Partager la publication "GravelMan Marseille 2024, le vécu de l’intérieur !"
Une première pour la dernière
Ultime date des GravelMan Series et l’une des nouvelles destinations proposée en 2024 par Steven Le Hyaric et son équipe, nous voici dans la région marseillaise pour une petite virée en région PACA. Petit récit en immersion sur le format 350kms de la version Gravel qui va nous réserver quelques surprises.
Par Fred Ischard – Photos : Louis Mollard Medias
Nous sommes jeudi 5 décembre, après 3 bonnes heures de train depuis Paris me voici à Aubagne, petite cité provençale située à une vingtaine de kilomètres de Marseille.
Une petite nuit au camping qui accueille l’épreuve en compagnie d’autres concurrents, l’occasion de partager ses expériences et quelques conseils pour ce fameux GravelMan qui nous attend. Côté matériel, on a vraiment des préparations différentes. On a ceux qui partent avec sacoche de selle et de cadre dans lequel ils emmènent un maximum de matériel pour être le plus autonome possible et à l’opposé, je décide de partir le plus léger possible sans aucune sacoche avec uniquement un gilet de trail de 3 litres où je glisse un minimum de matériel de réparation, une couverture de survie, un coupe vent étanche, de la nourriture en quantité suffisante, une lampe frontale de secours mais également un nécessaire de rechange chaud (excepté le cuissard), une powerbank et de quoi recharger téléphone et GPS. Bref, je suis autonome soit pour rouler la totalité en one shot, soit pour effectuer la trace en deux fois avec une nuit de repos à l’abri, en tout cas je ne compte pas dormir dehors en cette période hivernale donc pas de matos de couchage à emmener. Rouler léger afin de prendre également plus de plaisir sur les chemins, c’est un choix et un parti pris.
Passons à la course, enfin à l’aventure car rappelons le, pas de classement à l’arrivée sur ces GravelMan mais l’accomplissement d’un défi réussi quelque soit la distance à laquelle on a pris part et le temps réalisé. Il est 5h ce vendredi matin, l’heure de se lever ! On se met en tenue et on a beau être en région marseillaise, il ne fait que 3 petits degrés dehors ! Du coup, tenue longue et coupe vent de rigueur pour le départ. Un petit dej rapide puis direction le check-up vélo et récupération du tracker GPS. En quelques minutes, ce n’est qu’une formalité et j’ai le temps de reprendre un dernier café proposé par l’orga avant de m’élancer pour l’aventure. Un petit briefing rapide de la part de Steven qui ne nous apprend pas grand chose à part quelques recommandations de sécurité à prendre ou à laisser.
Il est 6 heures et c’est parti, on s’élance du camping sous la pénombre. Que l’on soit version Gravel ou Route, on part dans la même direction pour les premiers kilomètres communs pour la traversée d’Aubagne. Idem, les 500kms partent sur la même boucle que les 350kms puis effectuent une boucle supplémentaire ensuite. Une fois sortis d’Aubagne, les traces Route et Gravel se séparent. Je me retrouve seul devant mais poursuivi par un joli ruban de frontales. Après quelques kilomètres, voici les premiers chemins et immédiatement la première montée qui se dresse, on ne s’en rend pas vraiment compte de nuit mais 200m de dénivelé en 2 kilomètres, ça réveille, une piste qui monte tout droit avec des pentes à 12% en surplombant Aubagne sur notre gauche. Un coureur très motivé me double et il part pour un cavalier seul de près de 24 heures ( il mettra à peine plus de 23 heures pour réaliser l’intégralité de la trace 350). Je me retrouve donc avec deux autres coureurs pour basculer dans notre première descente qui va donner le ton sur ce que c’est le Gravel en région marseillaise et sans surprises il y a beaucoup de cailloux ! Du coup, prudence dans cette descente pas très longue mais de nuit, on distingue assez mal la trace la plus propre à prendre.
Nous voici à Carnoux en Provence, nouvelle montée de la même trempe que la précédente mais cette fois plus courte avant de basculer sur Cassis par la route. Petite visite du port alors qu’il fait toujours nuit et on sort rapidement de la ville en effectuant un quasi demi-tour. On va escalader un véritable mur de 600 mètres dans une ruelle avec un passage à 20%. Mes deux compagnons de début de virée se font la malle dans cette montée « punchy » où j’ai un peu de mal dans les forts pourcentages. On se lance ensuite dans la très jolie montée sur asphalte qui nous emmène à Roquefort la Bédoule sur une route agréable, sinueuse avec de faibles pourcentages. Le jour se lève lorsque j’entre à Roquefort et l’on retrouve ensuite des chemins où l’on alterne singles roulants, courts portages, chemin roulant, un beau pierrier en descente et deux belles montées bien cassantes; un cocktail provençal bien sympa sur ce petit secteur des Gorges de la Petite Ste Baume. Ensuite, il faut redescendre quasi 300 mètres de dénivelé sur un chemin où on se fait brasser de partout, en permanence sur les freins pour ne pas taper trop fort les pierres ! J’en ai plein les bras et je regrette déjà la fourche de mon VTT sur ce terrain particulièrement caillouteux.
Enfin en bas, ça promet pour la suite tout ça ! On a une cinquantaine de bornes au compteur et nous sommes quasi de retour à Aubagne, la première boucle est terminée, maintenant direction le massif de la Ste Baume. Malheureusement, suite à une interdiction de passage sur le parcours initial, on va devoir traverser la première partie du massif par la route. C’est donc partie pour une dizaine de kilomètres sur l’ancienne RN8 qui reste une route tout à fait agréable avec la double douce montée du col de l’Ange puis du Castellet. Allez, on peut à nouveau fouler les chemins avec de nouveau un petit cocktail sympa entre belle piste et petit single technique mais globalement franchissable, tout ça à quelques hectomètres du fameux circuit Paul Ricard ! C’est peu de temps après que les choses plus compliquées vont commencer après 70kms déjà bien physiques où l’on a déjà cumulé 1700m de dénivelé ! Il faut monter sur le plateau de Siou Blanc qui culmine à quasi 700 mètres d’altitude mais pour y parvenir, c’est deux bons portages d’une dizaine de minutes entrecoupés d’une très jolie route dans un vallon sauvage qu’il faudra gravir. Après quelques kilomètres sur ce plateau, on va ensuite emprunter le sentier du GR9 pour descendre dans la réserve biologique de Valbelle. Au début, j’essaie tant bien que mal de descendre un maximum sur le vélo ce sentier trialisant rempli de grosses pierres mais ça va assez vite devenir trop engagé pour du Gravel et il va falloir faire un peu de rando pédestre pour descendre les 200 mètres de dénivelé. Bon, en récompense on a droit à de magnifiques promontoires d’où l’on peut contempler l’ensemble du parc naturel de la Ste Baume. Le sentier même à descendre à pied est très joli puis une fois tout en bas, on passe au cœur des dentelles de Valbelle, d’impressionnants rochers découpés tels des lames de rasoirs. On remonte quelques mètres sur une piste mais ensuite seconde couche de partie pédestre avec le franchissement du Pas de Belgentier puis la très délicate descente vers Belgentier par ce GR9 nous attend. Bon je peux avouer que c’est vraiment sauvage et joli mais ce n’était probablement pas le meilleur tracé à nous faire emprunter pour du Gravel, il me faudra pas moins de 1h30 pour effectuer les 10kms entre le plateau de Siou-Blanc et ce village de Belgentier.
Il est midi et je décide de profiter d’une petite épicerie dans ce très chouette village pour effectuer une petite pause, manger quelques viennoiseries, boire de l’eau pétillante et refaire le plein d’eau. Ça permet également de se remettre en selle après cette longue et éprouvante section pédestre. La montée qui suit, ba c’est du très sévère; le col du Puy et ses 2kms à 14% de moyenne avec des pentes à 22%, ça passe à vélo mais faut vraiment s’employer ! La descente rapide qui suit est plutôt agréable et permet de plonger rapidement dans la plaine varoise et de quitter ce massif de la Ste Baume. Me voici à Cuers, un village typiquement provençal. A la sortie, surprise : voici l’organisation qui a dressé un petit ravito pour fêter nos cent premiers kilomètres, une nouvelle petite pause qui fait du bien !
Allez, c’est reparti en direction du nord du département varois et plus précisément de l’ancien chef-lieu Draguignan. Le parcours devient un peu plus roulable mais une belle ascension qui nous attend avec les 250m de dénivelé pour monter au col de la Bigue après 4 kilomètres de montée sur une piste plutôt agréable. Je me retrouve avec un petit groupe de coureurs revenu au gré de mes deux arrêts et je profite de cette situation pour recharger mon GPS dans mon gilet de trail et me laisser guider par les autres pendant une petite heure. Descente sur Rocbaron puis on a de nouveau droit à des sentiers VTT, pour le coup ils sont vraiment parfaitement aménagés pour la pratique du XC mais un peu moins pour le Gravel, on y ajoute quelques portages qui vont faire gémir quelques participants qui ont l’impression de faire du « sur place ». Nous arrivons dans la plaine de la vallée de l’Issole avec pas mal de vignobles et quelques jolis domaines viticoles. On passe successivement Besse puis Flassans pour filer vers Le Luc en empruntant des chemins rapides et un peu d’asphalte pour reprendre un peu d’allure.
Il reste encore une petite trentaine de kilomètres pour rejoindre Draguignan, ce ne sera pas si facile avec un tracé exigeant sur des chemins tantôt roulants, tantôt nettement moins ! Puis de nouveau quelques portages et un sacré défilé de montées toutes plus exigeantes les unes que les autres. Je roule ainsi une bonne heure de nuit avant de rejoindre cette ville de Draguignan où il y a tout un choix possible pour se ravitailler. Il est 18h30 soit une douzaine d’heures de roulage et pour cette fois je vais être ravi de passer la nuit ici et repartir reposé. Comme cité précédemment, c’est un choix confortable qui permet de profiter différemment de l’intégralité du parcours.
Réveil à 7h, petit déjeuner très léger et je m’élance gentiment à 8h30 pour le retour vers Aubagne. Hier, j’étais le 2e coureur Gravel à entrer à Draguignan mais vu l’heure tardive de départ ce matin, j’en repars bon dernier. Quelques petites sentes bien dénichées pour quitter la ville et me voici sur une longue ascension de 500m de dénivelé qui va me prendre quasiment une heure en longeant un vallon, le premier kilomètre est vraiment raide mais ça s’adoucit ensuite. J’arrive à Tourtour, un petit village perché très charmant, je suis maintenant à 700m d’altitude et on ira pas plus haut. Je plonge maintenant vers Villecroze avec comme surprise un chemin très technique et cassant qu’il nous est impossible de descendre à vélo. Du coup, un bon quart d’heure à pousser le vélo et me voici à Villecroze. Il est déjà 10 heures, du coup malheureusement pas le temps d’aller visiter la grotte et je file vers Salernes, le village voisin. Pas grand chose à voir donc je poursuis mon chemin vers la cascade de Sillans. Une belle montée à escalader puis quelques très jolis sentiers à flanc de ravin et me voici sur le panorama de cette majestueuse cascade haute de près de 50 mètres, ça aurait vraiment été dommage de passer ici en pleine nuit.
C’est à partir d’ici que l’on va avoir droit à une quarantaine de kilomètres sur une voie verte quasi toute plate, une occasion d’aligner les kilomètres facilement et apporter un peu d’équilibre à ce parcours qui jusqu’ici était plutôt sacrément difficile. Je passe donc successivement Barjols puis Varages et c’est peu avant Rians que la météo matinale bien ensoleillée va radicalement changer, le ciel devient gris et la pluie se met à tomber. Je ne vais donc pas visiter ce très chouette village de Rians sous son meilleur jour. Il me reste 75 kilomètres à effectuer, adieu la voie verte, j’entre maintenant dans la forêt de la Gardiole, une pinède que l’on va traverser pour se hisser sur le plateau du Sambuc, la montée est assez longue mais plutôt douce sur un petit canyon. La pluie cesse peu à peu mais je suis totalement sous les nuages et il ne fait que 2 petits degrés lorsque j’atteins ce plateau à 600m d’altitude. Bon, on ne va pas nous faire visiter le massif de la Ste Victoire mais vu la météo je ne vais pas m’en plaindre. Je reprends maintenant quelques concurrents et j’évolue sur ce plateau où je vais bêtement taper une pierre me perforant mon pneu arrière, je me serais bien passé de cette réparation en plein vent et dans le froid mais un quart d’heure plus tard je repars pour filer vers Aix en Provence.
Me voici donc dans cette grande agglomération permettant à tout les participants de se ravitailler très facilement. Il ne reste que 50 bornes et j’ai encore de quoi me ravitailler, je décide donc de filer pour profiter encore d’une dernière heure de jour, d’autant que le temps clément et le ciel clair sont revenus. A peine sorti de l’agglomération aixoise que se seront deux belles montées de 3 kilomètres qui vont se dresser devant moi. Je passe assez rapidement ces deux difficultés, passage à proximité de Gardanne et comme prévu, la nuit tombe juste au pied de la dernière difficulté du parcours et pas des moindres, les 400 mètres de dénivelé pour se hisser au sommet du massif de l’Etoile. Cette montée longue d’une petite dizaine de kilomètres va être très variée; petit portage au pied, montée douce dans un canyon, replat puis une piste avec de très forts pourcentages pour finir. Il me faudra une petite heure pour escalader ce massif dans la pénombre mais au sommet, le panorama sur la cité marseillaise toute éclairée mérite bien cet effort.
Maintenant, plus qu’à filer vers Aubagne. Je dévale une longue descente d’une dizaine de kilomètres très rapide puis on traverse Allauch, l’une des agglomérations de la grande métropole marseillaise. Les 10 derniers kilomètres s’effectuent donc intégralement sur asphalte. C’est sur les coups de 19h que je boucle ce GravelMan qui cumulait 318kms et 7000m de dénivelé en 37 heures dont 21 heures de roulage ! C’est ensuite l’heure de débriefer avec l’équipe d’organisation et les autres participants pour partager nos diverses aventures vécues différemment selon l’allure et la distance mais au final quoiqu’il en soit c’est pour chacun l’accomplissement d’un défi et une très chouette visite des massifs provençaux. Une petite médaille finisher pour récompenser chaque aventurier et il est temps de rentrer chez soi au terme d’un week-end riche en images.
Les GravelMan Series, c’est terminé pour 2024. Place maintenant à 2025 avec déjà près d’une dizaine de destinations au programme : Paris, Marrakech, Flandres, Bretagne, Bordeaux, Occitanie, Beaujolais, Tourmalet et Mont Blanc.
Infos et inscriptions : www.gravelmanseries.fr
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