Partager la publication "Transvésubienne 2016, des records sur l’épreuve mythique française"
24 éme Transvésubienne – 14 et 15 mai 2016
La légendaire TransV s’est déroulée en ce week-end 14 et 15 mai avec un format classique Ultra Trans sur deux jours, auquel s’ajoute des épreuves additionnelles Trans’Enduro et Trans 50. Et l’on retrouve cette année encore les catégories E-Bike, Tandem et Fat Bike pour coller à l’ère du temps.
Texte : Vincent Lombardi – Photos : UCC Sport Event/Pierre Jahan
Le concept
Pour sa 24ème édition, la Transvésubienne se renouvelle avec un aller-retour inédit entre Nice et la vallée de la Vésubie répartie sur deux jours. Si un prologue a régulièrement ouvert la Transvésubienne, c’est la première fois qu’une étape longue est organisée le samedi. La première étape rallie la Promenade des Anglais au village de Roquebillière et inclut deux spéciales chronométrées. Le lendemain, retour à un tracé La Colmiane / Nice plus classique entièrement chronométré cette fois. Au total, ce sont 135 km et plus de 5000 m de dénivelé qu’il a fallu avaler pour venir à bout de cette course toujours aussi technique et éprouvante.
Jour 1, le rallye
Samedi, les transvésubiens s’élancent depuis la Promenade des Anglais avec un superbe soleil, les coureurs partent par groupes de 12 pour rejoindre le mont Macaron, par la route puis par des pistes larges. Au sommet, on peut profiter d’une vue panoramique exceptionnelle qui va de la baie des Anges jusqu’aux cimes enneigées du Mercantour. C’est dans ce cadre de rêve qu’est donné le départ de la première spéciale de 8 Km comptant 620 m de D- pour seulement 25 m de D+. La première partie jusqu’aux ruines de Châteauneuf est rapide et ludique avant une grosse relance dans le village de Chateauneuf-Villevieille.
De là, on plonge vers Contes par la descente de Sardina réputée pour ses dalles techniques, pas évident de trouver la bonne trace sans connaître effectivement ! C’est un des terrains d’entraînement de Nicolas Vouilloz ou Florian Nicolaï, on comprend pourquoi, des cassures à négocier en aveugle, des toboggans, des marches, des virages relevés, des sauts, il y a de quoi s’amuser… et beaucoup à perdre sur chute ou bri matériel lors de cette première section d’une vingtaine de minutes. Sans tonus, j’ai du mal à me mettre dans le rythme et assure beaucoup trop dans le dernier secteur de Sardina, il va falloir se réveiller pour ne pas perdre trop de temps avant la longue étape de demain ! La liaison vers la deuxième spéciale commence par des rampes sévères sur route dans Contes avant de rejoindre le col Saint Roch par une jolie traversée à flanc de montagne. Au départ de la longue spéciale Col de Porte / La Balma (15 km, 250 m de D+ et 850 m de D-), l’orage gronde au loin, tout le monde essaye de prendre le départ le plus rapidement possible pour éviter la pluie. Cette spéciale est beaucoup plus typée XC dans un premier temps avec de nombreuses montées raides et caillouteuses à négocier à bloc, c’est très physique ! Après la Baisse de Béasse, on plonge vers la Vésubie en perdant 400 m de dénivelé en à peine 3 km, ce sentier terreux, glissant, raide et exposé ne laisse pas de place à l’erreur surtout quand on l’aborde le corps saturé d’acide lactique après presque une heure d’effort. La pluie se met à tomber seulement au cours de la dernière liaison, ouf, cela aurait rendu les épingles de la fin de parcours extrêmement dangereuse. L’avantage du format rallye est qu’il permet d’échanger avec les autres compétiteurs pendant les liaisons, à priori, tout le monde a pris son pied lors de cette première journée, tout en montrant une certaine inquiétude quant à la récupération suite aux efforts explosifs spécifiques à ce format rallye. Manquant de punch et de technique, j’échoue à la 36ème place après ces deux spéciales, un top 15 semble pourtant encore envisageable car la longue journée de dimanche me conviendra mieux.
Jour 2, une TransV « classique »
Après une courte nuit, le départ « mass start » est donné à 07H15 depuis la station de La Colmiane, il a beaucoup plu la veille au soir, les sommets environnants sont même à nouveau saupoudrés de neige. La piste qui rejoint le col de La Colmiane est grasse et collante rendant cette partie encore plus physique. Une première petite descente et déjà des pièges, une série de racines assassines enverront plusieurs pilotes au tapis, au moins on est prévenu, il faudra être vigilant sur ce début de tracé particulièrement glissant. On progresse lentement vers le sommet du parcours, un passage en crête à 2000 m d’altitude à partir duquel on aperçoit le Gélas, point culminant du Mercantour à plus de 3000m, superbe ! Le berger présent tous les ans au même endroit me donne ma position, 11ème, c’est bien, mais aux sensations, je sais que ça ne durera pas. On enchaîne avec une belle descente jusqu’au premier ravitaillement, il faut déjà piloter finement entre cailloux et racines. Le col d’Andrion est en vue, à partir de là, on bascule dans une descente plus engagée avec de gros pavés et de la pente, il faut garder de la vitesse pour pouvoir passer proprement. Plus loin, le terrain devient de plus en plus calcaire en arrivant au vertigineux Brec d’Utelle et son portage vertical. La longue descente vers Utelle fait partie des passages mythiques de la TransV, dans un premier temps extrêmement cassante puis très exposée, il faut vraiment avoir un gros cœur pour l’attaquer. Après un passage au village d’Utelle, cap vers la Madone, secteur qui n’a plus été emprunté par la Transvésubienne depuis 2013. La boucle qui nous ramène vers Pont de Cros est moins technique mais très variée et plaisante à rouler avec des passages sur des sentiers de terres grises et dans une grotte naturelle. 100 m avant la fin de la descente, mauvaise surprise, un pilote gis au sol, le visage en sang, c’est ça aussi la Transvésubienne, une course qui ne pardonne pas où la fatigue peut vous mettre au tapis même dans les parties les plus faciles. La remontée vers Levens est particulièrement longue et éprouvante, on alterne poussette et roulage pendant plus de 40 minutes, c’est souvent quitte ou double dans cette montée. Encore 13ème au pied de cette celle-ci, j’exploserai physiquement et terminerai « au mental ». A partir de Levens, le paysage se fait plus doux et la végétation plus méditerranéenne entre chênes verts et genêts, on commence à rêver de l’arrivée ! Nouvelle section roulante mais parfois très raide vers le mont Cima, encore une descente technique et c’est la dernière ascension du jour vers le Mont Chauve avec du portage bien sûr ! On plonge sur Nice par le GR5 toujours aussi défoncé, jusqu’au bout, il faut rester concentré pour éviter la chute et les pépins mécaniques. On pense alors en avoir fini avec les grosses difficultés et là patatra, la surprise du chef, une « trace » fraîchement ouverte pour rejoindre « la jungle », toboggans, marches, épingles… Même à pied c’est complètement casse gueule, à ce stade de la course, on en est plus à une difficulté prête ! Un dernier coup de cul, une dernière volée d’escalier et c’est la délivrance, finisher de cette Transvésubienne « Ultra » à la 21ème place avec une étape du dimanche finalement à peine plus directe (72 km au compteur), qui, avec déjà plus de 6H de vélo la veille, a fait très très mal.
La course
Alexis Chenevier (Scott Mavic) devient le recordman masculin de victoires sur la Transvésubienne avec son 4ème succès d’affilée, excusez du peu ! Ça n’a pas été de tout repos, car il a été bien challengé par Konny Looser, le suisse du team BiXS (14ème de la Cape Epic cette année, 3ème du Grand Raid en 2012) qui passe la ligne d’arrivée en tête le dimanche. Cependant, l’avance conséquente capitalisée par Alexis lors de la journée du samedi lui assure une victoire confortable au classement général. A la troisième place, on retrouve Henri Ojala (Evoc Pivot), le finlandais, confirme qu’il est un spécialiste de cette course à part. Chez les féminines, Nadine Sapin remporte quant à elle sa 5ème Transvésubienne, en gérant parfaitement son week-end, elle prend une impressionnante 48ème place scratch… Elle devance Kristien Achten et Aurélie Grosse. La course VAE n’a jamais été aussi relevée avec de nombreux spécialistes et locaux (Giordanengo, Gabrillargues, Dola, Golay, etc…) auxquels est venu s’ajouter le néo-retraité Christoph Sauser ! Après s’être perdu l’an dernier, ce dernier récidive malheureusement cette année et ne pèsera pas sur la course. C’est finalement Olivier « Giordy » Giordanengo (E-team Mavic la Roue Libre) qui l’emporte pour la 4ème fois, la transV est décidément une affaire de spécialistes ! Il précède ses coéquipiers Medhi Gabrillargues et Xavier Marovelli qui complètent la razzia du E-team Mavic La Roue Libre. A noter que seuls 137 pilotes ont terminé cette Ultra-Trans sur les 250 inscrits. Si cela reflète la difficulté de l’épreuve, c’est aussi lié à une porte horaire trop sévère à Pont de Cros.
Classement complet Ultra Trans : www.ucc-sportevent.com/Ultra-Trans 2016
Epilogue
Cette nouvelle mouture de la Transvésubienne nous a séduit. En bénéficiant de conditions météo parfaites et de secteurs inexploités jusqu’ici, les courageux qui se sont lancés à l’assaut de cette Ultra-Trans n’ont pas été déçus. Paysages grandioses, variété de sentiers exceptionnelle, il y avait vraiment de quoi se faire plaisir (i.e. en baver en langage transvésubien) sur cette édition ! Si les aspects logistiques en ont rebuté certains, le système de navettes mis en place par l’organisation permettait finalement de s’en sortir. Avec plus de 13 heures de roulage sur le week-end, il s’agissait d’une Transvésubienne particulièrement difficile, de quoi entretenir le mythe entourant cette course pour quelques années encore.
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le berger qui annonce ta place c en fait un plombier de st martin vésubie qui faisait les premières trans de 89 à 95 environ et c son kif de monter à pied très tot le matin de la course pour nous voir passer et donner notre position !! rires!!
Et merci pour ton commentaire j’avais l’impression d’y être !!!
et bravo pour ta perf!!
al
Arf, un mythe s’écroule, merci pour l’info! Il me semblait avoir entendu cette histoire de la bouche de locaux…
Merci pour ton retour, c’est notre but d’essayer de faire vivre l’évènement de l’intérieur.