Test du B’TWIN Ultra 920

Vélo de compétition accessible

Decathlon, par l’intermédiaire de sa marque dédiée B’Twin, nous a toujours habitués à proposer des vélos au rapport qualité-prix très intéressant, même si pour des raisons de distribution, le très haut de gamme ne fait pas partie des objectifs de l’enseigne. À 2600 € environ, l’Ultra 920 ne déroge pas à la règle : c’est un vélo efficace et très bien équipé.

Les idées reçues ont parfois la peau dure. De par son mode de distribution (Decathlon, c’est 286 GSS en France et 930 dans le monde), la marque B’Twin passe souvent pour une marque exclusivement d’entrée de gamme. S’il est vrai qu’il s’agit d’une enseigne « grand public », et qu’elle demeure celle qui vend le plus de vélos en France, B’Twin c’est aussi une petite armée d’ingénieurs et de chefs produits qui se mettent en quatre pour concevoir réellement des machines qui tiennent sérieusement la route. Et contrairement à ce que certains avancent, les cadres ne sont pas achetés sur catalogue chez un fournisseur chinois anonyme, et ensuite simplement « badgés » comme de simples cadres noname. Ils sont vraiment conçus et étudiés au siège de la marque dans le nord de la France.

Pas de très haut de gamme chez B’Twin, puisqu’on se limite volontairement à un produit ne dépassant pas les 3500 €. Mais en Shimano Di2 et roues Mavic Ksyrium SLR ! Juste en dessous, on trouve notre vélo d’essai du jour, le B’Twin Ultra 920, avec le même cadre que l’Ultra 940, mais en Ultegra mécanique et roues Ksyrium Elite S, à 2600 €. Une très bonne affaire sur le papier, même si le point faible de B’Twin reste le niveau de formation des vendeurs/monteurs de vélo en magasin Decathlon.

En détails

Le cadre se nomme donc Ultra EVO Dynamic, et est annoncé à 850 g en taille M sans peinture. Ce qui est cohérent compte tenu du poids du vélo complet et du niveau d’équipement, avec 7,2 kg, toujours en taille M. Ce cadre se distingue par sa construction à partir de fibres de carbone HM et IM, comme la plupart des vélos modernes, afin d’optimiser au mieux le compromis entre poids, rigidité et confort.

Au delà de l’esthétisme sobre mixant le noir mat et une finition vernie laissant apparaître la fibre, on note des arêtes saillantes, un tube supérieur arqué, celui de selle de forme pentatonique avec un serrage de tige de selle de type expandeur, des bases asymétriques, des haubans affinés et de section triangulaire, une douille conique et une boîte de pédalier de type PressFit 86.

Tous les câbles passent à l’intérieur des tubes, et on remarque également la présence d’une patte anti-déraillement très discrète au niveau de la boîte. La fourche, elle aussi tout en carbone, est annoncée à 320 g. Du côté de la géométrie, six tailles sont proposées, avec une position relativement basse de l’avant, mais sans être extrême. Le confort à ce niveau-là est d’ailleurs assuré par le cintre Deda Zero 2, avec une hauteur et une profondeur qui permettent de passer aisément des mains en haut jusqu’aux mains en bas du guidon sans basculer franchement. L’équipement se compose d’un groupe Shimano Ultegra 11 vitesses complet (sauf chaîne), performant et ergonomique, avec une gamme de braquets polyvalente et la possibilité de monter une cassette jusqu’au 32 dents, grâce à la chape longue. Sur l’Ultra 920, la molette de réglage des dérailleurs au guidon se montre peu pratique, car trop fine pour être manipulée en roulant. Les freins sont de type Direct Mount, avec un étrier arrière sous la boîte de pédalier, puissant et dosable, mais très exposé aux salissures. Les roues Ksyrium Elite S sont fiables et efficaces sur presque tous les terrains. Elles sont équipées de pneus Mavic différenciés, qui ici sont mis à contribution pour assurer une partie du confort du vélo, comme nous le verrons plus loin. La selle Fi’zi:k Arione, toujours appréciable de confort, est soutenue par une tige de selle dont il faut vérifier le serrage (au couple prévu), sous peine d’entendre quelques craquements désagréables. Notons enfin que le vélo est livré avec une paire de pédales Look Keo 2.

Sur la route

Cadre et fourche rigides, poids contenu : le BTwin ne fait pas dans la demi-mesure. Si les composants sont bien pensés en termes d’ergonomie et de fonctionnement, le châssis se montre très efficace, mais parfois intolérant. La position en selle est agréable et naturelle, mais l’inflexibilité latérale du cadre se révèle immédiatement. Il est impératif de pédaler rond et sans se montrer trop ambitieux au niveau des développements choisis pour ne pas se brûler les ailes. La motricité se montre parfaite dès que l’on pédale en ligne. Les accélérations sont franches et efficaces, mais là encore à la condition de ne pas mettre trop gros, au risque de fléchir bien avant le cadre. Lors des passages en force, concentration obligatoire, au risque de se retrouver planté au milieu de la pente en butant sur le cadre. La roue arrière reste bien au contact du sol sur le bitume irrégulier, mais le confort du cadre demeure sportif. Heureusement, les pneumatiques et la selle diminuent les vibrations. D’ailleurs, les pneus sont assez rassurants en termes d’adhérence, aussi bien sur le sec que sur le mouillé, à défaut d’être très performants. La géométrie course favorise les changements de rythme et de direction. Le comportement global du vélo de ce point de vue-là est réussi, car la stabilité n’est pas impactée par ce côté joueur, quelle que soit la vitesse. Les descentes peuvent donc s’envoyer en toute confiance. Véritable vélo de course, l’Ultra 920 reste toutefois accessible grâce aux développements disponibles. Le fonctionnement de l’ensemble des composants est sans reproche, sauf pour la montée sur le grand plateau, qui paraît un peu brutale pour de l’Ultegra. Peut-être en raison du cheminement interne des câbles ?

Une belle affaire

L’Ultra 920 démontre le savoir-faire de B’Twin en matière de vélo, et pas seulement de vélo d’entrée de gamme. Bien sûr, pour bénéficier d’un tel rapport qualité-prix, il faut faire quelques concessions : un cadre rigide et rassurant, associé à des braquets de cyclosportifs, c’est pour d’évidentes économies d’échelle. De la même manière qu’il y a aura peu de chance de pouvoir échanger une paire de manivelles ou une potence chez Decathlon, comme on peut le faire plus facilement chez un vélociste. Et il faut composer aussi avec la vente en GSS : pour un usage sérieux, sans doute faudra-t-il revoir serrages et réglages avant de partir rouler. Le prix est néanmoins sans concurrence à ce niveau de gamme, sauf chez Canyon et Rose.

 

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