Essai du nouveau Orbea Oiz
Après vous avoir fait découvrir à la fin de l’été dernier la nouveauté XC Race de la marque espagnole, présentée en version luxueuse lors de la finale de la Coupe du Monde à Méribel, place à un essai prolongé sur un modèle milieu de gamme Oiz M30 plus accessible en tarif.
Exit la défunte version 26 pouces, place enfin au 27.5 et 29 pouces en 2015 pour ce tout-suspendu XC plus en phase avec les circuits actuels de Coupe du Monde, nécessitant de la performance et de l’engagement. Car le Oiz a été conçu pour gagner sur le circuit international, et Catharine Pendrel du Team Luna Chix n’a pas attendu qu’il soit commercialisé pour s’imposer en course !
Certes, nous consommateurs ne roulons pas sur les circuits agressifs et artificiels de coupe du monde. Et c’est bien pour ça que la marque espagnole propose les deux diamètres de roues (sur tailles M et L uniquement). Le débat est animé sur la question de la taille des roues mais il faut reconnaître que – même si certaines marques ont déjà opté pour une gamme 100% 27.5 – le 29 pouces reste l’idéal et un choix fortement plébiscité par les coureurs sur bon nombre de circuits XC régionaux et nationaux. Et de même en coupe du monde même si les circuits ont tendance à inciter certains pilotes à se tourner vers du 27.5. D’une manière générale, il est important de préciser que le choix de la taille des roues dépend en premier lieu du style de pilotage de l’utilisateur. Pour boucler ce chapitre, les premiers tours de roue lors de la présentation presse l’été dernier ont montré que ces nouveaux Oiz 27.5 et Oiz 29 étaient deux machines affichant des tempéraments bien différents (le 27.5 s’étant montré plus joueur notamment) même si l’on retrouve un niveau de performance global proche.
En ce qui concerne la présentation statique complète concernant le nouveau Oiz, nous vous invitons dans un premier temps à lire notre première partie où l’on a décortiqué la machine lors de la présentation presse officielle : www.velochannel.com/ORBEA 2015 : New Oiz #1
OMR et OMP
Le Oiz existe en deux versions de cadres carbone (OMR ou OMP) et 6 modèles (3 pour chaque cadre) + options de personnalisation sur pas mal de composants.
Si nous avions roulé une version haut de gamme disposant d’un cadre OMR (Orbea Monocoque Race), ce Oiz M30 que nous avons testé plus longuement utilise un cadre OMP (Orbea Monocoque Performance). OMR ou OMP, aucune différence en termes de formes et géométries, les moules utilisés lors de la fabrication sont strictement identiques et il n’est donc pas possible de les distinguer extérieurement.
C’est surtout au niveau du processus de fabrication que «l’écart» se forme puisqu’il faut quasiment deux fois plus de temps pour fabriquer un cadre OMR par rapport à un OMP. Cela s’explique par le nombre d’opérations (10% de moins sur l’OMP) et leur optimisation permettant de diminuer les manipulations. Contrôles plus pointus sur l’OMR avec par exemple une tolérance maximale de 5 mm au niveau de l’Overlap (parties où les feuilles de carbone se chevauchent) des fibres de carbone contre le double pour l’OMP. D’autre part, si les deux types de cadres sont monocoques et réalisés avec un habituel principe de vessie, des pièces plastiques sont disposées dans le moule au niveau des zones critiques (boite de pédalier, douille de direction…) sur l’OMR pour offrir une meilleure compaction du carbone. Ces pièces sont ensuite retirées après cuisson.
Enfin, les fibres différent avec du carbone haut module pour les OMR (95% de fibre standard Orbea + 5% de fibres HM que l’on retrouve au niveau des zones à fortes contraintes – direction, pédalier). En résumé, la grosse différence entre ces deux processus de fabrication tient dans le fait qu’une multitude de petites opérations sont optimisées. La somme de ces opérations permet de gagner du poids et de donner un caractère bien spécifique à la machine, que l’on ressentira davantage sur un semi-rigide comme l’Alma.
La rigidité du Oiz OMR est ainsi supérieure sur la douille de direction et la boite de pédalier, ce qui apporte plus de précision et une meilleure transmission de l’effort à la pédale. La qualité des suspensions joue bien entendu un rôle majeur dans ce domaine également.
Position et réactions
Dès la prise en main, on note immédiatement une position très typée XC Race. Un avant bas affirmant l’orientation du vélo. La potence de 115 mm sur notre XL est plutôt longue pour un vélo moderne, il n’est pas rare de trouver des longueurs de 70 à 90 mm sur des machines de XC actuelles y compris sur les grandes tailles. Pour autant, si les premiers kilomètres nous ont fait craindre un comportement trop bridé, affectant notamment la maniabilité et pouvant être limité dans les passages des zones techniques et engagées, il n’en est rien une fois au coeur des singles ludiques et accidentés. En fait, ce Oiz a tendance à ce comporter comme un rail sur les secteurs peu difficiles, laissant presque apparaître un manque de maniabilité, mais s’adapte en réalité extrêmement bien aux conditions variables et réelles du terrain avec un comportement très sain et efficace dans les zones techniques. Sans être un vélo purement ultra ludique, il se montre tout de même bien réactif, suffisamment maniable sur des tracés XC modernes et dignes de ce nom. On le place vraiment où l’on veut et comme il le faut sans qu’il soit pour cela nécessaire de le forcer. On peut attaquer sereinement et contrôler, le Oiz n’est pas sournois.
Sensibilité et CTD
Les suspensions jouent évidement un rôle très important pour tirer toute la quintessence de la machine. Sur ce Oiz M30, Orbea a choisi un ensemble avant/arrière FOX en finition Evolution, pas de traitement Kashima réservé à la gamme Factory donc. Pour rappel, la gamme Evolution est l’intermédiaire entre le top en Factory et les produits plus accessibles de la gamme Performance.
Fourche et amortisseur sont ici ajustables en externe en roulant grâce au système CTD (Climb, Trail, Descend) sur lequel on choisit entre les 3 positions (ouvert, medium, ferme) selon le terrain. Le réglage Climb (montée) verrouille les suspensions et est donc à réserver aux ascensions ou portions plates très roulantes, les secteurs sur route par exemple. La position Descend, tout ouvert, s’utilise comme son nom l’indique en descente mais aussi sur les portions où l’on va rechercher de la souplesse et/ou du confort. On note toutefois sur ce mode un affaissement de l’arrière sur les chocs moyens sur le plat, ce qui est somme toute normal par rapport au setting de l’amortisseur très sensible en début et milieu de course. Position à privilégier dans le négatif donc, le transfert de masse vers l’avant permettant dans ce cas d’exploiter parfaitement ce FOX Float en rentrant dans le débattement tout en conservant une bonne assiette. Les pressions recommandées par Orbea sont indiquées sur le cadre pour vous guider dans vos réglages, on pourra toujours jouer un petit peu autour des valeurs préconisées pour peaufiner l’amorti en fonction de votre pilotage. En ce qui concerne la fourche, les habitués de la marque californienne ajouteront un bon 30 PSI pour un fonctionnement optimal.
En XC, sur des parcours justifiant l’utilisation d’un tout-suspendu, on utilise très majoritairement (à 80% en moyenne) la position intermédiaire Trail (ou Medium) qui permet d’allier dynamisme et contrôle. Performance, adhérence, précision, le Oiz se laisse alors piloter à rythme élevé – incité par cette position typée – tout en conservant de la fluidité. On regrette cependant sur ce M30 les commandes séparées des suspensions, l’amortisseur depuis le guidon (Remote) et la fourche sur le Té. Double manipulation dont une où il faut lâcher le guidon. Notre «premier» Oiz très haut de gamme et sa commande unique au cintre s’était montrée nettement plus agréable à utiliser.
A l’envers à l’endroit
Si le Oiz a été conçu pour être très efficace en compétition XC, bon nombre d’acquéreurs l’utiliseront en mode rando ou rando sportive, en recherchant un certain niveau de performance sans pour autant focaliser sur le chrono. Si nous avons roulé le Oiz principalement en mode « XC agressif » en appréciant grandement la position relativement basse de l’avant et une potence montée en angle négatif comme sur la plupart des 29 pouces du marché, nous avons également inversé cette dernière en l’orientant vers le haut pour juger le M30 sur des sorties moins rythmées. Au regard de l’équipement moyen de gamme et un poids supérieur aux standards rencontrés en compétition, le Oiz M30 se destine clairement aux pratiquants sportifs sortant une à deux fois par semaine. On y gagne alors en confort et le vélo reste suffisamment efficace même si l’on perd quelque peu en performance pure et en grip sur l’avant. Les pressions doivent être réajustées pour équilibrer au mieux le vélo. Le Oiz est en tout cas capable de s’adapter aux pratiquants moins réguliers qui sauront prendre du plaisir à bord d’une machine moderne et efficace.
Cadre : Carbone OMP
Fourche : FOX Float 100 Evolution CTD QR15
Amortisseur : FOX Float Evolution CTD Remote
Dérailleurs AV/AR : Shimano SLX/Shimano Deore XT
Shifters : Shimano SLX
Cassette : Shimano SLX 11/36 dents
Chaîne : Shimano SLX
Pédalier : Shimano PressFit – 38/24 dents
Freins : Shimano SLX 180mm /160 mm
Roues : DT Swiss X1700 Spline
Pneus AV/AR : Maxxis Ikon Exo Tubeless Ready 29×2.20
Potence : Race Face Ride
Cintre : Race Face Ride 710 mm
Tige de selle : Race Face Ride 375 x 31.6 mm
Selle : Selle Italia SL XC Flow
Poids : 12,66 kg avec chambres à air et pédales Shimano M520 en taille XL
3 tailles 29 pouces disponibles : M, L, XL
3 tailles 27.5 pouces disponibles : S, M, L
2 coloris : noir ou noir/blanc
Programme personnalisation Orbea : Modifications possibles à la commande sur amortisseur, fourche, plateaux, cintre, freins, roues, pneus et selle.
EN CONCLUSION
Le Oiz fait clairement partie aujourd’hui des machines les plus efficaces du marché des 100 mm XC. Si l’utilisation d’un axe arrière classique à blocage rapide peut surprendre, ça reste cependant bien pratique en cas de crevaison par exemple et l’on ne ressent pas de problème de rigidité même si l’on a noté une déformation importante de la roue lorsque l’on pousse latéralement dessus à l’arrêt. Le cas n’est cependant pas isolé et n’affecte pas l’efficacité globale du vélo, un peu d’élasticité reste d’ailleurs bien plus bénéfique qu’un bout de bois trop bridé.
La finition est très belle et la gamme assez étoffée avec 6 modèles allant de 2799 à 8999 Euros, plaçant le Oiz du côté des produits aboutis plutôt haut de gamme. Ce M30, affiché à 3499 Euros n’est pas donné pour un vélo monté en full Shimano SLX (sauf dérailleur arrière Deore XT) mais on apprécie la cohérence du montage ainsi que l’utilisation de composants éprouvés – Race Face, Shimano, FOX, DT Swiss, Maxxis – assurant pleinement leurs fonctions quelque soit le niveau de gamme. Une belle machine qui donne envie d’attaquer !
> Première partie : www.velochannel.com/ORBEA 2015 : New Oiz #1
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