Raid VTT Chemins du Soleil 2021, vécu de l’intérieur !


Prologue + étape 1,  à travers les Alpes provençales

Cette 18e édition du Raid VTT Chemins du Soleil nous aura comme de coutume proposé une fois de plus un tracé exceptionnel afin de découvrir de nouveaux sentiers et des hauts lieux touristiques avec comme fil conducteur les Alpes provençales et comme point d’orgue le mythique Mont Ventoux. C’est parti pour une magnifique aventure entre Hautes Alpes, Alpes de Haute Provence et Drôme, l’épreuve restant particulièrement fidèle aux territoires haut alpins et dromois.

Par Fred Ischard – Photos : Cyril Crespeau

Rendez-vous est donné cette année à Gap, capitale emblématique des Hautes-Alpes qui accueille chaque année le raid VTT Chemins du Soleil et qui sera le Grand Départ de cette 18e édition. Le site d’accueil situé sur un grand stade est juste parfait pour accueillir les quelques 600 coureurs attendus au départ de cette nouvelle édition tant attendue suite à l’annulation puis au report de l’édition 2020. Il fait grand beau et même chaud dans la capitale haut alpine.

Nul besoin d’arriver trop tôt sur ce site d’accueil car seule une épreuve nocturne est prévue en ce jeudi 26 août, il était possible de laisser une voiture à l’arrivée finale et de se faire rapatrier jusqu’au départ en ayant réservé la navette mise en place par l’organisation. Nous arrivons sur place sur les coups de 17 heures. On récupère nos dossards, présentation du fameux pass-sanitaire et on peut ensuite installer notre bivouac au milieu des nombreuses autres tentes installées sur le doux gazon du stade de Fontreyne. Une bonne heure plus tard, c’est déjà le briefing avec présentation des élus (sans qui rien ne serait possible non plus), des différents favoris de l’épreuve « Élite » et des différents points de règlements sans oublier les points de sécurité. Les consignes énoncées par Hervé Simon, chef de file de l’organisation sont claires et ça lance parfaitement l’épreuve qui débutera pour nous dans quelques heures. Ma 9e participation à l’épreuve « Élite » sera en compagnie de Sébastien, très sympathique coureur poitevin d’origine, habitué des épreuves longues distances dont celle-ci sera une découverte pour lui. Repas d’ouverture avec un dîner local dont les produits sont sélectionnés avec grand soin pour privilégier les producteurs locaux, c’est ainsi que nous dégusterons chaque repas avec gourmandise, préparés sur place par un traiteur local avec des produits frais alliant gastronomie et besoins nutritionnels des coureurs. Des éco-cups personnels et des couverts en bois sont distribués pour privilégier le recyclage, bref un gage de qualité et de soin que l’on va très vite ressentir à tout point de vue sur l’événement. L’heure de départ arrive, on se met en tenue, on prépare les frontales, c’est maintenant que l’aventure commence !

Prologue : Explosivité et intensité sur les sentiers gapençais

Au programme de ce prologue nocturne, un tracé très court cumulant 19 kilomètres et 600 mètres de dénivelé. L’objectif donné par l’organisation n’est pas de nous faire rouler jusqu’au bout de la nuit mais juste de lancer l’épreuve en mode nocturne pour garder cette tradition propre au Raid VTT Chemins du Soleil et de nous faire vivre un peu la magie d’une balade nocturne sans rentrer tard au bivouac. Nous sommes 70 binômes au départ pour la formule « Elite » chronométrée, les quelques 400 participants à la formule non chrono sont exemptés de cette étape nocturne et viendront gonfler le peloton au départ de la première étape. Il fait déjà nuit lorsque le départ est donné à 21h30 pour le début de course et comme chaque année, il y’a beaucoup d’excitation et de nervosité sur cette étape courte. Ça roule extrêmement vite au départ, le compteur affiche un bon 40km/h durant les 3 premiers kilomètres, le premier raidard est avalé à toute vitesse, le peloton s’étire et chaque duo relance extrêmement fort. De toutes les éditions, je n’ai encore jamais vu telle nervosité sur le prologue, ceci s’expliquant par la densité du niveau des coureurs qui grandit chaque année, faisant de cette 18e édition une épreuve particulièrement relevée.

On essaie de se placer correctement au milieu des autres coureurs alors que les favoris se détachent rapidement. Les quatre premiers kilomètres sont très rapides et malheureusement je perds de vue mon équipier, qui de nous deux est devant ou derrière ? Bonne question et c’est bien sur ce point que la communication entre binômes est primordiale, surtout de nuit où la visibilité est réduite, encore plus lorsque tout le monde est équipé de gilets fluorescent obligatoires. On va donc devoir rouler « à l’aveugle » chacun de son côté et absolument se retrouver avant de franchir la ligne d’arrivée.

La première montée intervient après ces 4 premiers kilomètres, 150 mètres de dénivelé en deux kilomètres sur une piste large se resserrant par endroits, je subis quelques embouteillages et tente de retrouver Sébastien, il ne doit pas être loin mais rien à faire pour le rattraper. S’il ne se doute pas que je suis derrière, je n’aurais pas les jambes pour le rattraper. Bon, je continue mon chemin et je ne peux suivre les amis du team Hope ou des marseillais de l’ACME, je suis totalement asphyxié par ce départ trop rapide. Petit replat, courte descente sur route puis c’est déjà la deuxième montée, à nouveau 150 mètres de dénivelé pour nous mener au point culminant de ce prologue à la source du torrent de Partiment. La montée est cette fois plus technique, parsemée de racines et réclamant souplesse et pilotage sur un joli single, je suis aux alentours de la 25e place et je reprends peu à peu mon souffle. Une fois au sommet, c’est à nouveau une descente très rapide qui nous attend entrecoupée d’un single piégeux en épingle, ça roule très vite.

Nous entrons dans les 5 derniers kilomètres, on attaque la 3e côte du parcours, la montée de Treschatel et son kilomètre à 10%, il faut vite se remettre dans le rythme de montées courtes et intensives avant de plonger à fond vers le hameau des Emeyères. Quelques mètres sur bitume puis on gravit le dernier mur de ce prologue très intensif avant de basculer vers Gap par LA descente de ce prologue, un magnifique sentier technique, étroit et tortueux nous menant au torrent rafraîchissant du Riotord, seul passage à gué de ce tracé nocturne histoire de se mouiller un peu. On retrouve maintenant le bitume et la banlieue gapençaise pour les deux derniers kilomètres effectués à grande vitesse et voici la ligne d’arrivée. Malheureusement, je n’aperçois toujours pas mon cher Sébastien avant la ligne. Étant toujours persuadé qu’il était devant moi, je franchis la ligne et ce sera une erreur car malheureusement une erreur de parcours l’a fait rétrograder et il se retrouve à franchir la ligne 5 minutes après moi. On écope donc d’une pénalité de 10 minutes que l’on accepte. L’intégralité de l’épreuve se dispute en binôme et il faut prendre grand soin à rester ensemble, c’est le principe. Cependant, la vérification du matériel assez sommaire avec éclairage et couverture de survie est validé pour nous ! Bon, on se retrouve à la 65e place de ce prologue mais on oublie vite cette pénalité pour profiter à fond de l’aventure, une douche et au dodo pour 6 petites heures de sommeil.


Étape 1 : Aux confins des Alpes provençales

Un départ dans les Hautes Alpes, une arrivée dans les Alpes de Haute Provence, c’est ce que nous propose cette première étape. Le tracé va nous emmener à l’est de la Durance du côté de la Motte du Caire dans des terres encore méconnues pour l’épreuve. Nous sommes encore en montagne mais tout va nous laisser entrevoir les senteurs de la Provence dans ce que l’on peut appeler les Hautes Terres provençales.

Réveil à 5h30, difficile de sortir de notre duvet mais pas de temps à perdre car après un petit déjeuner nécessaire, il faut se mettre en tenue, ranger les affaires, plier la tente et s’installer au départ qui sera donné à 7 heures pétantes. L’enchaînement n’est jamais très simple à effectuer avec le petit déjeuner à digérer malgré le peu de sommeil, un petit déjeuner copieux et savoureux nous est proposé par l’organisation à base de muesli complet, fromage blanc, confitures locales, miel de la région, bref de quoi tenir une partie de la journée qui nous attend. Au programme, 90 kilomètres et un petit 3000 mètres de dénivelé entre Gap et Sisteron.

On quitte gentiment la zone urbaine de Gap par une courte bosse raide où le tempo imprimé par les équipes de tête ne suffit pas à étirer suffisamment le peloton. On va donc subir quelques ralentissements sur les premiers kilomètres avant que tout ne rentre dans l’ordre à la faveur de petites bosses permettant de former des groupes. C’est après une dizaine de kilomètres que l’on entre dans la première section technique de la journée, une zone de marne grise avec ces fameuses arêtes telles que l’on peut en trouver sur le mythique Raid des Terres Noires voisin. C’est toujours très chouette d’arpenter ces jolis terrains de jeu puis on plonge dans la vallée de la Durance, la descente est cassante, très piégeuse et réclame déjà beaucoup de vigilance.

Nous entrons dans la localité de Tallard après 12 kilomètres. Ayant la chance d’être suivi en assistance, on se fait ravitailler en eau et Sébastien en profite pour regonfler son pneu puis on poursuit notre route, on traverse la Durance que l’on va longer sur quelques hectomètres et on se retrouve sur l’autre rive en compagnie des amis du team Hope. Allez, les choses sérieuses commencent maintenant avec l’ascension vers le village d’Urtis, une montée de 4 kilomètres à 9,5% de moyenne sur une très pittoresque petite route en lacets, c’est raide mais agréable à gravir. Après un départ plutôt prudent, on va commencer gentiment notre remontée des équipes qui sont parties un peu trop rapidement. Après 25 minutes d’ascension, on a lâché le team Hope puis on a repris une équipe vendéenne et une autre bourguignonne. Après 400 mètres de dénivelé, l’ascension prend un tout autre aspect puisque l’on retrouve une piste forestière que l’on escalade jusqu’au sommet du massif de la Garduelle pour se retrouver dans la forêt à 1350 mètres d’altitude.

On quitte la piste forestière pour un très joli single, joli mais également très exigeant en suivant une crête sur un massif forestier, le profil est très casse-pattes sur de la tourbe puis on amorce la descente par un long dévers plein de racines où nous doublons une équipe normande cette fois, bref ce Raid VTT attire des coureurs de tous horizons puisque nous dévalerons la descente suivante sur piste avec… des niçois ! Nous sommes passés de l’autre côté du massif qui surplombe la Durance pour se retrouver au village du Caire où se trouve le premier ravito officiel du parcours après 32 kilomètres de course.

Les ravitaillements sont souvent l’occasion de faire une pause, de s’alimenter et s’hydrater et on y trouve du choix : crème de châtaignes, compotes, barres céréales, jambon, fromage, eau, sirop… Bref on ne manque de rien ! De notre côté, nos assistants sont présents pour s’occuper de tout, offrant un gain de temps considérable. Nous poursuivons notre chemin en direction de La Motte du Caire et c’est parti pour l’ascension de la piste de Naples, 5 kilomètres à plus de 9% de moyenne sur une piste régulière, une montée assez agréable où l’on peut gérer notre effort, il nous faudra à peine une demi-heure pour gravir ces 450 mètres de dénivelé et se retrouver à 1150 mètres d’altitude. On contourne le sommet de la Blachère et nous voici maintenant sur un fabuleux sentier en balcon nous menant à la descente qui plonge vers le ravin de la Gypière, un magnifique single en lacets sous la forêt, un vrai bon moment qui nous fait rapidement oublier la longue montée précédente.

Nous revoici 500 mètres plus bas, on retrouve une piste puis la route reliant La Motte du Caire à Sisteron. Nous empruntons cette route pendant quelques kilomètres permettant de récupérer un peu avant d’amorcer la seconde partie de parcours. Voici le village de Nibles, lieu du second ravito de la journée, nos assistants répondent à nouveau présent. On fait le plein d’eau et de nourriture pour les 38 derniers kilomètres puis on repart très vite et redoublons les niçois qui eux profitent du ravito de l’épreuve. Nous traversons ce tout petit village en slalomant entre de vieilles granges puis quittons le vallon du Sasse pour attaquer la 3e difficulté du jour, l’ascension du Pas de l’Echelle. Ce sera le juge de paix avec ses 8 kilomètres d’ascension et 650 mètres de dénivelé, les pentes sont vraiment irrégulières et quelques équipes vont y subir quelques défaillances à l’image des équipes ACME ou FMR que l’on parvient à doubler alors que je commence à connaître également un coup de moins bien peu avant le sommet. La montée paraît longue avec quelques rampes à plus de 15% en seconde partie d’ascension. On redescend ensuite très rapidement vers le village de St Geniez situé 100 mètres plus bas à 1100 mètres d’altitude. C’est ici que nous trouvons l’ultime ravito du jour, parfait pour recharger en eau car il reste encore 28 kilomètres à effectuer.

Une minute d’arrêt et c’est reparti pour quelques kilomètres assez roulants avant de plonger vers le vallon du Vanson, cette descente sera très technique et cassante, probablement la plus difficile du jour où Sébastien fera une figure de style pour se retrouver par chance dans un buisson, une belle frayeur mais nous repartons pour boucler cette descente très délicate sur un terrain très fuyant au bord d’un précipice. En bas, quelques mètres pour récupérer, on traverse un petit torrent et on se lance sur un véritable mur qui se dresse devant nous, un sentier d’un kilomètre qui grimpe à plus de 17% de moyenne, les plus forts monteront tout à vélo, de notre côté on alternera sur le vélo et à pied. On enchaine ensuite sur un single très exigeant mais absolument magnifique, typique du raid VTT des Chemins du Soleil en suivant de niveau le relief du massif montagneux, de nombreux mini vallons sont à passer rendant ce sentier difficile et casse pattes. On retrouve le vallon du Vanson que l’on traverse par un passage à gué rafraîchissant qui fait du bien. Les écarts entre coureurs sont maintenant assez grands et nous nous retrouvons seuls pour gravir une petite montée sur bitume d’un kilomètre permettant de récupérer, il nous reste 15 kilomètres à effectuer puis nous basculons vers le domaine de Vilhosc où nous retrouvons une zone de roches alternant avec des marnes grises anthracite. Nous empruntons un magnifique single sinueux à souhait avec quelques sauts au cœur des bosquets de pin et des ravines marneuses, encore un sacré beau moment à vivre sur le vélo !

Nous entrons dans les dix derniers kilomètres et passons à proximité du village d’Entrepierres  où nous attaquons la dernière ascension du jour, la montée de La Baume. Certes longue de quatre kilomètres mais heureusement relativement roulante et nous apercevons enfin la petite ville de Sisteron et sa citadelle au sommet de cette dernière difficulté. Nous plongeons ensuite droit vers l’arrivée sur un single très cassant et technique, limite enduro mais qui passe quand même sur le vélo, un sacré moment d’adrénaline pour terminer. Ne nous reste plus qu’à traverser la Durance puis arpenter les petites ruelles sisteronnaises pour venir couper la ligne d’arrivée sur les berges de la Durance.

Nous bouclons ces 90 kilomètres en 5h45 à la 20e place, pile une heure derrière les vainqueurs, le team BH Wallonie emmené par le belge Sébastien Carabin et le multiple vainqueur de l’épreuve Emeric Turcat. Le team MTB Sun composé du tourangeau Sébastien Pelé et du mauriennais Jonas Buchot prend la seconde place à 10 minutes et le team Veloproshop MTB Racing composé du vainqueur en titre Guillaume Philippe accompagné d’Alexis Paris complète le podium à 12 minutes.

Place à un repos bien mérité et à une visite de cette jolie cité médiévale de Sisteron avant de repartir dès le lendemain pour la 2e étape à travers les Alpes provençales en direction de Montbrun les Bains.


>> Lire la suite, étapes 2 et 3


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