Transvésubienne 2015

28 éme Transvésubienne – 24 mai 2015

Rares sont les courses ayant acquis le statut de mythe, la Transvésubienne en fait clairement partie. Son nom, évoque l’envie, le défi mais aussi la crainte. Beaucoup, de vététistes rêvent d’y participer, peu finalement se lancent dans l’aventure et encore moins voient la Promenade des Anglais, théâtre exceptionnelle de l’arrivée.

Texte : Vincent Lombardi – Photos : Christian Retaggi/Photos CR et UCC/Pierre Jahan

Tout à commencé en 1988 quand George Edwards en visionnaire, décide d’organiser une course de La Colmiane à Nice, de la montagne à la Méditerranée via le GR5. Idyllique sur le papier, le parcours est brutal, les ascensions se font « tout à gauche » ou le vélo sur le dos, les descentes… plutôt assis sur le pneu arrière ! Course tellement spécifique que beaucoup passent de longues heures à préparer le vélo idéal pour venir à bout de ce monument, double suspension de 110 à 140 mm de débattement, pneus larges renforcés, tige de selle télescopique et petit braquet, voilà le type de montage qui semble réunir le plus de suffrages.

Cette année, la course rassemblait un plateau relevé fait d’habitués, de stars et de nouveau venus, on peut noter la présence d’Alexis Chenevrier, double vainqueur sortant, de Pierre-Geo Plantet, présent de multiples fois sur le podium, de Johann Tschopp ancien pro sur route qui découvre l’épreuve, du local Maxime Folco, sur le podium l’an dernier, des coureurs du team Addictiv (Gombert/Cambus/Arnaud) à peine sorti du Raid VTT des Chemins du Soleil et enfin, de la légende suisse Christoph Sauser qui fait figure de grand favori pour sa deuxième participation, il étrenne au passage le nouveau Stumpjumper FSR de chez Specialized.

A 6H00 du matin, la première vague s’élance après une courte nuit et un point commun, la boule au ventre, personne ne s’aligne au départ de la TransV sans appréhension. Après le traditionnel schuss de départ, le tracé s’élève de 500 m pour atteindre une crête à presque 2000 m d’altitude avec comme panorama, les cîmes du Mercantour toutes proches. On bascule ensuite dans un premier sentier technique mêlant terre, cailloux et racines humides.

Après une courte portion sur piste, c’est le passage du col d’Andrion synonyme de première vraie descente engagée. Là, les marches et épingles se succèdent dans une forte pente, la course est véritablement lancée. Après une brève transition, c’est le fameux portage vertical du Brec d’Utelle, pic rocheux qui surplombe la vallée de la Vésubie. La descente suivante fait partie de la légende de la Transvésubienne, une portion d’abord terriblement cassante et exigeante pour les pneumatiques, puis un sentier aérien où toute erreur de trajectoire est à proscrire. L’arrivée sur le petit village perché d’Utelle sonne comme un retour à la civilisation après cette descente sauvage.

Comme en 2014, on remonte ensuite la vallée de la Vésubie jusqu’au Suquet en suivant un sentier escarpé. Le tracé reprend ensuite de l’altitude en poussage/portage/roulage vers Loda pour enchaîner sur une séance de monta calla comme disent les locaux (montée/descente) jusqu’au col de la Porte.

On passe ensuite un nouveau col, la végétation devient plus méditerranéenne, la mer commence à se dessiner au loin mais il faudra encore plusieurs heures de selle pour la rejoindre. La descente sous les ruines Rocca Sparviera requiert encore de la prudence avant d’attaquer la grosse ascension vers le Mont Férion. Au sommet, c’est parti pour 800 m de dénivelé négatif sur un terrain particulièrement défoncé à nouveau, à ce stade de la course, les bras tétanisent, les jambes brûlent même en descente. Au passage de Plan d’Ariou, on entre dans la dernière partie de la course dans des forêts de pins et au milieu des genêts en fleur, une dernière remontée vers le Mont Chauve et c’est la plongée vers la baie des Anges par une dernière descente saturée de rochers qui ne demandent qu’à mordre vos pneus ou à vous lacérer la peau, la concentration doit rester maximale jusqu’au bout.

Rallier la Promenade des Anglais au milieu de la métropole niçoise est un challenge pour les organisateurs, cette année, les transvésubiens devaient descendre le lit du Paillon au milieu des ordures et des galets avant de déboucher sur la Méditerranée via un tunnel routier. Ce final confus et indigne d’un tel tracé vaudra une pénalité à Christoph Sauser, qui, perdu, a préféré couper par la route… Il laisse bien involontairement la victoire à Alexis Chenevrier qui l’emporte pour la troisième fois consécutive. Le podium est complété par Johann Tschopp, Maxime Folco et Frédéric Gombert. Chez les femmes, Nadine Sapin remporte la course pour la 4ème fois!

Classement complet : Transvésubienne 2015/Scratch

A l’arrivée les vététistes hébettés se mélangent aux touristes du monde entier venus visiter Nice, quel contraste ! Année après année, la magie de la Transvésubienne opère toujours, la variété des terrains rencontrés, de l’alpin au méditerranéen, les paysages à couper le souffle, du Brec d’Utelle au Mont Chauve et l’engagement requis en descente font qu’elle reste une référence dans le monde du VTT longue distance.

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