Mondraker All Mountain Challenge, l’épreuve plaisir !

Après le Shimano Epic Enduro – voir ici notre compte-rendu 2016 – place au second événement de l’année proposé par Wildtrack, le Mondraker All Mountain Challenge que nous avons pu vivre de l’intérieur ce week-end de 1er mai 2016.  

Texte : Vincent Lombardi – Photos : Antoine Bussier/WILDTRACK

Le concept

Pour la deuxième année consécutive, Wildtrack organise en partenariat avec le CSO Millau, une épreuve au format original, à mi-chemin entre l’enduro et le XC, le Mondraker All Mountain Challenge. Le samedi, c’est l’enduro, 5 spéciales réparties sur une parcours de 40 km et 1500 m de dénivelé. Le dimanche, place à un XC en mode poursuite avec une grande boucle de 29 Km pour 900 m de dénivelé. Dénominateur commun du week-end, des parcours techniques à base de sentiers monotraces, de quoi découvrir le parc naturel des Grands Causses, une région qui bénéficie d’un potentiel VTT énorme encore largement sous-exploité. Spécificité de l’épreuve, plutôt que de simplement additionner les temps des deux journées, ce qui favoriserait beaucoup trop les crosseurs, un coefficient multiplicateur vient corriger les écarts de l’enduro afin que tout le monde ait sa chance le dimanche. Cette année, ce facteur est de 3,2. Autrement dit, un écart d’ une minute sur l’enduro, se transforme en 3 mn 12 s de retard au départ du XC « poursuite ».

Enduro de guerriers

Le départ de l’enduro est donné du Rozier, petit village des gorges du Tarn à 30 minutes de Millau. Cadre superbe d’une journée qui s’avérera plus compliquée que prévue ! La liaison vers la première spéciale est assez longue et permet d’étirer le peloton. Entre routes, pistes, singletracks et petits portages, on prend de la hauteur et du plaisir à rouler dans ce coin vraiment sympa. En attendant le départ de la première spéciale, les choses se gâtent, le ciel se bouche, une pluie régulière s’installe. Il fait à peine quelques degrés au dessus de zéro, on sort les imperméables mais déjà on claque des dents. Les pilotes partis dans la seconde vague essuieront même des averses de neige, dur ! Première spéciale sans difficulté en mode full gaz, de quoi se mettre dans le rythme et se réchauffer. Cap ensuite vers Saint André de Vézines, pour un départ sur un promontoire rocheux. Le corps raidi par le froid, je me lance, dans la première succession de petites marches avant d’aborder un pierrier montant, pas évident de trouver la bonne trace, je passe en courant tant pis. On rebascule dans des pierres toujours, je n’arrive pas à reclipser et passe en mode rodéo en rebondissant sur la selle, très moche et peu efficace mais pas de chute, c’est déjà ça ! On rejoint ensuite un beau sentier terreux avec de la pente et des épingles, je passe propre et prend du plaisir à envoyer de gros dérapages pied sorti dans certains virages, le terrain le permet. Il faut tout de même rester très vigilant, de nombreux cailloux et petites racines jonchent le sol et peuvent vous sortir de la trace à tout moment. Après cette deuxième spéciale, le ton est donné, c’est technique et ludique, mais vu les conditions météo, il va falloir se battre pour rester sur le vélo ! Sans transition, on enchaîne sur la troisième spéciale du  « Riou sec »… qui sera en l’occurrence très humide, la pluie redoublant. Le sentier emprunte un fond de vallon rocailleux avec des dalles bien glissantes à négocier. De plus en plus engourdi par le froid, je suis vraiment crispé dans les premiers mètres, je glisse dans le premier dévers et passe le premier escalier en vrac. Nadine Sapin arrive derrière, je me pousse et la laisse passer, je sais qu’elle joue la gagne chez les féminines et ne veux pas la gêner. Dans sa roue, je retrouve de la fluidité, l’adhérence est précaire oui, mais en adoptant un pilotage souple ça passe, la problématique étant d’arriver à trouver ce fameux « flow » par 2°C et sous la pluie… La fin de spéciale plus plate et trialisante permet de rejoindre le joli village de la Roque-Sainte-Marguerite dont le château surplombe la vallée de la Dourbie. Arrivée au ravitaillement, cette fois, il tombe vraiment des cordes, sous la tente on se serre à la recherche d’un espace sec mais c’est peine perdue, il faut se faire une raison, il va falloir enclencher le mode guerrier pour finir cette journée ! La longue montée vers le départ de la spéciale 4 permet de se réchauffer un peu, d’autant plus que miracle, la pluie s’arrête. Cette spéciale sera la plus boueuse, les premiers hectomètres se sont transformés en une véritable patinoire, à l’approche du premier virage à angle droit, je tourne le guidon, rien ne se passe, le vélo file tout droit ! Je sors le pied et met le poids du corps à l’intérieur et arrive enfin à faire tourner le vélo, ça commence bien… on roule vraiment sur des œufs en ce début de spéciale. Sur le bas, je retrouve du grip, tant mieux, il y a un enchaînement de pif-pafs super fun à passer, le sentier devient alors plus exposé et surplombe la Dourbie… que je m’applique à ne pas rejoindre en trace directe. Il reste une spéciale, qui nous ramène sur Le Rozier après une longue liaison qui nous permettra même de profiter de quelques rayons de soleil. Le début est super rapide sur un gros chemin avant de rejoindre un sentier qui mêle terre et pierre calcaire. Il y a de bons appuis dans les virages, on peut vraiment se lâcher dans cette spéciale technique mais pas trop piégeuse, un régal. A l’arrivée, autour d’un repas bienvenu dans un gymnase chauffé, chacun raconte ses péripéties au cours de cette belle mais difficile journée. Je boucle l’ensemble du circuit en plus de 5 heures dont 30 minutes de spéciales avec une piètre 132ème place sur 400 partants. Demain, je prendrai le départ du XC avec 30 minutes de retard sur Théo Galy, vainqueur de cette première journée enduro, telle est la dure loi du All Mountain Challenge !

Wind of change

Le dimanche, le vent est venu balayer la pluie mais les températures sont toujours à peine positives. Au départ de Millau, les coureurs partent pour une liaison montante de 7 Km en direction de l’aire du Viaduc de Millau, théâtre exceptionnel du départ de cette poursuite XC. Au sommet, on s’abrite comme on peut, 3°C et des rafales à 60 Km/h, ça réveille !

Les premiers s’élancent dans la pente comme s’il s’agissait d’une courte spéciale alors qu’il y a tout de même 30 Km à parcourir. Les autres pilotes attendant leur départ profitent du spectacle. La mise en grille spécifique à ce format « poursuite » demande un peu de temps mais se passe bien. Quelques secondes après 11h00, je m’élance à mon tour prêt à remonter autant de coureurs que possible. Le début du parcours plonge sous le viaduc par des sentiers de terre rouge très joueurs. On passe carrément dans la pile n°2 du pont, c’est vraiment unique !

Quelques premières rampes montantes me permettent de passer 2 ou 3 concurrents. On plonge ensuite vers le village de Peyre par un chemin cassant qui se termine par une série d’épingles trialisantes qui m’obligent pour certaines à passer à pied. Ensuite, ça remonte sévèrement, place aux crosseurs ! Je fais toutes les montées à bloc et double autant que je peux, tout le monde s’écarte d’ailleurs très gentiment, signe de la bonne ambiance qui règne sur cette épreuve. Le parcours est ensuite plus roulant mais toujours à base de monotraces. On rejoint, le plateau surplombant Millau, je croise un coureur planté au milieu du parcours, perclus de crampes, il n’arrive plus à bouger ! Les efforts cumulés du week-end font mal et le parcours nerveux tout en relance du jour n’arrange rien. Dernière descente sur un sentier rapide et super ludique une fois de plus, le tracé se termine par des volées de marche avalées à fond avant un dernier escalier à monter et un sprint sur route jusqu’à l’arche d’arrivée. J’échoue à la 44ème place après avoir remonté 88 coureurs, je réalise le 12ème temps du XC (1H35) derrière quelques enduristes bien énervés !

Côté course

L’enduro du samedi est donc remporté par Théo Galy (Devinci Global Racing) devant son co-équipier Damien Oton et François Bailly-Maître (BMC Trailcrew), tenant du titre. Suivent Youn Deniaud (Devinci Sabma) et le crosseur polyvalent Alexis Chenevier (Scott Mavic). A l’issu de cette première journée, le top 5 se tient en 1’09, soit 3’41 de retard à boucher lors de la poursuite pour Alexis Chenevrier, pas impossible mais la lutte s’annonce serrée ! Lors de la poursuite,  François Bailly-Maître rejoint rapidement Théo Galy et Damien Oton mais n’arrive pas à lâcher ce dernier. Suite a une crevaison de François Bailly-Maître dans les 5 derniers kilomètres, Damien Oton s’envole vers la victoire alors qu’Alexis Chenevrier prend finalement la seconde place en réalisant le meilleur temps du XC (1H24). Énorme performance de Damien Oton sur le XC puisqu’il  concède moins de 2 minutes à Alexis Chenevier, un pilote pourtant habitué aux tops 10 en coupe de France de XCO !

Chez les dames, après avoir terminée deuxième de la journée enduro, Nadine Sapin (Scott Contessa), multiple vainqueur de la Transvésubienne, remporte l’épreuve devant Camille Balanche (Team Ekibike) et Aurélie Grosse.

Aujourd’hui et demain

Spot de rêve, parcours ludiques à souhait, techniques et physiques, difficiles mais sans excès, la formule du All Mountain Challenge à tout pour plaire, de l’amateur de vrai VTT, au pro chasseur de chrono. Wildtrack envisage d’ailleurs pour 2017, l’organisation d’un championnat All Mountain en 3 manches, concentrées sur le début de saison, avec une finale à Millau en mai, une excellente initiative !

Résultats complets : www.endurotribe.com/Mondraker AM Challenge 2016 – Les résultats

Espace VTT Enduro Millau Grands Causses : www.millau-sports-nature.fr/Enduro

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