Test des chaussures Shimano RP9

Le juste prix

Lorsqu’on est un cycliste exigeant, difficile de trouver chaussures à son pied autrement qu’en investissant dans des modèles haut de gamme. Rigidité, efficacité et confort sont pourtant les qualités des nouvelles Shimano RP9, à 249 € prix public.

Photos : VeloChannel.com / Sylvain Pigeau

Trop chères les chaussures cyclistes ? Aujourd’hui, il faut compter environ 350 € pour avoir accès à des modèles haut de gamme, qui combinent des semelles rigides pour transmettre toute votre énergie aux pédales, un système de serrage efficace et durable pour faire corps avec le vélo, et suffisamment de confort pour passer de longues heures en selle. Cela se joue sur des détails, mais qui ont beaucoup d’importance, comme le positionnement des sangles ou boucles de serrage, l’emplacement des coutures internes et la finition globale qui permettront aux pieds de s’installer sans point de pression.

Contrairement à ce qui est souvent évoqué, la sensation de feu au pied n’intervient pas en raison d’un manque d’aération des semelles ou de la tige des chaussures. Mais plutôt à cause de points de pression au niveau de la semelle interne ou sur le dessus du pied, qui provoquent une stase veineuse. Bref, plus on monte en gamme, plus les chaussures sont bien étudiées, en plus d’un style travaillé bien sûr. En dessous, il faut faire des concessions, soit sur le confort, soit sur le rendement.

Avec les RP9, Shimano sort des modèles très proches des SH-R321 que nous avons déjà testées ici. De subtiles différences existent, comme un look plus sobre pour les RP9, des semelles carbone prétendument moins rigides (indice de rigidité de 11/12 au lieu de 12/12), une tige avec un matériau qui semble légèrement plus épais, un talon qui n’est pas monocoque, et un poids de 530 g au lieu de 486 g en taille 39.

Les petites sœurs des R321
La forme des RP9 est toutefois quasi identique aux R321, avec toujours une semelle externe qui reprend le concept Shimano Dynalast. Il s’agit d’une cambrure plus arrondie et plus progressive que l’ensemble des modèles du marché, avec non seulement une cale qui peut se positionner dans n’importe quelle position sans porte-à-faux, mais cela permet aussi d’adopter un coup de pédale plus harmonieux, notamment au moment du point mort bas du cycle de pédalage.

Le chaussant des RP9 est également équivalent aux R321 (les Shimano taillent « normalement » en longueur), bien qu’une fois les chaussures serrées la tige semble un peu plus ferme. Le talon est un poil plus souple, mais bénéficie tout de même de motifs antidérapants à l’intérieur pour éviter qu’il ne glisse. Le serrage s’obtient aussi par une boucle micrométrique inversée, qui offre l’avantage d’être moins exposée que les modèles classiques. L’attache de la boucle est également réglable (deux positions) pour la rapprocher plus ou moins du cou de pied. Les deux bandes velcros sont asymétriques, toujours à l’instar des R321, ce qui diminue nettement les risques de points de pression sur le dessus du pied.

Enfin, les RP9 profitent des mêmes semelles internes que leurs grandes sœurs, avec une encoche pour modifier le soutien de la voûte plantaire en fonction de la forme des pieds. Notons que ces semelles sont aussi légèrement parfumées, ce qui évite les odeurs désagréables notamment après des sorties humides.

Thermoformables
Les RP9 sont surtout thermoformables, tout comme les R321, au niveau de la semelle interne et de la tige. C’est vraiment rare à ce niveau de prix, et fait toute la différence en termes de confort. L’opération doit être réalisée dans un Shimano Service Center, par un opérateur agréé. Elle consiste à passer les chaussures au four, puis à les enfiler encore tièdes, sous un sac étanche au sein duquel on fait le vide d’air pour que la tige colle parfaitement au pied après refroidissement. Ceci limite par la suite tous les points de pression, et limite même, dans le cas des RP9, la nécessité d’un serrage trop puissant.

Sur la route
Comme évoqué plus haut, le matériau de la tige semble un peu plus épais que celui des R321. Si les chaussures sont plus lourdes (mais ce n’est pas sensible en pédalant), on a tout de même la sensation qu’elles tiennent encore mieux les pieds, notamment lors des phases de tirée de la pédale, et sans qu’il soit nécessaire d’appliquer la force de serrage maximale. Quant à la rigidité de la semelle, franchement, nous n’avons pas senti la différence avec les modèles haut de gamme, retrouvant en revanche cette exceptionnelle stabilité à la poussée et cette impression de coque sous l’avant pied qui plaît tant chez Shimano. Le serrage ne procure aucune gêne et le matériau utilisé ne semble pas non plus se détendre à la longue. Quant au talon, il reste très bien maintenu même s’il conserve une légère souplesse qui permet au pied de vriller un petit peu s’il en éprouve la nécessité.

Le cuir synthétique blanc mat et les coutures blanches sont assez exposés aux salissures, de même que la petite partie en maille sur le devant du pied. Reste que les RP9 sont disponibles en blanc et en noir, ce qui laisse le choix pour ceux qui roulent fréquemment en zone humide ou qui ne sont pas trop soigneux. Sobres et sans fioritures, les RP9 sont normalement destinées au sein de la gamme Shimano aux cyclosportifs qui passent de longues heures en selle. Pour bien connaître les R321, avec lesquelles nous avons fait plus de 15000 km en 2015, nous les mettrions plutôt dans la catégorie « compétition ».

Car elles ressemblent beaucoup aux chaussures haut de gamme du fabriquant japonais, avec un soupçon moins de souplesse au niveau de la tige. En clair, ceux qui cherchent un confort absolu auront mieux avec les R321. Rigides et assurant une excellente tenue, les RP9 se distinguent surtout par leur rapport qualité-prix, sans parler de leur finition irréprochable. Pour 249 €, on ne trouve pas aussi rigide, et on ne trouve pas aussi confortable. Bref, les RP9 sont d’excellentes chaussures.

 

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