Plan national vélo : une réelle volonté politique ?

Première réunion de travail ces 4 et 5 juillet pour le plan national d’action « mobilités actives » au ministère des transports à Paris.

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Frederic Cuvillier, ministre des Transports

Présidé par Frédéric Cuvillier, ministre des Transports, le comité de pilotage s’est constitué au début du mois de juin pour encourager les Français à utiliser le vélo aussi bien comme moyen de locomotion que comme activité sportive ou de loisir.

Le groupe de travail interministériel consacré à la promotion des mobilités actives (la marche et le vélo) est constitué de parlementaires, de représentants d’élus locaux, d’associations cyclistes et de constructeurs. Mais du côté des usagers, quelles sont les véritables attentes d’un « plan national vélo »? Pour quelle efficacité?

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La Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) regroupe 180 associations locales de cyclistes urbains et participe au comité du plan national vélo. Parmi ses recommandations : une évolution du code de la route vers un code de la rue qui prendra mieux en compte les différentes mobilités, sans être uniquement centré sur la voiture.

La FUB milite en faveur d’une vitesse « écrêtée » des automobilistes en ville, d’un apprentissage du vélo auprès des enfants mais aussi des adultes. Elle souhaite la mise en place d’incitations financières à l’usage du vélo… Elle rêve de crédits d’impôt sur l’achat de véhicules propres comme les vélos équipés d’assistance électrique. La fédération veut encourager la combinaison du vélo avec différents moyens de transport collectif comme le précise Olivier Schneider, son vice-président : « L’offre trop faible pour le stationnement des vélos dans les gares limite clairement l’usage des trains par les cyclistes. Et il est leur très compliqué d’embarquer leurs vélos dans les rames surtout aux heures de pointe. » Il ajoute que l’acceptation des vélos dans les wagons permettrait à davantage d’usagers plus éloignés de rallier une même station. Le rendement de ces transports en commun n’en serait que meilleur.

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Mais garer son vélo doit pouvoir être facile et sécurisé. Les préconisations concernent également le développement des services pour les cyclistes, pour l’entretien de leur vélo et la mise à disposition de vélos en libre service (comme les Vélib’ à Paris ou Vélo’V à Lyon) mais sur de longues durées (par exemple un an pour un étudiant). Toutes ces propositions nécessitent un maillage renforcé des pistes cyclables pour des trajets plus sécurisés et plus continus.

Le dernier point, pour Olivier Schneider, c’est « d’investir sur la recherche en santé publique et sur la communication ». Une étude du cabinet Atout France, basée sur des résultats de l’OMS, démontre une économie de 5,6 milliards d’euros en France (somme non dépensée par les cyclistes pour leur santé) grâce à la pratique régulière du vélo. Si 15% des déplacements s’effectuaient à vélo, une quinzaine de milliards d’euros seraient économisés, montant à comparer avec le déficit de la Sécurité Sociale estimé à 14,3 milliards pour 2013… De plus, contrairement à l’idée générale, une étude de l’Observatoire régional de santé Île-de-France a montré que les gains engendrés en termes de santé sont vingt fois supérieurs aux risques que subit le cycliste.

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A Lyon, la pratique du vélo a très sensiblement augmenté au milieu des années 2000 grâce, entre autres, à l’arrivée des Vélo’v, des vélos en libre service. Mais chez Pignon sur Rue, une association pour la promotion du vélo dans l’agglomération lyonnaise, Frédéric Rollet regrette une politique de la ville ni globale, ni cohérente. Il n’y voit qu’une succession de coups médiatiques et souhaite des aménagements (stationnement en ville), du service (location longue durée) et de la communication pour promouvoir le tout. Les réflexes liés à la voiture sont encore trop lourds. Les transports en commun sont trop coûteux… Le vélo est une solution économique et de bon sens. A l’échelon national, il déplore la frilosité réglementaire et financière de l’Etat, avec une politique sans cohérence et sans budget réel.

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Véronique Michaud

Les villes, les départements et les régions sont les acteurs de premier plan de la politique locale en faveur du vélo. Ces collectivités locales assurent aujourd’hui plus de 90% de l’investissement public. Pour autant, elles attendent du plan national vélo « une amplification et une simplification de cette action qu’elles mènent au quotidien » selon Véronique Michaud, secrétaire générale du Club des villes & territoires cyclables. Elles espèrent aussi « une mise en cohérence d’un certain nombre d’outils législatifs et règlementaires ».

Le plan national vélo 2012 ne donnait pas selon elle d’objectif précis, de calendrier ni de moyens. Il faudrait inciter financièrement les entreprises et les salariés à l’usage de la bicyclette. Défiscaliser l’achat d’un vélo pour la mobilité utilitaire, ou établir une indemnité kilométrique pour l’usage du vélo sur le déplacement domicile-travail sont des pistes à suivre, ainsi que la promotion d’une réglementation plus favorable au piéton et au cycliste…

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Elle insiste : « Les Français sont prêts. » Le vélo n’est plus seulement désormais un loisir ou un sport, mais aussi un instrument de mobilité. Le mouvement est lancé, et il faut passer d’une bonne opinion à une pratique effective. La question du stationnement revient souvent (vol, dégradation), que ce soit au départ ou à l’arrivée, et cette anticipation empêche le passage à l’acte. Un plan vélo 2013 résolvant de tels blocages constituerait un progrès décisif…

Le groupe de travail autour du plan national vélo fera ses premières propositions à l’automne pour une définition d’un plan global d’ici la fin de l’année 2013. A suivre.

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