Dossier : quel niveau de gamme pour une paire de chaussures ?

De quelques dizaines à plusieurs centaines d’euros, vous trouverez sur le marché une offre pléthorique de chaussures spécifiques à la pratique du vélo. Même si les prix en haut de gamme peuvent être considérés comme exagérés, il existe une réelle différence de technologie entre des modèles basiques et des chaussures qui ont pour but de retransmettre au mieux l’énergie que vous déployez, tout en maintenant votre confort. En deuxième partie de ce dossier, vous trouverez un comparatif chiffré de l’efficacité de modèles Shimano d’un niveau de gamme différent.

Il est possible de s’équiper de chaussures spécifiques pour le vélo à partir de 39 € chez Decathlon, et jusqu’à 1000 € chez Mavic pour des modèles de série, la majorité se situant autour de 200/250 €. Le sur mesure total est même possible dans certains cas, que ce soit au niveau des coloris ou des mensurations, pour des tarifs de 500 à 2000 € (2000 € par exemple pour les chaussures Hanseeno U95 entièrement moulée au pied et extrêmement légères, ou encore près de 1000 € pour les nouvelles Bont Helix ou Vaypor + personnalisées et sur mesure). Une solution extrême qui vise un public hyper exigeant, alors que le haut de gamme de modèles de séries se situe plutôt autour de 350/380 €. Un tarif justifié ? Pas toujours, surtout qu’en matière de rigidité, de maintien et de confort il n’y a pas de solution universelle : chacun est différent, et ce qui peut convenir à l’un en fonction de la forme et de la largeur des pieds ainsi que de la pratique, peut ne pas convenir à l’autre.

« On ne choisit donc pas une paire de chaussures parce qu’elles plaisent, mais d’abord parce qu’elles conviennent. »

On ne choisit donc pas une paire de chaussures parce qu’elles plaisent, mais d’abord parce qu’elles conviennent. Choix d’autant plus difficile que malgré le nombre important de marques sur le marché, chaque vélociste ne peut disposer en stock et pour que vous puissiez les essayer de tous les modèles et de toutes les pointures. Restent quelques évidences au niveau des solutions techniques proposées pour la rigidité ou le confort, qui dépendent des matériaux utilisés et du soin apportés à la réalisation.

Comment acheter ?

Considérées à juste titre comme faisant partie intégrante de l’équipement du cycliste et/ou du vélo – en tout cas pour optimiser la pratique cycliste – les chaussures sont nombreuses sur le marché. On trouve pas moins de 25 marques officiellement en France, chacune proposant une dizaine de modèles pour la route (parfois autant pour le VTT, et nous ne parlons pas des couleurs disponibles !), et sans compter les marques que l’on peut trouver sur Internet. Impossible dans ce cas pour le client de tout essayer, et en même temps très risqué de commander à l’aveugle par correspondance. Selon les marques, les pointures ne correspondent pas forcément. Il en est de même pour la largeur des chaussures, ou le maintien assuré par différents systèmes (velcro, boucles micrométriques, molettes, lacets…). Chaque pied étant différent, l’emplacement des différents serrages peut ne pas convenir, et créer à la longue gênes ou douleurs insupportables. La présence des modèles en magasins est donc un élément clé, qui vous permet d’essayer et de choisir chaussure à votre pied. C’est ce qui explique la difficulté de certaines marques, qui doivent s’appuyer sur un bon réseau de distribution, de commercialisation et de diffusion. Vous pouvez aussi commander sur le net, mais à la condition de connaître parfaitement le modèle et la pointure qui vous conviennent. La bonne affaire, c’est quand un modèle des années précédentes et que vous connaissez bien est déstocké par un vendeur en ligne. Mais sinon globalement, les enseignes sérieuses ne laissent pas se diffuser auprès des vépécistes des modèles au prix cassé, afin de respecter les vélocistes qui prennent la peine de stocker pointures et modèles différents.

Différents niveaux de gamme

Les chaussures cyclistes ont pour but de créer une bonne connexion entre vous et votre vélo, par l’intermédiaire des pédales. L’objectif est de retransmettre l’effort fourni avec si possible le minimum de déperdition, tout en assurant le confort nécessaire pour pédaler plusieurs heures. Le pédalage est un mouvement circulaire qui ne consiste pas seulement à appuyer sur les pédales pendant la phase de poussée. Pour être efficace, il faut également pouvoir tirer sur les pédales pendant la phase de remontée, et effacer au mieux ce qu’on appelle les points morts haut et bas (les phases de transition entre la poussée et la remontée de la pédale). Une bonne chaussure doit donc vous permettre d’appuyer sur les pédales grâce à la rigidité de la semelle (où est fixée la cale elle même enclenchée dans la pédale), mais aussi de tirer sans déperdition d’énergie grâce au maintien de l’empeigne (ou tige, la partie supérieure de la chaussure) et des systèmes de serrage, pour éviter que le pied ne décolle ou ne flotte à l’intérieur de la chaussure.

« Le pédalage est un mouvement circulaire qui ne consiste pas seulement à appuyer sur les pédales pendant la phase de poussée. »

Le talon peut aussi être plus ou moins guidé ou maintenu. Et le tout avec le confort nécessaire pour éviter échauffements ou points de pression à la longue, qui peuvent s’avérer très handicapants. Les différences de niveaux de gamme s’expliquent donc à plusieurs niveaux :

  • la rigidité de la semelle extérieure : elle dépend du matériau utilisé (nylon, fibres de verre, carbone)
  • le ou les matériaux de la tige : pour maintenir et épouser plus ou moins bien le pied (plastique, simili cuir, matière synthétique, cuir véritable, mailles)
  • le ou les systèmes de serrage : pour un serrage plus ou moins précis (velcros, boucles micrométriques, molettes de réglage, lacets)
  • la durabilité des matériaux : certains sont plus ou moins sensibles aux déformations répétées, aux conditions extérieures (pluie, froid, transpiration, etc.)
  • la finition intérieure : coutures, collages ou thermosoudages des différentes parties de la tige peuvent provoquer ou non des points de pression
  • la semelle intérieure : parfois simple semelle de propreté, elle peut aussi apporter un soutien de la voûte plantaire, là aussi essentielle en termes de transmission de l’énergie et de confort, et répartissant idéalement les points d’appuis.
  • quelques détails supplémentaires comme embouts ou protections de talon remplaçables, ouvertures sous les semelles pour favoriser la ventilation, logos ou inserts réfléchissants pour la visibilité, poids, coloris, etc.

À prendre en compte

Autre particularité : les points de fixation des cales. Le système standard à trois trous en triangle permet de fixer la plupart des cales du marché (et donc des pédales). On peut trouver des modèles spécifiques à Speedplay (quatre trous), ou des modèles conçus sur le modèle des cales VTT avec le type SPD (deux trous), protégés sur les bords afin de faciliter la marche à côté du vélo.

Attention à l’emplacement des points de fixation : ils peuvent ne pas convenir à des réglages de cale particuliers, notamment longitudinalement (trop avancés ou trop reculés). La cambrure de la semelle peut être plus ou moins prononcée selon les marques et modèles. Question de préférence et de type de pédalage qui n’entre pas vraiment dans la notion de niveau de gamme. Globalement ceux qui pédalent avec le talon vers le bas préfèrent les semelles peu cambrées, quand les pédalages « de la pointe » s’accommodent mieux de semelles cambrées. Reste l’épaisseur de la semelle, là aussi plus ou moins prononcée et qui influe sur le réglage de la hauteur de selle. Attention car nous avons constaté jusqu’à 5 mm de différence d’épaisseur de semelle au niveau de la fixation de la cale entre deux modèles haut de gamme (des Sidi et des Shimano S-Phyre plus basses, donc avec une distance entre le pied et la pédale plus réduite), ou encore entre les Shimano RP1 et RP9 que nous avons testées dans la suite de ce dossier.

Le feu aux pieds

Voilà un problème souvent rencontré en plein été par ceux qui se plaignent de l’inconfort de leurs chaussures en pédalant. Une sensation de brûlure, que l’on attribue la plupart du temps à tort à la rigidité de la semelle, ou à son manque de ventilation. D’ailleurs, la plupart des fabricants prévoient des trous d’aération dans les semelles, pour faire circuler l’air.

Pourtant, le feu aux pieds est plutôt causé par ce qu’on appelle une stase veineuse : il s’agit en fait d’un retour veineux de mauvaise qualité, en raison de mauvais appuis à l’intérieur de la chaussure, au niveau de la semelle ou sur le pied qui créent des points de pression, en raison de coutures ou de liens de serrages mal placés. Certaines chaussures sont vendues avec des semelles intérieures dites de « propreté » très basiques (plates et sans soutien), alors que d’autres sont plus élaborées, comme chez Shimano avec la possibilité de placer un insert de deux hauteurs différentes pour soutenir la voûte plantaire, et donc mieux répartir les appuis. Specialized propose aussi par exemple des semelles avec trois niveaux de soutien (assez rigide) mais en pièces détachées.

En cas de problème récurrent, la meilleure solution reste de se faire faire des semelles sur mesure chez un podologue. Question confort et efficacité, c’est le jour et la nuit !

Comme on le voit, il existe différentes technologies appliquées aux chaussures de vélo pour assurer le confort et l’efficacité qui peuvent faire varier les prix de 1 à 5 (voire plus). Mais est-ce réellement sensible en termes de rendement ? Des réponses dans la suite de notre dossier.

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2 commentaires sur “Dossier : quel niveau de gamme pour une paire de chaussures ?”

  1. Bravo à votre site pour les tests et essais.
    Mais, il faudrait mieux faire la différence entre course et cyclotourisme,
    en effet je trouve ridicule de voir tous ces cyclos avec des chaussures à bascule à pieds dans des pentes trop dures pour eux ou en visite lors d’arrêts sur les parcours alors qu’avec des bonnes chaussures VTT à cales intégrées style Shimano SPD on peut marcher sans se casser la figure.
    De plus ça fait des économies importantes car les chaussures et les cales SPD ça dure très longtemps. J’ai une paire de Lake qui a plus de 10 ans et j’ai changé les cales une seule fois et pourtant je les utilise en route et VTT.
    Maintenant j’ai aussi des chaussures VTT bien plus légères que je ne mets que en vélo route
    https://www.acycles.fr/chaussures-northwave-multi-app-jaune-fluo-9400.html
    je les avais payées 63.90 € TTC livraison comprise.
    https://www.acycles.fr/chaussures-northwave-multi-app-jaune-fluo-9400.html
    Chaussure très légère qui m’a agréablement surpris.
    C’est quand même étonnant de ne jamais avoir d’articles sur des articles moins chers et qui sont pourtant plus fiables et destinés à plus de monde. Il n’y a pas que la compét il y a la rando.

    1. Bonjour, merci pour ces précisions et compliments. En ce qui concerne les essais chaussures, nous testons majoritairement des produits milieu et haut de gamme correspondant aux attentes de notre lectorat mais nous ne négligeons pas pour autant les premiers prix qui nous semblent également intéressants. Il nous arrive en conséquence d’en passer pour nos lecteurs pratiquant la rando loisir, exemple ici https://www.velochannel.com/test-des-chaussures-btwin-vtt-500-17366 et nous en testons actuellement, article à venir fin mars/début avril.
      Sportivement.

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