Jura Bike Marathon 2023, le résumé !

Une journée chez les suisses

Créé il y’a quatre ans, le Jura Bike Marathon est support la 4e manche de la  West Bike Cup mais également pour la toute première fois la manche d’ouverture de l’Alpine Cup qui comptera cette année 4 manches (MB Race, Grand Raid BCVS, Forestière). C’est donc avec un certain plaisir que nous avons répondu à l’invitation de Samuel Lovey et son équipe pour découvrir ce événement d’envergure dans ce magnifique Jura suisse.

Par Fred Ischard – Photos : Jura Bike Marathon by Scott

J’ai donc rendez-vous en ce dimanche de week-end de l’Ascension à Vallorbe, petite ville du canton de Vaud non loin de la station de Métabief mais de l’autre côté de la frontière. Nous sommes dans la vallée de l’Orbe qui donne son nom à la ville. A peine arrivé, je me laisse guider par les indications me menant aux différents parkings jouxtant le lieu de l’événement et ensuite des bénévoles se chargent d’organiser le stationnement des véhicules. Ça peut paraitre un détail mais ça annonce une organisation soignée et très professionnelle. Direction la remise du dossard, pour ma part ce sera un dossard UCI sur cette épreuve. Pas de fioritures, on me remet ma plaque de cadre et un cadeau d’une fromagerie locale que je prendrai soin de déguster plus tard. Retour à la voiture, je me mets en tenue rapidement et un réveil musculaire rapide fera l’affaire avant d’aller s’installer sur la grille de départ.

Il est 8h30, c’est l’appel de la vingtaine de coureurs catégorie dames UCI et Open qui au regard du kilométrage acceptable de l’épreuve Marathon UCI sera identique pour tout le monde. C’est parti pour les filles et c’est à notre tour d’être appelé en grille, les trente premiers coureurs sont appelés en fonction du ranking UCI et ensuite c’est premier arrivé premier servi. Il est 9 heures, décompte et top départ pour 71 kilomètres et 2800 mètres de dénivelé. Ça part d’entrée très vite dans les rues de Vallorbe, on passe le cours d’eau et on attaque une première montée de deux bornes sur route avalée à grande vitesse, mieux vaut être bien réveillé ! Je suis poussif dès le départ mais à mi pente, la tendance s’inverse et je remonte quelques coureurs. Pas de répit avec un replat très rapide, une montée en single où je ne recense qu’un minuscule ralentissement, chacun respecte sa place. Descente sur piste rapide et on remonte deux bornes. J’aperçois le groupe de tête devant mais loin, déjà à quasi deux minutes ! On bascule sur un single en sous-bois pas vraiment technique mais rapide et piégeux.

Nous sommes à nouveau dans la vallée de l’Orbe, fin de l’apéritif et on attaque la longue ascension du Suchet qui va s’effectuer par plusieurs paliers. Les premières pentes vers le village de Ballaigues sont raides, pas en dessous de 15% et quelque soit où l’on se trouve dans le peloton, ça roule vite et ça ne lâche rien, personne ne gère ses efforts dans cette ascension. Pour résumer, on monte pendant 2/3 kilomètres et on redescend pleine vitesse pendant un kilomètre avant de remonter un nouveau palier et ainsi de suite. Je zappe le premier ravito situé après 17 kilomètres de course. On termine l’escalade par 5 kilomètres en lacets sur une petite route et rien à faire, il y’a du monde devant et ça pousse derrière et pourtant je suis au delà de la 100e place ! J’ai doublé les coureuses qui ferment la marche du peloton dames lors de cette ascension.

Après 25 kilomètres, voici le sommet du Suchet à 1450 mètres d’altitude, la vue est très belle sur la vallée de l’Orbe. On a quasi gravi la moitié du dénivelé total de l’épreuve sur cette ascension à force de monter et redescendre. La forêt a laissé place aux alpages jurassiens que l’on traverse. L’asphalte roulant est devenu une prairie avec pas mal de pierres glissantes. On bascule maintenant vers un profil descendant plutôt technique au début qui devient très rapide sur une belle piste lisse ensuite. On remonte un petit talus qui fait mal aux pattes et ensuite place à 5/6 kilomètres de descente très rapide entrecoupée par moments de petits singles joueurs mais on retrouve très vite la vallée. Finalement, on ne récupère que très peu sur ces descentes rapides. On traverse à nouveau l’Orbe par un viaduc très atypique, on a le cours d’eau sous nos pieds et une ligne ferroviaire au dessus de notre tête.

J’ai 34 kilomètres de course, second ravito. Cette fois-ci je m’arrête; une personne me remplit mon bidon pendant qu’une autre me tend un bidon de boisson énergétique que je bois pendant ce temps et on me glisse trois barres et deux gels dans les poches ! Tout ça en à peine une minute chrono ; il n’y a pas à dire, ils savent y faire ces suisses dans la qualité de prestations pendant la course. Allez c’est reparti pour un kilomètre tout plat avant d’attaquer la seconde des trois ascensions au programme. Cette fois, que 6 kilomètres de montée sur une piste régulière et pas trop pentue, il faut des jambes et heureusement je me retrouve avec un sympathique coureur d’Annecy avec qui l’ascension passera plus vite même si je commence à ressentir une bonne fatigue au sommet. Les écarts sont maintenant plus conséquents que lors de l’ascension du Suchet. La descente n’est pas compliquée, un single tout droit où faut lâcher les freins, c’est grisant mais du coup en moins de 5 minutes, on a dévalé les 300 mètres de dénivelé ! Et on remonte une piste où je double l’aveyronnaise Pauline Sabin qui malheureusement abandonnera peu de temps après. On bascule à nouveau sur un sentier rectiligne mais cette fois très pentu et méga glissant, c’est pas vraiment technique mais surtout très périlleux pour rester sur le vélo.

C’est maintenant que l’on attaque la dernière ascension, la fameuse Dent de Vaulion, véritable carte postale de l’épreuve ! Je double cette fois Marinette Martin qui comme à son habitude bouclera une course régulière et solide et sera récompensée par un top 5 sur cette épreuve UCI classe 1. Cette dernière ascension est longue de 10 bornes, elle n’est donc pas à prendre à la légère. Il faut escalader une piste roulante et voici quelques kilomètres plus loin le 3e ravito situé après 50 bornes de course où je décide juste de prendre un bidon de boisson énergétique au vol. Et je reprends le cours de mon ascension. A mi pente, mon cher compagnon de course annecéen se fait la malle alors que je me contente de jeter mes dernières forces dans la bataille. Il y’a quelques coureurs bien fatigués à aller chercher devant pour tenter un top 100 anecdotique mais symbolique vu la densité des courses helvètes. La pente se durcit un peu sur une piste en lacets et l’ascension se termine par un chouette portage sur un alpage raid surnommé « le Pas de Lona du Jura Bike Marathon ». Et voici le sommet de cette fameuse Dent de Vaulion avec le son des cors suisses. En se retournant, on a droit à une vue panoramique sur le lac de Joux et le massif du Mont d’Or.

Il ne reste maintenant plus que 12 kilomètres à profil descendant. On bascule de suite sur un single dans un alpage puis sur un monotrace technique en sous-bois mais ensuite notre descente sera entrecoupée de quelques montées sur une piste qui suit une crête au sommet de ce massif de Vaulion. Il reste moins de 10 kilomètres, la descente est à nouveau extrêmement rapide pour retrouver le fameux single périlleux et glissant emprunté avant le pied de cette ascension de la Dent de Vaulion. Vous l’aurez donc compris, on a terminé l’ultime boucle du parcours et il faut rejoindre l’arrivée, non sans nous faire effectuer un petit détour pour nous faire visiter une petite combe et un vallon sauvage au pied du Crêt des Alouettes. J’entre dans les 4 derniers kilomètres, c’est maintenant tout plat le long de l’Orbe. Je n’ai plus vraiment de places à récupérer mais je donne le maximum pour rejoindre l’arrivée le plus rapidement possible et c’est après 4h29 de course que je franchis cette ligne bien loin du vainqueur. L’essentiel est ailleurs, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce petit coin des Alpes suisses d’un versant à l’autre de la vallée de l’Orbe. Le parcours certes assez peu technique nous a proposé un dénivelé conséquent rendant l’épreuve bien physique. Je n’ai pas été surpris par la qualité d’organisation, il n’y a aucune fausse note : accueil, organisation, ravitaillements, balisage… Tout était parfait et d’excellente qualité, nous sommes bien ici sur une épreuve d’envergure qui a grandi au fil des éditions et qui peut largement prétendre passer sur une dimension un peu plus internationale. Je repars de Vallorbe avec une jolie médaille « Finisher » autour du cou et les images des panoramas du Suchet et de la Dent de Vaulion dans ma mémoire, les deux cartes postales de ce Jura Bike Marathon.

Il y’en a qui n’ont par contre pas pris le temps de faire du tourisme car les enjeux d’une victoire de prestige ou d’un maillot de leader de l’Alpine Cup suscitaient l’intérêt de la tête de course. On a très rapidement retrouvé un groupe d’une quinzaine de coureurs au pied de l’ascension du Suchet. Un groupe qui a perdu des coureurs au fur et à mesure des kilomètres et des difficultés. C’est finalement deux hommes qui se présentent en tête devant cette ligne, deux coureurs allemands du team Singer Racing qui ont dominé la course de main de maître, la victoire revenant à Jakob Hartmann devant Simon Stiebjahn avec un chrono hallucinant de 3h16 ! Le suisse Martin Fanger du team Papival Scott complète le podium à 2 minutes 35. Son équipier David Gysling et Urs Huber complètent le top 5 mais à déjà près de 10 minutes des vainqueurs, c’est dire la vitesse impressionnante des deux hommes de tête. Le premier français termine à une excellente 6e place, une petite minute derrière Urs Huber en la personne de Rémi Groslambert du team Giant France MTB. Chez les dames, après une 2e place l’an passé face à l’allemande Adelheid Morath, notre jurassienne Estelle Morel remporte cette fois ce Jura Bike Marathon en bouclant les 71 kilomètres du parcours en 4h13. Elle s’empare du même coup du maillot de leader de l’Alpine Cup et nous raconte sa course…

« On était 3 en début de course avec Elise Poehner et Margot (Moschetti). Dans la montée raide et longue sur la route on a lâché Elise mais elle est revenue dans nos roues après une partie descendante. Ensuite on l’a de nouveau lâché dans la montée sur la route pour monter au Suchet, on était donc plus que 2 pour la gagne. Avec Margot, on avait le même rythme donc ça allait bien. Je n’étais pas encore certaine de ma forme après le week-end dernier compliqué à Nove Mesto (ouverture de World Cup XCM) donc j’ai préféré ne pas essayer de partir devant toute seule trop tôt. Du coup on est resté ensemble jusqu’au pied de la Dent de Vaulion où je sentais qu’elle commençait à coincer un peu. Sur la partie asphalte j’ai commencé à accélérer et elle n’a pas suivi donc j’ai creusé l’écart. C’est déjà à cet endroit que l’an dernier Adélaïde Morath m’avait lâché et que j’avais finis 2ème du coup. Donc je savais que ça allait se jouer à cet endroit car la montée est longue et avec le portage en haut je préférais avoir de l’avance ne sachant pas comment j’allais réussir à grimper et si margot pourrait revenir. Mon mari qui me ravitaillait en haut m’a annoncé 2 minutes d’avance avant le portage donc j’ai monté aussi vite que j’ai pu pour assurer l’avance et ensuite je savais qu’en descente Margot ne reviendrait pas si tout se passait bien pour moi donc j’ai déroulé. Après il y avait encore 2-3 montées à gérer puis le plat de la fin où j’ai pu savourer ma première victoire ici après deux secondes places en 2020 et 2022 (2021 j’avais abandonné pour cause d’hypothermie par -5 degrés en haut du Suchet..) donc ravie de renouer avec la victoire cette saison, qui plus est en famille et quasi à domicile. Le parcours, l’organisation et l’ambiance ont top donc je retiens une super journée ».

Voilà qui résume parfaitement cette course dame. La niçoise Margot Moschetti prend donc la seconde place à près de 5 minutes d’Estelle et le podium est complété par la dijonnaise Elise Poehner qui franchit la ligne à près d’un quart d’heure de la vainqueur. Magnifique triplé français sur cette épreuve marathon. Deux suissesses complètent le top 5 en la personne de Sandra Ann Stadelm et Marinette Martin qui bouclent toutes deux l’épreuve en moins de 5 heures.

Une belle découverte de cette très chouette épreuve. La présence de très nombreux coureurs français montre à quel point cette course dépasse déjà les frontières et son intégration au challenge Alpine Cup est une belle récompense pour un évènement qui ne demande encore qu’à grandir.

Infos et résultats : www.jura-bike-marathon.ch

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