Essai longue durée : SVO Ultimo EXO

Le randonneur sportif par excellence

Après une présentation et un test très rapide lors de sa sortie en 2015, SVO nous a confié durant un peu plus d’un an un Ultimo dans le but de réaliser un essai longue durée, l’occasion de revenir sur les bénéfices combinés d’un ensemble moyeu Rohloff / courroie Gates parfaitement adapté à ce type de machine.

En tout premier lieu, pour découvrir la marque et ce modèle en particulier, nous vous invitons à lire la présentation complète que nous lui avions consacré, toutes les explications statiques concernant cet Ultimo figurent ici : SVO, le haut de gamme à la française – Part#2.

La marque française se démarque par une approche particulière dans le milieu du VTT, avec une gamme de machines atypiques dont le dénominateur commun est la transmission à moyeu Rohloff intégrant une boite de vitesse couplé à une courroie Gates. On a donc comme éléments principaux, un châssis titane, un moyeu boite de vitesses 14 rapports et une courroie, ces 3 parties qui dénotent clairement l’orientation de l’Ultimo : la randonnée sportive. Fanas du light et des machines à caractère bien trempé, passez votre chemin, le plaisir de rouler un SVO se situe ailleurs. Et d’ailleurs, si l’on veut résumer en un seul mot, on parlera justement de plaisir.

Transmission

On se penche de suite sur le coeur du système, assurément le « plus » qui caractérise ce vélo, la transmission avec un moyeu Rohloff renfermant une boite de vitesses à 14 rapports commandés par une poignée tournante et une courroie assurant l’entrainement. Suppression des dérailleurs et de la chaine, directement synonyme d’absence d’entretien puisque l’on peut faire des milliers de kilomètres sans à avoir intervenir sur cet ensemble, contrairement à une transmission classique nécessitant nettoyage et lubrification très régulière (souvent à chaque sortie selon les conditions de roulage) ainsi que des réparations qui peuvent être fréquentes (casse dérailleur, changement galets, changement chaine/cassette/plateau(x)). L’usure est bien moindre, on peut aisément passer les 20000 km avant d’envisager de remplacer courroie et couronnes. En termes de matériau, la courroie Gates CDX est en polyuréthane et carbone, le plateau en aluminium 7075T6 et le pignon en inox.

 

En termes de « braquets », la pignonnerie du moyeu/boite Rohloff ne peut être modifiée, on a donc un étagement des 14 positions fixé par la marque offrant 526% de démultiplication avec un écart (quasi) identique de 13,5% ou 13,7% entre chaque passage de vitesse. On peut par contre jouer sur le choix des couronnes pour optimiser les développements par rapport au niveau et à la pratique du pilote. Ca, c’est le boulot de SVO qui saura appliquer le bon choix lors de l’achat du vélo, en fonction des informations communiquées par l’utilisateur (lieu de pratique, niveau). Une procédure qui reste très simple et rapide, on pourra au besoin réajuster dans le futur (en fonction de la progression d’un débutant par exemple) mais les 526% de démultiplication offrent une très large plage d’utilisation. Par comparaison, le SRAM Eagle 12 vitesses et son énorme cassette 10/50 dents offre 500% tandis que l’on peut atteindre 600% avec une boite de vitesse (Pinion ou Effigear par exemple).

Notre vélo de test est monté en 46 x 20 dents mais il est possible d’opter pour un 22 ou 24 dents à l’arrière. De notre point de vue, le 46 x 24 dents peut s’avérer l’idéal sur ce type de machine, le 20 étant un peu petit sur des forts pourcentages. A noter que selon le choix de couronne arrière, la longueur des bases va légèrement varier, nous avons relevé 425 mm avec notre 46 x 20. Des bases courtes qui permettent de conserver une bonne dynamique sans pour autant se retrouver avec une machine inconfortable et exigeante, le titane et les pneus Tubeless Ready de qualité apportant de la tolérance.

Personnalisation et conception

SVO propose l’Ultimo avec un montage de base fiable et efficace grâce à une sélection de composants éprouvés. Aucun élément de qualité douteuse, on part sur des valeurs sûres pour s’harmoniser avec l’esprit global du vélo. On trouve donc dès le premier prix (5700 Euros pour un Ultimo Flo) potence et tige de selle Thomson, cintre Truvativ, fourche RockShox, freins SRAM Guide, pneus Hutchinson, jantes SVO. Viennent ensuite des possibilités d’options très claires visant à monter en gamme pour gagner davantage en performance, mais aussi se faire plaisir avec un ensemble correspondant esthétiquement à ses envies. Notre modèle de test illustre ça avec une version EXO comportant toutes les options, la fourche RockShox RS-1, les freins Hope Tech3 X2, les jantes carbone et la tige de selle télescopique (RockShox Reverb) notamment, que l’on a cependant remplacé par une Thomson à mi-année. Au delà de la personnalisation, Thierry Besson (créateur de SVO) insiste sur la notion de service avec la possibilité de création d’un objet unique répondant aux désirs de l’acquéreur. La peinture personnalisée est également possible si l’on veut s’écarter de cette finition mixant le brossé et le sablé.

La géométrie et autres choix spécifiques en termes de construction du cadre ne peuvent être modifiés, une géométrie sur mesures n’aurait ici aucun sens, tout comme choisir les diamètres et formes de tubes, pour ne pas « casser » la conception d’ensemble très travaillée. Comme évoqué lors de notre première présentation (voir : SVO, le haut de gamme à la française – Part#2), si la forme du châssis peut s’avérer assez conventionnelle, de multiples détails propres à la marque permettent d’obtenir un vélo 100% compatible aux exigences très spécifiques d’une transmission Rolhoff/Gates, sur l’arrière notamment où aucune déformation influant sur la tension de courroie ne peut être tolérée.

A l’usage

120 mm de débattement pour la RockShox RS-1, roues de 29 pouces, géométrie confortable et équilibrée, dynamique mais pas fulgurant, le SVO Ultimo se positionne comme un très bon vélo de randonnée sportive. Vif et joueur, il se montre volontaire lorsqu’il s’agit de s’amuser. On a une machine assez stable et maniable, prévue pour avaler du kilomètre à bonne allure ou de façon plus modérée. Les variations du terrain, le dessin des sentiers ne lui font pas peur, l’Ultimo passe partout. Les pneumatiques polyvalents Hutchinson Taïpan d’origine en 29 x 2.25 aident en ce sens et sont un très bon choix pour ce type de vélo qui se veut efficace en toutes conditions et simple dans son utilisation en évitant de changer régulièrement ses enveloppes en fonction du terrain. Un train de pneus pour tout faire, c’est bien pratique.

Un premier avantage de cette transmission ne comportant aucun dérailleur, le risque d’accrocher l’arrière sur les passages étroits entre les roches devient inexistant. Au revoir les pattes de dérailleur cassées ou tordues et les galères qui vont avec, on peut de plus se permettre de passer sur le vélo certaines parties posant souci habituellement, ce que nous avons pu constater sur nos boucles test habituelles ; certes le cas est très rare mais il existe, il est important de le mentionner. Mais c’est évidement toutes les casses de dérailleurs/pattes plus classiques (branchages, choc, transport, coincement de chaine…) qui sont supprimées, un gros plus donc de ce côté.
Sur les terrains gras, énorme avantage que l’on a pu savourer sur les parcours réalisés par temps humide, aucun bruit strident habituel de la transmission, un rendement qui reste constant du début à la fin de la sortie et aucun nettoyage/entretien nécessaire. Lorsque l’on part rouler avec un SVO, on contrôle les pneus puis on y va, aucune lubrification (parfois bien contraignante) à effectuer.

Le changement de vitesses Rohloff, peu commun mais néanmoins très réputé, nécessite un petit temps d’adaptation pour celles et ceux n’ayant jamais utilisé le système. C’est fluide, précis et silencieux et on peut passer les vitesses à l’arrêt ainsi que le nombre de rapports que l’on veut en une seule fois, pratique lorsque l’on repart d’un arrêt (ravito sur une rando par exemple) où si l’on aborde une montée imprévue. On aurait aimé plus d’ergonomie à la poignée ainsi que des crans plus serrés et plus marqués (par exemple comme sur une excellente poignée tournante SRAM), de façon à améliorer la facilité d’utilisation de cette transmission avec un changement de vitesse un peu plus direct.

1 an plus tard

Quelques milliers de kilomètres en 2016, pas une utilisation intensive mais tout de même un paquet de sorties à son bord permettant de vérifier en pratique certaines choses évoquées précédemment. En ce qui concerne l’usure, les couronnes se sont légèrement creusées mais il y’a encore largement de quoi faire, un contrôle de tension de la courroie (grâce à un outil spécifique) indique que tout est ok.

Les plaques aluminium coulissantes n’ont pas bougé, aucun signe de faiblesse de ce côté là. La fourche a quant à elle besoin d’un entretien. Du côté des roulements de direction et pédalier, rien à signaler mais on sait que les systèmes PressFit (boitier de pédalier) ne sont pas toujours très durables, c’est un peu la loterie. Le moyeu Rolhoff fonctionne comme au premier jour, on note cependant un bruit persistant sur un pignon comme si le rodage n’était pas terminé tandis que les autres sont silencieux. On doit donc simplement prévoir une vidange de l’huile de rodage pour passer sur de l’huile définitive qui doit en principe atténuer ce bruit. Les freins Hope, rien à redire… D’un point de vue cosmétique, l’avantage du titane apparent est de conserver très longtemps son aspect d’origine. Aucune oxydation et les petites griffes provoquées par les branchages, cailloux, transports ou chutes restent rares et ne sont apparents que si l’on regarde de très près. Excellente résistance des inscriptions noires de la marque présentes sur les différents tubes, appliquées par transfert à chaud. Au niveau du routing des câbles et durite, pas de frottement venant altérer la cosmétique du cadre, seul le fourreau de fourche gauche subit une usure à cause d’un passage de durite moyen sur la RS-1.

En résumé

Le SVO Ultimo est une franche réussite, une conception pointue pour une utilisation aisée. Ce n’est pas un vélo pour chasser le chrono en compétition, le titane n’est pas le matériau idéal pour ça aujourd’hui si l’on raisonne en rendement pur, mais on conserve de la sportivité et du plaisir grâce à la tolérance du vélo induite par la souplesse du matériau. Du sport et de l’épanouissement, voilà les deux ingrédients principaux pour s’éclater en milieu naturel sur une sortie d’une heure ou d’une journée. Une belle machine pour les pratiquants sportifs souhaitant se faire plaisir avec du matériel technique et très fiable. Les amateurs de Bikepacking light y trouveront bien évidement leur compte également…

SVO ULTIMO EXO

Les + : conception, fiabilité, simplicité d’utilisation, look
Les – : choix de tailles limité, poignée de changement de vitesse, un seul support porte-bidon

Cadre : SVO titane 2AL3.5V
Fourche : RockShox RS-1 – 120 mm
Poignée : 
Rohloff 14 vitesses
Pignon : Gates CDX:EXP – 20 dents
Courroie : Gates CDX
Pédalier : SRAM X01, couronne Gates CDX:EXP – 46 dents
Freins : Hope Tech 3 X2, disques 180 mm
Roues : SVO Star, moyeux Rohloff Speedhub et SRAM RS-1
Pneus : Hutchinson Taïpan Tubeless Ready 29 x 2.25
Potence : Thomson X4
Cintre : Truvativ Noir T40 – 710 mm/rise 15 mm
Grips : ESI Chunky
Tige de selle : RockShox Reverb Stealth
Selle : Fi’zi:k Tundra M1
Poids : 11,85 kg sans pédales en taille L avec tige Thomson
3 tailles : S, M, L

Prix public :  8250 € (toutes options comprises), Ultimo EXO à partir de 6700 € hors options.

Voir aussi :
– SVO, le haut de gamme à la française – Part#1
SVO, le haut de gamme à la française – Part#2
SVO, le haut de gamme à la française – Part#3

 Contact : www.svobike.com

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4 commentaires sur “Essai longue durée : SVO Ultimo EXO”

  1. bonjour je viens de lire votre article et je suis étonné qu au bout d un an dans toutes les conditions vous ne parliez pas du boitier de pédalier , parce que cette pièce ne dure

    jamais très longtemps sur les vélos … vu que bien souvent les roulements qui sont montés sont assez cheap .

    quel modèle est ce ? un Sram ? ou bien avez vous monté du haut de gamme ? merci .

    1. Bonjour, je viens d’ajouter une petite partie concernant les roulements de direction et la boite de pédalier (boitier Sram PressFit). Pas de souci de notre côté mais effectivement ce n’est pas toujours le cas. Flinguer un boitier PF Sram ou Shimano peut parfois prendre que quelques semaines… La qualité a progressé dernièrement car c’est clair que l’on a eu par le passé des boitiers vraiment très fragiles. On est donc ici tombé sur une bonne série, je m’attendais effectivement à ce qu’il s’abime, ce ne fut pas le cas.

  2. bonjour et merci pour votre réponse .

    de toutes façons a une époque il y avait bien des soucis avec les boitiers PF et BB30 , ce qui d ailleurs m a bien dégouté sur mon Specialized Fat boy que je n ai pas gardé a

    cause de ça .. certes depuis Spe a arrêté le PF 30 ( comme quoi .. )

    depuis je suis revenu sur un cadre fat acier avec boitier BSA  » a l ancienne  » et jeu de direction on ne peut plus classique .

    et merci pour vos articles , bonne continuation .

  3. Pour le PF30, ouvrir les roulements et mettre une bonne graisse (Super web grease par exemple) permet de prolonger leur durée.

    Une question concernant la courroie : sent-on une perte de rendement due à la courroie ?

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