4e édition pour l’Ultra Raid de la Meije, une épreuve VTT de haute montagne typée très longue distance et organisée par Jean-Paul Routens et toute son équipe afin de nous faire partager ce magnifique terrain de jeu autour de ce majestueux sommet de la Meije.
Texte : Fred Ischard – Photos : Bertrand Boone / Ultra Raid de la Meije
Rendez-vous était donc pris dans la station de La Grave, plaque tournante de l’épreuve où est jugée l’arrivée des différents parcours car plusieurs formules sont proposés aux participants avec tout d’abord le défi ultra marathon, l’épreuve reine avec 115kms et 5200m de dénivelé à effectuer comportant deux sommets à 2700m. Il y’a ensuite deux itinéraires de shuntage pour les moins téméraires avec 100kms ou 70kms. Ces trois parcours peuvent être effectués en mode chrono ou rando pour mieux profiter du décor exceptionnel tout au long du parcours.
Une autre possibilité est offerte aux participants en effectuant l’intégralité du parcours en deux étapes, le parcours tracé en deux boucles différentes offrant cette possibilité et permettant de découvrir l’épreuve ou de ne pas avoir à se soucier des différentes barrières horaires mises en place par l’organisation afin de ramener tout le monde à une heure raisonnable. Ca représente déjà mine de rien un beau défi mais accessible à plus de monde que l’indigeste défi sur une journée. Enfin, les épreuves à la journée se déroulent le samedi afin de laisser la possibilité de repousser le départ au lendemain en cas de force majeure.
Les 150 compétiteurs et près de 300 randonneurs étaient donc conviés le vendredi soir pour récupérer plaque de cadre et tee-shirt et procéder à la vérification du matériel obligatoire (rien de sorcier mais le minimum nécessaire pour rider en haute montagne : trousse de secours, sifflet, téléphone, veste imperméable, matériel de réparation, lampe frontale pour la section nocturne…), une bonne chose de la part des organisateurs de ne pas lâcher les coureurs les mains vides en pleine montagne. Ensuite, traditionnel briefing qui aux yeux de certains peut paraitre tardif et obsolète mais qui reste lui aussi très nécessaire afin d’être prévenu de toutes les recommandations qui nous sont adressées : balisage, danger, environnement… On enregistre tout, maintenant il n’y a plus qu’à rouler…
Réveil très matinal aux environs de 4h30 pour l’ensemble des participants, le départ étant donné à 6h du petit village de Villar d’Arene à 4kms de La Grave et c’est une pluie soutenue qui attend les concurrents, la peur et la crispation se lit sur les visages mais malgré tout l’organisation maintient l’intégralité du parcours suite à consultation météo. Bien leur en a prit car la pluie cessera un quart d’heure avant le départ.
A 6h, tout le monde est libéré, le départ est donné de nuit – éclairages en marche – sous une météo encore humide, quelque soit la formule tout le monde part en même temps afin de profiter de cette section nocturne. D’entrée, le ton de l’épreuve est donné, à peine 2kms d’échauffement qu’il faut déjà gravir les premières pentes de ce raid avec l’ascension du col du Lautaret: 7kms et 600m de dénivelé. Les premières pentes sont difficiles sur un chemin abrupte, un portage assez court mais la suite est plus sympa sur un sentier aux pentes correctes avec même un passage sur des pontons en bois bien glissants. Sinon le terrain est légèrement collant mais ça passe bien. A l’approche du col du Lautaret, vent et brouillard se renforcent.
Après 45 mn de course, le sociétaire du team Raid Vauban Dynafit, Yoann Sert (déjà vainqueur de la Transmaurienne et 2e au Roc des Alpes) passe au sommet seul en tête, un groupe mené par Florent Pelizzari est déjà à 5 mn derrière. Pour l’ensemble des coureurs, c’est un épais brouillard qui les accompagne sur ce premier passage à 2000m d’alt. Ensuite, une courte descente et il faut déjà escalader l’ascension du col du Galibier : 10kms et 900m de dénivelé sur une piste aux pentes régulières où chacun peut rouler à son rythme. Le jour se lève et les concurrents se retrouvent comme par magie au dessus des nuages. Passage devant la stèle Henri Desgranges, les coureurs quittent la piste pour accéder au sommet par un portage vertigineux dont les pourcentages avoisinent les 40% par endroits. 10 à 15 mn où l’on a constamment l’impression de basculer en arrière, bref un vrai portage. Premier sommet à 2700m d’altitude atteint, à l’avant Yoann Sert a accru son avance portée à 15 mn sur son poursuivant et coéquipier Benoit Vaxelaire, du team Raid Vauban Dynafit également (7e de la Transvesubienne et 3e du Raid Vauban notamment) puis suivi quelques minutes plus loin par un trio avec Hubert Pirat (Vauban Dynafit), le skieur alpiniste Florent Besses et Flo Pelizzari, bref aucune surprise on retrouve de vrais spécialistes de la montagne à l’avant de la course.
Une longue descente de 7 ou 8kms jusqu’au hameau de Bonnenuit tout près de Valloire attend les coureurs et il faut mieux être bien réveillé pour cette première portion négative ! D’abord une trace très très pentue sur une vaste étendue de schiste, puis une longue ravine bien profonde, une piste plus roulante et pour finir un singletrack plutôt engagé jonché de pierres et de marches avant de terminer en se laissant glisser le long d’un ruisseau. Ouille les descentes ici sont aussi physiques que les montées. Une fois en bas, il faut remonter jusqu’au hameau de Plan Lachat (bien connu des cyclistes qui grimpent le col du Galibier) par un portage sur une prairie et un sentier trialisant. Déjà presque 2h de course pour les premiers et…. 4h pour les derniers randonneurs alors que…. 27kms sont seulement bouclés !
Les coureurs partent maintenant à l’assaut de la seconde ascension qui mène au sommet du col de la Ponsonniere, encore 8kms de montée et 800m de dénivelé à gravir. Le début d’ascension est plutôt facile sur une piste roulante bien que rendue spongieuse par les pluies nocturnes puis après 4kms, le parcours emprunte un sentier au beau milieu des moutons sur un versant du massif des Cerces, passage au bord du lac du même nom et l’ascension reprend par un sentier tantôt trialisant, tantôt plus facile dans un décor à couper le souffle, si somptueux, si sublime qu’on aurait envie de s’allonger et de rester ici mais… la course reprend. Les coureurs atteignent enfin ce second sommet à 2700m sur ce col de la Ponsonniere d’où l’on peut contempler les aiguilles d’Arves (et oui la Maurienne est toute proche). Devant, Yoann Sert continue son festival et compte maintenant 25 mn d’avance sur Ben Vaxelaire, 30 mn sur Flo Besses et Flo Pelizzari, 38 mn sur les deux autres sociétaires Vauban Dynafit, Hubert Pirat et Dorian Lagier.
Place à la descente sur l’Alpe du Lauzet pour finir cette traversée du massif des Cerces, une superbe descente mais qui se révèle particulièrement cassante et engagée, certains passages demandant à être franchis à pied mais le décor reste féérique. Descente terminée, le parcours se poursuit par le sentier du Roy, un des plus vertigineux de ce raid, un sentier étroit en léger dévers avec 150m de vide en surplomb de la Guisane, l’erreur est quasi interdite et la concentration maximale, une section qui remonte légèrement au gré des petits vallons à franchir avant de descendre sur cette vallee de la Guisane par un sentier tout en lacets dans un sous bois, ça change de décor. Puis on remonte sur le col du Lautaret afin de boucler cette première boucle du raid, une montée pas très longue mais assez raide et pénible. Au sommet, 55kms effectués et 2400m de dénivelé gravis. Devant, Yoann Sert passe en à peine plus de 4h avec maintenant 30 mn d’avance sur Ben Vaxelaire et 40 sur Flo Pelizzari. Un gros ravito tres bien garni est installé avec fromage, terrines, fruits, de quoi reprendre des forces pour la deuxième partie du raid.
Direction Villard d’arène pour attaquer la seconde boucle sur un terrain nettement moins hostile et cassant mais qui reste très très physique et qui nous emmène faire un tour dans l’Oisans. Il faut donc redescendre le sentier qui a été précédemment emprunté lors de la première ascension nocturne et une fois en bas, il faut remonter avec comme objectif le lac du Pontet situé à 2000m d’altitude via une montée de 5kms sur une petite route qui se termine par une piste raide. Il faut commencer à compter ses efforts pour parvenir au bout de l’épreuve. Une fois le lac atteint, les coureurs sont récompensés par un joli single typé montagne qui suit un versant au bord des prairies, le passage des vélos n’a même pas de quoi effrayer les vaches allongées au bord du chemin, attention tout de même à ne pas venir les heurter, sachant de quoi je parle…
Une belle descente sur un sentier parfaitement tracé, typé piste de bobsleigh mène les coureurs sur un vallon qui surplombe La Grave, un des rares moments de répit.
Les concurrents traversent le hameau de Ventelon, 65kms sont effectués et c’est ici que se sépare les parcours 70 et 115kms, le « petit » parcours redescendant directement à La Grave par une descente facile. Et bon nombre de concurrents emprunteront cet itinéraire, aussi bien les randonneurs qui terminent leur 1ere journée mais aussi les compétiteurs qui ne peuvent plus aller plus loin et ont atteint leurs limites… Des limites, Yoann Sert n’en a point eut, il enchaine les kilomètres et les difficultés avec une facilité déconcertante, il passe au 65e km avec une avance qui frôle les 45 mn sur son poursuivant qui est toujours Ben Vaxelaire, par contre derrière ça a bougé car Flo Pelizzari, Eric David et Hubert Pirat décident de shunter et formeront le podium de ce parcours de 70kms. Pour ma part ce sera la même en étant malade durant toute l’épreuve et étant à bout de force, j’accrocherais donc la 4e place de ce parcours, comme quoi cette épreuve ne pardonne aucun pépin physique ou mécanique. Flo Besses et Dorian Lagier se retrouvent donc ensemble à la 3e place à près d’une heure du leader. Ensuite le circuit rejoint le hameau du Chazelet par de courtes montées d’où commence réellement la seconde boucle. Les coureurs poursuivent donc leur parcours par le long vallon de la Buffle, une longue montée roulante avec cette année un vent favorable sur cette section pour les pousser jusqu’au refuge du même nom avant d’aborder un portage d’une petite demi-heure qui les mène au sommet du plateau d’Emparis. Très gros effort mais au sommet, un décor tout aussi somptueux avec de larges étendues alpestres et de petits torrents, quel plaisir d’évoluer sur ce terrain de jeu pour tout les concurrents ! Une section bien roulante et rapide où l’on peut se lâcher et choisir différentes traces fait beaucoup de bien jusqu’au chalet Josserand.
85kms sont effectués, les coureurs ont à ce moment le choix de rentrer directement pour boucler le parcours 100kms ou d’effectuer la boucle supplémentaire pour effectuer la totalité du parcours. La boucle n’est ni plus ni moins qu’une descente sur le village de Besse en Oisans : 5kms de pur bonheur, un enchainement de lacets, de petits sauts, de traces multiples, de pilotage et pour finir une section sous-bois lardée de racines, le top du top ! Une fois en bas, petit détour jusqu’au village pour profiter du ravitaillement et remonter au chalet Josserand via une montée très éprouvante, 800m de dénivelé sur une piste longue de 8kms qui parait interminable, épuisante à ce moment de la course. Une fois le sommet atteint, il ne reste que 15kms mais le répit n’est que de courte durée car après 1km de récup sur un single, il reste 300m de dénivelé pour parvenir au dernier sommet de l’épreuve : le col du Souchet qui culmine à 2300m d’altitude, une montée sur un sentier difficile où il faut rester lucide lors de chaque franchissement. Une fois au sommet, les coureurs attaquent un secteur trialisant qui achève les organismes autour du lac du Souchet et c’est enfin la longue redescente sur le Chazelet : tout d’abord très rapide ou l’on s’éclate à choisir sa trace parmis les multiples possibilités de singles qui se croisent et une fois atteint la petite station de ski, la descente devient technique et très ludique ou il faut garder son sang froid et rester parfaitement lucide jusqu’en bas. Petite remontée jusqu’au hameau avant de poursuivre par la descente de la Chapelle avec deux passages très dangereux et engagés, la prise de risques doit être minimale pour arriver à bon port. Une fois en bas, les coureurs retrouvent la vallée de la Romanche, il reste 2kms. Ça sent la fin, passage dans le camping le long de la rivière et ultime montée raide en portage sur les 500 derniers mètres avant de savourer le bonheur et la fierté d’être finisher de cette épreuve.
Une épreuve menée de main de maître par Yoann Sert qui remporte cet ultra raid de la Meije au terme de 9h03 d’efforts en se permettant le luxe de battre le record de l’épreuve détenu jusqu’à présent par Frédéric Frech pour 38 secondes. Un grand coup de chapeau à un coureur qui rajoute une nouvelle victoire de prestige à son palmarès après celle obtenue à la Transmaurienne. Au terme d’une magnifique course, Benoit Vaxelaire conserve sa 2e place après 10h10 de course, un très beau doublé du team Vauban Dynafit et c’est finalement Florent Besses qui arrachera la 3e place et qui privera Dorian Lagier d’un podium 100% Dynafit, 7 mn derrière Benoît, Francis Bibolet complétant le top 5… Sur le parcours 100kms, c’est Vincent Lombardi (US Domont) qui après avoir beaucoup jardiné tout le long du parcours n’aura pas la force d’effectuer la boucle de Besse mais il remporte tout de même le parcours 100kms après 10h07 de course.
Voila une épreuve qui mérite son nom Ultra Raid avec seulement 30 finishers sur l’intégralité du parcours pour 150 partants, un parcours dément, une épreuve de folie, un défi extraordinaire qui est tout simplement INCONTOURNABLE !!! Néanmoins, une préparation physique, technique et mentale, un matériel parfait sont nécessaires afin de mener a bien cette expédition… Un moral d’acier, une bonne gestion physique et mécanique ainsi qu’une expérience de baroudeur seront les recettes de votre succès. Alors prenez date et à l’année prochaine !
Résultats complets sur le site web de l’organisateur : www.ultraraidlameije.fr
Et excellent bonus video ! www.velochannel.com/Video Ultra Raid de la Meije 2014
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Superbe Fred
On refait le parcours sur chaque ligne de texte, c’est un bonheur prolongé encore que cet Ultra de la Meije.
Merci
Merci pour ce CR très complet. Je n’ai pas encore mis ce raid au calendrier mais après la transmaurienne, la transbiking, la transvesubienne, les chemins du soleil, quelques enduros locaux, je vais envisager ce terrain de jeu. est il possible de se loger facilement par là-bas? J’envisage le raid sur 2jours. cdlt bonne année 2015