ESSAI DU BIRDY 2015, LE MEME EN MIEUX
Riese & Müller a annoncé il y a quelques semaines l’arrivée d’un nouveau Birdy, 20 ans après l’apparition du modèle original. Nous avons pu rouler sur un des tout premiers exemplaires de cette nouvelle version pour voir ce qu’il avait dans le ventre.
Le Birdy est un pliant haut de gamme qui rend tous les services d’un bon vélo classique. Parmi ses points forts, un ensemble cadre-fourche en alu dont seules les articulations des suspensions sont utilisées pour le plier. La rigidité de l’ensemble est totalement préservée. Et c’est très profitable à l’usage : le Birdy est un excellent rouleur. Contrepartie de cet atout appréciable, un pliage pas très instinctif et un encombrement une fois plié seulement dans la moyenne, malgré des roues de 18 pouces.
Depuis quelques années, le constructeur Riese und Müller se consacre uniquement à la production de vélos à assistance électrique. Le Birdy est la seule machine à propulsion exclusivement humaine conservée au catalogue de la marque allemande. C’est dire si elle tient à son oiseau… Voici les améliorations apportées en 2015 à ce pliant si particulier.
Vu à quelques mètres de distance, c’est le même. La seule évolution qui saute aux yeux, c’est l’apparition de freins à disque, des Shimano Deore 160mm (présents sur tous les modèles de la gamme).
Mais les changements sont nombreux. Le bras oscillant est passé à l’alu hydroformé comme le cadre, et donne une courbe continue de l’axe de la roue arrière à la douille de direction. La section rectangulaire des tubes de fourche est remplacée par un parallélogramme, et des pièces usinées dans la masse reçoivent la roue avant et son étrier de frein. Le balancier lui-même reste de section carrée. La visserie des articulations de la fourche est désormais en alu.
Le cadre garde la même allure, mais R&M annonce l’abaissement du boitier de pédalier (et du centre de gravité) pour gagner en stabilité.
L’axe du bras oscillant dispose désormais d’un graisseur, et le verrouillage de la potence d’un nouveau bouton de sécurité.
Pour le pliage, un vrai guide-chaîne fixé au boitier de pédalier (parallélogramme déformable à ressort, s’il vous plaît) remplace désormais la ferraille cintrée et vissée au dérailleur du modèle précédent.
La potence est passée à 31.8mm.
Ce Birdy Speed est équipé d’un dérailleur Ultegra sur une cassette 9 vitesses, commandé par poignée tournante Sram Attack.
Les rayons (2mm) sont maintenant 32 à l’avant comme à l’arrière. Les moyeux sont spécifiques Birdy, et les jantes Crostini sont chaussées de Schwalbe Marathon Racer 18×1.50.
Pour en finir avec toutes ces évolutions, précisons qu’il est désormais possible de choisir parmi six couleurs de grips et de pédales. Pour personnaliser un peu plus son Birdy, déjà fourni avec des marquages de différents coloris.
Riese & Müller annonce un poids à peine supérieur à celui du millésime précédent, malgré le passage au freinage hydraulique à disques. Mais notre Speed d’essai chiffre seulement 11kg (pour 10.9kg annoncés) sur la balance avec ses selle, sonnette et béquille, alors que nous avions pu peser jadis un Light (version équivalente d’alors) à 300g de plus malgré ses V-brakes. Va comprendre, Charles.
Et on doit même pouvoir faire mieux. Changement de selle, suppression de la béquille et de la sonnette, changement des pneus… Et zou, 300g de moins, facile.
Le pliage du Birdy nécessite toujours un peu d’attention, bien que le cheminement des flexibles ait progressé. Pour éviter tout dommage à l’engin, procéder comme suit :
– Mettre la chaîne sur le dernier pignon. Riese und Müller promet que le nouveau tendeur de chaîne facilite désormais les choses, mais cette manip préalable préserve à coup sûr la transmission au pliage.
– Tourner un peu le guidon à gauche, débloquer la roue avant et la basculer complètement en arrière, en calant le pneu avec le plot de blocage sur la fouche. Poser la roue avant au sol, sans la plaquer contre le cadre pour laisser la place au dérailleur.
– Mettre la manivelle gauche à dix heures. Débloquer le bras oscillant et le replier sous le cadre.
– Descendre la selle à fond et la bloquer.
– Tourner la roue avant contre le dérailleur. Débloquer la potence et le guidon avant de rabattre ce dernier vers la manivelle gauche. Voila, c’est fini.
Pour le déplier, c’est la même cérémonie dans l’ordre inverse. Avec un peu d’habitude on déplie ou replie un Birdy en vingt secondes environ, ce qui est très honnête. Le résultat tient dans un volume de 77 x 35 x 63 cm. Rien d’extraordinaire. Mais on l’a dit, ce pliage sans articulation autre que celles des suspensions permet de conserver toute la rigidité du cadre pour rouler. Et c’est bien là que la bête se distingue.
C’est toujours étonnant de prendre le guidon d’un Birdy. On monte sur une minuscule machine, et pourtant les sensations sont celles d’un bon vélo de tourisme. La légèreté extrême de la direction s’assimile vite car elle reste très précise. En ville, évidemment, sa maniabilité et sa vivacité font merveille. Le gros changement, c’est le freinage. Avec la version 2015, on est passé du juste correct au très puissant. A vec la fourche à balancier, le couple de freinage contre-balance le transfert de masse, et le vélo ne plonge pas. Un voire deux doigts suffisent sur les leviers, on peut rouler très vite et ne piler qu’à la dernière seconde. Attention quand même à ne pas se laisser emporter, la roue arrière ne se fait pas prier pour quitter le sol…
Le Birdy aime aussi les grands espaces. On n’aura aucune appréhension à aligner les kilomètres. Les suspensions oscillent légèrement au pédalage, mais ne ternissent pas l’impression de rigidité de l’ensemble. Et le gain de confort est incontestable. Maintenu près du sol, le poids reste discret. Comme il fallait s’y attendre, les roues n’ont aucune inertie, et les relances sont aisées. Les neuf vitesses passent bien. Le toucher de la poignée Sram est précis et sa course courte. La chaîne caresse légèrement le protège-pédalier sur les pignons extrêmes, et c’est tout.
Notre Speed et sa cassette 9-26 s’aquittent sans histoires de sorties en moyenne montagne : les développents disponibles se révèlent largement suffisants. Les suspensions dissuadent toutefois d’y aller le couteau entre les dents. Mieux vaut monter les cols à un rythme régulier en pédalant rond. En descente, la direction est évidemment vive, mais le Birdy demeure parfaitement sain. Pour rester au-dessus des cinquante à l’heure, il faudra jouer du pédalier, pendant que les vélos de route classiques resteront devant sans effort… La comparaison n’est pas vraiment pertinente, mais les aptitudes routières du Birdy sont telles qu’on n’allait pas cantonner la bête à quelques tours de patés de maisons. Pas aussi performant qu’un sportif pur, l’oiseau incite quand même (comme la version précédente) au tourisme sans modération.
Par des améliorations sans rupture avec son concept original, le Birdy 2015 conforte sa solution : un voyageur au long cours, à l’aise sur la route comme dans une sacoche. Qui peu le plus peu le moins, il roule aussi en ville où son freinage à poigne le rend très incisif. Ses concurrents se plient souvent plus simplement (encore que, l’habitude venant…) mais roulent rarement aussi bien. La qualité de fabrication demeure sans défaut et laisse présager d’une longévité certaine, moyennant un entretien classique. Certes, ce niveau de prestations se paye. 2249€, c’est une somme… A ce prix-là, autant l’utiliser intensivement, il est prévu pour.
Notre machine d’essai a précédé la série 2015, et quelques détails sont suceptibles de changer sur les versions définitives, comme la béquille ou l’habillage des passages de câbles dans le cadre. Espérons aussi que le bouton de verouillage du balancier avant sera revu, le bout de ferraille plastifié du nôtre étant indigne du très bon niveau de fabrication du reste de l’engin.
Cadre : Aluminium 7005 T6, soudage WIG
Fourche : Aluminium
Dérailleur : Shimano Ultegra
Shifter : SRAM Attack
Pédalier : Birdy Design 52 dents, 170 mm
Cassette : Shimano Capreo 9/26 dents
Chaine : Shimano Deore
Freins : Shimano Deore
Cintre : FSA V-Drive, 31.8 – 630 mm
Grips : Ergon (noir) ou Salt (options de couleur: noir, blanc, rouge, vert, orange, violet)
Potence : New Birdy, oversized, 31,8 mm, réglable en hauteur, Comfort ou Sport
Selle : Selle Royal Shadow
Tige de selle : Birdy, Alu 7075 – 34 x 565 mm
Jantes : Alex Crostini 18 pouces
Rayons : Sapim 2.0 mm inox
Moyeux : Birdy Disc 32 trous
Pneus : Schwalbe Marathon Racer 45-355
Prix public : 2249 Euros
Infos : fr.r-m.de/faltrad/
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