Raid VTT Chemins du Soleil 2024, le résumé !

Nouvelle formule, même ADN 

Vingt et unième édition du Raid des Chemins du Soleil, qui pour la première fois n’est plus itinérant. Le camp ne bougera pas du plan d’eau de Veynes et les étapes rayonneront en trèfle autour de cette petite ville des Hautes Alpes proche de Gap.

Par Jeff Bossler et Guillaume Pot – Photos : Cyril Crespeau et Rémi Fabrègue/Agence KROS

Le briefing obligatoire met immédiatement en évidence le professionnalisme de l’organisation et la passion des organisateurs. Ce qui différencie cette épreuve, outre le fait qu’elle se court en équipe de deux, c’est un véritable esprit raid, notamment marqué par l’interdiction de toute assistance extérieure. Pas d’assistant avec des paires de roues et des bidons sur le côté du chemin, ici ce n’est pas du XCO, chacun doit avoir son nécessaire de réparation, sa trousse de secours, son téléphone et sa couverture de survie. Chacun doit aussi faire preuve de responsabilité : pas de priorité sur la route, quasiment aucun signalement des passages délicats ; à chacun d’adapter son pilotage pour assurer sa sécurité. Ici, pas de parcours aseptisé ni sécurisé, nous sommes dans le vrai VTT nature et montagne ! Pourtant, les bénévoles ont accompli un gros travail de préparation des sentiers pour dégager les arbres tombés et permettre un roulage fluide, et quelques « gros pièges » ont tout de même été signalés. Plusieurs médecins à moto ont également suivi le parcours, permettant une intervention rapide en cas de besoin.

Prologue

Conformément à la tradition, l’épreuve débute par un prologue nocturne avec un départ à 21h30. Seulement 20,5 km / 679 m D+, mais tout le monde convient qu’il ne faut pas le prendre trop rapidement, car il y a plus à perdre qu’à gagner. Au moment du départ réel lancé derrière la voiture ouvreuse, la meute se lance donc… à bloc ! Il est en effet difficile pour les compétiteurs de se retenir, et comme le niveau est homogène, tout le monde veut bien se positionner avant d’attaquer les singletracks, c’est toujours ça de gagné. Ce prologue nocturne commence par quelques 600 m de dénivelé sur piste, et rapidement chacun trouve sa place. À mi-pente, on se rend compte que « ça glisse » sur les cailloux. Étrange, le terrain était annoncé sec ? En fait, un orage localisé est passé dans l’après-midi et cette première étape s’est révélée très humide et plutôt exigeante. Avec une couche de boue de 1 ou 2 cm recouvrant le sentier, ainsi que des pierres et des racines saillantes, il y a tout ce qu’il faut pour commettre une erreur, et tout ce qu’il faut pour endommager la mécanique ! Outre l’aspect technique, cette étape est aussi assez amusante du fait que tout le monde appelle son coéquipier ou sa coéquipière pour s’assurer qu’il ou elle est à proximité. Il y a parfois quelques ratés avec des coureurs au bord du chemin criant désespérément le nom de leur « moitié » à chaque lumière qui passe, mais sans réponse. La fin du parcours devient tout à coup très sèche, et après les jets de boue, place à la poussière que nos phares transpercent ; c’est tout de même plus agréable ! Les dernières centaines de mètres deviennent franchement techniques, il faut s’engager, ce qui fait hésiter ! Il y a même des parties très exposées où des bénévoles nous obligent à descendre de vélo. Bien que ces passages étaient praticables à vélo, étant donné le vide sur le côté du chemin, on peut comprendre que l’organisation ne veuille prendre aucun risque. Une fois arrivés vers 23h30, la course contre la montre pour accéder le plus rapidement possible à son lit et dormir un maximum avant le lendemain commence. C’est donc avec une grande déception que l’on constate que l’épaisse couche de boue collée sur le vélo nécessite un lavage sinon, on voit bien que cette glaise va transformer le vélo en statue de terre cuite qui posera bien des problèmes le lendemain !

Etape 1

Après une courte nuit, rendez-vous donc le vendredi pour un départ à 7h30 et l’étape la plus difficile : 79 km / 3007 m D+ dans le secteur de Ceüze. Malgré ces chiffres, les 6 premiers kilomètres sont sur route en faux-plat vent de face, et c’est le départ le plus lent qu’il ne m’ait jamais été donné de voir sur une épreuve : les plus costauds ont bien conscience de ce qui les attend et partent tranquillement, la bataille viendra plus tard. Malgré quelques petites descentes, c’est comme si on ne faisait que monter pendant 30 km, où l’on atteint le point culminant à 1792 m. On a l’impression que c’est de plus en plus dur, avec des parties où l’on se doit de pousser le vélo qui, sans être exagérément longues, font très très mal. De plus, le soleil tape dur et cette étape fera beaucoup de dégâts sur les organismes, avec de nombreuses défaillances voire des abandons. La descente sur Esparron depuis le Ceüze est vraiment exceptionnelle et redonne le sourire ; il y a un peu de tout en termes de terrain : parties un peu rocheuses, herbeuses, ou fameuses terres noires, de quoi se faire plaisir et, pour les meilleurs, de quoi faire la différence sur le plan technique. Nous nous retrouvons cependant du « mauvais côté » de la montagne, et c’est encore un bon 1000 m de dénivelé qui est nécessaire pour retourner du bon côté. La remontée se fait sur une piste sans difficulté, mais en plein soleil… À partir de là, pour votre serviteur, c’est un peu un trou noir, mais il paraît que la suite du parcours était tout aussi magnifique !


Et c’est là que la course en binôme prend tout son sens aussi car l’équipier, en plus de pousser pour ramener le copain, peut aussi prendre le relais de l’écriture ! Apres le passage du col plutôt que de filer directement au ravito 3 après le lac de Peyssier, notre traceur nous emmène faire une petite boucle avec un infâme portage au km60. Juste après avoir repris des forces, pas le choix il faut remonter 200m quasi droit dans le pendu pour passer un dernier sommet et plonger dans une délicieuse descente en single de 500m D- jusqu’au village de Le Saix. La fin de l’étape est enfin plus facile et se déroule en grande partie sur route par le col de La Bachassette, puis bascule finale sur le plan d’eau de Veynes.

Etape 2

Cette deuxième étape prend la direction du sud du massif du Dévoluy, pour 70 km et 2573 m D+. Cette fois-ci, la nuit a pu être longue et, finalement, il y a le temps de « récupérer ». Comme la veille, la première partie montante est longue, mais quasiment tout passe sur le vélo en insistant un peu, contrairement à l’étape précédente. Le paysage est différent, plus alpestre ; la fin de la montée au col du Lautaret était un magnifique petit sentier juste ce qu’il faut de technique au milieu des alpages. Un petit passage dans un névé à 1750 m, et le magnifique paysage du Dévoluy s’ouvre à nous. S’ensuit dans ce décor une belle descente, toujours dans les alpages, avec sur le bas quelques passages un peu exposés où il n’y a pas droit à l’erreur. Arrivés au ravitaillement de la Cluse, on s’élance pour une boucle de 9 km et 350 m de dénivelé. La montée au col du Festre est facile, roulante, avec le vent dans le dos, on a le temps de profiter du paysage toujours aussi splendide. Les 350 m de dénivelé négatifs sont avalés d’une traite par un magnifique single très ludique. La descente depuis La Cluse est elle aussi très ludique, il faut virer entre les pins, faire de petites relances, au final on ne perd pas de dénivelé mais les kilomètres défilent avec plaisir. Une montée sur piste/route permet de remonter rapidement à 1500 m, et c’est une longue descente jusqu’à Montmaur, rapide, mais pierreuse et donc un peu remuante, et avec la fatigue ça devient assez difficile de bien tenir le guidon ! En fond de vallée, on se croirait arrivé, mais le parcours va reprendre la boucle de la nocturne que les participants inscrits en randonnée n’ont pas eu le plaisir de faire. Pour les élites, c’est aussi l’occasion de profiter de jour de cette belle descente, qui a eu le temps de sécher, ça passe donc doublement plus vite ! Une fois l’arrivée franchie, le ravitaillement est à la hauteur de nos corps lessivés, et le plan d’eau permet une petite séance de cryothérapie gratuite.

Etape 3

La dernière étape prend la direction d’Aspres-sur-Buëch, pour 44 km / 1386 m D+. Une « petite » étape, donc. Nous avons pu observer différents états d’esprit parmi les élites : saisir l’occasion de ce format plus court pour tout donner et « se finir » sans penser au lendemain, ou, pour d’autres, décompresser et profiter car les écarts sont déjà faits au général. On aurait pu aussi penser que cette étape serait moins belle, car il était difficile d’imaginer mieux suite au menu des jours précédents… Et bien raté ! Le parcours nous fait monter à la Longeagne, une montagne toute en longueur, au sommet dégagé sur pas moins de 3 km, à 1500 m d’altitude, avec une vue à 360°. Ce lieu est vraiment exceptionnel, imaginez être sur une crête arrondie, d’une trentaine de mètres de large, plongeant de part et d’autre du chemin. C’est un passage qui restera gravé dans nos mémoires ! Il faut dire que l’accès par un portage très raide sur une soixantaine de mètres de dénivelé contribue aussi à marquer les esprits. Et pour ne rien gâcher, la descente d’une traite de 700 m de D- était elle aussi exceptionnelle, entièrement sur un sentier un peu difficile à appréhender car très fuyant mais vraiment super agréable à descendre, se terminant dans les terres noires de manière très très ludique. Après encore quelques kilomètres de pistes et sentiers délaissant l’exceptionnel pour le très bon, nous avons finalement pu arriver au bout de cette magnifique épreuve vers 11h30, parfait pour pouvoir rentrer pas trop tard et revenir à la dure réalité de la vraie vie…

En résumé, ce raid VTT est clairement toujours un must pour tout vététiste amoureux de grandes étendues et de traces naturelles. On peut penser que l’on en profiterait encore plus en mode randonnée qu’en mode chronométré élite, afin de profiter davantage du paysage et de la quiétude de certains lieux.

Infos : www.raid-vtt.fr
Voir aussi : résumés éditions précédentes

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