Nous voici au Cheylard, petite ville au nord de l’Ardèche dans la jolie vallée de l’Eyrieux à l’occasion de cette 19e édition du raid VTT des Monts d’Ardèche. Au programme, quatre étapes réparties sur trois jours de course cumulant 130 kilomètres et 4000 mètres de dénivelé. C’est parti pour une immersion au cœur d’une magnifique épreuve haute en couleurs.
Par Fred Ischard – Photos : Raid VTT des Monts d’Ardèche
Nous sommes le vendredi matin en terre ardéchoise. Le ciel est toujours menaçant suite aux nombreux orages qui se sont abattus durant toute la matinée, des averses transpercent par moment le ciel au moment de récupérer le dossard à l’office de tourisme du Cheylard, organisateur de ce raid VTT des Monts d’Ardèche. L’accueil y’est d’ailleurs toujours parfait, en toute simplicité. On se sent tout de suite comme en vacances, bien loin du stress ou de la cohue de certaines épreuves populaires.
Deux petites heures pour se préparer, les nuages gris et la pluie laissent peu à peu la place à un ciel plus lumineux. Il est quasi 14 heures, l’heure de décoller pour rejoindre le départ de la 1ère étape situé au petit village des Nonières à 10 kilomètres. Une voie verte sécurisée permet de gravir les 300 mètres de dénivelé nous séparant du départ tout en douceur, nous évitant ainsi d’avoir recours à un quelconque véhicule et nous permettant une mise en jambes idéale.
Malheureusement pour moi, je suis très rapidement victime d’un ennui mécanique au tout début de la liaison alors que je n’ai pas encore quitté Le Cheylard, plus aucune vitesse ne passe, dérailleur bloqué et manette de vitesse absolument pas fonctionnelle ! Bon, ça sent la misère et la galère, je ne peux pas effectuer l’intégralité de cette première étape. Je n’ai que trop peu d’outillage sur moi pour réparer mais par chance, le magasin cycle et 2 roues de la cité cheylaroise (Boutières Loisirs pour le citer) est ouvert. Le sympathique Nicolas Garnier gérant du magasin est déjà sur place au départ mais je trouve un jeune mécanicien qui va rapidement déceler le problème; remplacement du câble de dérailleur qui s’est enroulé sur lui même dans la manette, réglage du dérailleur et c’est reparti. Il me reste 25 minutes avant le départ pour effectuer les 8 kilomètres, c’est techniquement encore possible d’arriver à l’heure en se dépêchant et en optimisant une mise en jambes plus musclée que prévue.
Étape 1 – Autour des Nonières
J’arrive sur place après 18 minutes un peu stressantes, émargement rapide à 5 minutes du départ et je fonce m’installer sur la ligne de départ située sur une toute petite route au pied d’une montée, il reste 3 minutes avant le coup de sifflet, juste le temps de reprendre mon souffle et c’est parti, ça s’est joué à très peu de choses mais je dois un énorme remerciement à Nicolas et son équipe !
C’est parti pour cette première étape qui, comme de coutume reste très courte afin de débuter ce week-end en douceur, on a 23 kilomètres et 850 mètres de dénivelé pour cette première après-midi, une chose est sûre, ça ne manque pas de dénivelé ici ! On démarre directement en montée, ce qui permet d’étirer les quelques 200 participants présents. La route étroite obligent les coureurs partis un peu derrière à se faufiler mais chacun parvient à trouver rapidement sa place. Pour ma part, étant bien placé au départ, je ne prends pas de risques dans les virages piégeux et me retrouve à une bonne place ! Je comprends assez vite qu’une dizaine de coureurs se détache mais je sens que je peux batailler entre la 10 et 15e place. L’échauffement musclé porte du coup ses fruits et je suis rapidement en action dans cette première difficulté du jour où l’on alterne entre asphalte et chemin plus escarpé. Après 3 kilomètres à fond, voilà le premier sommet et déjà 150 mètres de dénivelé gravis. Le peloton est étiré mais les écarts sont très minces, le niveau est très homogène pour les 30 premières places ! Je bascule en restant plein gaz sur une descente peu pentue et très rapide, les 3 kilomètres suivants sont littéralement avalés sur du chemin herbeux légèrement glissants suite aux pluies matinales mais le terrain reste malgré tout étonnamment sec.
Six kilomètres de course et voici la 2e montée du parcours, on est à nouveau tous groupés entre la 10 et 20e place et on sent que c’est à fond pour tout le monde sans aucune retenue. Je profite du pied de la montée pour remonter quelques places avant une petite section asphalte qui nous mène au passage du col de Ceyssouan à 800 mètres d’altitude. Un premier ravito est installé ici mais pour ma part après seulement 20 minutes de course, je ne ressens absolument pas le besoin de m’arrêter. Petit incident personnel, je me suis mis à saigner du nez sans véritable raisons lors de cette 2e montée mais fort heureusement, je vais parvenir à maitriser l’hémorragie sans m’arrêter après 5 bonnes minutes de bataille.
C’est la plus longue descente du jour qui nous attend maintenant avec 250 mètres de dénivelé à dévaler et 5 kilomètres qui vont être avalés. On plonge dans de petits chemins creux et des sentes à grande vitesse, c’est plutôt rapide et entrecoupé de quelques épingles assez glissantes. La végétation est abondante, du coup on aperçoit pas tout le temps ce qui s’y cache en dessous (pierres, racines, branches…) ce qui rend le terrain piégeux à haute vitesse. Je reste assez prudent sur cette section tout en tâchant de rester au contact pour jouer le top 15 du jour car c’est maintenant que tout va se jouer, on est à mi-parcours et se dresse devant nous la grosse difficulté du parcours, une montée de 5 kilomètres assez roulante, les deux premiers kilomètres s’effectuant sur asphalte par une toute petite route ardéchoise. Tout le monde relance très fort et j’ai peine à suivre. Des coureurs commencent même à revenir de l’arrière. Du coup, le top 10 s’éloigne, le top 15 s’annonce compliqué et va falloir s’employer pour rester dans le top 20. Heureusement, l’asphalte laisse place à quelques pistes et chemins aux pentes plus prononcées qui sont plus à mon avantage, me permettant de redoubler quelques coureurs habitués de l’épreuve à l’image de Charles-Éric Marczoch et de revenir au contact de David Contant. L’allure soutenue et le rythme endiablé usent rapidement l’organisme et le dernier kilomètre d’ascension semble assez long mais me voici enfin remonté à 830 mètres d’altitude, au pied du Serre de Montgros et point culminant du jour. Les « serres » sont des sommets arrondis typiques de l’Ardèche sur des terrains calcaires. J’évolue maintenant au milieu des pins noirs et une descente très courte et rapide m’attend, il ne me reste plus que 5 kilomètres, du coup hors de question de m’arrêter au second ravito installé au passage du village de St Julien Labrousse.
C’est parti pour la montée finale, 2 kilomètres et à peine une centaine de mètres de dénivelé à gravir intégralement sur asphalte pour finir par une piste à 15% de pente, David Contant parvient à me redistancer tandis que je double un nouveau coureur, on donne tout ce que l’on a à ce moment de la course. Après avoir, contourné le Serre d’Hiver, on passe le sommet et on débouche dans un single en sous-bois très joueur, le plus joli de cette première étape puis on plonge vers l’arrivée, enfin plonger n’est pas vraiment le bon terme car c’est un sprint d’un kilomètre tout plat sur un chemin sinueux qui clôture cette boucle. Je passe la ligne d’arrivée à la 18e place en 1h18 en m’étant pourtant livré à fond, ça montre l’intensité de la course et l’homogénéité du niveau sur cette épreuve ! Le jeune coureur provençal Enzo Marci remporte cette étape en bouclant les 23 kilomètres en 1h10, il s’empare du même coup du maillot jaune de leader devant le jeune espoir local Hugo Vigne à 40 secondes et le très surprenant coureur belge Elias Van Hoeydonck, pourtant habitué à des formats ultra-distance qui complète le podium à 3 minutes, il prend ainsi le leadership en catégorie Master. Chez les femmes, c’est également une concurrente habitué à des formats de course nettement plus longs qui s’empare du leadership en la personne d’Aurélie Grosse qui boucle cette étape à la 65e place scratch en 1h31 devant Perrine Brun à 40 secondes.
Concernant cette première journée de course, j’ai trouvé le tracé nettement moins joueur et technique que les années précédentes mais cela n’en reste pas moins une magnifique mise en jambe dans un chouette décor et on reconnaît malgré tout ce terrain de jeu ardéchois avec ses chemins piégeux recouverts de végétation. Je me laisse maintenant glisser jusqu’au village des Nonières situé un kilomètre plus bas où nous attend un ravito, cette fois-ci idéal pour se ravitailler avant de rentrer sur Le Cheylard par la voie verte empruntée à l’aller, mais cette fois avec une pente descendante pour une récupération en douceur avant d’attaquer les choses sérieuses dès le lendemain matin.
Étape 2 – Au cœur des Boutières
Aujourd’hui samedi avec deux étapes au programme. Réveil matinal avec un départ donné à 7h30 pour cette seconde étape, la plus longue et la plus physique du week-end avec 46 kilomètres et 1700 mètres de dénivelé. L’organisation met en place un service de transfert de sacs nous permettant de déposer des affaires de rechange en vue de la pause repas prévue à l’arrivée de cette étape matinale au lac de Devesset. On s’installe au départ et ici pas de mise en grille particulière, chacun s’installe où il le souhaite en fonction de son niveau dans la bonne humeur et c’est très bien ainsi, c’est à l’image de l’épreuve, c’est à dire sans prise de tête.
Allez c’est parti, on traverse la cité cheylardoise sous allure neutralisée et sitôt la voie verte menant aux Nonières retrouvée, nous sommes lâchés. Ça démarre donc à allure rapide mais pas au sprint non plus. On roule entre 25 et 30km/h sur cette belle piste aux pentes très douces. Les coureurs partis un peu à l’arrière parviennent à se replacer et il ne faut rien lâcher pour maintenir une place à l’avant du peloton. Après quelques kilomètres, on quitte la voie verte et on attaque dans le dur quasi directement avec la montée du Chazalet, 6 kilomètres d’ascension entrecoupée de quelques replats. On démarre l’ascension par une toute petite route avant de devoir pousser le vélo sur quelques mètres d’où la nécessité d’être bien placé dès le début de course. Je reste à peu près placé comme la veille en jugeant que l’étape devrait être un peu moins rapide vu la longueur annoncée, il n’en sera rien ! Et on attaque la deuxième partie de montée avec un bon petit mur à 20% pour atteindre le village de St Cierge puis on poursuit par des pentes difficiles sur une petite route où, mis à part quelques coureurs partis un peu trop vite, je ne peux rattraper beaucoup de monde, je dirais même que ça revient même un peu de l’arrière. On termine cette première ascension par un chemin très cassant où il faut rester propre et lucide pour gravir le chemin sur le vélo entre la pente importante et les cailloux glissants. Me voici maintenant à 850 mètres d’altitude, j’ai tout de même mis quasiment une minute de plus qu’en 2016, comme quoi on perd de la vitesse au fil des, années alors que le niveau global augmente. En fait, je mène une bonne allure dès que les montées deviennent techniques, par contre sur l’asphalte j’ai l’impression d’être un peu scotché, pas facile ce terrain ardéchois. Mine de rien au sommet, j’ai déjà 10 kilomètres de course mais surprise, la montée n’est pas encore terminée, il faut maintenant se hisser au signal de Monchamp à 1030 mètres d’altitude, encore 200 mètres de dénivelé à gravir ! Néanmoins, cette fin d’ascension sera plus facile avec pas mal d’asphalte entrecoupé de replats sur des chemins en sous-bois. Malheureusement pour moi, je peine un peu à envoyer du braquet sur les montées roulantes qui ne sont définitivement pas à mon avantage, faut faire avec ses moyens physiques. Par contre le décor change un peu à 1000 mètres d’altitude, on quitte les sous-bois pour retrouver des zones plus dégagées où l’on peut contempler en face de nous les deux mythiques sommets de la région à savoir le Gerbier de Jonc et le Mézenc. Je passe enfin le sommet en compagnie d’un coureur azuréen très à l’aise en descente mais moins rapide en montée.
On roule maintenant pendant 5 kilomètres sur le plateau de St Jean-Roure, c’est plat et très roulant avant de basculer vers la haute vallée de l’Eyrieux. La descente n’est pas particulièrement technique mais comme toutes les descentes de la région, c’est très rapide mais très piégeux car de nombreuses pierres sont cachées sous la végétation ou les feuilles. Je perds une petite place dans cette descente mais en reprends deux suite à des crevaisons. La fin de descente est un peu plus sauvage et sympa. Je retrouve en bas la Dolce Via, cette voie verte qui longe l’Eyrieux sur 90 kilomètres entre St Agrève et La Voulte. On l’emprunte sur un petit kilomètre avant de traverser le cours d’eau et d’entrée dans le chouette village de St Julien Boutières et pour moi pas le choix, je dois effectuer un arrêt express au ravito pour remplir mon unique bidon et je dois être quasi le seul dans les 30 premiers coureurs à le faire, ça ne rigole pas avec le chrono ici ! Bon, que tout le monde se rassure, il y’en a absolument pour tout le monde et ça reste avant tout une vraie épreuve populaire, chacun roule à son rythme avec ou sans chrono car il y’a aussi des parcours « rando » qui empruntent le même itinéraire que nous mais avec la possibilité de shunter la deuxième difficulté du jour. Justement, elle se présente maintenant devant moi; après 20 secondes d’arrêt au ravito (d’ailleurs on apprécie au passage l’extrême gentillesse des bénévoles à nos petits soins), je m’élance pour la 2e moitié de parcours. Et voici la montée de la Pinée, 400 mètres de dénivelé à gravir en 4 kilomètres, voilà une montée qui ne fait pas rire ! Elle a souvent été emprunté lors des éditions précédentes et elle est toujours aussi difficile. Rien que le premier kilomètre à 14% de moyenne sur un chemin raide nous casse d’entrée les pattes. L’arrêt ravito, aussi rapide soit-il, m’a fait définitivement perdre le contact avec les deux coureurs qui étaient juste devant moi à l’entrée du village. Deux autres coureurs reviennent du coup sur moi au début de la montée mais je parviens à reprendre un peu de distance. J’essaie de mettre l’énergie que j’ai mais je sens que je plafonne sur ces pentes vraiment raides et sans abri. Heureusement, le départ très matinal nous épargne de la chaleur. Du coup, pensant précédemment pouvoir reprendre des places au fur et à mesure de cette étape reine, et bien ça ne sera pas le cas et je vais rouler seul face à moi même en tâchant de mener une allure pour limiter l’écart en temps par rapport au top 20.
J’arrive au sommet de cette seconde longue ascension de la matinée à 1050 mètres d’altitude puis je contourne le Serre de Pesseyon et me retrouve au milieu des bois, du coup pas de panorama mais un single rapide avant de plonger dans un chemin très cassant. Il me reste 12 kilomètres à effectuer, encore 2 ou 3 montées casse-pattes dont celle du château de Flossac au sommet de laquelle se trouve le 2e ravito du jour où je file sans m’arrêter car il ne reste que 8 kilomètres, j’en profite du coup pour grappiller une place. On sort des bois pour se retrouver sur le plateau de St Agreve. Maintenant, c’est quasi plat et profil légèrement montant, ne reste donc qu’à appuyer le plus fort possible sur les pédales face au vent. Me voici à l’entrée de St Agrève mais on ne visitera ni cette petite ville, ni le Mont Chiniac qui domine la ville. On file directement au lac de Devesset par une longue ligne droite, on retrouve à nouveau la forêt. Dernier kilomètre de cette seconde étape, une courte descente dans les racines et nous voici sur les rives de ce lac situé à 1100 mètres d’altitude, ce sera le point culminant du week-end. Je boucle les 46 kilomètres de cette 2e étape en 2h50 à la 23e place, me prenant au passage 20 minutes par l’homme de tête ! Ça roule vraiment très vite devant ! En tête de course, pas de changement, Hugo Vigne remporte cette fois l’étape au sprint face à Enzo Marci qui conserve donc ses 40 secondes acquises hier. Fait de course majeur de la matinée, la double crevaison du belge Elias Van Hoeydonck qui perd du coup toute chance de podium général sur ce week-end ardéchois. C’est donc Pierre Henri Jung qui complète provisoirement le podium du classement général et qui s’empare du leadership en catégorie Master. Enfin, chez les dames Aurelie Grosse a profité de cette étape plus longue pour nettement accroître son avance au classement général, elle possède quasi 10 minutes d’avance sur Perrine Brun à l’issue de cette 2e étape. Pour ma part, malgré une place hors du top 20, je grappille une petite place et me retrouve à la 17e place, deux petites minutes me séparent du top 15 qui reste encore un objectif atteignable. A l’image de la veille, cette étape reine était à nouveau plus rapide que les années précédentes où j’avais amplement un temps de course supérieur à 3 heures. Maintenant, place à un sympathique pique-nique sur les rives du lac, un moment de convivialité offert par l’organisation et c’est un moment très apprécié qui fait partie intégrante de ce que représente cette épreuve, une épreuve conviviale et familiale ! Un peu de repos et dans quelques heures, ce sera reparti pour l’étape « sprint » du week-end.
Étape 3 – Sprint sur les plateaux ardéchois
Après une bonne sieste, il est temps de s’y remettre, il fait chaud mais c’est une très courte étape qui nous attend pour revenir au Cheylard, 26 kilomètres à effectuer, cumulant « seulement » 400 mètres de dénivelé. Autant dire, ça va être très rapide et mieux vaudra être prêt dès le départ. Malgré tout, j’ai du mal à me motiver pour m’échauffer sérieusement, je me contente d’une reco des deux premiers kilomètres afin de ne pas me faire trop enfermer et éviter les éventuels pièges. Il est bientôt 14 heures, l’heure du départ approche et chacun se place comme il le souhaite. 3,2,1, c’est parti et cette fois c’est un vrai départ au sprint pour se placer dans les premiers virages. On longe le lac durant le premier kilomètre, ça frotte pas mal puis gros freinage pour passer un rétrécissement et grosse relance derrière sur un talus jonché de pierres, le cardio est de suite à bloc. Je joue un peu la sécurité tout en tachant de garder ma place aux alentours de la 20/25e place. Après 4 premiers kilomètres extrêmement rapide, on sort des bois pour entrer sur le plateau de St Agrève. Je profite de la moindre relance pour me replacer et ça marche car après 6 kilomètres de course, je suis revenu dans les 20 et j’aperçois toujours la tête de course devant, ce début de course n’est pas sélectif du tout mais reste très agréable à rouler, on aperçoit St Agrève à notre gauche et on croise une première fois le parcours emprunté ce matin.
C’est au 7e kilomètre que l’on attaque la première descente du parcours et autant dire que c’est très chaud, chemin pentu avec caillasses et certains coureurs sont trop excités, prêts à mettre tout le monde en danger pour gagner une place, ça m’agace un coup plus par anxiété que par énervement puis on remonte aussitôt un bon talus me permettant de reprendre trois places et de faire l’effort pour aller chercher un petit groupe devant, grisé par l’agacement précédent.
Après cette petite section technique, on quitte le bois pour retrouver le plateau ardéchois pendant 5 kilomètres qui va s’apparenter à un joli et agréable critérium. Une ligne droite, une bifurcation et une relance derrière et ainsi de suite. Les jambes sont étonnamment très bonnes en cet après-midi et je me retrouve après 15 kilomètres de course dans les 15 premiers en apercevant toujours la tête de course et il ne reste déjà plus que 10 kilomètres ! Maintenant, c’est un peu le juge de paix, l’unique section physique et décisive sur cette 3e étape avec un enchainement de 3 petites bosses à gravir. A chaque fois, on entre dans un sous-bois, on descend dans un vallon et on remonte sur le plateau dénudé. Cette section va me permettre de remonter à la 12e place et de faire l’effort pour revenir dans le groupe pour la 10e place. Le groupe de tête s’est enfin disloqué aussi. Au 20e kilomètre, unique ravito que j’aperçois à peine par contre je reconnais que l’on croise une nouvelle fois le parcours du matin au sommet de la première ascension du jour, ça veut dire que l’on arrive bientôt au clou du spectacle, la mythique descente de Rochebonne devenu un site incontournable du raid VTT des Monts d’Ardèche ! Encore un kilomètre et un très long faux plat montant sur une petite route, je donne tout ce que j’ai comme si l’arrivée était au sommet puis je bifurque sur un chemin qui nous emmène droit sur une descente de plus de 500 mètres de dénivelé, c’est parti pour une vertigineuse dégringolade ! Le début de descente commence dans les bois et d’un coup, le décor sensationnel s’ouvre devant nous mais pour ma part c’est plein gaz avec un coureur qui derrière moi qui reste collé à ma roue arrière, m’obligeant de toute façon à lâcher les freins. C’est tellement grisant, cette descente est un mix entre rapidité et franchissements cassants qu’il faut aborder avec fluidité, le tout entrecoupé d’épingles ! Rien que sur la première moitié de descente, je suis 30 secondes plus rapide qu’en 2016, une surprise pour moi qui ai tendance à descendre bien moins vite au fil des années. Une petite traversée de route, je reprends mon souffle et hop c’est reparti pour un enchainement d’épingles. Il reste deux kilomètres et comme une surprise, un petit talus à gravir heureusement vraiment pas long et qui me permet de passer un coureur. Et on replonge pour un final en apothéose au cœur des ruines du château de Rochebonne, une belle marche engagée où je me fais peur mais ça passe, un coureur en profite pour me doubler puis dernier kilomètre, on rentre dans un sous-bois et cette fin de descente va devenir technique et trialisante. Je m’amuse beaucoup, une petite erreur de trajectoire sans conséquences, je double un dernier coureur juste avant l’arrivée que je franchis au bout de 1h06 de course à la 9e place, enfin un top 10 sur une étape de cette édition du raid VTT des Monts d’Ardèche. Moi qui suis habitué à des formats ultra longues distances, il a fallu que je performe sur un effort d’une heure, le monde à l’envers et me voilà maintenant à la 14e place au classement général. Par contre maintenant nous sommes 3 coureurs dans la même minute et le coureur devant moi est à 3 minutes, autant dire que la bataille pour le top 15 va être sacrément sympa le lendemain lors de l’ultime étape. J’attends sagement les amis à l’arrivée chrono afin de boucler ensemble la liaison douce hors chrono jusqu’au Cheylard en empruntant sur quelques kilomètres la Dolce Via. Une bonne soirée de repos et demain place à la 4e et ultime étape de cette 19e édition du raid VTT des Monts d’Ardèche.
Étape 4 – Forêts et vallons autour du Cheylard
Nous voici le dimanche matin sous une pluie fine, c’est déjà l’heure de la 4e et dernière étape qui se disputera par vagues de 10 à 15 coureurs espacées de 5 minutes en fonction du classement général. Les coureurs de fin de classement partent en premier et les hommes de tête en dernier de manière à ce que tout le monde termine l’étape à peu près en même temps. La dernière vague étant réservée aux 10 premiers coureurs, je partirais dans l’avant dernière pour défendre mon top 15 au classement général. La pluie s’arrête vers 9 heures et à 9h25 c’est le départ de notre vague. Afin de sortir du Cheylard sereinement, le départ s’effectue de manière neutralisée pendant 2 kilomètres, une petite montée sur route qui nous mène jusqu’au château de la Chasse où se trouve le départ chrono. Je m’élance et c’est parti pour 25 kilomètres et 900 mètres de dénivelé avec d’entrée la principale difficulté de la matinée, une belle et longue ascension jusqu’au hameau de Vergnes à 980 mètres d’altitude, 7 kilomètres et 450 mètres de dénivelé à gravir, voilà de quoi bien s’occuper. J’essaie d’être rapidement dans l’allure tout en gérant mon effort sur cette longue montée, il me faudra une petite demi-heure pour atteindre le sommet, cette montée principalement dans la forêt m’a paru un peu trop longue pour un effort intense. Au sommet, on quitte la forêt et je bascule aussitôt vers le vallon du Talaron, deux kilomètres rapides mais piégeux avec quelques pierres encore glissantes suite aux pluies matinales, je reprends deux coureurs de ma vague dans cette descente, je me suis maintenant bien habitué au terrain ardéchois.
Me voici vite arrivé en bas avec 10 kilomètres de course, j’enchaîne par 3 kilomètres roulants à descendre ce vallon pour rejoindre le village de St Christol et c’est ici que commence la seconde ascension du jour, il nous faut remonter au col des Pizes que l’on a franchi lors de notre première ascension. C’est une montée régulièrement empruntée sur le raid VTT des Monts d’Ardèche, 3 kilomètres à 10% de moyenne, un single très raide au début puis une piste plus ou moins pentue et c’est ici que je commence à doubler bon nombre de coureurs partis dans les vagues précédentes. Je parviens au sommet après 17 minutes d’effort. Il ne reste plus que 10 kilomètres jusqu’à l’arrivée et j’attaque une descente très rapide sur un kilomètre avant d’être un peu gêné sur un petit single, c’est un peu la règle sur cette dernière étape et c’est pour tout le monde pareil.
C’est reparti pour l’ultime ascension du week-end, 3 kilomètres de montée sur une piste forestière assez facile mais encore faut-il avoir de l’énergie. Le fait de doubler les concurrents me motive à redoubler d’efforts afin de dépasser efficacement. Au sommet, il ne reste plus que 5 kilomètres et ça bascule sur une piste très rapide pendant deux kilomètres avant de remonter un dernier talus « surprise ». Ne reste plus que deux kilomètres et on retrouve la petite route qui serpente jusqu’au Cheylard, on la traverse et se retrouve au relais téléphonique qui domine la cité cheylardoise. Je plonge maintenant dans la descente spectaculaire de la matinée, 100 mètres de dénivelé sur 500 mètres à dévaler une trace très pentue entre les arbres. Dernier kilomètre en mode urbain, des escaliers, des ruelles, un petit pont étroit pour traverser la Dorne, encore quelques vive relances au cœur de la ville et voici l’ultime ligne d’arrivée de ce raid VTT Monts d’Ardèche que je franchis après 1h37 d’effort avec un 15e temps à la clé. C’est donc suffisant pour conserver ma 14e place au classement général qui me satisfait amplement !
En tête de course, grosse surprise avec l’incident du leader de l’épreuve Enzo Marci victime d’un bris de pédale, il termine à la 10e place et perd son maillot jaune au profit du coureur local Hugo Vigne qui a aisément remporté cette ultime étape. C’est donc lui qui remporte cette 19e édition du raid VTT des Monts d’Ardèche avec 8 minutes d’avance sur Enzo Marci et 14 minutes sur Pierre Henri Jung qui l’emporte en catégorie Master. Deux autres coureurs Master complètent le top 5 du classement général en la personne de Guillaume Donner-Valentin et Pierre Badel. Chez les dames, nette victoire et grand chelem pour Aurelie Grosse qui remporte toutes les étapes et aisément le classement général avec 23 minutes d’avance sur Perrine Brun et 41 minutes sur l’italienne Danila Fumero.
Une nouvelle très belle édition du raid VTT des Monts d’Ardèche bouclée, une épreuve toujours aussi chouette et conviviale qui se clôture par une cérémonie de récompenses et un repas dans une ambiance familiale et chaleureuse comme on aimerait trouver plus souvent. Un parfum de vacances, on concilie ainsi défi sportif à la portée de chacun et petit séjour touristique à la découverte d’une magnifique région. Pour nous, rendez-vous est pris dernier week-end de juin 2023 pour la 20e édition du raid VTT des Monts d’Ardèche, une édition anniversaire qui nous promet de belles surprises !
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