L’avant dernière !
Il y a des comptes-rendus à rédiger que l’on sait plus facile que d’autres, avant même de commencer. Et celui-ci, avant la course terminée, je savais déjà qu’il coulerait tout seul. Cette course figurait sur ma liste depuis 2011, déjà inscrit cette année là sans pouvoir malheureusement s’y rendre. Elle se refusait obstinément depuis mais quand nous avons appris que 2026 serait la 20ème et dernière édition sur 7 jours, il ne fallait plus trainer.
Par Jeff Bossler – Photos : Dave Silver, Deniz Murdano
On rembobine, jeudi 26 juin atterrissage à Victoria (et non pas Vancouver cela évite une logistique plus compliquée avec un ferry, etc) en provenance de Montréal, récupération des bagages et d’une voiture, direction Colwood pour quelques nuits en B&B. La course se déroule sur l’île de Vancouver qui est quasiment aussi grande que la Belgique. Si vous rêviez de Whistler, et bien ce n’est pas là, mais vous pourrez facilement vous y rendre après la course pour des vacances prolongées. Sur l’île de Vancouver vous trouverez des Bike Park plus typés Down Country que véritable enduro. Proche de Victoria je recommande de visiter : Jordie Lunn et Hartland afin de se familiariser à la typologie de la semaine à venir (télécharger trailfork, l’abo d’un an est offert avec la course)
Lundi 30 juin on récupère à North Cowichan nos dossards, sac et autres goodies le matin, briefing à midi, le prologue se déroule ensuite à partir de 14h00. Particularité, il y a 4 vagues et chacun choisit celle dont il pense avoir le niveau. Ensuite une dizaine de kilomètres non chronométrés permettent de s’échauffer avant la partie chrono. Située dans un bike park sur la montagne Maple il est plutôt simple avec 4km de montée et quasiment 5 de descente / plat relances, le tout uniquement en single tracé de la main de l’homme, mais avec beaucoup de flow et donc rapide. Autant dire que pour doubler ce n’est pas evident et il vaut mieux partir aux avant poste même si la semaine sera longue. Retour vers la base du départ en liaison non chronométrée, impeccable pour éliminer les lactates et se détendre.
Le lendemain la deuxième étape se déroule sur un parcours très similaire. Départ en 8 vagues de 50 établies sur la base du classement du prologue de la veille. Nous refaisons le début en non chrono (mais il démarre cette fois après moins de 8 km), reprend la première partie de la montée en single mais cette fois on poursuit jusqu’au sommet de la montagne. Ce qui permet ensuite d’enchainer la descente très technique de Upper Maple Syrup (cherchez sur Youtube là c’est de l’enduro avec un vélo de XC et en lycra) puis à nouveau celle de Phloem beaucoup plus flowy et les mêmes derniers singles aussi jusqu’à la fin du chrono du jour. Retour également par le même parcours non chrono pour tourner les jambes.
Après 2 journées sur la montagne Maple, le départ de la 3ème étape est délocalisée au pied du Mont Tzouhalem. Cette fois départ par vague de 100 et chrono qui démarre dès le départ. D’entrée, montée de 2.5km sur route bien raide avant un km sur chemin gravier toujours montant afin d’étirer tout le monde. Puis ensuite single non stop que ce soit en montée (Chicken Run) avec beaucoup de pierres et racines, plat pour relier ensuite un petit joyau de descente shappé = Double D pour enchainer avec Bumblebee. Quasi 10 minutes de régalade absolue avant de devoir reprendre un single en montée très bien construit et rapide au point qu’on ne se rend (presque) pas compte que cela monte pour retourner au sommet du mont. Deuxième gros enchainement de descente de la journée avec Twist and Shout, une montée courte pour atteindre Danalyzer et au pied de celle-ci c’est l’arrêt du chrono. Les derniers kms de descente se feront sur route en neutralisé ce qui n’est pas plus mal. Ravitaillement comme chaque jour en eau / boisson énergétique / coca et fruit / barres / donuts et autres gourmandises tel que chips et saucisson.
Jour 4, changement de lieu et sur la route du camp, nous nous arrêtons à Nanaimo à 40 minutes de route au nord de Cowichan. Départ du chrono au pied d’une belle bosse sur route de plus de 2 kilomètres qui étire le peloton, suivi d’un chemin gravel avant de rentrer dans le vif du sujet : des singles ! D’abord en montée afin d’atteindre la ligne de crêtes que nous suivrons un temps, avant de basculer dans Gatekeeper : une descente rapide et fun avec quelques petits sauts. Deux chemins de transition pour remonter sur les crêtes et attaquer la grosse descente du jour Blitzkreek, très pentue, old school singletrack sans virage relevé et avec beaucoup de pierres et racines. Rien de très technique mais cela secoue à mort si on souhaite aller vite, gainage et gros bras nécessaires. 3ème remontée de la journée sur un single adéquat très sympa et assez roulant pour atteindre Pink Unicorn, un superbe fun trail avec quelques petits sauts et un seul gros drop de rocher sur la fin. Quelques singles rapides sur la fin qui nous ramène à un jolie lac, lieu de fin de chrono et de ravito. Retour au départ par une route en descente non chrono. Etape de quasiment 38km et 900m D+ avalée en 2H30, impeccable pour avoir le temps de continuer notre périple vers le nord et Cumberland, deuxième camp de la semaine.
Etape Reine le vendredi, la plus difficile avec 40km et 1260m D+. Un parcours très vieil école de singles, avec dès le départ plus de 7km de montée. D’abord sur une large piste gravel pour étirer les vagues de 50 sur 3km environ, pour aborder un long single track en montée fait à la machine et avec un nombre incalculable de virages en épingle nécessitant relance et puissance. Au sommet au passage de la cabane, on aborde un replat de courte durée avec la descente sur un trail Bluecollar puis 1km de gravel avant Grunt&Grint. Très bon choix de nom, difficile a rouler avec beaucoup de rochers et racines en montée, quelques cotes très raides et même un petit portage (l’unique de la semaine) avant de basculer directement dans Furtherburger, un des sentiers accidenté les plus anciens du bike park, en descente avec beaucoup de vielles souches, difficile de garder un bon rythme. Remontée sur un chemin large idéal pour s’alimenter enfin et se préparer à la plus longue série de descentes.
Race Rocks et Felicia, puis Potluck, pour enchainer avec Upper Thirsty Beaver. Ce sont tous des sentiers noirs à l’ancienne et il n’y a pas vraiment de pause entre eux, donc vos bras et vos jambes vont hurler ! Race Rocks est une descente en traversée bancale, rocheuse et exposée. C’est probablement le sentier le moins bien tracé de toute la journée. Très facile de sortir de la ligne ou de faire une erreur dans les rochers. De superbes vues si vous pouvez y jeter un coup d’œil ! Felicia et Potluck sont pleins de racines avec quelques virages délicats, mais ils sont surtout là pour vous épuiser. Upper Thirsty Beaver est un sentier génial, mais vous serez très fatigué au moment où vous y arriverez. Il faut essayer de profiter des passages sur les nombreuses passerelles en bois et en rondins. Quelques descentes bleues amusantes suivent, qui traversent d’anciennes zones d’exploitation forestière, alors attention aux vieilles racines et aux souches qui peuvent surprendre. S’ensuit une longue montée sur un chemin de gravier qui mène à une traversée à l’ancienne le long du bord de la rivière Trent. C’est étroit avec des montées et des descentes épuisantes. Quelques doubles pistes plus plates suivent avant de tourner et de grimper sur la montagne Nikkei tout en singletrack avec deux pentes très raides. La descente depuis le sommet vaut le coup : Rhizome et Woodcutter sont super sympas et ensuite, direction 50:1, un autre classique, avec une courte montée raide au milieu, avant de rejoindre enfin l’arrivée par Resurrection, un sentier bleu facile. Dans l’ensemble, une journée très difficile, où il faut rester patient au début et essayer de descendre en douceur pour économiser le matériel et l’athlète.
Étape 6 à nouveau décalée, située à Campbell River (encore plus au nord) : une longue journée de cross-country sur des pistes rapides, pas beaucoup de dénivelé (840m pour 48km), mais les montées sont raides. Les descentes sont courtes mais super sympas, et les sentiers de liaison sont plats, donc on pédale sans arrêt. C’est la journée des coups de pédale non stop. Départ avec 8 premiers kilomètres de route de gravier qui sont donc très importants pour bien se positionner. Rythme très rapide et les coureurs se battent pour se placer car on tourne a gauche directement dans une montée raide en single et la descente la plus technique de la journée. On zigzague ensuite beaucoup entre les montées et les descentes à travers une forêt luxuriante en essayant de trouver un bon rythme et un bon groupe. Finalement, on arrive à Lost Lake et à un singletrack plus doux. Tellement amusant à parcourir. Une belle montée suivie d’une superbe descente sur Rock’n’Roll, avant d’enchainer sur une nouvelle descente Tres Hombres, probablement la descente la plus fun de la semaine avec que des virages relevées, des doubles et des tables à sauter. Ensuite, on pédale vraiment avec beaucoup de montées rapides et douces jusqu’à la route puis on continue sur des singles le long du lac jusqu’au point de départ. Les sentiers sont tous lisses, rapides et agréables si on a les jambes et l’énergie nécessaires. Enfin, on termine sur une route de gravier rectiligne qui vous épuisera. Beaucoup de nids-de-poule à éviter, mais l’arrivée est juste devant !
Étape 7 (a nouveau sur Cumberland) : Déjà le dernier jour, un peu plus court (31 km mais toujours quasiment 900m D+), avec principalement des singletracks fluides et récents. Même départ que l’étape 5 par Sobo No Michi, puis une descente par Vanillas. Des descentes ultra rapides avec des sauts de table amusants et de gros virages relevés. Une petite montée pour couper le souffle, puis la descente est soutenue pendant un moment. Profitez-en, car après, il y a une montée de 8 km sur un chemin de gravier ouvert bien dur. On dirait que ça ne finit jamais. Et puis, ça se termine par Above and Beyond (la même montée raide sur singletrack que celle de l’étape 5). Enfin, on arrive à Mumbo Jumbo, Lost Wood et Blockhead, une série de descentes noires amusantes, mais qui repousseront vos limites après 7 jours. Beaucoup de chutes de racines et de virages glissants. Il y a quelques pentes raides sur Blockhead vers la fin. Une rapide montée/traversée sur double piste jusqu’à Bear Buns, une descente rapide et amusante. Ensuite, des montées plus faciles et des sentiers de cross-country jusqu’à l’arrivée. Même ambiance à travers d’anciennes coupes forestières, mais ça peut être amusant si on a de l’énergie. Bonestorm est un excellent sentier d’arrivée, mais malheureusement, le gros rocher a été barré et on prendra la ligne B. Bon on va dire en fin de semaine, les bras sont KO et ce serait dommage d’envoyer des gens a l’hôpital à 500m de la ligne. Ligne d’arrivée finale et comme à la Break Epic, la médaille de finisher est en fait une boucle de ceinture que vous pourrez arborer fièrement lors de vos sorties en mode cowboy !
Que retenir de cette BC Bike Race ? Et bien j’en ai faite quelques une des courses VTT par étapes et c’est l’une des rares où je me suis amusé tous les jours. Toutes les étapes sont joueuses et demandent un minimum de forme physique pour les montées mais rien qui nécessite une forme olympique. Au contraire les montées sont assez courtes ou relativement technique et il faut de l’adresse pour passer la puissance et non pas juste écraser les pédales. Et que dire des descentes ! Formation en bike park / enduro nécessaire pour être rapide car les canadiens ne plaisantent pas, ça soude grave et ils connaissent par coeur leur sentiers. Très compliqué de les suivre sans systématiquement faire de petites erreurs qui font perdre du temps voire vous poussent à la faute. Je recommande aussi en préparation des mois de gainage / pompes / tractions pour être capable de tenir le vélo à haute vitesse dans les descentes. Mais sinon en global gros kiff sur ces différentes étapes et la BC ne déçoit pas. En supplement les paysages forestiers et les vues sur l’océan sont au top. Il ne vous reste plus qu’une chance d’y participer sous ce format 7 étapes XCO, et c’est du 23 au 29 mai 2026, donc plus tôt dans la saison qu’habituellement. Dépêchez-vous, c’est déjà à plus de 80% sold out !
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