TransRockies Classic 2019, retour réussi !

Into the wild !

En 2019, la légendaire TransRockies revient ! Depuis 2014, celle-ci avait laissé place à la Singletrack 6, une épreuve plus courte et plus technique que nous avons déjà eu l’occasion de couvrir en 2016 et 2017 (voir comptes-rendus 2016 et 2017). La TransRockies, c’est la traversée des Rocheuses canadiennes, de Panorama à Fernie en Colombie Britannique, soit 7 jours de course pour 560 Km et 13000 m de dénivelé, de quoi en prendre plein les yeux !

Par Vincent Lombardi – Photos : Gibson Pictures

Créée en 2002, la TransRockies fut une des premières courses par étapes organisée en VTT, elle reste aujourd’hui parmi les plus difficiles au côté de la Transalp, de La Ruta ou encore de la Cape Epic. Les longues étapes de montagne sont la norme, avec des distances journalières allant de 75 Km à plus de 100 km. La compétition se déroule par équipes de deux ou en solo, avec des étapes en ligne de bivouac en bivouac qui comportent une alternance de «Jeep roads» et de singletracks.

L’aventure commence à l’aéroport de Calgary que l’on peut atteindre depuis la France par des vols directs, c’est toujours plus simple quand on voyage avec des vélos. L’organisation a eu la bonne idée de mettre en place une navette depuis l’aéroport pour rejoindre la station de ski de Panorama, d’où s’élancera la course. Après plus de 20 heures de voyage, nous déposons enfin bagages et vélos dans un confortable appartement. Nous disposons alors de 48 heures pour récupérer, préparer le paquetage pour la course et se faire au décalage horaire (8 heures tout de même).

Etape n°1 : Panorama – K2 Ranch (77 Km, 2200 m dénivelé)

A 8h00, le peloton s’élance depuis le départ des remontées mécaniques pour une longue ascension de 12 km et 1200 m de dénivelé, de quoi bien s’échauffer ! On commence par remonter des pistes du bike park avant de rejoindre une piste large bien raide par moment pour arriver à 2400m d’altitude avec une vue à 360° sur le massif des Kootenay. On en prend déjà plein les yeux. La descente qui suit, tout en singletrack pendant plus de 10 Km, est un régal, pente, épingles, racines, il y a de tout mais il faut rester vigilant, le sentier est exposé. On rejoint Panorama par une piste du bike park, virages relevés et tables à sauter, on s’amuse pour terminer cette spéciale. Nous prenons la 2ème position en catégorie duo lors de cette première spéciale. Nous descendons en liaison le long de la rivière Toby jusqu’au départ de la deuxième spéciale du jour, un chrono complètement différent fait de côtes courtes et de monotraces virevoltants sur 10 Km, c’est très typé XCO et surtout très fun à rouler. Par moment, on surplombe de profonds canyons arides, c’est tellement différent des paysages français. A nouveau nous terminons 2ème de cette section chronométrée avant de rejoindre par une longue et agréable piste cyclable le K2 Ranch, lieu de notre premier bivouac dans une prairie en pleine nature. Là, l’organisation a installé les tentes et le barnum pour les repas, nous disposons également de douches et de toilettes mobiles, il y a aussi possibilité d’avoir accès à un service de massage et de mécano. Enfin, l’organisation prend en charge le transport de nos sacs Transrockies qui sont d’une contenance suffisante pour tenir une semaine. Les fins de journées sont rythmées par le repas suivi des remises de récompense de l’étape du jour et de la présentation de l’étape du lendemain. L’ambiance est décontractée et très conviviale, il n’y a pas moins de 12 nationalités représentées dans le peloton, c’est sympa d’échanger avec des vététistes d’horizons différents. Il fait jour tard, pas évident de trouver le sommeil pour cette première nuit sous la tente, dommage car demain, y’a vélo !

Etape n°2 : K2 Ranch – Nipika Mountain Resort (74 Km, 1700 m de dénivelé)

Après un petit déjeuner copieux typiquement nord-américain, direction Nipika par une liaison roulante de 25 Km tout d’abord avant d’attaquer 50 Km chrono qui commencent par une grosse bosse de 1000 m de dénivelé, roulante au début puis raide et cassante, on avance péniblement mais non loin du groupe de tête. Alors qu’il reste seulement 100 m de dénivelé à gravir, tout le monde est arrêté, les ouvreurs ne trouvent pas le sentier fraîchement réouvert qui permet de basculer de l’autre côté de la montagne. Après 20 minutes de recherche, la trace est retrouvée, il faut pousser le vélo pour atteindre un col avant de se lancer dans la descente, la trace est toujours fraîche mais roulable, on rejoint un chemin large après un schuss droit dans la pente et c’est parti pour une dizaine de kilomètres de descente roulante à fond. Sur le plat qui suit, un petit groupe se forme en tête de course, nous terminerons l’étape ensemble en prenant à nouveau la deuxième place en catégorie duo. Nous découvrons le site de bivouac, Nipika, un endroit reculé et étonnant, un petit village d’éco-tourisme composé d’une dizaine de chalets construits uniquement à partir de bois mort récupéré dans la région et alimenté en énergie par des panneaux solaires ou au gaz naturel. On y pratique le ski de fond, la raquette ou le fat bike l’hiver et le VTT ou la marche l’été, des dizaines de kilomètres de sentier ont été créés à cet effet, un vrai petit paradis le long de la Kootenay River. En soirée, le ciel se fait menaçant, un orage s’abat sur le campement, la nuit fut illuminée d’éclairs et bien humide, il faut faire avec.

Etape n°3 : Nipika Mountain Resort – Nipika Mountain Resort (41 Km, 800 m de dénivelé)

Une étape particulière à plusieurs titres, seule étape en boucle de la semaine et non en ligne, composé quasiment à 100% de singletracks et avec un départ échelonné façon contre-la-montre. Au petit matin, la pluie cesse, nous nous élançons sur des sentiers pleins de racines et de cailloux encore bien humides, il va falloir rester concentré pour ne pas partir à la faute. Les sentiers sont vraiment très plaisants à rouler, ça tournicote dans tous les sens sur ce parcours en montagnes russes, les vues sur la Kootenay River sont superbes, on traverse la rivière par un petit pont, avec ses eaux turquoise, le décor est franchement magique ! Côté course, malgré un petit stop lié à une perte d’air sur une compression, on roule fort, cette étape courte nous convient bien avec ses sentiers qui finalement ressemblent à ceux de Fontainebleau. Nous visons la victoire d’étape, ce qui semble bien engagé lorsque l’on rattrape l’équipe leader de la catégorie duo partie une minute trente avant nous, malheureusement, à moins d’un kilomètre de la ligne, nous loupons un virage et perdons toute chance de l’emporter, nous finissons 2ème bien frustrés, mais quelle belle étape !

Etape n°4 : Nipika Mountain Resort – White Swan Lake (102 Km, 2000 m de dénivelé)

Après deux nuits à Nipika, nous mettons le cap vers White Swan Lake pour l’étape la plus longue de la semaine, 102 Km. La nuit a été difficile, il fait à peine 1 ou 2 degrés au réveil et l’atmosphère est très humide, nos sacs de couchage sont un peu légers pour ces températures, au départ, on a hâte d’appuyer sur les pédales pour se réchauffer. Après une courte section de singletrack, on attaque la première ascension du jour, 600 m de dénivelé à avaler d’un coup en guise d’échauffement. D’entrée, mon co-équipier Maxime est à la peine, il a vraiment souffert du froid la nuit dernière et n’a pas récupéré de l’étape de la veille faite à bloc. La deuxième grosse bosse du jour est montée doucement, on gère la crise en attendant que les sensations reviennent. Cette étape est essentiellement composée de gravel roads mais les paysages traversés sont splendides et permettent de se rendre compte de l’immensité du territoire traversé, pendant 102 Km, pas âme qui vive, pas un village, seulement, des montagnes, lacs et rivières au format XXL. L’étape se termine par un long faux-plat descendant au cœur d’une gigantesque vallée dans laquelle s’engouffre un vent puissant, on retrouve du rythme mais on ne peut pas dire que la nature y mette du sien. En 5h00 pile, nous bouclons cette étape toujours en 2ème position en ‘duo’ et prenons le temps d’admirer le White Swan Lake, encore une pépite turquoise lovée au milieu des montagnes. A nouveau, le campement est loin de tout, on profite d’une soirée tranquille dans ce lieu isolé pour recharger les batteries et faire un peu de mécanique.

Etape n°5 : White Swan Lake – Elkford (91 Km, 1900 m de dénivelé)

Après quelques kilomètres neutralisés histoire de se chauffer, on attaque le premier col du jour, je laisse Maxime faire le tempo après son passage à vide de la veille, on atteint le sommet assez facilement, la descente qui suit est rapide et pas très intéressante, on retrouve ensuite des gravel roads qui nous font remonter un vallon aux arbres calcinés suite à un incendie de forêt qui a eu lieu quelques années auparavant. La section chrono se termine sans pépin et à bon rythme au point de contrôle n°3 où on nous apprend que l’on a loupé un grizzly pour 2 minutes. Pas dommage, si nous avons aperçu plusieurs ours bruns plutôt inoffensifs lors de notre séjour, le grizzly est une espèce extrêmement dangereuse pour l’homme. Il reste un peu moins de 25 Km à parcourir en liaison pour rejoindre Elkford et ce sera finalement la meilleure partie de l’étape ! On commence par 600 m de dénivelé à gravir en 5 km à pied ou sur le vélo sur un chemin particulièrement raide et rocailleux, on a l’impression de ne jamais voir le bout de cette ascension. A la descente, c’est un tapis de rochers qui nous attend et c’est toujours aussi raide, même sans la pression du chrono, il faut rester vigilant car on a vite fait de bloquer et passer par devant ou d’y laisser un pneu. La fin de parcours emprunte une portion du Transcanada Trail, un réseau de sentier de 23000 Km (!!!) qui traverse le pays d’Est en Ouest, un superbe flow trail qui nous amène jusqu’à la cité minière d’Elkford créée non loin de la mine de charbon locale. Là-bas, on retrouve un peu de civilisation (un supermarché, un bar…) après 4 jours littéralement ‘into the wild’.

Etape n°6 : Elkford – Crowsnest Pass (89 Km, 2000 m de dénivelé)

Sixième étape, les jambes commencent à être dures. A nouveau une courte liaison avant de se lancer dans la section chrono qui démarre par un singletrack le long d’un lac acide bleu ciel, joli, mais très nauséabond du fait du sulfure d’hydrogène qu’il contient. On enchaine par une gravel road où l’on se joint aux deux premières équipes mixtes qui s’attaquent à tour de rôle, ça met Maxime en surrégime et il a un peu plus loin un gros coup de mou dans un col qui nous amène à 2000 m d’altitude. Après une petite pause, on repart tant bien que mal à un rythme poussif mais on avance, si les chemins sont assez larges, ça n’est jamais plat et souvent caillouteux, la progression est lente. La fin d’étape se passe mieux, ça tombe bien car à nouveau, c’est corsé. Nous empruntons les pistes d’un terrain de motocross géant en plein milieu des montagnes, un véritable parc d’attraction pour grands enfants canadiens fans de quads, motos et 4×4. A vélo, c’est moins facile, on doit escalader des murs à répétition avant de basculer pour de bon vers Crowsnest Pass par un singletrack bien sympa. Après encore une fois plus de 5h de vélo, on rejoint la ligne d’arrivée qui est balayée par un très fort vent qui complique l’installation du camp. Plus tard en soirée, nous aurons le droit à un bel orage avant que le temps ne se calme enfin. Une dernière nuit sous la tente et ce sera l’ultime étape vers Fernie, site d’arrivée de cette Transrockies Classic.

Etape n°7 : Crowsnest Pass – Fernie (83 Km, 2250 m de dénivelé)

Pas de vent ni d’intempérie finalement pour notre dernière nuit en plein air, nous repartons sereinement vers Fernie avec une sacrée envie d’en finir car même si l’expérience est unique, elle est aussi physique et à ce stade, nous sommes bien cramés ! L’étape commence par une trentaine de kilomètres ‘mal plats’ où l’on avance à un rythme irrégulier. Une concurrente canadienne, 2ème en duo mixte avec son coéquipier, est victime d’une lourde chute au niveau d’un passage vraiment anodin, elle devra abandonner victime d’un fort impact à la tête. De quoi nous rappeler que le cumul de fatigue est bien présent et qu’une vigilance de tous les instants est de mise pour boucler ce genre d’épreuve. Encore un col à monter, on rejoint les 2000 m d’altitude par une belle piste avec une vue magnifique sur les forêts environnantes qui semblent infinies. A partir de là commence une des sections les plus incroyables de l’épreuve, un portage de 2 Km taillé à la pioche à flan de montagne, même à pied, c’est un peu coton et très exposé, on traverse ensuite une forêt en suivant comme on peut les rubalises disposées par l’organisation pour rejoindre une crète où l’on profite d’une vue à panoramiques somptueuse sur les Rocky Mountains. Une bonne descente sur un sentier de quad avant de rallier le 3ème ravitaillement du jour qui est en train d’être installé, c’est tellement paumé que l’équipe de bénévoles a eu toutes les peines du monde à rejoindre ce site. A partir de là, on se lance dans un magnifique singletrack dénommé Porky Blue, en montée au début puis qui dégringole de 1000 m d’un coup avec de multiples épingles. La fin de parcours n’est pas de tout repos, intégralement en singletrack bien casse-pattes, après plus de 500 Km de vrai VTT, c’est un supplice. On emprunte même une nouvelle piste récemment créée à Fernie, Contra qui est faite de virages relevés et de sauts énormes, si proche de l’arrivée, on reste sage, cela fait plus de 5h30 que nous roulons. On rejoint enfin le Coal Creek Heritage trail qui nous amène à la ligne d’arrivée, après plus de 30 heures de pur VTT sauvage, nous bouclons cette Transrockies Classic à la 2ème place en catégorie duo. Maxime passe la ligne épuisé, les trois derniers jours auront été compliqués avec systématiquement de grosses baisses de régime en cours d’étape, mais c’est fait, nous sommes finishers de cette superbe épreuve !



Au moment de faire le bilan de cette Transrockies, il est bien difficile de se remémorer toutes les péripéties, les personnes et les paysages rencontrés au cours de cette aventure tellement elle fut riche. Car oui, il s’agit bel et bien d’une aventure épique dans le sauvage grand ouest canadien. Le niveau de difficulté est élevé, digne d’une course telle que la Cape Epic, mais la convivialité de l’évènement et les paysages grandioses en valent la peine. L’équipe organisatrice a le mérite énorme de nous emmener dans des contrées vraiment reculées où quasiment personne ne roule jamais et tout ceci en assurant le balisage, l’assistance médicale, la mise en place du campement et les repas. Franchement, bravo à l’organisation et aux bénévoles, c’est une grande réussite. La prochaine Transrockies Classic sera organisée en 2021, en attendant, vous pouvez vous inscrire à la petite sœur de cette épreuve, la plus accessible et très fun Singletrack 6 (voir nos compte-rendus : Singletrack 6), qui aura lieu du 08 au 13 juin 2020 : www.singletrack6.com

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