SVO, une autre vision du vélo
La jeune marque française SVO poursuit son chemin avec pas moins de 4 nouveaux vélos en 2016. Deux tous suspendus et deux semi-rigides composent la gamme du constructeur périgourdin, présentation et premiers essais côté hardtails.
Présentation de la marque pour commencer, SVO n’étant encore que peu connue aux yeux de bon nombre de pratiquants. Et pour cause, cette jeune entreprise française fut officiellement créée en juillet 2013, présentant dans un premier temps deux vélos à châssis aluminium, le Dakar et le Speeder, un tout-suspendu et un semi-rigide, pour lancer la marque. Particularité de ces machines, une transmission par courroie et moyeu à vitesses intégrées Rohloff, mais aussi des suspensions préparées par SVO et des châssis fabriqués artisanalement en Allemagne. Les roues sont également rayonnées manuellement dans les ateliers de la marque avec une approche tout aussi pointue. SVO parle alors de « solution complète » dixit Thierry Besson co-fondateur de la marque. L’idée est de proposer un vélo fiable, simple, performant.
La complexité pour la simplicité
Si l’utilisation d’une courroie et d’un moyeu à vitesses intégrées permet de simplifier grandement la maintenance et d’améliorer « l’agrément de conduite », sa mise en oeuvre pour les constructeurs de cadres n’en demeure pas moins difficile malgré l’élimination de certains accessoires tels que patte(s) de dérailleur(s) et cheminement de la câblerie avant (si transmission double ou triple). A considérer également la direction unique des forces exercées par la courroie, les systèmes à chaine + dérailleur(s) générant à contrario des forces à directions variables selon le braquet utilisé, très complexes à gérer sur les tous-suspendus où il est impossible d’obtenir une constance des performances de la suspension en fonction de l’effet de la chaîne.
Plus simple sur le papier donc mais la courroie et l’adoption du moyeu Rohloff demandent une attention très pointue lors de la conception du cadre, la moindre imperfection pouvant fortement déstabiliser le fonctionnement et fragiliser l’ensemble. Si la durée de vie d’une courroie est plus de dix fois supérieure à celle d’une chaîne, un mauvais ajustement (tension et alignement) peuvent la rendre très fragile. Inconcevable dès lors d’imaginer une conception à la légère et la moindre souplesse dans le triangle arrière.
Conception Antidote Solutions et SVO
Si SVO est une marque récente, Thierry Besson oeuvre dans le milieu du vélo depuis longtemps via sa première activité de réparation et montage à la carte de cycles, SOS Vélo. La création de SVO est d’ailleurs née en 2012 de la rencontre avec un client, co-propriétaire actuel de SVO, à la recherche d’une machine solide pour son gabarit (120 kg – 1m85), élégante, performante, technique mais simple à utiliser.
Pour compléter ses nombreuses compétences, Thierry s’est attaché les services d’Antidote Solutions pour créer ses vélos. Cette boîte située au pied des Pyrénées Ariégeoises est spécialisée dans l’ingénierie, le design industriel, la recherche et développement dans le milieu du vélo. A leur actif de solides références diverses et variées, on peut citer par exemple Sunn, les vélos urbains ThirtyOne ou encore du travail de sourcing avec le Team Lapierre Gravity Republic. Si l’on résume au plus court, Antidote Solutions a apporté son expertise sur plusieurs points techniques à partir des souhaits de SVO. Restait ensuite à trouver un fabriquant capable de comprendre et respecter les contraintes imposées. Taïwan s’est imposé, l’île asiatique abritant toujours aujourd’hui les meilleurs cadreurs industriels au monde. Réactivité, adaptation, outils, mesures, maîtrise, tout est en place pour réaliser tout type de projet.
Ce partenariat SVO – Antidote Solutions, débuté en novembre 2013, a permis de sortir de premiers prototypes 1 an et demi plus tard (mai 2015) et de les présenter sur des salons afin de récolter de premiers avis clients. Enfin, été 2015, validation définitive et mise en production de 500 premiers cadres.
Banco
On commence par la présentation du Banco, un hardtail 29 pouces acier. Le type de Crmo employé n’est pas précisé, SVO ayant demandé au constructeur de définir quelles seraient les meilleures solutions en termes d’alliages en fonction de l’imposant cahier des charges et contraintes mécaniques associés.
Gros travail sur la forme des tubes pour maîtriser leur déformation, notamment au niveau des bases arrières qui ne doivent tolérer aucun mouvement latéral. Formes aplaties, renfort derrière la boîte, pièce usinée spécifique à proximité du pédalier.
Les pattes arrières coulissantes permettent de se passer d’excentrique et l’on peut ajuster la longueur des bases en fonction des dentures utilisées. Si leur design paraît simple, SVO et Antidote Solutions ont du étudier profondément leur forme pour obtenir un système permettant de démonter facilement la courroie tout en assurant un ajustement parfait et bien calé. La patte de dérailleur est conservée, non pas pour monter un dérailleur mais pour fixer le galet de sécurité empêchant la courroie de déchausser.
La douille de direction, conique, intègre les roulements. Plus esthétique et logique qu’une douille 44 mm, l’usage de pivots de fourche Tapered s’étant généralisé. Plus simple aussi et les roulements sont standards pour faciliter la rechange. Angle de 68.5° et chasse de 51 mm pour obtenir un vélo maniable et sécurisant, longueurs de potences préconisées de 50 à 80 mm selon les tailles de cadre.
Toutes les gaines passent en interne dans le tube diagonal, en externe ensuite sous la base gauche. Passage prévu pour le montage d’une tige de selle télescopique à commande au guidon type RockShox Reverb Stealth (durite interne au tube de selle).
Fourche RockShox Reba optimisée avec une lubrification longue durée et un réglage permettant de rouler avec plus de SAG et exploiter au mieux l’hydraulique sans risquer de talonner. Pompage plus faible à la relance. Déco accordée au cadre, plutôt classe !
En bref
- 3 tailles S, M, L. Roues de 29 pouces, bases de 430 mm (420 à 440 selon les couronnes utilisées), angle de direction de 68.5° et offset de 51 mm. Empattements variant de 1103 mm à 1155 mm en fonction des tailles de cadre.
- 2 Coloris : chrome ou noir brillant
- Prix publics : 550 Euros kit cadre, montages complets à 3000 et 4500 Euros
Premières impressions
2 heures de roulage en forêt de Fontainebleau, essai court et un vélo légèrement trop petit pour juger pleinement du potentiel de la machine. Le terrain varié et accidenté permet néanmoins de cerner le Banco.
L’arrière est vraiment bridé, pas forcément habituel de trouver autant de rigidité latérale sur un acier, ça ne bouge pas et la transmission silencieuse n’émet pas de bruit parasite pouvant venir d’une quelconque déformation. Pour autant, le Banco ne se montre pas raide verticalement.
Ne roulant que très rarement en Rohloff, enchaîner les parties chaotiques demandant du changement de vitesses très rapide n’est pas forcément idéal dans ces conditions. Ce qui explique en grande partie que l’on ne voit jamais de compétiteurs rouler avec des moyeux à vitesses intégrées, les systèmes à dérailleur(s) ne nécessitant pas de relâcher pleinement l’effort pour changer de rapport. Pour les non-initiés, une certaine habitude est également à prendre. On arrive au final à tout passer sur le vélo assez vite, la géométrie permettant d’être serein dans les franchissements, mais on ne pourra adopter un rythme course. Ce n’est de toute façon pas l’intérêt du Rohloff ni du Banco. On est ici en présence d’un vélo performant, fiable, simple à utiliser et à entretien modéré comme nous l’avons précisé en début d’article. Pour autant le Banco n’est pas pépère et se montre suffisamment joueur et dynamique pour procurer du plaisir à son pilote. Un vélo typé rando sportive en somme.
C’est de plus un bel objet. D’ailleurs, si l’on doit résumer la philosophie d’un vélo SVO, on peut directement comparer au marché de l’automobile où le client réalise avant tout un achat plaisir. Le produit séduit visuellement dans premier temps puis un « porschiste » va rechercher un confort de conduite lié à des performances tandis qu’un acquéreur de Lamborghini va viser la sportivité purement agressive. Le SVO Banco est dans la première catégorie, performant et suffisamment sportif pour ne pas s’ennuyer à son bord tout en étant « accueillant » en termes de conduite. Une belle réussite, atypique mais pas excentrique.
La suite, on parle titane cette fois ! www.velochannel.com/SVO Ultimo
Infos : www.svobike.com
> Autres infos VTT : www.velochannel.com/VTT
> Autres essais : www.velochannel.com/Essais
> Suivez VeloChannel sur Facebook et Twitter
La finition chrome est sublime!
A 550€ le cadre je trouve, le tarif plus que correct.
est ce qu’il est possible de monter un système classique à chaine + dérailleur en mono plateau ?
la photo des bases laissent croire à un fort dégagement au niveau du pneu.
peut on passer en format 27.5+?
Il est possible « en bidouillant » de le monter en transmission classique à chaîne + dérailleur et mono-plateau, la patte recevant le galet de sécurité étant au standard classique pour fixation dérailleur en termes de positionnement et filetage. Cependant, les passages de gaine et câble ne sont pas prévus sur la base ou le hauban, d’où l’obligation de bidouiller pour l’attacher avec des colliers Rilsan…
Quant à la possibilité de monter du 27.5+, le cintrage des haubans ne rend pas possible l’adaptation et SVO n’a d’ailleurs absolument pas considéré cette option dans le design du Banco.