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Maxiavalanche de l’Alpe D’Huez, vécue de l’intérieur !
A l’instar des épreuves prévues entre mars et juillet, la 25ème édition de la prestigieuse Mégavalanche de l’Alpe d’Huez a dû être annulée, faisant les frais de la crise sanitaire. Bien heureusement, nous avons pu compter sur la volonté commune d’UCC et de la station de l’Alpe d’Huez pour que la passion reprenne ses droits sur le domaine mythique du cyclisme mondial. C’est ainsi qu’est née la première Maxiavalanche Europe Cup de l’Alpe d’Huez, synonyme de retour à la compétition du VTT Alpin que nous attendions avec impatience !
Par Thibaut Level – Photos : Christian Retaggi/UCC
Les Maxiavalanches sont une série de compétitions Descente Marathon Mass Start (départ en ligne) prenant place dans les plus belles stations européennes, sur des parcours variant entre 1000 et 1500m de dénivelé négatif.
Au programme de chaque étape, des essais libres vendredi et samedi matin, une manche de qualification le samedi après-midi en départ en ligne par vague de 70 à 100 pilotes permet de répartir les coureurs dans leur groupe de niveau : Maxiavalanche Europe Cup pour les 100 meilleurs, Challenger pour les 100 suivants, et Amateurs. Dimanche, deux manches de course viennent départager ces enragés du guidon ! En 2019, 5 Maxiavalanches étaient au programme, en cette année 2020 particulière deux éditions ont été maintenues (l’Alpe d’Huez et Méribel pour notre plus grand bonheur !). Nous espérons en voir davantage en 2021.
Best of de cette édition 2020 en caméra embarquée :
Vendredi : Découverte de la station / Essais libres
C’est à l’Alpe d’Huez que le rendez-vous est donné. Connue pour les sports d’hiver, cette station perchée à 1900m d’altitude est également réputée pour le VTT en saison estivale. La station est relativement vivante et accueillante que l’on soit seul ou en famille, le domaine faisant partie du massif des Grandes Rousses est riche en pistes très variées pour la DH / Enduro / boucles de XC, sans parler des cols à proximité pour les cyclistes emmenant leur vélo de route.
Nous y voilà, l’heure est venue de retirer notre première plaque de la saison (un 31 juillet !). Après avoir vu un nombre incalculable d’épreuves annulées, j’ai l’impression d’être un cadet qui reçoit son premier paquetage de course, quel plaisir ! La pression se mêle très rapidement à l’excitation : il s’agit en effet de ma première course de DH, d’autant plus en mass start. Je vais donc naviguer en territoire inconnu ce weekend…
L’objectif du vendredi est simple : reconnaître le parcours, récupérer un maximum d’informations sur les différentes trajectoires possibles (pour doubler, éviter les bouchons etc). Tout en prenant bien évidemment un maximum de plaisir. Il ne faut pas à tout prix vouloir rouler vite aujourd’hui, mais bien se concentrer sur le parcours. L’idée étant de garder un maximum de jus pour les deux jours de course, tout en préservant le VTT mis à rude épreuve. J’ai la chance de rejoindre des amis bien plus habitués que moi sur ce genre d’épreuves, merci à eux pour le partage d’expérience ainsi qu’aux nombreux top pilotes très ouverts pour partager leurs astuces pour rouler plus vite.
Il est temps de voir à quoi ressemble cette fameuse DH de la Maxiavalanche ! Une fois les forfaits achetés (à prix réduit le vendredi, et gratuit pour samedi et dimanche), direction le DMC des Grandes Rousses pour monter jusqu’au Dôme des Rousses à 2900m d’altitude (via une liaison relativement physique que l’on devra aborder une petite dizaine de fois sur le weekend). Là-haut, la vue est imprenable ! On en oublierait presque la course qui nous attend, en prenant quelques minutes pour contempler la vue panoramique sur les massifs alentours. Les conditions sont optimales, température parfaite sous une tempête de ciel bleu ! Assez parlé des paysages, direction la ligne départ de cette Maxiavalanche, également théâtre des qualifications de la Mégavalanche dont le tracé est identique.
Au programme de ce parcours accidenté : un départ qui pourrait être nommé « holliday on rocks » comprenant un enchainement d’épingles sur un sol complètement fuyant, qui nous amène à la première difficulté du jour : un névé d’au moins 100m de large qui peut être attaqué via une multitude de trajectoires ! S’en suit une relance tout aussi large légèrement ascendante avant d’attaquer le second névé qui lui ne laisse que peu de trajectoires possibles : attention à l’entonnoir le jour de course ! Ces deux difficultés laissent place à un parcours très varié et vraiment fun à rouler : du cassant dans la pente, du rapide avec des virages relevés à profusion, des relances qui tétanisent les cuisses, de jolis sauts (parfois tendus sur le haut du parcours, mais évitables pour les plus frileux !) et j’en passe. Cette journée de reco permet également de jauger le niveau des forces en présence. Autant dire que pour cette édition qui signe l’ouverture de la saison, le nombre de top pilotes est juste impressionnant ! J’ai l’impression que tout le monde roule déjà très fort dès les reconnaissances, les qualifications pour l’Europe Cup seront serrées.
Voilà déjà la fin d’une belle journée de reconnaissance qui à elle seule valait le déplacement jusque l’Alpe d’Huez. Finalement, une belle chute sur un saut et un peu de casse mécanique mais rien de méchant (leviers de frein tordus, rayon cassé, roue arrière en 8…). Dire que le meilleur reste à venir…
Matériel nécessaire & Niveau technique
Pour cette première, je me suis engagé avec un VTT 29 pouces en 150 mm de débattement avant et 140mm derrière avec une géométrie assez orientée enduro (Orbea Occam 2020). De mon point de vue, c’est la configuration minimale pour vraiment s’amuser en étant compétitif sur cette épreuve, même si un plus petit vélo sera capable de venir à bout du parcours à condition d’avoir une bonne condition physique. Les pneus à carcasse ultra renforcée sont de rigueur. Idéalement, un vélo orienté enduro engagé serait parfait (autour de 160/170mm de débattement en 29 pouces, et un peu plus en 27.5 pouces). On croise également certains concurrents en vélos de DH qui seront clairement défavorisés sur les pédalages.
Concernant le niveau technique requis, les trois vagues de niveau (Europe cup, Challenger, Amateur) permettent à chacun d’évoluer dans une course de son niveau. La technicité de la descente fait que les pilotes peu à l’aise descendront du vélo à quelques reprise, mais globalement la trajectoire « de base » est finalement assez accessible. Elle devient exigeante si l’on veut lâcher les freins.
Samedi : Essais officiels + Qualifications
C’est aujourd’hui que les hostilités vont débuter. La matinée est dédiée aux essais officiels afin de mettre en pratique le repérage de la veille. Je tente de faire deux descentes intégrales du parcours sans m’arrêter histoire de ne pas casser le flow et simuler d’avantage les conditions de course, tout en gardant beaucoup plus de marge. Je me sens beaucoup mieux que la veille, même si le parcours lui s’est légèrement creusé rendant les parties cassantes un peu plus délicates à négocier.
13h, il est temps de se présenter sur la grille de départ. Mon numéro 349 me fait partir en fin de quatrième vague (sur une soixantaine de coureurs). L’objectif est clair pour cette qualification : rentrer dans les 20 premiers de ma vague afin de participer à la course Elite du lendemain (Europe Cup). Il faudra donc doubler du monde tout en évitant les pépins mécaniques (notamment les crevaisons !). L’ambiance précédant le départ est magique : un mélange de tension et d’excitation dans un cadre extraordinaire ! Assister au départ des vagues précédentes nous met dans le bain alors que la bagarre s’annonce rude.
Qualifications :
Le départ est donné sous l’impulsion du son ‘’Turn down for what », ça part comme je l’avais prévu : un peu dans tous les sens ! Difficile de jouer des coudes sur un terrain complètement fuyant, j’essaie de limiter la casse en prenant un départ prudent. Arrivé au niveau du premier névé, je vois que je suis très loin de la qualification, au moins une quarantaine de coureurs sont encore devant moi… Je passe alors en mode course, et profite du premier pédalage sur un secteur très large pour doubler une dizaine de concurrents. Je suis vite à l’aise pour suivre le rythme en descente, et je sens clairement que les pédalages me permettront de doubler des concurrents. Je remonterai ainsi sans prendre trop de risques jusqu’à la 15ème place, synonyme de qualification en quatrième ligne sur l’Europe Cup dimanche ! Cette qualification est un excellent exercice pour bien préparer les deux courses du dimanche. J’ai pu voir comment gérer la course physiquement (tout de même 18min30 d’effort intense !), et techniquement le fait de suivre des concurrents dans un nuage de poussière change vraiment la donne, en augmentant les chances de taper de grosses pierres et risquer la crevaison (voir pire). C’est donc avec la satisfaction d’une mission accomplie que s’achève cette qualification.
Nous sommes en milieu d’après-midi, je profite des quelques heures disponibles pour me détendre (oui, on a le temps de souffler et de profiter sur le format d’une Maxiavalanche), puis de m’occuper du vélo en passant par la zone d’assistance gérée par la course (excellente initiative !).
Comme on dit dans le milieu enduriste : toute descente mérite sa bière ! Ainsi, nous sommes conviés à la cérémonie des podiums de la phase de qualification autour d’une bonne bière artisanale (plusieurs bières en réalité, il faut bien évacuer la pression et éviter la déshydratation sous un soleil plus qu’agréable). Evidemment, l’organisation se plie au respect des mesures sanitaires du moment. Port du masque dans les files d’attente et distanciation sociale sont et seront de rigueur dans le race office, à l’image des remontées mécaniques et lignes de départ.
Concernant les résultats, le niveau est extrêmement relevé comme nous l’avions pressenti. La première manche vague est remportée par le multiple vainqueur de la Mégavalanche Damien Oton (Orbea Fox Enduro Team) devant Olivier Bruwière (Endurofabriek) et Damien Desbrosses (OWLAPS). Le Français Alexandre Cure (BH Racing Team) remporte la deuxième vague devant un autre habitué des victoires sur les mégavalanches : Rémy Absalon (Scott SR Suntour Enduro Team). Baptiste Gaillot (E*Thirteen Urge BP Enduro Team) complète ce podium à la troisième place. L’équipier de Rémy Absalon, Hugo Pigeon semble très en forme en remportant la troisième vague devant Clément Charles (Radon Endur’Breizh Team) et Glenn Macarthur (Santa Cruz / Queyras).
Elliot Trabac vient confirmer la grande forme du team Scott en remportant la quatrième vague devant Killan Bron (Commençal) et Bart de Vocht (Team 2 Racing). Les enduristes Gabriel Torralba et Alex Rudeau viennent clôturer le top 5 de cette vague. Le numéro 2 mondial sur la planète enduro, Florian Nicolaï (Trek Factory Enduro Team) remporte la dernière vague devant Dimitri Tordo (Canyon CLLCTV) et Kevin Marry (Voulvoul Racing).
Chez les femmes, Ines Thoma (Canyon Collective), Axelle Murigneux (Team Rocky Sports Alpe d’Huez), Estelle Charles (Radon Endur’Breizh Team), Laura Charles (Commençal enduro Team) et Mélanie Pugin (BH Racing Team) remportent leurs vagues respectives. La bataille s’annonce serrée parmi ces nombreux prétendants à la victoire !
Dimanche : Jour de course
Deux manches séparées par une pause de 2h sont au programme. Dans les remontées mécaniques, bien que l’ambiance soit bon enfant on sent que la tension est montée d’un cran. J’échange alors avec quelques top pilotes afin d’avoir leur ressenti (Flo Nicolaï, Damien Oton, Gustav Wildhaber), ils sont prêts à livrer une belle bataille !
8h45, les pilotes de la course Elite arrivent au sommet du Dôme des Rousses, et juste avant la mise en grille j’ai droit à un joli coup de pression : mon pneu arrière est à plat ! Sur la portion de piste faisant office de liaison, j’ai découpé le pneu sans que le préventif ne puisse faire effet. Je tente alors de réparer avec une mèche, mais plusieurs trous m’obligent à utiliser mon unique chambre à air… Je suis obligé de gonfler à plus de 2 bars pour ne pas pincer. En sachant que je ne sais pas rouler avec trop de pression dans les pneus, la première manche s’annonce compliquée. Pas grave, j’essaie de relativiser et de me concentrer sur la course.
Il est 9h, les premiers pilotes se font appeler pour la mise en grille. Je crois que je n’ai jamais senti autant de tension / concentration au départ d’une course. Les 100 meilleurs pilotes des qualifications sont réunis pour cette manche Europe Cup, avec une quinzaine de prétendants pour le podium, ça promet.
Après un briefing de course, Georges Edwards en personne nous fais le décompte avant de lâcher la meute d’enragés du guidon à l’assaut de cette descente marathon. De mon côté : la première minute a des airs de carnage avec des concurrents en travers dans tous les sens, de la poussière, des chutes etc… Clairement, la course Elite est un cran au-dessus des qualifications en termes de niveau et de densité ! Je commence à remonter pas mal de places avant de dérailler (première fois que je déraille avec ce vélo, très certainement dû à un pneu arrière très gonflé entrainant beaucoup de secousses). Je repars dans les derniers, le couteau entre les dents avant de chuter, puis de crever de l’avant… Décidément, cette manche sera à oublier, je me laisse glisser jusqu’à l’arrivée pour finir à la 85ème place avec d’autres compagnons d’infortune.
Devant, Gustav Wildhaber remporte cette première manche alors qu’il avait terminé 5e de la cinquième vague en qualification. Damien Oton arrive second avec 4 secondes de retard et 10 secondes d’avance sur Dimitri Tordo et Hugo Pigeon qui viennent confirmer leurs belles qualifications. Florian Nicolaï s’empare de la cinquième place.
Aussitôt la ligne d’arrivée franchie, je m’empresse de remettre mon vélo en état avec deux pneus neufs que je n’ai jamais essayés (Michelin Wild Enduro), nettoyage des suspensions / transmission sans avoir le temps de me poser mais qu’importe : l’envie d’en découdre est bien là.
Deuxième run :
Nous voilà alignés pour l’ultime descente du week-end. La pression est un peu moins présente que ce matin, tout le monde sait plus ou moins à quoi s’attendre et justement : j’effectue un départ aussi chaotique que sur la première manche ! Autour de la 70ème place en arrivant sur le premier névé, j’attaque ma remontée sur des bons choix de trajectoire sans prendre de risque. Ma stratégie des qualifications fonctionne à nouveau : je reste dans les roues en descente et profite des pédalages pour doubler les concurrents, je me régale littéralement dans cette descente ! Le flow est là, le plaisir et le feeling font presque oublier que l’on est en pleine course, j’ai surtout l’impression de m’amuser sur mon vélo tout en lâchant au maximum les freins et m’arrachant sur les pédalages. Je franchis la ligne avec un sourire béat, mince c’est déjà fini ? Quel régal ! On m’annonce 55ème de cette course Elite, satisfaisant vu mon incapacité à jouer des coudes au départ.
L’habituel débriefing est de rigueur avec les « riders » dont le visage est complètement couvert de poussière, stigmates d’une bataille épique sur le vélo. Je jette un œil vers les tops pilotes, et comprend vite que Damien Oton remporte cette deuxième manche ainsi que le général de cette Maxiavalanche de l’Alpe d’Huez. Le podium est complété par Gustav Wildhaber, Hugo Pigeon, Dimitri Tordo et Florian Nicolaï. La 12ème place de Kilian Bron ainsi que les 16e et 17e places de Rémi Absalon et José borges (Miranda Factory Team) en disent long sur le niveau de cette Maxiavalanche.
Les femmes se sont quant à elles élancées avec la seconde vague « Challengers ». Au terme d’une deuxième manche intense remportée par Laura Charles, c’est finalement Ines Thoma qui l’emporte au cumul des deux manches après avoir remporté la première. Laura Charles, Mélanie Pugin et Axelle Murigneux viennent compléter le podium.
La cérémonie protocolaire vient clore cette magnifique première édition de la Maxiavalanche de l’Alpe d’Huez. Le parcours cinq étoiles, les conditions météo clémente, l’organisation parfaitement rodée avec en cerise sur le gâteau une excellente ambiance font de cette épreuve une vraie réussite d’autant plus en cette période de crise sanitaire très complexe à gérer pour les organisateurs. J’ai été conquis, et je me suis empressé de m’inscrire à la Maxiavalanche de Méribel deux semaines plus tard, (l’article arrive à grand pas) en attendant la 25ème édition de la Mégavalanche que j’ai d’ores et déjà coché pour 2021, très certainement à suivre sur VELOCHANNEL.COM.
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