Ultra VTT Causses & Vallées Lot Dordogne 2023
C’est à Cahors, capitale du Lot et du Quercy que s’est déroulé la 5e édition de l’Ultra VTT des Causses et Vallées du Lot et de la Dordogne (UVTTCV). C’est donc le matin du samedi 13 mai que nous avons rendez-vous sur la ligne de départ en plein coeur de cette ville cadurcienne. Bienvenue en immersion sur l’épreuve chronométrée en mode solo la plus longue de France !
Par Fred Ischard
A l’origine, cet événement est né sous la forme d’un Ultra Trail d’une distance supérieure aux mythiques 100 miles en proposant un tracé de 180 kilomètres à travers les territoires pittoresques du département du Lot puis décliné dès la 2e édition sur deux roues faisant de cet événement l’épreuve VTT la plus longue en distance et en mode solo du calendrier national. C’est donc un week-end 100% sports nature d’endurance avec un seul et unique parcours commun aux deux épreuves, c’est avec grand plaisir que nous venons redécouvrir cette belle épreuve.
Me voici sur place le samedi matin à 7 heures sur le parvis du palais des sports de Cahors, on me remet mon dossard et un tracker GPS qui assure le suivi live et notre sécurité durant la course. A 7h45, nous sommes donc 85 coureurs à nous élancer pour 184 kilomètres et 4400 mètres de dénivelé.
Le premier kilomètre se déroule tel une parade dans les ruelles de la ville mais une fois sur les premiers chemins, nous sommes libérés pour sortir de cette très jolie cité cadurcienne, nous attaquons les pentes qui vont nous emmener sur le plateau du Mont St Cyr. Cette première montée du jour n’est pas très violente, juste une mise en jambes pour la suite. On se retrouve assez rapidement sur des petits singles qui serpentent au milieu de petits arbres sur un terrain légèrement humide. Au sommet, nous retrouvons des prairies sèches ponctuées d’orchidées. Le peloton est déjà morcelé en une multitude de petits groupes alors qu’un homme seul en la personne du pyrénnéen Adrien Dejeane s’est détaché en tête de course. Nous formons de notre côté un groupe de poursuivants d’une petite dizaine de coureurs qui va s’égrainer au fil des kilomètres.
Le parcours plutôt casse-pattes nous fait traverser de nombreux sous-bois agrémentés par tout autant de montées à franchir. Les montées sont relativement courtes mais très nombreuses en ce début de parcours où l’on découvre par endroits également un terrain calcaire rendu très glissant par la fine pellicule de terre humide qui y subsiste. Après une vingtaine de kilomètres, nous ne sommes plus que 7 coureurs dans notre groupe et l’on s’approche tout doucement de la vallée du Lot en traversant le causse de Limogne. Ça fait quasi deux heures que le départ a été donné, nous plongeons dans une jolie descente technique qui va faire exploser à nouveau notre groupe. Le cévenol Julien Merle et le limougeaud Jérôme Proust s’échappent à la poursuite de l’homme de tête. Nous voici maintenant à St Cirq Lapopie, l’un des plus beaux villages du département arrosé par le cours du Lot. Le ciel est lumineux, nous croisons pas mal de touristes dans ce charmant village. Nous poursuivons notre périlleuse descente par une rafale de marches.
Nous longeons maintenant le cours du Lot par un impressionnant chemin de halage qui se fraie un passage sous une longue falaise formant une voûte. On quitte cette vallée du Lot en traversant ce cours d’eau par un ancien pont ferroviaire métallique avant de remonter sur le causse par la montée de Conduché, l’une des plus difficile de ce début de parcours. J’accuse un peu le coup dans cette montée et laisse échapper trois autres coureurs puis on replonge assez vite dans la vallée du Célé par une descente technique sur un sentier glissant et cassant. On passe devant l’entrée de la grotte de Pech Merle avant de plonger sur le village de Cabrerets où nous attend notre premier ravito après 42 kilomètres de course.
On a du choix sur ce ravito avec des barres céréales, des pâtes de fruit, du chocolat, des fruits, de l’eau et boisson isotonique. Après un court arrêt, je recharge juste un bidon d’eau et d’électrolytes afin de repartir avec les trois coureurs qui m’ont semé précédemment. On poursuit notre chemin au moment où un coureur du club XC 63 entre au ravito. Nous sortons de Cabrerets, un magnifique petit village typique du Quercy d’ailleurs et nous lançons dans la très exigeante ascension du Bout du Lieu, inutile de vouloir escalader en vélo, c’est à pied qu’il nous faudra gravir ce sentier afin de rejoindre le causse. Et cette fois, on va y rester un long moment sur ces vastes plateaux peuplés de grandes fermes et de rares sous-bois de chênes, le décor est plutôt sympa et le relief plus linéaire pour traverser ce vaste causse de Gramat. On va donc faire cause commune pour tâcher de rester ensemble et se relayer pour avancer le plus efficacement possible sans perdre d’énergie. On effectue un arrêt express au point d’eau du 65e kilomètre et c’est à partir de ce moment que je retrouve quelques couleurs après une bonne demi-heure un peu compliquée où je me suis senti fatigué.
Justement, voici la cité pittoresque de Gramat qui marque la mi-parcours. On plonge enfin vers le 2e ravito qui sera également une base vie où l’on va pouvoir récupérer un sac que chaque coureur a pu confier préalablement à l’organisation, un confort non négligeable lorsque l’on a entre 5 et 8 heures de vélo selon les coureurs, on va même nous proposer des pâtes chaudes que je vais m’empresser de déguster ! Ce ravitaillement est très salvateur et permet de refaire le plein d’énergie en vue d’une seconde partie de parcours qui va sûrement nous réserver des surprises. Lors de cette première moitié de parcours, la météo se sera montrée clémente.
J’essaie d’être efficace durant ce ravito, le seul où je vais m’arrêter plus d’une minute. Je recharge mon gilet dorsal en nourriture, avale un gobelet de pâtes et me réhydrate du mieux possible en eau riche en sodium. Après quelques minutes d’arrêt, me voici à nouveau prêt à faire feu et on repart quasi tous en même temps. Notre petit quatuor est prêt à avaler les kilomètres. Les participants à la formule en relais laissent place à leur équipier mais pour tous les autres c’est encore 90 kilomètres et un peu plus de 2000 mètres de dénivelé qu’il faudra boucler pour retrouver et franchir la ligne d’arrivée à Cahors.
C’est un décor un peu différent qui nous attend. On cafouille un peu pour sortir de Gramat avant d’attaquer une belle montée et de retrouver une piste qui longe la ligne ferroviaire Paris-Rodez. Les kilomètres défilent assez rapidement sur une piste roulante car malheureusement point de passage au canyon de l’Alzou cette année en raison d’innondations. Du coup nous approchons rapidement du 100e kilomètre et nous voici à l’entrée de la mythique cité de Rocamadour, un village accroché sur le flanc d’une falaise devenu un des très grands sites touristiques de cette région Occitanie. Pour cause d’affluence touristique en ce mois de mai, on nous évite d’entrer dans les ruelles de ce somptueux site pour plonger directement par la route vers la vallée de l’Alzou.
C’est une longue et difficile montée qui nous ramène ensuite sur le vaste causse de Gramat. Je mène le rythme en tête de groupe sur cette ascension et au sommet nous ne serons plus que trois coureurs. La météo devient un peu plus menaçante et les courtes montées s’enchaînent, le parcours assez linéaire permet d’avaler les kilomètres et chaque kilomètre effectué nous rapproche encore un peu plus près d’un beau et grand défi. Au 120e kilomètres, hameau du Bastit où se trouve un point d’eau. Je décide de faire un arrêt express de 15 secondes pour recharger mon bidon en eau et je repars très vite mais… seul ! Il me reste 65 kilomètres mais me sentant de mieux en mieux, je décide d’insister et me retrouve isolé à la 4e place sans connaître aucun écart avec les coureurs à l’avant. Les relances sont bonnes, je donne beaucoup d’énergie pour creuser l’écart sur mes poursuivants maintenant que j’ai décidé d’avancer seul. Je double pas mal de coureurs du parcours « Minéral » qui reprend uniquement la deuxième moitié de notre parcours au départ de Gramat.
Je ne fais pas d’erreurs et j’arrive au village de Labastide-Murat. Comme pour les autres ravitos, on nous propose un joli choix varié aussi bien solide que liquide. Cette fois, pas de pâtes mais de la soupe et du thé chaud que j’avale rapidement et me fera le plus grand bien. Après deux petites minutes d’arrêt, il est temps de repartir pour les 50 derniers kilomètres du parcours alors que mes trois poursuivants arrivent à ce fameux ravito. Le profil devient maintenant descendant et je quitte doucement le causse pour retrouver des sous-bois et de chouettes vallons comme celui du Vers puis celui de Nouaillac. Le sol est parfois humide par endroits mais reste parfaitement roulable. On nous fait emprunter des singles féeriques dans ces petits vallons sauvages à sillonner entre des arbres tapissés de mousse. Deux montées particulièrement difficiles à escalader pour rejoindre le point d’eau de St Michel de Cours, la seconde me fera sacrément mal aux jambes et je la gravis à l’énergie, enfin avec le peu d’énergie qu’il reste ! Arrêt express au dernier point d’eau du jour, il reste 25 kilomètres et me voici toujours à la 4e place. Je file immédiatement, descente rapide et voici à nouveau une montée à gravir, je n’ai quasi plus d’énergie et je sens le début d’hypoglycémie arriver. Je m’accroche pour ne pas m’effondrer avant de plonger enfin vers la vallée du Lot par une descente technique où je tente de rester lucide.
Une fois en bas, je me dirige alors vers Cahors, la ligne d’arrivée semble proche et je roule maintenant sur la petite ligne ferroviaire du train touristique du Quercy qui permet d’éviter quelques kilomètres de bitume et de circulation. Je profite de ces quelques kilomètres plats le long du Lot pour avaler les dernières provisions qu’il me reste, bien m’en a pris car je me sentirai nettement mieux un petit quart d’heure plus tard. J’approche à quelques hectomètres de Cahors mais comme les années précédentes, une surprise se dresse devant nous, en effet il aurait été trop simple de nous faire rentrer directement sans retourner faire un tour du côté du Mont St Cyr, cette butte qui domine la capitale lotoise. C’est encore une sacré montée qu’il nous faut gravir mais à part une petite pente trop raide, je parviens à rester sur le vélo. Une fois au sommet, on va nous faire visiter un petit florilège des sentiers de ce chouette terrain de jeu. Je prends à nouveau beaucoup de plaisir à rouler ces sentiers et c’est au pied de l’ultime montée du parcours que l’on m’annonce contre toute attente le 3e coureur juste devant. En effet, j’aperçois quelques mètres plus loin la silhouette de Jérôme Proust que je doublerais peu avant le sommet. Il ne me reste alors plus qu’à assurer la dernière descente avec encore quelques jolies marches techniques à passer et on retrouve enfin les premiers lotissements de Cahors. Encore un dernier kilomètre dans les ruelles de Cahors et je franchis enfin cette arche tant attendue après 10h54 de course en venant fondre à une minute de la seconde place détenue par le cévenol Julien Merle. Le vainqueur de cette 5e édition n’a pas fait l’ombre d’un doute, Adrien Dejeane remporte cette édition après de nombreux accessits en bouclant les 184 kilomètres du parcours en 10h33. Les derniers finishers mettront plus de 18 heures pour boucler l’intégralité du parcours et ils seront 71 coureurs à franchir cette ligne d’arrivée avec pour tout le monde la seule et unique sensation d’un défi de grande envergure réalisé.
On aura énormément apprécié revenir sur cet Ultra des Causses et Vallées, cette belle épreuve nous propose toujours une aussi belle visite du Quercy. L’accueil est soigné, les bénévoles très chaleureux, les ravitaillements bien garnis, le balisage du parcours a un peu évolué par rapport aux années précédentes, la trace GPS fournie a pu rassurer tout le monde pendant la course. Le parcours est un condensé de difficultés et de portions plus roulantes qui s’ouvre à un public plus large permettant une approche accessible vers l’ultra XC Marathon et au sens plus large vers l’ultra distance. La région est quant à elle tout à fait propice à la pratique du VTT permettant d’allier sport et découverte de sites prestigieux tels que Rocamadour ou St Cirq Lapopie.
En somme, c’est une épreuve qui vaut vraiment le déplacement pour quiconque désirant se lancer un défi long mais accessible et découvrir une région très touristique et pittoresque.
Informations : www.cap-orn.org
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