Étape 4: Prali/Pramollo
On attaque la seconde moitié de l’Iron Bike avec la 4e étape entre la station de Prali et le village de Pramollo sur un parcours de 72 kilomètres cumulant 2700 mètres de dénivelé. Étape plus courte donc départ plus tardif, les premiers coureurs à s’élancer partiront à 8 heures. D’entrée de jeu, une boucle de 25 kilomètres chronométrée comportant une longue ascension de 1000 mètres de dénivelé et une belle descente.
Par Fred Ischard
Allez, c’est parti on s’élance sur les deux premiers kilomètres sur asphalte qui serviront d’échauffement avant d’attaquer le chrono par une piste en cailloux avec des pentes nettement plus raides. Après 5 kilomètres, nous voici déjà à 2000 mètres d’altitude. Un peu de récupération sur un replat puis on quitte la piste pour un single raide plein d’épingles où il est très difficile de rester sur le vélo, c’est très physique… On roule ensuite sur une crête, c’est particulièrement joli ce sentier de montagne avant de boucler l’ascension par un petit portage au milieu d’un tas de pierres. Nous voici au sommet du Bric Rond à 2400 mètres d’altitude, le point culminant du domaine skiable de Prali. Place à une superbe descente, pas trop engagée à part un beau pierrier, pour revenir sur le village de Prali.
En bas, premier ravito après ce gros effort, on remonte maintenant 800 mètres de dénivelé… en télésiège pour nous faire profiter d’une descente 100% plaisir dans le Bike-Park de Prali. Une fois à nouveau bas, on quitte définitivement la station et on poursuit notre parcours par une montée raide qui se termine par un portage et un passage au milieu des vaches. Redescente rapide puis on remonte à nouveau, on va évoluer dans un décor plus alpin et moins sauvage entre 1500 et 1700 mètres d’altitude jusqu’au second ravito du jour au hameau de Fontane. On a quasi quatre heures de vélo, l’heure du pique-nique avec ce ravito bien garni. Une bonne pause déjeuner et c’est reparti pour 200 mètres de dénivelé avant de plonger dans la vallée du Germanasca.
Descente très rapide sur piste puis sur route pour arriver au village de Perrerro puis de Chiotti d’où l’on entame la dernière ascension du jour, les 900 mètres de dénivelé pour monter au col de l’Azzara. Les 500 premiers mètres se feront sur route puis c’est le départ du second chrono du jour à 1200 mètres d’altitude. Il aura bien fallu s’économiser sur la longue liaison entre les deux chronos mais la forte chaleur du jour compliquera la chose.
On monte une piste cette fois très roulante avec une pente correcte, il faut de la puissance et de la force pour se hisser jusqu’au sommet avant de plonger vers Pramollo, 400 mètres de dénivelé négatif qui sera très rapide et entrecoupé de courts raidillons. On alterne piste rapide et single dans des petits pierriers. Ce chrono court bouclé en à peine plus d’une demi-heure par les meilleurs sera très intensif. Il ne reste plus que 3 jours, l’arrivée finale approche.
Étape 5 : Pramollo/Villaretto
Cette 5e étape de l’Iron Bike s’annonce un peu comme une journée plus cool avec « seulement » 55 kilomètres et 2300 mètres de dénivelé mais comprenant la redoutable ascension du Colle Albergian qui ne sera pas une mince affaire.
Départ toujours individuel et cette fois, pas de start chrono dès le départ, on a le droit à une liaison en guise d’échauffement, le temps imposé pour effectuer l’étape est de 5h30. On démarre direct par une ascension de 400 mètres de dénivelé pour remonter au col de l’Azarea que l’on a escaladé dans l’autre sens en mode chrono pour boucler l’étape précédente. Cette montée à 10% sur une petite route reste agréable, petit braquet de mise pour démarrer en douceur et bien commencer la journée. On retrouve une piste à mi-pente dans un joli paysage alpin pour parvenir au sommet.
Place à une longue descente que l’on a escaladé en sens inverse la veille, 900 mètres de dénivelé très rapide sur piste et route et nous revoici dans le Val Germanasca. On emprunte ensuite la même grande route que le jour d’avant mais dans l’autre sens pour aller chercher le pied de notre grosse difficulté du jour, les 1800 mètres de dénivelé pour se hisser au Colle Albergian. La première partie de montée sur route le long d’un joli torrent est très sympa avec plein de cascades et des chouettes hameaux dont celui de Massello et de Balsiglia d’où est donné le départ chrono et où se trouve notre premier ravito du jour…
Un petit arrêt s’impose pour bien se préparer car ce chrono sera particulier; une quinzaine de kilomètres mais 1h30 à 2 heures de portage pour monter au sommet à 2700 mètres d’altitude ! On a 1400 mètres de dénivelé à gravir. Allez je m’élance, ça part direct en portage sur du cailloux glissant, ensuite ce sera alternance entre roulage et poussage sur un sentier de randonnée montagne. Cette montée dans ce décor est par contre juste fabuleux. Le passage au sommet est un grand moment, juste époustouflant, on doit vite enchaîner la descente car le chrono tourne, une dizaine de kilomètres bien technique mais globalement tout se franchit, la fin de descente sera nettement plus rapide. Fin de l’unique chrono du jour, voici le second ravito pour se remettre de nos émotions et ensuite petite liaison à profil descendant d’une quinzaine de kilomètres pour boucler cette 5e étape en déroulant. Il fait très chaud mais cette journée plus courte va nous permettre de récupérer avant une nouvelle grande étape à venir.
En effet, le lendemain place à ce qui devrait être l’étape reine de cet Iron Bike malgré l’annulation de l’ascension du sommet du Chaberton qui devait être le point culminant de l’épreuve du haut de ses 3150m d’altitude. C’est tout de même un parcours de 110 kilomètres et quelques 4000 mètres de dénivelé qui nous attendent avec la mythique descente des 3800 marches du fort de Fenestrelle, un passage incontournable de l’Iron Bike.
Étape 6 : Queen Stage, Reveletto/Sestriere
6e étape de l’Iron Bike, l’étape reine qui sera malheureusement tronquée du mythique passage au point culminant de l’épreuve sur le mont Chaberton en raison d’importants éboulements qui se sont abattus sur le tracé, rendant le chemin de l’ascension impraticable. Dommage mais quand la nature en décide autrement, il faut s’adapter et ça l’organisation sait faire. En effet, on va nous proposer une ascension différente, une variante moins impressionnante mais tout aussi belle. Au total, c’est 92 kilomètres et 3800 mètres de dénivelé qu’il faudra effectuer.
Départ matinal pour cette étape reine, on quitte Revelleto et on s’engage sur une liaison en bordure du val du Cluson. Le soleil nous accompagne une fois de plus puis c’est parti pour une ascension de 800 mètres de dénivelé intégralement sur la route du col de Finestre jusque 1700 mètres d’altitude au sommet de la forteresse de Fenestrelle. Après plus d’une heure d’ascension, voici l’impressionnante section chrono de Fenestrelle, une descente de 600 mètres de dénivelé et 3800 marches d’escalier à dévaler, de toutes les tailles, de toutes les formes, des tunnels (loupiote obligatoire) au cœur d’une magnifique forteresse accrochée à la montagne, bref frissonnant et magique ! Bien peu de coureurs effectueront l’intégralité de la descente sur le vélo, l’anglais Luke Harrison habitué de l’épreuve et excellent descendeur signera le meilleur chrono en moins de 8 minutes alors que les leaders du classement général ne prendront pas de risques en bouclant cette descente en à peine plus de 12 minutes. Les écarts ne sont pas énormes, peu de temps à gagner pour une prise de risques pouvant s’avérer fatale mais cette expérience reste franchement une des choses à part qui rend l’Iron Bike unique !
Maintenant, direction Sestriere en liaison, 25 kilomètres et 900 mètres de dénivelé le long du Cluson. Pas simple du tout et physique, elle en fera souffrir plus d’un, le relief paraissant facile mais ces successions de talus se montrant compliquées à gérer d’autant qu’une difficile section chrono nous attend. Voici le ravito de Sestriere, il nous aura globalement fallu deux bonnes heures pour effectuer les 25 kilomètres de liaison ! Ce ravito sera très important afin de repartir pour la seconde partie de journée dans de bonnes conditions. C’est reparti en direction du village de Thures en contrebas de la station où se trouve le départ du 2e chrono qui va remplacer la fameuse ascension du Chaberton. On a une dizaine de kilomètres à profil descendant pour rejoindre le départ, parfait pour bien se remettre dans la course avant la grosse section chrono du jour longue de 18 kilomètres avec d’entrée une montée de 700 mètres de dénivelé.
On démarre d’abord pendant deux kilomètres sur une piste très roulante et assez plate où il faut déjà envoyer avant de s’attaquer à de forts pourcentages. Une fois à 2300 mètres d’altitude, on bascule sur une descente rapide de 300m de dénivelé, pas très technique mais glissante par endroits nous menant au ravito du lac Noir (Lago Noro), l’organisation nous accorde une neutralisation de 10 minutes maximum pour se ravitailler avant que le chrono ne se réenclenche après passage sur le tapis de chronométrage pour les 400 mètres de dénivelé suivants, le cardio est à son maximum pour tout le monde et on termine cette difficile ascension par un portage pour atteindre le sommet à 2400 mètres d’altitude. Une courte descente hors trace nous mène au somptueux lac des 7 couleurs, on croirait un bassin posé sur un cratère. On en fait le tour avant de devoir repousser le vélo pour les 100 derniers mètres de dénivelé … Allez, les trois derniers kilomètres pour filer vers l’arrivée, une piste au profil descendant entrecoupée de talus et voici l’arrivée de la section chrono. Cette arrivée mérite bien une belle photo au sommet tant la vue sur Sestriere et Cesana est sublime. Justement place à une très longue descente pour plonger vers Cesana en mode liaison afin de se relaxer un peu. On nous a prévenu au briefing de la circulation sur cette longue piste et on croisera effectivement quelques voitures, ce qui réclame une extrême prudence.
Cette descente sera agréable et sans aucun piège à travers la forêt mais une fois en bas à proximité de Cesana, il va falloir remonter vers l’arrivée jugée à Sestriere, il nous reste une petite vingtaine de kilomètres. On remonte aussitôt pour nous faire visiter la piste de bobsleigh de San Sicario utilisée lors des Jeux Olympiques de Turin. Dernier ravito du jour et c’est parti pour 600 mètres de dénivelé qui vont paraître longs, d’autant que les orages menacent et que le ciel s’assombrit. Enfin le sommet, et nous revoici à Sestriere, lieu d’arrivée de cette 6e étape. Contrairement aux nuits précédentes, cette dernière nuit en bivouac s’effectuera en gymnase et le dîner dans les restaurants de la station, un confort bien apprécié après une telle journée et à la veille de la dernière étape de l’Iron Bike qui cumulera 55 kilomètres et 1800 mètres de dénivelé.
Étape 7 : un final sous les orages, Sestriere/Sauze d’Oulx
7e dernière étape de l’Iron Bike, une étape plus courte pour finir et le réveil est un peu difficile ce matin. Dernier petit déjeuner et c’est parti pour 43 kilomètres et 1300 mètres de dénivelé au programme à effectuer en moins de 4 heures. Dans un premier temps, on prend un télécabine pour se rendre au départ du premier chrono du jour sous un ciel très menaçant sur Sestrière qui se découvre sur les sommets. Nous voici au sommet du domaine skiable à 2600 mètres d’altitude, ce premier chrono long de 10 kilomètres est intégralement en descente, que du fun !
Allez c’est parti, cette descente sera très chouette et ludique, typé Bike-Park par moments, piégeuse mais avec du grip, pas trop cassante, ça me permet de se lâcher sans grand danger. On poursuit en liaison pour la grosse ascension du jour, les 900 mètres de dénivelé pour monter au Cime Bosco, une piste régulière parfois pentue, parfois plus roulante, de quoi profiter pendant plus d’une heure à son rythme.
Après 1h30 d’ascension, nous voici au sommet à 2400 mètres d’altitude. Quelques photos en profitant des éclaircies et on plonge vers Cesana, une longue descente de 12 kilomètres sympa au début sur single puis plus rapide pour finir. On longe le torrent Ripa et nous voici dans le village de Cesana alors qu’un orage se fait très menaçant, on reprend un peu de hauteur pour se retrouver en balcon du vallon et au moment d’attaquer la dernière ascension du jour, l’orage éclate. On reçoit des seaux d’eau durant ces 300 mètres de dénivelé. En haut, fin de l’orage, reste un joli single de 8 kilomètres devenu bien humide mais restant agréable. On peine un peu à finir, la fatigue se ressent mais on passe enfin le tapis de fin de chrono au hameau de Jouvenceaux, pied de la station de Sauze d’Oulx. On apprend alors que suite au gros orage, le second chrono du jour est annulé (on devait initialement prendre un télésiège pour monter à 2000 mètres d’altitude et effectuer une descente en mass-start) devenue trop dangereuse.
On monte donc nos derniers hectomètres de dénivelé à vélo pour franchir la ligne d’arrivée tant attendue au cœur de Sauze d’Oulx et boucler ce 26e Iron Bike. Au total 552 kilomètres et 23000 mètres de dénivelé, beaucoup d’émotion à l’arrivée ! L’équipe VELOCHANNEL.COM tient à saluer tout le travail de l’équipe Iron Bike pour ce qu’ils nous proposent, c’est quand même une épreuve de dingue où on se retrouve immergé dans un monde et une famille à part. Bravo à tous les finishers ainsi qu’aux 50 coureurs classés qui ont bouclé l’aventure dans les délais !
Au final, c’est l’espagnol Brandon Marquez qui remporte cette 26e édition en faisant preuve d’une régularité exemplaire. Le duo Joseba Albizu/Llibert Mill remporte la catégorie « duo » en prenant la seconde place du classement général. Agustin Navarro complète le podium et remporte la catégorie inférieure à 40ans. Le premier français est un jeune coureur qui n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il boucle son second Iron Bike à la 7e place du classement général. Chez les dames, c’est Gisela Biguet qui remporte l’épreuve devant Lucia Funes et Cynthia Coto, toutes trois bouclant l’intégralité du parcours dans les délais maximum impartis.
Que dire de cette épreuve au combien majestueuse. Elle requiert évidemment un niveau physique et technique très important pour espérer boucler l’intégralité du tracé toujours aussi magique. Nous sommes ici dans l’essence même du VTT de montagne comprenant des descentes parfois très engagées mais également des portages pouvant paraître très longs. Cependant, la beauté naturelle de ces décors sauvages et minéraux n’ont pas d’équivalent dans aucune autre course au monde et l’émotion d’avoir accompli quelque chose de majestueux n’a pas d’égal à d’autres épreuves. Le format de course aux points en mode « rallye raid chrono » avec liaisons et chronos peut paraître étrange mais en fait une épreuve atypique et très singulière et croyez nous, pour peu que l’on joue le classement sur chaque longue section chrono, la gestion des liaisons cumulée à l’intensité des chronos et à l’aspect méga physique du parcours est loin d’être facile !
Si vous recherchez un défi de taille gigantesque, c’est dans le Piémont italien qu’il faudra venir, la 27e édition de l’Iron Bike vous attendra courant juillet 2020…
Infos et classements : www.ironbike.it
Voir aussi :
– Iron Bike 2019, étapes 2 et 3
– Iron Bike 2019, prologue + étape 1
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