Partager la publication "Forestière 2015, la classique jurassienne aux couleurs internationales"
Cette Forestière, 25 ans déjà ! On ne la présente plus, cette épreuve a accueilli à de nombreuses reprises le championnat de France XC Marathon et s’est installée comme une date incontournable dans le calendrier national mais également international de la discipline. Cette année, pour le 25e anniversaire de cette célèbre épreuve, la Forestière a de nouveau accueilli tout le gratin international en étant cette fois support d’une manche UCI MTB Marathon Series et donnera donc des points qualificatifs en vue du mondial 2016 qui se déroulera en France à Laissac.
Texte : Fred Ischard – Photos : La Forestière et Retro Pixel
Qui pour succéder à l’invincible Thomas Dietsch sur cette épreuve (l’alsacien aux 7 victoires ici même) ? Les prétendants ne manquent pas, le duo du team Bulls avec le suisse Urs Huber et l’allemand Karl Platt, les italiens Samuele Porto (vainqueur à Laissac cette saison) et Marzio Deho ou le champion belge Franz Claes qui peut créer la surprise dans des conditions difficiles. Mais nous retrouvons également trois coureurs vedettes de l’équipe Pro Tour AG2R La Mondiale : Guillaume Bonnafond (2e ici-même en 2014), Romain Bardet (vainqueur d’étape sur le tour de France 2015) et le talentueux Alexis Vuillermoz (également vainqueur d’étape sur le tour de France cette année) qui a à coeur de briller chez lui à Saint Claude.
En effet, la première innovation de cette 25e édition, c’est un changement de site d’accueil. Exit la station de Lamoura et place à la célèbre cité jurassienne de St Claude au coeur de la vallée encaissée de la Bienne. Au programme du jour : 98kms et 2600m de dénivelé sur un parcours remanié qui promet quelques surprises.
Départ donné sous la houlette de l’animateur vedette Éric Davaine, les 230 compétiteurs de ce parcours au long cours sont lâchés. Le départ est assez spectaculaire avec un start-loop de 3 kms dans la cité sanclaudienne en guise d’amuse-bouche : une bosse d’un kilomètre, un single glissant et un petit escalier à dévaler vont permettre d’étirer le peloton sous l’impulsion des coureurs AG2R avant d’attaquer les choses sérieuses.
En effet, ce ne sont pas moins de 10 kms d’ascension qui nous attendent et dès le pied, les pourcentages sont importants et ce pendant 3 kms à travers une piste forestière qui va naturellement opérer une grosse sélection à tout niveau de la course. C’est donc la première véritable surprise de l’épreuve que cette difficile escalade, à froid dès le départ pour dynamiter la course et rajouter un dénivelé conséquent. Nous approchons de la moitié de la première difficulté en croisant la route qui mène à Longchaumois et au col du Haut-Crêt, le terrain va nettement changer car on va emprunter des singles ravagés par la boue et des rampes sur des dalles très glissantes, il nous faudra porter le vélo à de nombreuses reprises sur ce terrain difficile.
Nous approchons enfin du sommet, de nombreux coureurs ont renoncé à la vue du terrain et des difficultés à venir pour des organismes diminués par une saison bien longue. Nous sommes à la bifurcation des parcours hommes et dames, celles-ci shuntant une boucle pour traverser le plateau de Septmoncel et retrouver le parcours classique à hauteur du hameau des Molunes, un tracé qui leur totalisera 84 kms. On poursuit notre parcours et on continue à monter sur des sentiers boueux à souhait, l’adhérence est précaire et cette ascension paraît interminable. En tête de course, un quatuor s’est isolé : le local Alexis Vuillermoz, l’italien Samuele Porto, Karl Platt et Urs Huber du team Bulls.
Le sommet est enfin en vue, on quitte les sous-bois l’espace de quelques kilomètres. En 14 kms, nous avons tout de même gravi près de 1000 m de dénivelé. On retrouve de nouveau la forêt dans des sentiers où l’on ne maîtrise pas grand chose dans le choix des trajectoires mais les coureurs sont plus motivés que jamais, franchir l’arrivée de la Forestière se mérite !
Première descente qui nous mène vers la petite station de ski de Lamoura, ancien départ de cette épreuve. On va donc retrouver le parcours classique qui a fait la renommée de cette épreuve jurassienne mais en y ajoutant de nouvelles traces en sous-bois, quel dommage que les pluies dilluviennes de ces derniers jours ait rendu ce terrain si difficile. Enfin ne nous plaignons pas car c’est un beau soleil qui nous accompagne durant la course.
Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons à Lajoux, une autre petite station familiale, nous avons effectué 25 kms en 2h30, les premiers sont déjà passés depuis 30 minutes à une vitesse impressionnante, il est temps de profiter du délicieux ravito qui nous tend les bras, c’est extrêmement bien garni avec un large choix de victuailles sucrées ou salées mais mon coeur balance vers ces belles tranches de Comté, appellation locale oblige ! Il y’a de l’animation dans ce village, speaker et public donne de la voix mais il reste encore un bon bout de chemin à faire, l’arrivée est encore loin ! On poursuit sur un terrain toujours aussi difficile, les montées passent à pied dans la boue tout en prenant le temps d’apprécier le joli décor entre vastes plateaux et forêts de sapin. On passe le petit hameau des Molunes où l’on retrouve le parcours des dames. Dans cette catégorie, elles n’étaient que 14 au départ et ce sont deux françaises qui se sont isolées en tête: Hélène Marcouyre (BH SR Suntour KMC) et Léna Gérault (Pro Fermetures-Willier) avec une belle avance sur un trio constitué de la suissesse Wittlin (Stockli), de la belge Beckers et de l’allemande Griner. La bourguignonne Sandrine Ponsard (Véloce) suivant à quelques encablures.
On emprunte maintenant les pistes de ski de fond de ce vaste domaine jurassien pour descendre au petit village de La Pesse dans le hameau de Bellecombe où démarre la course Open et Juniors, les coureurs s’échauffent encore au moment de notre passage. Il reste encore 60 kms ! Nous retrouvons enfin une partie plus roulante sur des montées aux pentes plus douces qui demandent cette fois un peu de puissance pour garder la vitesse. La pente se durcit à l’amorce d’un single assez trialisant pour atteindre le sommet du col du Merle, point culminant de cette Forestière à 1360 m d’altitude. On redescend ensuite très rapidement vers le ravito de la « Borne au Lion » qui annonce la mi-parcours avec déjà près de 4 heures de course, la lutte fait rage en tête de course, les premiers sont passés à cet endroit il y’a près d’une heure avec toujours 4 hommes en tête ! Le temps d’un petit arrêt pour cette fois profiter de quelques tranches de Morbier qui nous sont proposées, on recharge les batteries et c’est reparti…
On remonte progressivement sur des pistes toujours boueuses mais plus roulantes qui permettent de reprendre un peu de vitesse avant de plonger sur le village de Giron, la descente est longue et piégeuse pour rejoindre le vallon de la Semine et il faut ensuite s’attaquer à la longue ascension qui nous mène au ravito du village d’Echallon ; 350 m de dénivelé à gravir sur une piste de 5 kms, pas particulièrement difficile mais qui reste assez éprouvante au regard du parcours déjà effectué, d’autant que la rampe finale dans le village est sévère.
Voici de nouveau un ravito avec un accueil toujours aussi chaleureux et une belle ambiance festive dans chaque village traversé, il reste maintenant 25 kms. On augmente encore un peu l’allure à mesure que l’arrivée approche. Le terrain s’assèche nettement, les montées se suivent pour se retrouver à hauteur du lac Genin, un écrin de verdure au coeur d’une belle forêt. Il faut encore de l’énergie pour gravir les dernières pentes, ça n’en finit plus sur ce nouveau tracé au demeurant très plaisant. On s’attaque à la descente la plus technique du parcours : la zone trialisante qui nous mène au village de Viry, il faut bien choisir sa trajectoire entre ces blocs de pierres. Nous approchons des 10 derniers kilomètres, le profil va devenir majoritairement descendant pour plonger vers l’arrivée jugée à Arbent. Il faudra tout de même prendre le soin de garder un peu d’énergie pour affronter la dernière difficulté située à 5 kms de l’arrivée.
L’arrivée se rapproche, la fin de parcours sera également inédite en empruntant de nouvelles traces ouvertes exclusivement pour l’épreuve et voici enfin le village d’arrivée pour finalement franchir cette ligne après 6h40 d’efforts. Chez les hommes, ça aura roulé beaucoup plus vite et le match restera indécis jusqu’au bout. C’est finalement l’italien Samuele Porro qui s’impose en 4h36, quelques secondes devant le suisse Urs Huber et Alexis Vuillermoz qui se seront départagés dans les derniers mètres. Chez les dames, l’experimentée Hélène Marcouyre parviendra à se détacher de Léna Gérault à 10 kms du but pour venir chercher une belle victoire en terre jurassienne, la jeune sociétaire du team Pro Fermetures-Willier se contentant d’une très belle 2e place qui la ravira. C’est l’allemande Annette Griner qui complète le podium suivie de Sandrine Ponsard qui effectuera une jolie remontée en seconde partie de course.
Que dire de cette 25e édition de la Forestière, c’était de nouveau un grand succès, une superbe journée au soleil sur un parcours totalement remanié pour l’occasion avec un balisage parfait, voire trop parfait pour une épreuve longue distance avec comme particularité les indications du kilométrage dégressif du début à la fin ! Autre particularité, une chaude ambiance et une convivialité lors de chaque village traversé, on retrouve du monde tout au long du parcours, c’est assez exceptionnel. Côté gourmandise, le buffet du petit déjeuner lors de la prise de dossards le dimanche matin, les ravitaillements sacrément garnis et les délicieux fromages locaux sont fort appréciés tous comme le repas d’arrivée.
J’ai trouvé sur cette épreuve une organisation digne de sa réputation avec une prise en charge totale à partir de la récupération du dossard jusqu’à la gestion des navettes de retour sur St Claude car l’attrait de cette épreuve réside également sur son parcours en ligne. J’ai également apprécié l’organisation à l’arrivée : l’espace de lavage vélos parfaitement aménagé, parc à vélo gardé, remise d’un diplôme instantanément avec son classement et son temps de course… Tout est conçu et préparé pour que tout soit parfait, précision et exigeance à l’image des épreuves de nos voisins suisses et helvètes, j’avoue avoir été impressionné par la qualité de la prestation globale de l’épreuve.
Alors, rendez-vous en terre jurassienne courant septembre 2016 pour la 26 éme édition qui ne devrait pas faillir à sa réputation !
Infos, résultats complets : www.la-forestiere.com
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