MB Race 2018, l’éprouvant défi physique + VIDEO

MB Race, à l’assaut des pentes du Mont-Blanc

Considérée comme l’épreuve la plus difficile au monde sur une journée, la MB Race connait un succès grandissant au fil des éditions et s’internationalise pour devenir un événement majeur du calendrier français et support d’une manche UCI Marathon Series, ainsi que 2e manche du challenge européen Alpine Cup. On retrouve donc plus de 1200 coureurs au départ prêts à affronter les 140 kilomètres et 7000 mètres de dénivelé du parcours.

Par Fred Ischard – Photos : MB Race

5h45 à Megève où se trouve la ligne de départ de cet impressionnant défi que chacun redoute y compris le favori, le suisse Urs Huber actuel leader de l’Alpine Cup est venu remettre son titre en jeu. A ses côtés sur la première ligne, on retrouve un coureur qui truste les podiums sur cette épreuve, le suisse Arnaud Rapillard qui s’attend à une course relevée. En effet, on retrouve cette année une belle brochette de potentiels vainqueurs, à commencer par les italiens Daniele Mensi et Christian Cominelli ou encore les coureurs belges Julien Delaet et Sébastien Carabin alors que côté français le coureur local Antoine Socquet va avoir fort affaire pour rééditer son top 10 de l’an passé. La mise en grille est faite, les 1200 coureurs au départ sont prêts à faire feu, le soleil se lève peu à peu et laisse augurer d’excellentes conditions pour cette 9e édition.

L’ambiance monte peu à peu jusqu’au décompte final et à 6 heures pétantes, c’est parti pour une longue journée de vélo. On quitte Megève en douceur par une petite route relativement plate pendant 3 kilomètres afin d’étirer l’impressionnant peloton. Ca part déjà très vite en tête de course et ça frotte un peu pour se placer au pied de la première difficulté du parcours, c’est la première année où ça part aussi vite, ce qui tend à confirmer que l’épreuve prend toujours plus d’ampleur. On arrive au pied de cette première ascension, disons plutôt difficulté car la première montée du jour n’est pas très longue, seulement 3 kilomètres et 250 mètres de dénivelé à gravir en guise d’amuse-bouche au regard de ce qui nous attend par la suite. On escalade une piste plutôt ombragée aux pentes irrégulières qui sera déjà un peu le reflet de ce que l’on trouvera ensuite. Au sommet, on bascule vers le village de Cordon, cette descente longue de 6 kilomètres n’est pas difficile, plutôt rapide et large mais humide avec de la pente qui oblige déjà à rester vigilant et à être bien réveillé, les chemins dans ce secteur sont abruptes et il faut bien maîtriser sa vitesse pour ne pas partir à la faute. Nous passons ce village de Cordon, 13 kilomètres sont effectués et nous retrouvons un groupe d’une dizaine de coureurs en tête avec tous les favoris. Les groupes se succèdent ensuite avec des écarts relativement minces, on retrouve près d’une centaine de coureurs regroupés en 5 minutes. On s’élance maintenant dans la première longue ascension du jour nous menant au col du Jaillet, un passage incontournable de l’épreuve. Il faut gravir 850 mètres de dénivelé, tout d’abord sur une route avant d’affronter des pentes plus sévères sur une piste à travers la forêt, les pentes sont irrégulières ce qui rend la tâche difficile pour gérer ses efforts. A 2 kilomètres du sommet, le décor change car on quitte la forêt pour se retrouver sur des singles au milieu des alpages dont un passage délicat en portage sur des dalles glissantes qui occasionnera quelques embouteillages au delà de la 100e place.

Voici le sommet de ce col du Jaillet à 1750 mètres d’altitude, nous sommes à la limite de végétation entre les forêts en contrebas et les alpages en surplomb. Place maintenant à la descente, 7 kilomètres de plaisir ou… presque. En effet, la première moitié de cette descente va être technique, sur un sentier plein de racines qui serpente entre les sapins. Les racines ont été rendues humides par les quelques pluies des jours précédents rendant cette section périlleuse. Heureusement, 3 kilomètres plus loin, la descente devient plus large et rapides mais gare aux pierres qui jonchent la piste parfois abrupte. Nous entrons dans le petit village de La Giettaz situé au pied du mythique col des Aravis, le second ravitaillement du jour implanté au coeur du village va déjà connaître un gros succès, les 33 premiers kilomètres et la première grande ascension du jour ayant déjà bien sollicité les organismes. Nous prenons la direction opposée afin de rejoindre le village de Praz sur Arly mais il serait trop simple de simplement longer le vallon nous y menant, deux montées nous attendent, certes pas très longues mais toujours avec ces pentes raides qui usent les organismes. On évolue sous les arbres au coeur de la forêt avec quelques passages sur des singles très sympas, forêt que l’on quitte ensuite pour retrouver des petites routes en balcon qui surplombent le village de Flumet avant de plonger vers Praz sur Arly par une descente pas très difficile.

Voici 47 kilomètres effectués, un nouveau ravitaillement permet de refaire le plein d’énergie avant de se lancer sur LE gros morceau de l’épreuve, la longue et éprouvante ascension du Mont de Vores longue de 15 kilomètres avec plus de 1000 mètres de dénivelé à gravir en une fois. Il va falloir être patient pour atteindre le sommet mais le décor fait vite oublier la souffrance de l’effort, cette fois ce ne sont pas des sapins mais un décor découvert au milieu des alpages dans lequel nous progressons. A mesure que l’on escalade cette piste, la vue se fait de plus en plus impressionnante et le paysage de plus en plus beau. 4e ravito du jour au deux tiers de l’ascension qui permettra de couper un peu l’effort interminable que réclame cette montée. En tête de course, 5 hommes avec les deux suisses Urs Huber et Arnaud Rapillard, l’italien Cristian Commineli, l’allemand Andreas Seewald et l’espagnol Roberto Bou. Le sommet est en vue avec les remontées mécaniques qui relient les stations de Megève et des Saisies. On roule maintenant sur les pistes de ski qui relient les télésièges avant de plonger vers Megève. On va ainsi dévaler plus de 800 mètres de dénivelé essentiellement sur des pistes à grande vitesse entrecoupées d’un secteur technique sur un single jonché de racines avant de se laisser aller au grès des lacets d’une petite route et de clôturer cette longue descente par une bonne rafale de marches.

Nous voici de retour à Megève après 75 kilomètres de course (70 étaient prévus). Nous passons près de l’arche d’arrivée et un choix s’impose à nous : franchir l’arche d’arrivée pour boucler la MB Race 70 kilomètres ou bifurquer et poursuivre l’aventure pour 30 kilomètres et 1500 mètres de dénivelé supplémentaires. Allez, on continue mais nombreux seront ceux qui boucleront leur parcours après ces 75 premiers kilomètres. Une zone technique et un gros ravitaillement est dressé juste après la bifurcation afin de se refaire une santé, un arrêt quasi indispensable après quelques heures d’effort. On retrouve à mi-parcours un duo en tête de course, le suisse Arnaud Rapillard accompagné du jeune coureur espagnol Roberto Bou. Ils possèdent 2 minutes d’avance sur le trio Urs Huber, Andreas Seewald et Cristian Cominelli. La victoire sur le grand parcours semble se dessiner pour un de ces cinq coureurs alors que le coureur champenois Julien Estivalet, sociétaire de l’EC Château-Thierry remporte l’épreuve de 70 kilomètres en 4h43 avec quasi 20 minutes sur le coureur annecéen Rémi Bourdon.

Poursuivons notre course, on quitte Megève par une belle ligne droite de deux kilomètres et on monte maintenant vers le plateau de la Croix qui domine la ville de St Gervais les Bains. On grimpe 400 mètres de dénivelé qui paraissent relativement faciles au regard de la longue ascension du Mont de Vorès que l’on a escaladé auparavant. On gravit d’abord une petite route avant de retrouver de sévères pentes et de rejoindre la petite station de Bettex par une piste aux pentes raisonnables. Nous voici au 85e kilomètre, l’arrivée se rapproche doucement mais il reste encore du chemin. Arnaud Rapillard est seul à l’avant avec une petite minute d’avance sur les 4 poursuivants Urs Huber, Andreas Seewald, Cristian Cominelli et Roberto Bou qui a laissé partir l’homme de tête. On enchaine quelques petits singles sympas à travers des alpages et voici un nouveau ravitaillement situé au pied de l’ascension du Mont Joli. Il faut cette fois se hisser au sommet d’un télésiège que l’on finit par apercevoir 400 mètres plus haut à 1950 mètres d’altitude. Nous sommes en début d’après-midi et on gravit cette piste de ski du domaine des Contamines en plein soleil, c’est assez éprouvant mais le fait d’apercevoir le sommet en fin d’ascension et des pentes régulières permettent de bien gérer ses efforts. Au sommet, la vue est magnifique sur… le Mont Blanc que l’on aperçoit, la MB Race sans le Mont Blanc ne serait pas la MB Race ! Le suisse Arnaud Rapillard s’est fait reprendre par les poursuivants et se retrouve maintenant en compagnie de l’italien Cristian Cominelli à 2 minutes d’un duo de tête constitué du vainqueur en titre Urs Huber et de Andreas Seewald. L’espagnol Roberto Bou paie ses efforts et se retrouve 5e à 5 minutes.

On descend tout shuss trois centaines de mètres par de nouvelles pistes de ski et on remonte pendant 3 kilomètres en direction du sommet des Avenans. Cette fois, on plonge vers Combloux. Descente parfois technique, parfois piègeuse essentiellement en sous-bois entre racines et tranchées ravinées par des orages. Cette descente sera entrecoupée de quelques talus à gravir, notamment pour croiser le circuit à l’endroit où l’on commençait notre boucle qui aura pris deux petites heures pour les hommes de tête mais quasi 4 heures pour les coureurs qui luttent pour passer les barrières horaires dans les délais. Méfiance lors des nombreuses petites routes empruntées en fin de descente et nous voici à Combloux, point le plus bas du parcours, nous avons 104 kilomètres au compteur et un nouveau choix s’offre à nous : poursuivre pour 40 kilomètres supplémentaires et boucler cet incroyable défi ou se diriger vers cette ligne d’arrivée qui se présente devant nous pour être finisher du parcours 100 kilomètres. Un an après avoir bouclé le grand parcours à la 5e place, le talentueux coureur belge et spécialiste des épreuves au long cours Julien Delaet remporte cette distance de 100 kilomètres au terme de 7 heures de course en devançant de 15 minutes le tourangeau Sébastien Pelé.

Le duo de tête Urs Huber et Andreas Seewald est déjà passé et se dirige vers les 40 derniers kilomètres du parcours qui totalise 2000 mètres de dénivelé. Un nouveau ravitaillement nous attend à l’entame de cette dernière boucle. On s’attaque maintenant à une nouvelle ascension du col du Jaillet mais par une face différente de celle escaladée le matin. C’est 1000 mètres de dénivelé d’un coup qu’il faut gravir, près de 15 kilomètres sur des pistes aux pentes parfois terribles, cette ascension va paraître longue, voir très longue pour certains coureurs mais c’est à ce prix que se mérite le titre de finisher du grand parcours MB Race. Heureusement, on retrouve sur ce versant la forêt qui nous protège du soleil et les températures ne sont pas caniculaires, des conditions parfaites malgré l’intensité de l’effort. On bascule enfin pour quelques hectomètres de descente en approche d’un nouveau morceau car il faut maintenant enchainer par l’ascension vers le sommet de la Tête de Torraz, un passage incontournable de cette MB Race situé 300 mètres plus haut. Maintenant, c’est le mental et l’expérience qui peuvent faire la différence, Urs Huber l’a bien compris et s’isole seul en tête à 25 kilomètres de l’arrivée. Cette montée vers la Tête de Torraz se gravit également sur des chemins avec des successions de raidards pentus dans un décor de nouveau à découvert nous permettant de jouir de splendides points de vue. On redescend pour arriver au dernier ravitaillement 500 mètres plus bas, descente d’abord sur un single puis sur une piste avec beaucoup de pente, autant dire que les freins chauffent ! Il nous reste 15 kilomètres et voici la dernière ascension du jour longue de 3 kilomètres pour rejoindre le refuge du Plan de l’Aar situé à 1800 mètres d’altitude. Cette montée est raisonnable au regard de tout ce que l’on a gravi précédemment, une piste qui monte régulièrement sous les arbres. Voici le sommet, allez maintenant il faut plonger vers Praz sur Arly où l’on passera pour la seconde fois de la journée. Cette descente va s’avérer périlleuse au début et il faut rester vigilant pour rester sur ses deux roues au milieu de toutes ces racines et sur ce single étroit et raviné plein d’épingles. On enchaine sur un joli single ludique en forêt avant de dérouler vers le val d’Arly. Il nous reste 7 kilomètres plutôt faciles, essentiellement sur route avec «seulement» 150 mètres à gravir pour rejoindre Megève et la ligne d’arrivée finale tant attendue nous laissant la possibilité de savourer cette fin de course et de prendre conscience du défi que l’on vient de réaliser.
Voici Megève et ce ne sont pas moins de 256 coureurs qui boucleront ces 147 kilomètres et 7000 mètres de dénivelé, un record dû aux parfaites conditions météo mais également à des coureurs qui se préparent de mieux en mieux pour affronter cet impressionnant tracé.

Coup de théâtre pour la tête de course à quelques kilomètres de l’arrivée, la moto ouvreuse en charge de la sécurité a pris une mauvaise direction et a emmené avec elle l’infortuné Urs Huber, leader de la course à ce moment. Au terme de 8h45 de course, c’est donc l’allemand Andreas Seewald qui franchit la ligne d’arrivée en tête mais c’est le suisse Urs Huber qui sera légitimement déclaré vainqueur pour la seconde année consécutive. Andreas Seewald prend la seconde place et l’italien Cristian Cominelli complète le podium. Arnaud Rapillard et Roberto Bou terminent respectivement 4e et 5e. Le jeune et talentueux coureur local Antoine Socquet termine 1er français en intégrant le top 15.

Remise de la médaille et du fameux maillot finisher, c’est la récompense d’une très longue mais magnifique journée de vélo. Organisation simplement parfaite, balisage irréprochable (l’incident ayant impacté l’homme de tête n’étant pas dû à une mauvaise signalisation) et un parcours unique proposant un dénivelé cumulé comme rarement cela nous est proposé sur une seule et unique journée. Malheureusement, cette volonté de dénivelé cumulé se fait un peu au détriment de l’aspect ludique lors des ascensions. Les montées peuvent paraître longues et physiques mais la MB Race, c’est un défi éprouvant d’où le slogan «course la plus difficile au monde». Par contre, on sera à chaque fois récompensé par quelques sections «enduro» sur des singles truffés de racines mais également par des vues à couper le souffle et le majestueux Mont Blanc en toile de fond.

La MB Race, c’est plus qu’une épreuve, c’est un événement et un défi personnel à réaliser une fois dans sa vie de sportif. Alors ferez vous partie des finishers lors du 10e anniversaire de l’épreuve en 2019 ? Irez vous relever le défi ? C’est à vous de décider… Rendez-vous à Mégève les 6 et 7 juillet 2019 !

Infos et résultats : www.mb-race.com

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