La Velotaventure

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96 heures en auto avec deux néo cyclo à vélo au pays de pruneau

Texte et photos : SebRV

Préambule #1 dimanche 4 mai 2014, 8h34 environ. Retour en terre promise

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Pour éviter de refaire les erreurs de notre premier trip à vélo (voir : www.velochannel.com/Deux béotiens en autonomie sur le canal de midjoun), cette année, nous calons deux sorties réglages-décrassage-moulinage, quelques semaines avant cette nouvelle autonomie… et changeons la selle de mon fidèle destrier.

Histoire de faire une transition à la Gégé Holtz, la première séance démarre à l’endroit où le canal du midi et le canal latéral à la Garonne se tiennent par le bras. Nous y reviendrons peut-être mais je ne vais pas là, avec la suffisance d’un chroniqueur mondain, faire le topo sur ce lien artificiel entre Aquitaine et Midi Pyrénées…

Préambule #2 dimanche 11 mai 2014, 11h51 et des bananes séchées. A y être, autant vérifier si notre mémoire nous joue des tours…

…ou s’il n’y a pas photo entre un canal « classé » et une voie navigable de France. Je veux pas faire le rabat joie ni vous barrer la route vers la charmante et un brin désuète Moissac, promis ! Mais faut vraiment aimer rouler au milieu des terminaux roll on- roll off, des concessions automobiles et des gares de triage pour préférer, en sortie dominicale, la direction Nord Ouest à l’option Sud Est, au départ de Toulouse… Bref, en ce beau dimanche, nous validons les derniers réglages, nous finissons de dérouiller les genoux cagneux et nos nous auto-congratulons d’avoir opté, cette année, pour un cours d’eau naturel plutôt que pour le canal latéral en guise de fil d’Ariane. Plus que 17 jours…

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Mercredi 28 mai : Aiguillon Gare. Km zéro (si on ne compte pas les 8 kil de pré acheminement Home-Matabiau !)

A l’issue de quelques kilomètres, dans le TER, à checker la stabilité précaire de nos deux montures chargées comme des sherpas et après deux petites heures, la coupure est déjà faite. Nous débarquons fébrilement sur le quai d’Aiguillon (Lot). Ne surinterprètez pas toutefois, cette sensation soudaine ! Ce n’est pas dû à l’hypothétique découverte d’un nouveau continent mais plutôt le résultat ankylosant de l’inadaptation de nos chers bons vieux trains corail. Et ce, en dépit de la belle iconographie marouflée sur les vitres des rares wagons « dédiés ».

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Une heure et des pruneaux plus tard. Damazan « no man’s land» (aussi nommé camping du lac)

Il doit être écrit que cette coupure, pour complète que nous l’imaginons, doit passer par une dernière route « en blanc sur la carte ». C’est donc avec un léger mal de mer (si nous n’avez pas encore eu le bonheur, chargé comme un âne de l’Atlas, de rouler le long d’une nationale fréquentée, allez y, c’est super !) que nous rejoignons notre havre. Damazan, c’est tout et son contraire, ce sont les premiers murs en tuffeau, contre lesquels nous posons nos bouts de guidon, c’est un îlot légèrement en surplomb au milieu de larges étendues de fruitiers… et un camping vide. Si l’engageante vidéo, avec ALT-J en bande son, présente des images de water jump, sur leur site, nous devons être un peu tôt dans la saison. Néanmoins, l’accorte patron du camping est d’une ponctualité suisse et d’une prévenance tibétaine. Entre les parcelles inoccupée, il nous accompagne avec un seul critère comme objectif: les zones un peu moins humides ! Illusoire serait de vouloir couper la bande son « vincy approved », il est vrai !

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Jeudi 29 mai, 9h36 environ. Les adieux sont déchirants

L’humidité, le ronron lancinant de l’autoroute des deux mers (je dois toutefois concéder qu’il m’est déjà arrivé d’être plus perturbé, dans mon premier cycle, par une rivière de montagne, un comble !) et le silence assourdissant du fan club de Franck Dubosc sont un environnement propice au sommeil réparateur. Nous sommes frais comme des gardons pour le rituel habillage-pliage-séchage-petitdéjeunage. Pas besoin d’échanger les mails ni de se promettre un illusoire weekend « chez les uns ou chez les autres, avant noël, c’est sûr » avec des voisins de parcelle, nous décampons fissa avec l’idée de franchir au plus vite notre tranchée de Wallers- Arenberg (la ligne droite entre Damazan, Aiguillon, les pruniers, les semi-remorques, le lac artificiel et le Lot évoquée plus haut) du jour. C’est une lapalissade mais, même si c’est progressif et que ces premiers hectomètres ne se font pas dans un environnement très glamour, moins de 24heures après avoir éteint les ordis de nos lieux de travail respectifs, la coupure est déjà totale. L’espace qui nous est ici dévolu, en site propre, et où nous faisons doucettement la course avec un VAE, peut rentre jaloux bien des cyclistes toulousains. Ce qui ne gâche rien !

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10h40, Quelque part dans Aiguillon. Ca commence bien le balisage !

La place centrale et ombragée, les rues semi piétonnes, le café du centre sont notre « Stargate ». Après un plein de provisions dans un minimarket lowcost du village, nous essayons tant bien que mal de retrouver notre « main courante » pour les 4 prochains jours. Après trois demi tours, deux prises de renseignements comprises à demi mot (les mots me manquent pour qualifier cet accent mais il participe au dépaysement, c’est sûr), nous sommes à moitié rassurés quant au balisage de cette vallée du Lot. Les premiers kilomètres, après Aiguillon sont tout autant mi figue mi raisin. Nous avons le plaisir de n’arpenter que des vicinales désertées entre pruniers, séchoirs à tabac et autres fruitiers mais nous n’apercevons notre fil vert qu’à de très rares occasions. La vallée est large, bordée de faibles reliefs qui nous toisent, et même si le Lot n’a pas un cours rectiligne, notre compteur dénivelé reste proche de zéro. Ca nous permet, en traversant des hameaux tout en pierres et totalement perdus, blottis au bord de la rivière, de commencer à comprendre pourquoi nombre d’Anglais et de Hollandais viennent y chercher une retraite. Voire d’apprécier l’architecture rurale d’après guerre qui est ici, il faut le reconnaitre, dominante. C’est dire si les endorphines sont un puissant psychotrope !

13h00 32km, Caselmoron-beach. L’heure du jambon beurre.

Un seul pèlerin, depuis ce matin nous croisons. Un Suisse, en VAE, qui, en solo fait des boucles quotidiennes autour de son camping car. Nous partageons un bout de route mais il rebrousse vite chemin, écœuré par notre gros rendement… ou plus probablement déçu de ne pas côtoyer la rivière plus souvent, sur ce tronçon. Nous décidons d’essayer de faire mentir l’helvète. Une longue caravane de 2cv en (grande) vadrouille mise à part, le réseau secondaire est désert. Il nous laisse, tout doucettement, nous enfoncer dans une partie plus méandreuse de la vallée.

3h35 plus tard, Ste Livrade : la désolade

La pause touristico-récupérative est riche…en enseignements. Pas au point de rebrousser chemin mais plutôt de tirer une leçon pour les jours à venir (soyons pas trop exigeants avec notre mémoire). Sur les rivages du Lot, au moment d’un bounty ou d’un balisto déballer, à la première aire de camping car jamais tu ne béquilleras. Bon là, forcément, c’est notre dépucelage et nous engloutissons nos barres énergétiques sur un romantique parking gravillonné jouxtant la rivière et découvrons les colombages et autres encorbellements du vieux centre, une fois ragaillardis et au taquet pour reprendre notre camino. Bref, ça nous apprendra à être patients, à bucher un peu (plus) les plans des villes-étapes… et à ne pas se fier aux premières impressions. Allez hop, direction La ville !

6h10 65km 451°F à l’ombre. Deux demi siouplait. Par personne !

A défaut de berges roulables, le final de cette deuxième étape atteste de la volonté locale de développer le loisir doux. Ce n’est pas une initiative isolée mais on ne promeut jamais assez les voies de chemin de fer reconverties en voies vertes. Retour à la civilisation quand tu nous tiens, les 15-20 derniers kilomètres sont un slalom convivial et respectueux entre familles en goguette, joggeuses en socquettes et lycéens qui roulent un pet ! Je sais, elle est un peu facile mais elle est surtout à l’image de ce sas nécessaire, après une première journée pleine de pédalage à croiser plus de fruitiers que badauds. C’est fou la vitesse à laquelle on s’habitue à être seul au monde ! Avant d’aller rejoindre le deuxième camp de base, nous nous adonnons à la désormais rituelle séance de bike city seeing. Si la bastide avait été érigée pour protéger d’autres places fortes de la vallée, au Moyen âge (faut pas abuser, nous avons un peu préparé quand même !), le tracé des ruelles du vieux centre (aucun lien avec un quelconque rugbyman la retraite) et l’étroitesse de celles-ci nous protègent de la chaleur moite de cette fin d’après midi printanière. Vite, une boisson isotonique, ou deux !

9minutes et qqs km plus loin. Un camping plein, bon sang de bois ! (au pied de la Bastide de Pujols)

Au moment de réserver un bout de terrain ombragé et apte à accueillir un igloo, deux vélos et toute l’estafette, il n’est jamais aisé, à l’aide de l’inévitable plan naïf et coloré, de flairer le coin sympa. Là, contrairement à la veille, nous plantons à un endroit qui fleure bon le sommeil réparateur. Au bout d’un ruban d’asphalte raide de neuf, entre deux zones pavillonnaires aussi impersonnelles qu’un bureau de Poste, notre deuxième carré de pelouse en colocation est aussi néerlandais qu’écologiquement responsable.

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Vendredi 30 mai 10h04. Et si on se chauffait les mollets ronds en attaquant la bastide par la face Nord !

Y’a pas à dire, la tranche d’âge des propriétaires de camping car est un gage de nuit calme ! La veille, à la fermeture du zip de notre maison en toile, j’avais jeté un dernier coup d’œil à la belle bastide qui nous toisait, au Sud, du haut de son éperon. Et j’avais lâché un message pas subliminal du tout et qui parlait de lumière matinale, de point de vue sur la vallée et de café-croissant. De sorte qu’à l’aube de ce jour 3, la question n’est même pas en débat. Nous mettons le petit plateau au bout de 5 minutes et nous élevons au dessus de Villeneuve. Force est de reconnaitre que j’avais un chouya survendu la vue. En revanche, à la fraiche, décontracté des mollets, on est bien là, en terrasse, avec un expresso, un croissant et la dernière édition de Sud Ouest.

2h49 27km. C’est marrant, on dirait une basilique, ton observatoire ! (notre col de première catégorie à nous !)

Nous vous faisons grâce de la sortie Est de Villeneuve entre les locaux de la holding du pruneau et la zone commerciale qui s’étend et grignote la campagne environnante. C’est malheureusement aujourd’hui aussi banal que dépourvu de charme. Restons positifs et honnêtes. Ici, au moins, les mecs de l’urbanisme ou leurs collègues qui tracent les routes, je ne suis pas un spécialiste des organigrammes de la fonction publique, ont assez de place pour que les pistes cyclables ne soient pas en pointillés. Bon bin finalement, nous en avons parlé !

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Les premiers kilomètres avec Villeneuve dans le dos, nous montrent une vallée un peu plus étroite, des reliefs environnants plus prononcés et nous font nous accrocher au « par définition » plat bord de rivière. Nous devisons, musardons, nous rappelons les premières suées matinales de la montée de Pujols. Nous continuons à faire mine de ne pas être attirés par cette construction qui nous intrigue du haut de sa colline tout de vert foncé revêtue, là bas, à l’azimut Est-Sud Est. Les pronostics vont plus vite que nos destriers, en ce day-3. Un relai de tv… un observatoire… une maison Gaudi égarée… le plus simple, c’est d’y monter et puis, après l’ouverture du compteur du maillot à pois, ce matin, nous ne sommes plus à ça près. Fi d’ouvrage de communication entre humains ou encore moins d’observation des cieux… Au sommet de notre deuxième bon coup de jarret de l’étape (pour rappel, nous avons une bonne 20aine de kilos à trainer en plus de nos vieilles carcasses), nous avons la surprise de tomber sur… une basilique et surtout un très beau panorama sur Villeneuve et l’extrémité orientale de la plaine d’agenais. Ca valait bien une pate de fruit. Et n’attends pas de moi un jeu de mot facile à base de toponymie et d’effort physique ! Non non, pas de ça chez nous ! Pas la Penne d’insister.

4h26 49km. Fumel fut belle

Désolé de remettre ça sur le tapis mais, plus encore qu’à Sainte Livrade, l’arrivée à Fumel est, si on est diplomate, déroutante et, si on est réaliste, décevante. Si les contemporains de Perceval la convoitaient, aujourd’hui, après l’épisode moderne de l’exploitation du minerai de fer, ça sent le sapin pour Fumel. Et, en ravitaillant dans la zone commerciale, nous nous disons que ça va pas être la halte la plus glam de notre vie de randonneurs à vélo… Ca, c’est sans compter sur la capacité de résistance à la morosité des lotois. Au bout d’un improbable sentier sur lequel seul le Lot attenant nous rassure sur la direction que nous avons prise. Nous tombons, en effet, sur un micro camping dont l’accueil chaleureux et équipé (seuls emplacements dédiés aux itinérants avec tables et bancs à dispo, de tout ce périple) contraste avec l’austérité de la ville voisine. Ca nous fait presque oublier la drache d’accueil digne d’un mois de Mars à Concarneau. Une douche chaude, un apéro sur le ponton posé entre la piscine et le Lot, un festin au camping gaz et hop, il est temps de rouler la viande, heureux comme des pinçons. Plus, ce serait trop !

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Samedi 31 mai 9h52. Tiens-toi bien Bonaguil !

En préparant ce deuxième voyage à vélo (cf. le canal du midi en 2013), nous avons cherché à ne pas devenir des monomaniaques du cours d’eau. Cette 4ème étape est l’occasion de mettre à l’épreuve notre nouveau paradigme. Pas d’fainéant, aujourd’hui, au programme, nous avons plusieurs virgules à faire de part et d’autre de notre fil rouge. Et, oh surprise, juste quelques kilomètres après la touristico repoussante Fumel, nous avons dans la mire un grand site de la région. La batisse médiévale de Bonaguil, cornecul ! Le cul vissé sur la selle, nous prenons la tour principale… puis un café à la terrasse aussi peu fréquentée qu’accueillante, au pied de la forteresse. Après cette dizaine de kilomètres en pleine immersion dans les replis d’écorce terrestre qui bordent désormais de plus en plus près le lit de la rivière, nous décidons que cette journée est placée sous le signe de l’errance ou de la flânerie, c’est selon. Ainsi, en partant à l’opposé du chemin le plus court pour retrouver le cours d’eau, nous tombons sur un joyau rural : Montcabrier. Pas de quoi en faire tout un fromage (même si son patronyme peut laisser penser qu’on en produit ici) mais ce village comme hors du temps est un inattendu décor de pause dans ce parcours où on travaille le fractionné. Ici, nous sommes vraiment très très loin de la vallée fertile, largement ouverte et recouverte de fruitiers que nous avons arpentée durant les premiers jours. Les forêts succèdent aux fermettes en pierre de taille. Les champs sont ceinturés de murets ocre et les volailles traversent sous nos roues. Il a tardé à se révéler mais le Lot est vraiment plein de surprises et nous n’avons pas une envie folle de redescendre trop vite vers le cours d’eau, finalement. Ca ne s’invente pas, nous virons de bord à Vire et décidons (ou plutôt nos estomacs le font de concert à notre place) de prendre une route plus rectiligne et de couper le fromage au milieu des premiers arpents de vigne de cahors rencontrés.

3h30 et 34km, Puy L’Evêque. Les Néo Zélandais sont les Chinois du Lot !

Sous un ciel aussi incertain que nos trajectoires mal assurées par la faim qui nous tenaille, nous zig zagons dans tout le bourg charmant et néanmoins pentu avec la pendule digestive en vigilance rouge. Et on a beau dire, on profite moins du paysage avec l’estomac qui fait concurrence au père de Tatayet. C’est là que, tel un accorte restaurateur asiatique un soir de 15 août et de frigo vide, le seul établissement enclin à nous accueillir est tenu par un kiwi. Et entre nous, si les Berlinois peuvent revendiquer la paternité du kébab, je ne vois plus d’objection, en quittant cette terrasse et en remontant péniblement en selle, à ce qu’on reconnaisse que le burger a été inventé du côté de Christchurch.

5h23 55km. Notre troisième «col» nous fait plonger dans une carte postale Arthusbertrandesque

Après une matinée tortueuse et avec du fractionné en veux tu en veux tu, une pause déjeuner aussi agréable que pénalisante niveau rendement, nous sommes d’abord ménagés par un pédalage « rond » de fond de vallée. Y’a plus grand monde pour mirer les reliefs environnants. Dès fois qu’on serait repéré et qu’il viendrait l’idée saugrenue à notre binôme de proposer d’aller voir là haut si l’herbe y est plus verte. Cette trêve ne dure qu’un temps. L’après midi, la digestion et le kilométrage avançant, l’envie repointe le bout de son mirador et, à quelques coups de manivelle de notre 4ème camp, nous craquons pour aller marquer les peut être derniers points du maillot à pois. Grand bien nous en prend, nous débarquons sur un promontoire avec terrasse ombragée, anglais affable, bière belge, pétanque méridionale et… point de vue de calendrier des postes. Ca sent déjà la fin, nous ralentissons le rythme de pédalage alors que nous sommes de plus en plus en cannes, nous rallongeons les pauses alors que nous avons de moins en moins soif et nous nous auto congratulons. Après moult hésitations, nous avons bien fait d’opter pour cette vallée (en même temps, l’essai du canal latéral, quelques semaines auparavant avait fait long feu) et bien fait de la prendre à contre courant. Le dépaysement, à 2heures de TER de notre camp de base toulousain, va crescendo, depuis que nous avons posé le pied sur le quai, il y a … moins d’une semaine.

5h46 59km. Gazon smoothy-Lot calme-camping préservé

Après l’avoir plus ou moins repéré du haut de notre ermitage, nous rejoignons donc un camping tout de gazon et de plaques minéralogiques jaune pétant vêtu. Entre nous, si tu n’es pas fan des coquelicots et du gouda mais que tu veux monter un dossier Erasmus franco-néerlandais, je suis sûr que c’est défendable dans le coin ! La richesse de ces échanges interculturels n’empêche toutefois pas l’apparition, à ce stade, du regret de n’avoir pas posé plus de jours pour poursuivre derrière Cahors. Un verre d’alcool de noix plus tard, il est temps d’aller mettre de la peau sur les yeux. Et de commencer à rêver des prochains trips.

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Dimanche 1er juin 10h21. Le monstre du Lot ness ne nous fait même pas peur !

La brume matinale donne une apparence mystérieuse à notre fidèle Lot mais ce n’est pas ça qui nous pousse à décaniller plus vite. En ce dernier matin du monde, je crois même que nous n’avons jamais été aussi scrupuleux avec le niveau de séchage du tapis de sol ! Comme si nous pressentions un final décevant poindre, le départ de cette dernière étape… est un faux départ. Si nous avions presque oublié le côté approximatif du balisage initial, dans les rues d’Aiguillon, là, il nous saute à nouveau à la face. De purs routards auraient sans doute positiver en ajoutant des kil’ au compteur. Sans doute… Plus on s’approche de la ville au nom de pif qui commence par K et qui finit par or (Père Fouras, sors de mon corps !), plus on comprend qu’en amont, on ne parle plus de vallée mais de « gorges » du Lot. Cette journée se poursuit paisiblement, nous nous sommes gardés assez peu de kilomètres et donc lézardons pour faire durer le plaisir. Tout va bien, manquerait plus que les ptits cousins et ça serait une balade digestive dominicale… Et c’est là qu’arrive LE pépin technique du périple. Celui qui fait que le rapport au kilométrage restant s’inverse, instantanément.

3h10 39km : A Douelle, la solidarité est réelle (Big up à Malik pour sa clef de 14)

Ca faisait un moment que ma duettiste se plaignait d’un léger flou inquiétant et d’un bruit suspect, à chaque coup de manivelle. Le voyage lowcost tient un peu de l’excursion en vieille anglaise (je parle de moto, là) au niveau des aléas. Les connaisseurs apprécieront… et les autres saisiront les mots clefs easy et rider sur Google. Bref, après avoir retourné de font en comble la cave d’une dévouée immigrée batave, nous trouvons notre planche de salut et, accessoirement, une clef de 14, dans l’appentis du cousin de l’oncle du demi frère par alliance d’un aimable restaurateur répondant au doux prénom de Malik. Deux mille mercis plus tard, nous repartons. Comme nous le pressentions au peu d’espace alloué dans les guides, après moins de kilomètres qu’il n’en faut à un Kenyan pour être le roi de Berlin un dimanche d’automne, nous entrons « à reculons » dans l’agglomération de Cahors. A Pradines, fin du bal, fin du dépaysement et retour au génie de l’urbanisation des banlieues françaises de ce début de XXIème siècle.

3h59 50km. Tout ça pour quoi ? Pour se faire interdire de pédaler sur le tower bridge lotois, m’enfin !

Après trois bières à cramer au soleil entre les motards, les lotois et les campingcaristes de passage, en attendant notre micheline du retour, nous nous accordons encore une fois une séance de bike city seeing, dans le vieux Cahors. Nous ne resistons pas à la tentation du ride barely legal sur le pont icône de la ville et jouons presqu’une heure à essayer de nous orienter dans la vieille ville tout en ne laissant pas de côté la moindre ruelle quitte à poser les sacoches en ligne droite (blague de motard).

34mn 8km plus tard : de l’avoine et du magnésium pour notre estafette, aubergiste !

Le trajet du retour est, encore une fois, une incitation à frauder. Le Cahors-Toulouse, c’est deux heures debout, entre les portes, à passer son temps à rattraper les vélos à chaque soubresaut. C’est l’occasion de constater que les étudiants voyagent dans ces conditions tous les dimanches que St Christophe fait. C’est aussi un chef de gare incapable de nous aiguiller vers le wagon dédié aux vélos, et pour cause…

Décidément, nous aurions bien fait de pousser jusqu’à Capdenac-gare… Mais ça, c’est une autre histoire. Et nous y avons déjà la tête, en parcourant les derniers kilomètres qui nous séparent de l’écurie et nous dénouent les jambes après ce trajet électriquement motorisé.

We’ll be back.

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Un commentaire sur “La Velotaventure”

  1. Je vais être méchant : bien écrit , plaisant à lire , sincère , pittoresque, et vous roulez avec une duettiste . Oh ! C’ est le paradis votre truc et pourtant que la montagne est belle ….. air connu . La suite , c’est pour quand , parce que nous a Maroilles, on est des affamés! MERCI ET BON VENT !

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