés, surtout si l’on prend garde de remettre le joint de protection bien en place.

manivelle_Rotor_inpower_pile_AA

Le InPower ne mesure donc la puissance qu’à partir de la jambe gauche. Pas de problème pour ceux qui comme nous pédalent de manière équilibrée, mais ceux qui fournissent une puissance plus élevée à droite ou à gauche doivent en tenir compte. Pour ce faire, et lorsqu’on connaît la différence entre les deux jambes (par exemple : 52/48 %), il existe une possibilité de réglage de paramètre sur le logiciel d’utilisateur du InPower, pour que celui-ci envoie les données corrigées sur le compteur. Ce logiciel offre d’ailleurs bien d’autres possibilités, comme l’indication de l’efficacité du couple de pédalage, ou de la fluidité du pédalage, voire un calcul de la meilleure position du plateau ovalisé Rotor. Des fonctions intéressantes, mais que nous n’avons pas pu tester pour une raison pratique : notre capteur de puissance de test est un modèle VTT, et nous n’avons pas pu le monter sur un home-trainer, puisque ces données ne sont visibles que sur un ordinateur. Si le InPower est parfaitement adapté au montage de plateaux ovalisés Rotor, il peut bien sûr être utilisé aussi avec des plateaux ronds. On apprécie franchement l’offre de plateaux de la marque espagnole, de même que l’offre des manivelles. D’ailleurs, pour ce modèle VTT, nous avons profité d’une longueur de 172,5 mm, très rare sur les modèles dédiés au tout-terrain. Le point fort de Rotor, c’est surtout la polyvalence de l’axe UBB30, compatible avec la plupart des cadres du marché, en modifiant seulement le boîtier. On peut donc imaginer le InPower être monté sur deux vélos différents, comme sur un cadre avec une boîte BB30, et sur un autre au standard fileté BSC. Un capteur de cadence est bien sûr intégré au InPower, ce qui évite le montage de tout appareil supplémentaire. Il communique avec un compteur qui reçoit le signal ANT+, mais il a surtout été optimisé pour les Garmin Edge 510 ou 810. L’appairage et la calibration sont un jeu d’enfant, et s’effectuent comme le Quarq ou les Powertap que nous avons déjà testés. Notons que la calibration n’est pas nécessaire avant chaque sortie, même si nous l’avons fait par précaution.

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Des données parfaitement cohérentes

Pour ce test, nous avons donc bénéficié d’un InPower Rex 1.2 en manivelles de 172,5 mm, monté avec des plateaux ovalisés de 40/27 dents, pour une utilisation de type X-Country, mais sur du terrain plus roulant que technique. Les premières sensations liées à l’utilisation du pédalier sont très agréables : les manivelles sont les mêmes que celles utilisées sur route, et leur forme permet un dégagement parfait autour de la cheville.

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La puissance moyenne donnée par le capteur est très vite cohérente avec ce que nous connaissons sur route : un peu plus élevée (de 5 à 10% sur une sortie de 2h), mais c’est assez logique car on est plus souvent en prise à VTT. La cadence moyenne est quant à elle identique. Mais c’est sur des durées bien précises que nous voulions mettre à l’épreuve le InPower. Certes, la discipline est différente, mais nous connaissons notre profil de puissance sur des laps de temps donné.

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Sur l’illustration ci-dessus, notre courbe de puissance record sur Strava de l’année 2015, on voit en foncé la courbe d’une sortie intense avec le InPower sur le VTT, et en grisé les meilleures performances de l’année (pas forcément sur la même sortie), sur route et avec un Quarq. On voit que sur une période de 1 mn 30 à 6 mn (qui correspond à un effort intense sur une longue côte – entre 6,2 et 7,5 watts/kg), les deux courbes se superposent. C’est aussi sur ce laps de temps que sont réalisés la plupart des exercices en fractionnés lors d’un entraînement bien construit. On retrouve aussi des valeurs très proches pour les deux courbes jusqu’à 2 heures, même si là il devient difficile de comparer les conditions entre la route et le VTT. Nous avons répété de type de comparaison à plusieurs reprises, en les mettant en corrélation avec la notion de difficulté habituellement ressentie sur route (et qui correspond à des watts que nous connaissons). Par exemple, une escalade d’une bosse d’1,7 km sur route, avec exceptionnellement un siège enfant et son occupante, montée à 5,8 watts/kg sur 5 minutes, soit la même puissance qu’avec le vélo de route et le même « mal de jambe » dans la même bosse (mais pas à la même vitesse !).

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Sur cette seconde illustration, un zoom sur une portion de 5,5 km d’un parcours, dont une longue bosse à faible pourcentage en sous-bois d’un peu plus de 4 km, on distingue la courbe de la vitesse (en bleu), celle de la puissance (en violet), celle de la fréquence cardiaque (en rouge) et celle de la cadence (en rose). La courbe de la puissance du InPower ne semble ni dériver, ni donner des pics de puissance incohérents, et sa variation est tout à fait comparable avec ce que nous avons déjà pu constater sur route avec un SRM, un Powertap, ou un Quarq.

Au cours de la dizaine de sorties avec lesquelles nous avons roulé le InPower, toutes nos constatations sont identiques : les watts affichés en instantané ou sur des temps intermédiaires ont toujours été cohérents avec nos sensations (en utilisant l’échelle ESIE) ou par rapport à la condition physique du moment. Quelles que soient les conditions climatiques d’ailleurs, car nous avons utilisé l’appareil sous une chaleur sèche et poussiéreuse et 25°, mais aussi sous une pluie humide et dans un terrain boueux à 5°. Contrairement à d’autres appareils d’ailleurs, il ne semble pas souffrir de l’humidité, même après un lavage au kärcher, pourtant non recommandé. Restait un test sur un temps très court, mais très difficile à reproduire comme sur la route. Sur un sprint, il manque 150 watts au InPower sur 5 secondes par rapport au Quarq, mais avec des pédales et chaussures VTT, des pneus moins gonflés et une fourche télescopique, qui modifient fortement les appuis. Quant à un effort en injection, de 30 secondes à 1 minute, la surface du terrain en VTT ne permet pas d’atteindre notre niveau de route et de comparer des indications valables.

Le bilan demeure cependant très favorable. Et si nous ne pouvons pas encore nous avancer quant à la fiabilité du produit à long terme (même si nous disposons au moins d’un retour extrêmement favorable avec un coureur qui l’utilise depuis début 2015), on peut déjà dire que cet appareil semble très prometteur pour ce qu’il peut apporter au cycliste averti souhaitant suivre ses entrainements et sa progression, comparer les efforts d’une sortie ou d’une période à l’autre, ou respecter un protocole précis. Le poids et le prix du produit font également partie de ses atouts. Une bonne surprise.

ROTOR InPower 
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ROTOR InPower REX 1.2 : 899 € sans boîtier, sans plateaux. Manivelles : 170, 172,5, 175 mm. Plateaux disponibles : du 22 au 40 en ovalisé, du 22 au 42 en rond. Manivelle gauche seule InPower disponible à 699 €.
Rotor_Rex_Inpower
Route : InPower Flow, InPower 3D+, InPower 3D30, en entraxe 110 ou 130 mm, de 799 à 949 €. Manivelle gauche seule InPower, de 649 à 725 €.

Rotor_Flow_Inpower_1 Rotor_3D+_Inpower

VTT : InPower Rex 2.1, InPower Rex 2.2, InPower Rex 1.1, InPower Rex 1.2, de 779 à 899 €. Manivelle gauche seule InPower Rex 1 ou Rex 2 à 699 €.

Contact :  www.rotorfrance.com 

 

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6 commentaires sur “Test du capteur de puissance ROTOR InPower”

  1. Est-ce que ce test est vraiment réaliste et valable, étant donné que vous semblez prendre comme seules repères la puissance moyenne sur 2h. Or, on le sait, les capteurs sont tous bons autour de 200 watts. Mais pour un travail au seuil et sur des efforts plus courts, c’est souvent là que le bas blesse.

    Vous comparez de plus une courbe de puissance réalisée sur une année quasi complète sur la route avec une seule sortie apparemment effectuée sur VTT avec le inPower. Si l’on prend en référentiel votre courbe de puissance, sur l’effort de 1mn, on arrive à près de 100 watts d’écart (sous réserve de l’échelle), impossible donc de faire un Gimenez par exemple.
    Enfin, il aurait été intéressant de vérifier la répétibilité des données avec un capteur étalon. Car là, juste aux sensations, difficile de faire confiance à ce capteur.

    Sans référence à un autre capteur, comment être certain que ce capteur est précis à 10 watts près ? Désolé, mais ce « test » me laisse sur ma fin et ressemble plus à une publicité pour Rotor.

  2. Il nous semblait avoir été clairs dans l’article. On ne prend pas comme référence une puissance moyenne sur 2h, mais une puissance sur un laps de temps de 1’30 à 6’30 environ, qui correspond à un effort intense sur un segment Strava. Et dans ce cas précis, la courbe du Rotor est quasiment identique au même type d’effort sur route avec un Quarq.
    Le fait que la puissance moyenne soit approchante sur 2h est juste une coïncidence, suite à une succession d’efforts de ce type.
    Concernant les efforts d’une minute, il est aussi clairement précisé dans l’article que nous ne les avons pas faits dans les mêmes conditions, et que nous ne pouvons donc pas nous prononcer. A VTT, les conditions de terrain sont différentes par rapport à la route (notamment au niveau de l’adhérence), et nous sommes dans le cas présent dans l’impossibilité de produire 500 watts et plus comme sur la route sur ce laps de temps.
    Sans parler d’une météo peu favorable à partir de la deuxième quinzaine de septembre pour ce type d’effort…
    Quant à la vérification de la répétabilité des données avec un autre capteur, cela nous était impossible matériellement parlant sur un VTT. C’est pour cela que nous avons choisi une autre démarche, qui consiste à envisager une utilisation pratique du capteur.
    Concernant votre dernière phrase, elle n’engage heureusement que vous. En attendant, prenez le temps de lire l’article au lieu de le survoler – nous avons pris le maximum de précautions dans ce que nous avons écrit – plutôt que de nous faire des procès d’intention.

  3. Vous serait-il possible dans ce cas, de faire un test prochainement sur route ? Car ce capteur me semble intéressant, mais je voudrait être sûr avant tout achat.
    Désolé pour la méprise, apparemment, j’ai tout compris de travers, mais c’était vraiment mon ressentis.

  4. Bonjour Eric, nous sommes en train de voir pour réaliser un second test complémentaire sur l’un des modèles destinés à la route, nous vous tiendrons au courant très prochainement donc.
    Sportivement.

  5. JeJe viens d’acquérir ce pédalier d’occasion et je voudrais savoir si je peux le configurer avec l’application mobile de chez INpower sans passer par par un Garmin ou autres ?

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