Essai du Caminade Gravel

La compréhension du Gravel 

La marque française spécialisée dans la production de vélos en acier a ajouté en 2015 un modèle Gravel à sa gamme (suivi d’un second début 2016). Son nom ? Gravel. On ne pouvait trouver plus simple et plus direct pour un vélo qui se destine à une utilisation « purement » Gravel (et non hybride). Un vélo pointu dans sa conception, très efficace et tolérant. Essai contact. 

Quatrième création de la marque française artisanale qui nous avait tout d’abord présenté ses VTT SimpleTrack et One4all ainsi que son Route 66 (testé ici) lors de son arrivée sur le marché. Le Caminade Gravel respecte évidement les codes maison et ses valeurs avec une silhouette particulière – véritable signature de la marque – ainsi qu’une construction acier 100% française.

Châssis

Pour réaliser son cadre avec ces formes cintrées si particulières, et pour répondre aux exigences d’une pratique Gravel, Caminade mixe les origines en ce qui concerne la série de tubes employés. Les 3 tubes cintrés – tube de selle, tube supérieur et renfort – sont extrudés et formés spécifiquement chez un fabricant français (Osborn) à la demande de la marque catalane. Le triangle arrière (entraxe de roue 142 mm) et le tube diagonal proviennent de la série Columbus 29er et la douille de direction 44 est une Reynolds. L’assemblage des tubes se fait par soudo-brasage. Le poids constructeur est de 2100g. Le tube de selle fortement incliné permet de limiter le choix de tailles à 3 possibilités (S/M, M/L et L/XL), la sortie de selle permettant d’allonger ou de réduire artificiellement et suffisamment la longueur du cadre en fonction de la hauteur d’assise. La tige de selle est de diamètre peu habituel, surtout pour un acier, avec 31.6 mm. Au niveau des standards, des solutions éprouvées ne présentant aucune contrainte en termes d’entretien : passage des gaines en externes, boite de pédalier filetée, douille de direction 44 mm (pratique si l’on veut monter de la fourche acier à pivot droit par exemple…).

La fourche est une Columbus Mud Disk en carbone 3K monocoque Toray T500. Avec un poids constructeur de 450g, Caminade a opté pour cette solution plutôt que de fabriquer une fourche acier qui aurait été au moins deux fois plus lourde. Une direction allégée pour améliorer la vivacité sans compromettre le comportement général procuré par le cadre acier.

Quelques détails ci-dessous pour illustrer la qualité de fabrication d’un Caminade Gravel…

Equipement et options

3 montages de série en groupes SRAM sont proposés, Rival 1×11, Force 1×11 et Red 2×11. Plusieurs options sont ensuite possibles comme par exemple l’adoption de roues Zipp 30 Disc au lieu des DT Swiss R23 DB Spline, transmission double sur les Rival1 et Force1 (ajout d’une patte de dérailleur avant à braser), perçages pour un second porte-bidon sous le tube diagonal, oeillets pour porte-bagages… D’autres possibilités avec un montage à la carte personnalisé à partir du kit cadre également proposé. Et comme tout vélo Caminade, le choix de coloris est très large. Les enveloppes sélectionnées par Caminade sont conçues et produites en France également, des Hutchinson Black Mamba CX en Tubeless Ready bien adaptées à de nombreux parcours Gravel. Cintre Salsa Cowchipper bien adapté à cette pratique également.

Où ?

Ille sur Têt (Pyrénées Orientales), dans les terres à une petite trentaine de kilomètres de Perpignan. Nous sommes au pied des Pyrénées, Caminade s’est installé ici, les pistes roulantes et carrossables abondent et l’on comprend mieux pourquoi la marque maitrise le sujet du Gravel. De la plaine en fond de vallée mais surtout une multitude de pistes DFCI (Défense des Forêts Contre l’Incendie) qui partent vers les hauteurs du massif du Canigou et son pic comme point culminant (2785 m).

Au départ d’Ille sur Têt, notre petite sortie d’évaluation de deux heures bien trop courte fut malgré tout révélatrice. Pour ce faire, une petite portion de goudron très lisse et rapide, de la petite route dégradée, une piste d’une dizaine de kilomètres dont la majorité en montée avec tout de même des replats et un peu de descente sinueuse. Et pour rejoindre la plaine, une descente tortueuse de 7 km sur petite route bien bosselée en longeant une gorge.

La première bonne surprise est la facilité et la capacité à prendre de la vitesse, un petit tour de chauffe et on enchaîne sur du bitume bien lisse où l’on arrive à filer à vive allure. On retrouve des sensations d’accélération pas si éloignées de celles d’un pur routier, à mettre au crédit de bases courtes de 415 mm (légèrement plus courtes sur ce modèle spécifique essayé) et du train roulant. Certes, le 38 x 11 bride un moment donné mais on pourra aisément se glisser dans un peloton par exemple. Surtout, on apprécie bien les portions bitumées sans avoir l’impression d’être « scotché » à la route.

Mais c’est sur la piste qu’il dévoile tout son potentiel. Si son kilo supplémentaire par rapport aux meilleures productions carbone peut laisser supposer à une incidence sur le rendement, la réalité du terrain enlève ce doute avec un comportement bien dynamique. Une dizaine de kilos (pédales, bidon, GPS compris) entre les jambes n’est pas excessif pour un Gravel et ce fut un plaisir réellement jouissif que d’escalader les quelques centaines de mètres de D+ qui se sont présentées devant nous pendant une petite demi-heure d’ascension. Seul à cadence basse on ressent un peu de léthargie dans le comportement mais il faut simplement rouler à un certain rythme. Montée au train à allure moyenne ou vive, facile. Relancer avec intensité, même en milieu de montée de col, encore plus aisé ! En fait, plus on le brusque, plus il est volontaire. L’acier et ses caractéristiques intrinsèques n’y sont pas pour rien, le cadre est vivant. Seuls les cyclistes extrêmement puissants pourraient préférer un carbone plus raide, mais encore faudra t’il pouvoir le tenir sur la distance en étant davantage secoué même si l’ajustement de pression pneumatique reste primordial pour allier confort et performance.

Dans le négatif, probablement l’un des meilleurs Gravel que l’on ait essayé jusqu’à présent. La stabilité est excellente, même avec ces Black Mamba plus proches des slicks que des pneus cramponnés, on peut y aller franchement et prendre beaucoup d’angle en courbe. L’adhérence est très bonne, le vélo se place et se manie vraiment bien. On peut même occasionnellement jouer du frein dans certaines épingles à négocier en glisse, le vélo est facilement contrôlable. Sur notre portion de descente goudronnée technique, il n’y a pas photo, le Caminade Gravel est plus rapide qu’un vélo de route, toujours grâce à cette aisance sécurisante en virage. Seuls quelques bouts droits feront sans surprise ressortir une aéro dégradée par les pneus et la limite du 38 x 11.

Ce Caminade Gravel est une franche réussite, une machine prévue pour un usage sportif avec une géométrie réellement conçue pour s’adonner aux joies du Gravel telle que l’on conçoit cette discipline, c’est à dire rouler vite et longtemps sur des pistes vallonnées et quelques portions de routes si l’on résume au plus court. A ne surtout pas mélanger avec le cyclo-cross qui est à l’inverse du Gravel (parcours courts et terrains meubles à rendement très faible) et encore moins le VTT où cette machine n’aurait pas sa place. Et l’on ne ressent jamais d’effet pataud caractéristique de vélos acier plus polyvalents qui mixent les utilisations Touring, route, Gravel, cyclo-cross sur un même châssis avec pour résultante de ne jamais être réellement bons dans tous ces domaines, le Caminade fait au contraire preuve de vivacité. Si aujourd’hui rouler sur un cadre acier peut paraître alternatif ou has-been vu la pléthore de châssis carbone proposés par la concurrence, ainsi que quelques aluminium en premiers prix, Caminade démontre ici l’inverse avec un vélo très efficace pour une « vraie » pratique Gravel.

 

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