Ultra Raid des 3 Vallées 2023, le résumé !

Tout en glisse !

Cette course par étape de trois jours fait la part belle aux reliefs de trois vallées, le Bocq, la Molignée et la Meuse ! C’est avec grand plaisir que l’on revient pour la seconde fois sur cet événement qui clôture le calendrier belge de VTT XC Marathon. Bienvenue en immersion au coeur des Trois Vallées.

Par Fred Ischard – Photos : Violette Somme / Ultra Raid des 3 Vallées

Nous sommes le vendredi 22 septembre lorsque je me rends à Miavoye, un petit village de quelques âmes tout proche de la vallée de la Meuse, non loin de la citadelle de Dinant. A peine plus de trois heures de voiture depuis Paris, les cieux se sont assombris depuis que j’ai franchi la frontière et c’est sous la pluie que j’arrive sur place. Le site de course se situe en pleine nature, seul un gymnase permet de garder une structure en dur pour installer l’espace d’accueil et de restauration. L’accueil est impeccable, on retrouve une équipe d’organisation souriante, l’équipe d’animation se met gentiment en route malgré la pluie qui tombe. Je récupère mon dossard avec en cadeau le traditionnel verre à bière et un joli décapsuleur, bienvenue en Belgique !

Je profite d’une accalmie pour installer mon campement. Chacun gère son hébergement, une aire de camping est mise à disposition des participants mais chacun est libre de choisir son hébergement (camping car, tente ou gîtes à proximité). Il est déjà l’heure de se préparer et la pluie se met à retomber et redouble d’intensité. Du coup, à seulement un quart d’heure avant le coup d’envoi de la première étape, je me décide à sortir de la tente sous cette pluie battante pour installer la loupiotte sur le vélo car en cette première soirée est prévue la première étape en mode semi-nocturne. Tout le monde reste abrité sous l’entrée du gymnase et ce n’est qu’au dernier moment que l’on part se placer sur l’aire de départ couvert sous nos imperméables.

Étape 1 : Bataille navale autour de Miavoye

La pluie s’arrête à une minute du départ mais la fraîcheur et l’humidité ambiante incite à garder les vestes. Il est 19 heures et c’est parti, on s’élance dans un grand champ en pente très glissant puis on remonte par une petite route qui étire le peloton. Cette petite route devient rapidement un chemin très cassant et pentu avec des pierres très humides, autant dire qu’il fallait mieux être placé à l’avant très rapidement afin de ne pas être gêné car la pente et l’adhérence précaire rendent cette montée délicate à gravir. Au sommet, ça relance fort. Étant tous partis sans aucun échauffement, je suis déjà littéralement à fond dès le premier kilomètre. Une descente rapide tout shuss et je me retrouve à la 3e place à l’entrée du premier single qui va s’avérer extrêmement glissant avec un ruisseau gonflé d’eau à franchir à pied. La relance s’effectue sur un sentier où l’on a aucune adhérence, on essaie d’éviter les flaques et chacun passe où il peut. Je sais que je suis parti trop vite par rapport à mon niveau, ça pousse fort derrière moi malgré la pluie qui retombe et les chemins très glissants. Je perds une place et nous voici sur une montée technique dans les pierres, le sentier est transformé en rivière, du coup c’est poussage en courant les pieds dans l’eau tout en tâchant de ne pas glisser sur les pierres. Ce début de course est vraiment très intense, la moindre relance, je dois m’employer car je sens que ça pousse derrière et je vais perdre quelques places sur une partie plus large en montant face au vent sur un sol très collant.

Me voici à la 9e place après 5 bornes de course, le niveau paraît dense cette année. Je me retrouve seul en chasse patate sur une longue ligne droite dans la plaine puis je descends un chemin rapide et large sur des pierres glissantes, une place de gagnée mais une autre de perdue au moment d’arriver dans la vallée de la Meuse. Allez, un kilomètre sur asphalte certes complètement détrempé mais qui fait du bien malgré l’obligation de rouler de nouveau à fond. Je perds deux places, doublé par deux coureurs de l’Oise (Théo Dumalanède et Ludovic Recolet).

Bon le top 10 s’envole mais nous ne sommes que dans les 10 premiers kilomètres, le week-end est encore très long. Nous arrivons à Hermeton sur Meuse, le premier ravito est installé et propose de la bière bien évidemment, après seulement 11kms de course et sous une pluie battante je préfère poursuivre mon chemin. Justement, on quitte la route pour une assez longue montée qui va mieux me correspondre. On monte un single  pas trop gras, pas trop pentu non plus sous les arbres qui nous protège du vent et de la pluie. On forme un petit groupe de coureurs. La montée est longue et agréable, le rythme un peu plus tempo, on sent que chacun a besoin de récupérer un peu. Le single est assez joli, entrecoupé d’une descente et la dernière partie de montée s’effectue hors du bois, on retrouve la plaine et on essaie de gravir un chemin où on est tous scotché avec un fort vent contre nous et une épaisse boue, heureusement la pluie s’est arrêtée mais ce sont de vraies conditions de flahutes. On va rouler dans cette plaine pendant deux bons kilomètres puis on peut définitivement allumer les lampes car il commence à faire nuit après une heure de course.

On entre à nouveau dans les bois et je donne tout pour m’accrocher en queue de mon groupe mais quelques erreurs dans des flaques de boue profondes vont me sortir. C’est vraiment délicat à rouler, c’est un vrai chantier qui s’ouvre devant nous par moments. Un gros effort me permet de rentrer sur un trio avec à nouveau Ludovic, son équipier de club s’étant quant à lui échappé pour retrouver l’avant de la course. On roule maintenant sur une bonne section roulante en plaine qui nous amène au village de Morville après une vingtaine de kilomètres de course où se trouve le second ravito qui propose cette fois de la … tartiflette, peu commun sur une épreuve belge ! Vu l’allure que l’on mène et la fraîcheur ambiante, je file et poursuis ma course, d’autant que l’allure ne fléchit pas. On descend une piste à bloc et la montée large qui suit va me faire définitivement sortir du groupe. Le parcours est maintenant nettement plus roulant, majoritairement en plaine, on roule pendant 3 bons kilomètres au milieu des champs sur des chemins larges en plein vent où je me retrouve seul entre de petits groupes. J’envoie le plus de vitesse possible mais ces sections réclament beaucoup de puissance. Le groupe qui me poursuit fond sur moi mais on retrouve à nouveau un single en descente qui va s’avérer extrêmement technique car ce sera une véritable patinoire, ça glisse de partout et à deux reprises je suis obligé de tirer droit dans les ronces mais je reprends un peu d’avance.

Nouvelle remontée dans la plaine, nouveau tronçon de piste rapide au milieu des champs et au détour d’une vaste prairie en descente, je me retrouve « noyé » dans une flaque de 80cm de profondeur. Par chance, je ne tombe pas mais le vélo n’apprécie pas forcément. Relance après ce « bain fraîcheur », encore quelques kilomètres dans la plaine puis on se retrouve à Weillen où l’on amorce maintenant le retour. On attaque la dernière montée du parcours sur un single puis une petite route nous amène à Gerin où se trouve le dernier ravito. On nous propose des crêpes, malheureusement je préfère poursuivre car je retrouve la queue de mon ancien groupe qui a fait une petite erreur de parcours. Il reste 4km de course mais un chemin très très collant dans un champ va à nouveau me faire sauter du groupe. J’arrive seul dans la dernière descente sur une route glissante qui nous ramène vers l’arrivée. La petite butte finale et je franchis la ligne de cette première étape à la 12e place après 1h41 de course dans des conditions particulièrement éprouvantes. Pour ce premier jour, l’organisation ne proposait que 34km et 700m de dénivelé, largement assez dans ces conditions. Plus qu’une mise en jambes, cette première étape nocturne va déjà bien user les organismes mais surtout le matériel. Les écarts sont assez faibles, le vainqueur Romain Hubert ne me mettant que 4 minutes et les 5 premiers coureurs se tenant dans la même minute. Il est déjà 21h, il faut maintenant procéder au nettoyage du matériel, l’aire de lavage prévue à cet effet est heureusement efficace. J’ai également très vivement apprécié la propreté des sanitaires, les vestiaires étant très régulièrement nettoyés par de jeunes bénévoles volontaires et la pasta party a volonté également prévue dans le pack d’inscription va ensuite me requinquer. Il est 23 heures lorsque je ferme les yeux, blotti sous ma tente et bercé par le son de l’animation qui encouragera les finishers de cette étape nocturne jusqu’au dernier participant.

Étape 2 : Vallée de la Meuse bien boueuse

Réveil matinal, il est 6 heures et il fait à peine 5 degrés, difficile de mettre le nez dehors ! On enfile la tenue pour aller au gymnase profiter du petit déjeuner offert par l’organisation. C’est simple, complet et efficace. Un constat une fois le petit dej terminé, la météo sera nettement plus clémente que la veille. L’heure du départ approche, un check up sur le vélo est nécessaire suite à l’étape nocturne très humide la veille, un échauffement d’une vingtaine de minutes et ensuite direction la ligne de départ où chacun se place comme il le souhaite, nous ne serons qu’une bonne centaine car cette fois les versions « grand » et « petit » parcours seront séparées.

Il est 8 heures, c’est parti pour l’étape reine du week-end avec 122 kilomètres et 2900 mètres de dénivelé cumulé. Le départ est identique à la veille avec descente dans une pâture bien grasse avant de remonter dans le village par une petite route puis gravir le chemin rocailleux assez délicat et glissant. Je prends un départ plutôt prudent et ce début de parcours va s’avérer très physique car on emprunte quelques traces empruntées la veille soit dans le même sens, soit en sens inverse. Du coup, le parcours est très gras et collant, les deux montées suivantes s’escaladeront en poussant le vélo. Je vais ainsi rapidement me retrouver en compagnie de deux coureurs de ma catégorie, nous formons donc le trio des trois premiers coureurs de la catégorie Master. On se dit alors que l’on se verrait bien faire un bon bout de chemin ensemble vu la longueur de l’étape. Après une petite dizaine de kilomètres, nous voici comme la veille à Hermeton sur Meuse, cette vallée de la Meuse sera le fil rouge de la journée. Quelques kilomètres de plat nous permettent de reprendre un peu notre souffle avant de s’élancer pour notre première longue montée, deux kilomètres sur une pente régulière où je mène l’allure, je me sens plutôt bien et ça promet une journée sympa. Le début de la descente suivante est bien technique mais devient rapide, ne permettant pas de faire la différence donc on se retrouve de nouveau à trois au moment où l’on passe de l’autre côté de la Meuse, juste à la frontière franco-belge, tout proche de Givet.

Du coup, on remonte de suite 150 mètres de dénivelé, les montées sont plus longues que la veille et cette fois c’est le belge Kris Godschalk qui mène l’allure et très clairement, ça augmente d’un cran à tel point que j’ai bien cru lâcher en haut de la montée. Finalement ça ne va pas être simple de rester longtemps en trio à cette allure. On redescend en bordure de Meuse mais on remonte aussitôt, la montée est un peu moins longue mais plus raide, je lâche à un moment mais une petite temporisation pour traverser une route me permet de revenir.

On plonge maintenant vers une descente mythique du secteur, le sentier des Cascatelles. C’est juste magnifique, on passe d’une vaste plaine à un sentier sauvage en un clin d’œil, on suit un petit cours d’eau et la descente devient de plus en plus technique jusqu’à finir par quelques franchissements de rochers que l’on ose pas franchir sur le vélo. En tout cas, cette petite section m’a permis de souffler un peu et cette fois, on repasse à nouveau de l’autre côté de la Meuse en franchissant l’écluse de Waulsort.
La montée suivante sur le versant opposé sera moins raide que la descente mais également magnifique sur un single pas très difficile mais rendu technique par les pierres glissantes. Nous retrouvons le « petit » parcours au sommet de cette montée et on se retrouve en milieu de paquet, il n’y a pas de gros écarts et beaucoup de coureurs à doubler mais le chemin large nous permet de doubler facilement. Déjà 25km effectués et voici le premier ravito, il ne me reste qu’un quart de bidon mais mes deux compagnons ne s’arrêtent pas, quelle déception. Du coup, je décide de poursuivre également car je ne peux pas lâcher du trio bêtement, perdre le rythme et le bénéfice du début de course. On poursuit notre chemin en doublant régulièrement les coureurs du « petit » parcours. Petit bémol, le passage des coureurs précédent a alourdi le terrain qui devient très gras sur ce tronçon commun, il faut donc redoubler d’énergie en doublant les coureurs sur cette surface délicate. On retrouve un petit tronçon d’asphalte au moment de traverser la localité d’Onhaye puis on rejoint le village voisin de Weillen où l’ami Ludovic Recolet (le second élément de notre trio) se fait ravitailler. Bon, ceci aura comme effet que je vais me retrouver seul avec Kris. Sans aucune volonté d’attaquer un adversaire suite à un ravito, Ludo reviendra sur nous deux kilomètres plus loin. On suit le cours du Flavion et totalement involontairement, on fait une très légère erreur de parcours en restant sur une piste alors que l’on aperçoit d’autres coureurs sur un chemin mais de l’autre côté du cours d’eau. Du coup, on attaque la montée suivante par le mauvais chemin avant de dévier un peu hors des sentiers pour récupérer la bonne trace et attaquer la longue montée qui nous attend par le bon sentier. Cette montée va d’ailleurs s’avérer rude et technique, les coureurs nous laissent gentiment passer et je suis content de mener le trio pour imprimer mon propre rythme. Au sommet, voici le second ravito après 45km de course. Cette fois, Kris s’arrête et j’en profite également car je suis à sec d’eau depuis un moment, je grignote des gâteaux au passage. Évidemment pendant ce temps, Ludo s’est échappé et sans vraiment vouloir nous attaquer, on va mettre un moment à revenir sur lui.

On descend sur la vallée de la Molignée et sa fameuse voie verte. On roule pendant deux bons kilomètres sur cette belle piste et c’est reparti pour une montée où je vais avoir toutes les peines du monde à tenir la roue du coureur belge, Ludo est à une vingtaine de secondes mais impossible de rentrer sur lui. Je ne relâche pas l’effort, tronçon de plaine puis on redescend sur la Meuse que l’on traverse par l’écluse de Hun et c’est seulement au sommet de la montée suivante que l’on reviendra sur Ludo qui a repris un coureur entre temps, on se retrouve donc à 4 coureurs pour la 5e place ! Durant la montée précédente, les deux parcours se séparent, on va donc à nouveau avoir voie libre pendant une trentaine de kilomètres. On roule sur un très joli chemin forestier avant de redescendre sur la Meuse que l’on va longer par un petit sentier où je manque de tomber dans le fleuve car notre Kris mène un train d’enfer.

Montée suivante, un portage raide sur un single et au sommet, notre belge relance fort et contre toute attente, je suis le seul à suivre. J’hésite puis je prends le risque de rester dans sa roue, d’ailleurs il n’a pas l’air mécontent de garder un compagnon de route. Le problème c’est qu’il roule tellement fort que je ne pourrais prendre aucun relais. Un replat puis nouvelle montée raide et voici le ravito du 65e kilomètre, on a passé le cap de la mi-course. On en profite pour s’arrêter une petite minute et nos deux compagnons ne sont toujours pas rentrés, du coup on se sauve et la montée la plus difficile du jour nous attend avec un kilomètre de montée à 11% sur un pierrier. Heureusement, je me sens à nouveau très bien et je vais passer cette bosse correctement, j’espère que ce bon passage physique va durer le plus longtemps possible. Les 7/8 kilomètres suivants vont devenir plus roulants et vont permettre de dérouler des kilomètres rapidement à travers la forêt de Dave. On se retrouve du coup assez vite au km80 où l’on rejoind notre 3e vallée, le vallon du Bocq qui donne son nom à une manche du challenge XC Marathon du BAMS. C’est ici que nous grimpons une nouvelle montée rude, une classique de l’épreuve. Quasi deux bornes de montée dont 300m très difficiles sur un sentier, ça passe sur le vélo mais très difficilement et grosse surprise puisque l’on reprend un maillot jaune et il s’agit en effet de Romain Hubert, le vainqueur du « prologue » humide de la veille qui s’est fait lâcher par le quatuor de tête et a accusé le coup par la suite. On se retrouve donc un nouveau trio mais cette fois pour la 4e place alors qu’il reste 40km de course.

Quelques kilomètres plus loin, voici le 4e ravito, arrêt rapide et nouvelle surprise, on aperçoit Maxime Van Wynsberghe; pris de crampes il est contraint à une pause prolongée avant de repartir. On en profite donc pour repartir rapidement et en quelques kilomètres, je me retrouve à lutter pour le podium scratch du jour, c’est juste très surprenant même si je suis conscient que je suis très nettement le moins fort de notre trio. Bon ces péripéties vont avoir pour conséquence que l’allure va à nouveau monter d’un cran alors que je ne me sentais pas si mal durant les 30 derniers kilomètres. On a également retrouvé le « petit » parcours, la fin de course sera commune pour tout le monde mais maintenant il devient plus facile de doubler car les écarts sont plus importants. On redescend vers la vallée du Bocq et c’est une série de trois montées qui nous attend dans cette vallée sauvage qui est un des secteurs incontournables de l’épreuve, c’est vraiment physique et je souffre beaucoup pour tenir les roues dans cette dizaine de kilomètres, d’autant que l’on a déjà plus de 4 heures de course sur un tracé rendu exigeant par la boue même s’il faut reconnaître que c’est plus roulable en seconde partie de course. A deux reprises, je cède du terrain mais c’est soit une temporisation, soit une petite erreur de parcours qui me permet de rentrer. En descente, c’est impossible de récupérer, ce jeune Romain Hubert est intrépide sur les pierriers et mène un train d’enfer que je parviens à suivre non sans risques.

Après 100 bornes de course, un petit single très chouette et une hésitation sur la bonne trace à suivre me permet de respirer. On redescend très vite sur le village de Evrehailles où se trouvait le précédent ravito mais on ne repasse pas devant. On poursuit le chemin retour et le dernier ravito se trouve quelques kilomètres plus loin au village de Houx en bordure de Meuse. Ce sera un arrêt express juste pour prendre de l’eau car notre maillot jaune est déchaîné sous le regard amusé des coureurs du « petit » parcours qui eux prennent le temps au ravito.

Il reste 20 bornes, je suis déjà ravi de me retrouver en si bonne place à l’amorce de la fin de course. On suit une dernière fois le cours de la Meuse que l’on va traverser par un pont métallique le long d’une ligne de chemin de fer où l’on jardine un peu à trouver le passage. On rejoint ensuite le village d’Anhée par une piste cyclable et on attaque notre dernière grosse difficulté du parcours où on me demande un relais, j’accepte mais je mène l’allure que je peux adopter car je n’ai plus grande énergie. Et contre toute attente, Kris lâche le groupe et je me retrouve seul avec Romain pour la 3e place, malheureusement pour peu de temps car il me dépose à la relance au sommet. On affronte ensuite un fort vent de face sur un chemin en plaine, Romain pas loin devant et Kris pas loin derrière, c’est le money time et il faut lutter jusqu’au village de Sommière. Il n’y a plus aucune difficulté sur le final, il faut traverser les vastes plaines qui nous séparent de l’arrivée. On retrouve la fin de parcours de la veille lors des 5 derniers kilomètres avec ce fameux chemin très collant au milieu des champs et c’est un soulagement lorsque j’amorce la descente sur une route rendue glissante par toutes les projections de boue des coureurs. Voici la dernière butte à gravir et je passe la ligne d’arrivée de cette Queen Stage au terme de 6h40 de course à la 4e place scratch, me retrouvant ainsi à cette même place au général et leader en catégorie Master avec 2 minutes d’avance; une petite minute me sépare de la 3e place du jour, c’est dommage mais ce jeune coureur belge était plus fort que moi malgré qu’il n’ait pu défendre son maillot jaune de leader face à un Mathias Cloostermans, spécialiste du format XC Marathon et impérial sur cette étape qu’il remporte en 6h14 avec 17 minutes d’avance sur Théo Dumalanède, jeune coureur espoir du Team Addict Bike. J’ai vraiment tout donné sur cette étape assez linéaire mais physique avec quelques chouettes secteurs sauvages nous ayant fait visité cette vallée de la Meuse et ses petits affluents. La suite, c’est une centaine de kilomètres et quasi 3000 mètres de dénivelé qui nous attend pour clôturer cet Ultra Raid des 3 Vallées.

Du coup, cette fois-ci ce sera grand luxe, je confie mon vélo à l’organisation qui se chargera de le laver, c’est une optionc confortable que l’on peut choisir à l’inscription pour quelques euros supplémentaires tout comme les massages. Sans le moindre doute, je vais également me laisser tenter par cet instant de récupération relaxante. Bon malgré ces quelques heures de repos en ce samedi après midi, je ressens vraiment les jambes lourdes des efforts consentis lors de cette longue étape. Un dîner très copieux également inclus dans le pack d’inscription et au dodo, cette fois-ci pas de nuit sous la tente mais en gîte à quelques kilomètres, un luxe qui me permettra de sommeiller plus confortablement. Nouveau réveil à 6h, courte liaison nocturne pour rejoindre le lieu de course et profiter du petit déjeuner car l’étape du jour ne va pas être une promenade de santé, certes un peu plus courte mais quasiment aussi difficile que celle de la veille. Il fait plus frais que la veille en cette matinée et j’hésite longuement à garder la veste mais soleil se pointant, je reste en tenue courte et manchettes.

Étape 3 : les montagnes russes de la Molignée

Il est 8 heures, le départ de cette 3e et dernière étape est donné. Les premiers kilomètres sont parfaitement identiques à ceux de l’étape nocturne du vendredi sur un tracé certes très boueux mais nettement moins humide, la montée dans le single sur les pierres n’est cette fois pas un ruisseau mais reste trop glissant pour être escaladé à vélo. J’effectue un très bon départ et me retrouve dans les 3 premiers à l’entame des premiers singles. J’aperçois du coup Maxime Van Wynsberghe et sa tenue du team BH Wallonie qui se fait rapidement la malle et prendra sa revanche sur l’étape d’hier en réglant le gain de l’étape au terme d’un magnifique cavalier seul. Je me retrouve un moment en poursuite derrière l’homme de tête avec 7 ou 8 coureurs derrière moi. On emprunte une bonne partie du tracé de l’étape nocturne où je reconnais la montée du champ très collant et la portion de plaine qui mène au sentier dans la forêt avec les grosses flaques de boue. Ça roule très vite et j’ai vraiment beaucoup de peine à tenir l’allure, tant et si bien que je fais quelques erreurs et me retrouve lâché d’un groupe de poursuivants qui compte 6 coureurs dont mes deux adversaires en catégorie Master. Je ne me laisse pas abattre, on passe le village de Morville et je tire profit d’un chemin très rapide en plaine pour faire l’effort et revenir sur ce groupe de poursuivants en ramenant deux coureurs avec moi, on se retrouve une dizaine en chasse à l’homme de tête après une dizaine de kilomètres de course donc pour l’instant tout se passe bien pour moi malgré une alerte suite aux précédentes erreurs techniques. Petite descente très rapide et on grimpe la montée du château d’Anthée, le groupe explose. Je tente de suivre mais doit me résoudre à laisser partir les quatre coureurs qui se font la malle (les trois premiers du classement et mon adversaire direct en catégorie Master). Bon ça ne m’arrange pas car il n’a que deux minutes de retard mais il paraît nettement plus fort que moi. On va donc former un petit groupe de 6 coureurs avec tous les coureurs du top 10 qui ne sont pas à l’avant. A part les tous premiers kilomètres, le parcours reste très roulant à travers plaines et sous-bois, un terrain propice à rester en groupe donc je ne cherche pas à partir et on arrive rapidement au village de Falaën après 20 bornes de course où l’on retrouve le groupe de 4 de devant qui a fait une toute petite erreur de parcours. On se retrouve donc à nouveau à une dizaine de coureurs et je suis à nouveau dans la roue de Kris Godschalk, bon pour peu de temps car le quatuor le plus fort va très rapidement se redétacher à la faveur de la montée suivante et il reste encore beaucoup de kilomètres donc je laisse partir.

On enchaîne maintenant des chemins rapides et des montées courtes très raides, voir même quelques petits portages sur des sentes, j’essaie donc de rester placé à l’avant de notre groupe. Voici le 25e kilomètre où je tente de mettre à profit la petite boucle du château de Maredret que je connais (suite à l’édition 2019) pour m’échapper en compagnie de François Van Cutsem car pas envie de rouler en groupe conséquent mais tout rentre dans l’ordre lors de la descente vers le village de Maredret où l’on retrouve la vallée de la Molignée. Je paie mon effort dans la montée suivante sur un chemin en herbe dans la plaine avec vent de face où Ludo Recollet attaque à son tour et notre groupe explose. Je fais l’effort après la montée sur un chemin rapide où je parviens à rentrer sur Ludo et François manifestement les plus forts de notre petit groupe. On passe à proximité de l’abbaye de Maredsous et on voit revenir deux coureurs, nous ne sommes donc plus que quatre mais Ludo imprime une grosse allure et c’est un chemin très boueux en montée qui va encore faire exploser notre groupe. Ludo et François s’échappent à nouveau et je tente de limiter l’écart même si j’ai un matelas de 17 minutes acquises la veille sur Ludo, je tiens à rester dans le rythme. Je parviens une nouvelle fois à revenir mais je suis vraiment dans le dur et plusieurs fois je vais me faire lâcher pour revenir ensuite. Après avoir zappé le premier ravito, voici le second après 35 kilomètres de course, nous sommes à peine à mi-parcours. Ludo et François se font la malle en ne s’arrêtant pas, je vois revenir le leader Master 50 qui me lâche dans la montée suivante très difficile à passer à vélo, il est très costaud et je suis contraint de poser pied à deux reprises et je sens que je paie les efforts de la veille. Et c’est la descente suivante sur un chouette single très ludique en forêt qui va me permettre de revenir sur le trio. Tiens surprise, on croise des trailers durant notre descente, en effet un trail se déroule le même jour sur un tronçon de notre parcours en sens inverse. Nous voici dans la vallée du Burnot et on grimpe aussitôt un portage très très raide, à la limite du franchissable. Pourtant on est toujours sur le balisage bleu, certes c’est le balisage du « petit » parcours mais au sommet du portage, on retrouve des balisages rouge donc tout va bien (en fait pas tout à fait car sans le savoir on a shunté une boucle de 10kms et on sera nombreux dans ce cas). Le Master 50 s’est fait la malle devant et je me retrouve avec Ludo qui mène une allure plus rapide que moi et me lâche à nouveau. Je ne cède qu’une dizaine de secondes à chaque fois et c’est la descente très technique vers la vallée de la Meuse qui me permet de revenir tout en doublant le Master 50 moins technique que nous. On a 48 kilomètres de course et on passe le village de Rivière. La difficile montée vers le panorama des 7 Meuses nous attend. Je me sens un petit mieux sur cette rampe pentue et difficile, renforcé par le fait que l’allure de notre duo s’équilibre un peu. Au sommet, le point de vue est vraiment magnifique et il est vraiment dommage de ne pas pouvoir s’y arrêter. On bascule à nouveau sur un sentier bien technique pour aller chercher le ravito du 55e kilomètre qui est commun au précédent. On amorce le chemin retour et de suite un mur à gravir, certains le tenteront à vélo sans grand succès, moi je ne cherche pas et ce sera à pied. On essaie avec Ludo de se caler à bonne allure. Il reste une vingtaine de kilomètres donc mon gros quart d’heure d’avance devrait me suffire à préserver une 2e place en Master car Kris a du prendre beaucoup d’avance à l’avant. Malgré tout, je n’ai pas envie de terminer seul donc je préfère rester avec mon compagnon du jour (et même du week-end). On file maintenant vers le village de Warnant et son fameux mur que l’on a arpenté de nombreuses fois en 2019. Ça ne dure que 5 minutes mais cette fois j’ai vraiment les jambes lourdes dans cette montée et Ludo me lâche assez facilement. Contre toute attente, à la faveur d’un petit embouteillage derrière des participants de la version rando (50 bornes), je reviens sur lui et nous revoici dans la vallée de la Molignée. Malheureusement, les randonneurs qui m’étaient favorables dans la descente précédente me seront défavorables lors de la montée qui suit, je me fais un peu bêtement avoir; Ludo parvient à doubler un bon groupe alors que je vais rester coincé derrière. Ludo prend 150 mètres puis 200 mètres et je ne le verrai plus. J’arrive au ravito du 70e kilomètre, arrêt express et je repars avec 40 secondes de retard. Maintenant, il s’agit pour moi de gérer les 15 derniers kilomètres. Je me fais assez rapidement reprendre par le Master 50 avec qui je vais tout faire pour m’accrocher à lui dans chaque montée où il est fort, me faisant lâcher puis recollant dans les descentes. Le parcours est très casse-pattes autour de Weillen et Falaën mais au 77e kilomètre, je reconnais la fin de parcours de l’étape nocturne et la fameuse flaque de 80cm de profondeur que je prends soin de contourner de très loin. Je sais qu’il ne me reste plus que 7km et là je suis surpris car je m’aperçois qu’il manque 10 bornes et pourtant, personne ne m’a signalé une quelconque anomalie, pas même lors du ravitaillement où se trouvait une partie de l’équipe d’organisation. Je donne les dernières forces qu’il reste d’autant que l’on ne repasse pas par le chemin collant au profit d’une piste et d’une route. J’aperçois Ludo à une bonne minute devant, ma 2e place est sauvée tandis que le Master 50 finira par lâcher dans les derniers kilomètres très roulants. Dernière descente puis dernière butte et voici l’arche d’arrivée que je franchis pour la 3e et dernière fois du week-end. Je prends la 7e place du jour mais on m’annonce peu de temps plus tard que les 12 premiers coureurs ont shunté une boucle de 10km dans le secteur de Profondeville. Après examination du parcours, je comprends rapidement où est l’erreur qui n’est pas condamnable à l’organisation mais à nous même. Le balisage était en place mais des voitures mal stationnées ont masqué ce balisage nous influençant vers le « petit » parcours. Tenant compte du nombre important de coureurs impactés et des faits avérés, l’organisation ne déclassera personne et infligera une heure de pénalité aux coureurs ayant shunté la boucle. Au final, ni le classement du jour, ni le classement général ne sera bouleversé par ce fait de course, en tout cas force est de reconnaître que l’équipe d’organisation a su se montrer réactive, indulgente et juste à la fois vis à vis de ce fait de course.

Je termine donc cette 5e édition de l’Ultra Raid des 3 Vallées à la 5e place du scratch et 2e en catégorie Master. Suite à sa démonstration sur l’étape d’hier, Mathias Cloostermans remporte cette édition de l’Ultra Raid des 3 Vallées avec 22 minutes d’avance sur Théo Dumalanède (vainqueur en Espoir) et 24 minutes sur Romain Hubert. A la 4e place, Kris Godschalk remporte la catégorie Master. Une finisher en catégorie Dames, Saskia Hessens, et seulement 23 coureurs boucleront les trois étapes en intégralité.

Sur le profil, cette épreuve ne paraît pas très difficile mais le tracé est véritablement usant avec d’incessantes montées et un relief très casse-pattes, le terrain boueux et l’étape nocturne particulièrement humide n’ayant pas rendu la tâche plus facile. Il faut donc arriver préparé physiquement et avoir un matériel fiable, prêt à affronter un terrain exigeant. Cependant, cette course est véritablement une épreuve de fin de saison automnale incontournable dans le calendrier VTT Marathon en Belgique. Une organisation sérieuse, un tracé varié à la découverte d’un chouette territoire, des prestations tout à fait acceptables et un prix d’inscription très correct font de cette épreuve un week-end à cocher sur le calendrier. Alors boue ou pas boue pour la 6e édition ? Rendez-vous du 20 au 22 septembre 2024 au Pays des Vallées pour la 5e édition de l’Ultra Raid des 3 Vallées.

Résultats et infos : www.ultra-raid-des-3-vallees.com

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Un commentaire sur “Ultra Raid des 3 Vallées 2023, le résumé !”

  1. Top d’avoir fait quelques Km avec toi ! Relire tout cela m’a remémoré de bons souvenirs ! Bonne continuation, François Van Cutsem

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