La famille urbaine Katu de la marque Orbea compte quatre modèles à assistance électrique et quatre vélos conventionnels. Autour d’un cadre compact à taille unique monté sur des roues de 20 pouces, se déclinent différents niveaux d’équipement, pour constituer un vélo simple et facile, mais pas triste.
C’est le Katu 20 qui a fait l’objet de notre essai, le modèle non-électrique le mieux équipé de la gamme. Simplicité d’abord : taille unique, tubes ronds et soudures apparentes pour le cadre, qui semble robuste. Et le diamètre des tubes de fourche inspire confiance, comme le reste de l’équipment. L’ensemble plait à l’oeil. La teinte satinfée presque rouge (Almost Red dans le catalogue) se démarque sans agresser la rétine, mise en valeur par les périphériques noirs. Et pour faciliter en tous points la vie de son pilote, l’équipement du Katu 20 a été pioché dans ce qui ce fait de mieux pour un usage urbain.
Shimano fournit le freinage hydraulique (disques de 160mm), un moyeu Nexus aux huit vitesses commandées par leur poignée tournante dédiée, et un moyeu avant dynamo.
Ce dernier alimente deux feux Spanninga, un Pixeo à l’arrière et un Kendo à l’avant.
A l’arrière, le Pixeo ne dépasse pas, et le projecteur Kendo est complètement à l’abri des chocs sous le panier.
Fixé au cadre, ledit panier peut recevoir jusqu’à quinze kilos. Sous des garde-boue SKS, les roues sont chaussées de Kenda 20×2.25 à flancs réfléchissants.
Sur le papier, on n’est pas mal. Voyons la chose en mouvement…
LE ROI DES TRAJETS EN VILLE
Le Katu 20 s’apprécie dès les premiers mètres. Il paraissait petit, mais une fois la selle et le guidon réglés, on est bien installé. Ne pas hésiter à jouer sur l’inclinaison du cintre en plus de la hauteur de potence pour positionner idéalement le haut du corps. Ensuite, pas besoin de relire la fiche, la prise en main est instantanée. La docilité des vitesses au moyeu et la disponibilité des disques achèvent de mettre à l’aise en quelques… Secondes.
Le passage des vitesses à l’arrêt ou en roulant est un atout certain en ville. On ne présente plus le Nexus de Shimano, toujours très docile à condition d’alléger la pression sur les pédales au moment de passer une vitesse. L’absence de dérailleur, organe vulnérable aux misères urbaines, c’est une transmission fluide et sans histoires, et une maintenance allégée. Pour ajuster la tension de la chaîne sur le katu, la roue arrière est montée sur deux platines intégrant chacune une vis qui pousse sur une butée, elle-même vissée au cadre. Vérifier de temps en temps la présence et le serrage correct de ces vis n’est pas superflu, car les vibrations et chocs de la vie citadine pourraient leur donner des envies d’indépendance. Ce point mis à part, quatre grosses vis maintiennent ces platines en place, et on n’y touchera quasiment jamais : pour déposer la roue arrière, desserrer les écrous borgnes de son axe suffit.
La plage des développements disponibles correspond à la vocation utilitaire du katu. Il semblait au départ tirer trop court, mais on se ravise bien vite. Ce vélo-là n’a aucune prétention en matière de performance. Inutile de forcer sur le petit pédalier. En plus, les pédales, certes réussies esthétiquement, ont tendance à glisser un peu, surtout par temps humide. Mieux vaut garder une bonne cadence de pédalage, et il aura toujours une vitesse qui va bien. Chargé ou à vide, sur le plat ou en côte… Tout passe, tranquillement. Sa rapidité est ailleurs. Il excelle dans les centres-villes denses et les rues étroites. Dans tous les quartiers où l’on négocie l’espace avec d’autres usagers, il fait merveille. Court et donnant l’impression de tourner quasiment sur place, il se faufile partout sans jamais faire mettre le pied à terre, et c’est là qu’on gagne du temps. Et puis, son panier et sa couleur romantique gomment toute l’agressivité de son pilote. Difficile à mesurer, mais ça nous a sûrement facilité quelques passages un peu forcés…
C’est vrai qu’avec un tel freinage, toutes les audaces sont permises. Jamais brutaux, les freins sont toutefois puissants et dosables. Dodus à souhait, les Kenda de 2.25 pouces de section offrent une surface au sol suffisante pour empêcher les dérobades imprévues. Même sur le mouillé, ils restent très sains. Et en les gonflant sans excès, on compense la raideur des petites roues pour préserver son confort.
Les deux longerons du panier sont vissés dans deux supports soudés sur la douille de direction du Katu. Rien ne bouge. Même chargé, ce panier ne bronche pas. Et le fait qu’il soit solidaire du cadre, et non du guidon, préserve la légereté de la direction. C’est très agréable (et aussi plus sûr), notamment à basse vitesse. Il faut juste veiller au porte-à-faux quand on braque à 90 degrés pour passer une porte ou un poteau. Mais on n’a plus rien sur le dos, tout est sur le vélo. Et on peut en mettre! Le pain, le lait, le courrier, un rendez-vous avec l’ordi portable à quelques kilomètres… Le Katu n’invente rien, mais il fait redécouvrir les services rendus par la bicyclette en ville. Pendant cet essai, il a pu sortir jusqu’à six fois par jour : la moindre course, c’est pour lui. Un vélo en libre service perso, en quelque sorte.
En bonus exclusif, le chargement correct du pain en images, pour ne pas faire marrer tout le monde en quittant la boulangerie…
La béquille bipode du Katu 20 est silencieuse en roulant, rigide, facile à manipuler de la pointe du pied et stable. Attention quand même à l’équilibre du chargement si le panier est plein. Il faut surtout ne pas l’oublier en passant marches ou trottoirs, car dans ces situations elle limite nettement la garde au sol.
La compacité du Katu incite au multimodal. Dans les escaliers ou sur le quai, à la montée dans le wagon ou au moment de l’accrocher dans le compartiment dédié du TER, sa petite taille fait merveille, et le panier ne gêne même pas.
La chaîne est à l’air libre. Une élégante pièce d’alu habille le plateau pour préserver le bas du pantalon, et c’est tout. C’est bien moins efficace qu’un vrai carter de chaîne, mais aussi beaucoup moins moche… Roulez en jupe, en kilt ou en short, et c’est réglé. En fait, il faudrait une courroie sur ce vélo. Courroie que le cadre du Katu 20 peut d’ailleurs acueillir, puisque le hauban droit dispose d’une ouverture. Les garde-boue, eux, vont bien. Ils sont enveloppants, larges et terminés par une bavette souple : sans craindre les chocs, ils assurent une excellente protection. Grâce à leur petite taille et au fort diamètre de leurs tringles, ils sont rigides et n’émettent aucun bruit parasite sur revêtement dégradé. Tout bon !
En ville c’est vu, le Katu fait mouche. Et sur la route ? Nous l’avons emmené une fois ou deux pour des virées d’une heure, avec un peu de relief. Ca va aussi, seulement… Il n’est pas bien rapide. Au-delà d’une dizaine de kilomètres, on lui préférera un vélo plus roulant pour arriver plus vite. Mais selle et position restent agréables, alors un peu de départementale pour dépanner, ça ne lui fait pas peur. D’autant que son éclairage est efficace : on y voit suffisamment, même en pleine nuit en rase campagne. Le Kendo éclaire la route sur quelques mètres, et à une allure de 15-20 à l’heure ça fait l’affaire. Derrière, le Pixeo s’allume en continu (et fort) à partir de 5km/h, et l’avant éclaire même encore un peu à l’arrêt dès qu’on a roulé quelques mètres. Si l’arrière faisait pareil, ce serait le top. En tout cas, les vieilles dynamos et les ampoules, on n’en veut plus…
Conclusion : Dur à la tâche, une allure unique… Voici un urbain accompli, au look original, dont le point fort est moins son rayon d’action que sa versatilité, pour ne pas dire sa vocation universelle. Ville en illimité mais aussi train, nuit, dénivelé, chargement, il est toujours partant avec le sourire, et pour des années sans doute. Composants sérieux à l’entretien minimal, prestation complète et à la hauteur du programme annoncé : le tarif est justifié, surtout si on le destine à un usage intensif (voire excusif). Quant à sa bouille, il a fait l’unanimité, quel que soit l’age, le sexe ou le style du public interrogé.
Moyeu arrière : Shimano Nexus 8 vitesses
Manette : Shimano SL-8S31 Nexus 8 vitesses
Pignon : Shimano Nexus 18 dents
Chaîne : KMC Single-Speed
Pédalier : Prowheel Pioneer 42 dents
Freins : Shimano M315 – 160 mm
Moyeu avant : Shimano DH-3D37-NT. 6V Dynamo 3.0W
Roues : Orbea Web Disc
Pneus : Kenda 841 20×2.25 Reflex
Cintre : Orbea City Riser Alu 660mm
Potence : Orbea Alu
Tige de selle : Orbea OC 31.6x400mm
Selle : Selle Royal Milo Plus DR
Poids mesuré : 16,47 kg (avec sonnette, pédales, panier et éclairage)
Taille : unique
Prix public : 699 €
> Autres essais : www.velochannel.com/Essais
> Suivez VeloChannel sur Facebook et Twitter
J en ai un et toutes les occasions sont bonnes pour l utiliser (aller en ville, chercher le pain aller boire un café…)
L angle de la direction le rend joueur.
Yannick
Merci pour votre retour.
Après deux années, ce vélo est il fiable ?
Merci
Bonjour David,
je suis moi aussi possesseur de ce super petit vélo (depuis bientôt 2 ans) et selon moi son seul et unique défaut en terme de fiabilité se trouve au niveau de la direction par plongeur qui atteint rapidement ses limites en usage intensif.
Bonne journée.
Bonjour.
Je cherche à savoir si la fourche est en acier ?
Merci
Bonjour,
La fourche est bien en acier, quel que soit le modèle.
Bonjour à tous,
pour développer un peu la remarque faite un peu plus haut, je vous propose un petit retour d’expérience de ce vélo après presque 2 années d’utilisation.
Ce vélo est d’abord un formidable couteau suisse qui peut servir absolument à tout :
– chercher un pack de lait, une baguette,
– aller travailler sans le dos mouillé grâce au panier qui accueille n’importe quel sac que l’on peut jeter dedans
– il peut faire des randonnées plus longues sur chemins (selle et pneus ballons confortables),
– et des sorties de nuit ! grâce à l’éclairage dynamo qui éclairera votre route sans jamais faiblir (tant que vos pieds tourneront)
– (et à titre personnel, je pense qu’il pourrait même faire un bon vélo de voyage grâce à cette capacité d’emport du panier)
– le nexus 8 réponds présent sur tous les terrains (et n’a demandé aucun réglage depuis la livraison chez mon vélociste).
– il porte sans broncher 25kg de pommes de terre dans les chemins de terre qui permettent d’accéder à la ferme d’un agriculteur.
– et les freins puissants permettent de stopper l’ensemble du « convoi agricole » façon « supermotard » à pédales.
Bref je maltraite ce petit « chat » à la ville comme à la campagne et il ne bronche pas, toujours aussi joueur et plaisant à piloter.
Mais il y a un mais … : la direction.
en effet avec le panier (sur? ;)chargé, en montant une bordure, il n’est pas rare d’avoir la roue qui se désaxe du guidon.
Je regrette donc de plus en plus qu’Orbea n’ait pas choisi une fourche Aheadset et se soit contenté d’une simple direction par plongeur (qui doit être resserrée fréquemment) probablement pour économiser quelques euros…
Sur ce point le nouveau « le petit porteur » me semble fort intéressant mais il est devenu assez cher (et a besoin d’être équipé) et a un autre défaut rédhibitoire pour moi qui roule très souvent la nuit : l’absence d’éclairage fixe autonome.
J’attends donc avec impatience qu’un fabriquant se lance dans la réalisation d’un croisement qui accoucherait d’un hybride « Katu / porteur » qui serait à l’aise à la ville et à la campagne, sur le sec et le mouillé, de jour comme de nuit !
Et dans ce cas on serait en présence de mon Graal personnel en matière de vélo utilitaire à tout faire.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire.
Bonne journée.