Grand Raid Godefroy 2023, le résumé !

Festival du vélo made in Belgium

Il aura fallu quelques années pour sélectionner les plus beaux passages et faire évoluer différents parcours dans la vallée de la Semois mais au fil du temps le Grand Raid Godefroy s’est taillé une incroyable renommée et accueille les vététistes les plus aguerris depuis 25 ans à Bouillon, charmante cité médiévale dominée par une magnifique forteresse. Entrez donc en immersion au coeur du Grand Raid Godefroy en ce deuxième weekend de septembre !

Par Fred Ischard – Photos : Grand Raid Godefroy

Nous sommes le vendredi soir, le moment venu pour moi tout fraîchement arrivé dans cette magnifique vallée ardennaise de récupérer mon dossard pour l’épreuve du samedi. Certes il y’a déjà une rando nocturne qui ouvre les festivités mais je n’y prendrais aucunement le départ, préférant garder mon énergie pour le programme du lendemain. Pourtant, cette rando nocturne est l’occasion de passer un moment très convivial et c’est toujours magique de rouler au clair de lune. Les participants ont ainsi pu découvrir les environs de Bouillon sur un tracé alternant chemins roulants surplombant la vallée et sentiers étroits longeant le cours d’eau de la Semois. Plusieurs variantes étaient d’ailleurs possible afin de satisfaire les pilotes désirant s’éclater sur des sentiers plus techniques. Évidemment, un ravito gourmand était prévu sur le fameux belvédère du Tombeau du Géant, un lieu mythique du GRG tout comme le belvédère de Bouillon et sa tour en bois qui domine la cité médiévale, spectacle de lumière assuré pour un final en apothéose !

Le lendemain matin, à mon tour de me mettre en action, c’est parti pour l’épreuve… GRG Gravel ! En effet, c’est la grande surprise de cette édition avec la création de deux épreuves Gravel en proposant deux parcours tracés spécialement pour cette discipline en pleine expansion, une version courte de 60 kilomètres et une version plus longue de 110 kilomètres avec une boucle supplémentaire par rapport au précédent parcours. 240 coureurs prennent le départ tous parcours confondus à 9h00.

Je pars plutôt à l’avant du peloton, traditionnelle parade sous allure neutralisée sur les bords de la Semois pour traverser Bouillon puis on nous lâche au pied de la première difficulté qui intervient dès la sortie de la cité bouillonnaise. Autant le dire, ça part très vite et cette première ascension longue de 3 kilomètres va tout de suite créer la sélection. C’est tout de même 200 mètres de dénivelé à gravir d’entrée de jeu. Je décide de rester prudent au départ car la course sera longue et je me cale dans la roue de la première dame, en l’occurrence Chloé Mieze aux alentours de la 30e place, elle mène une très bonne allure qui me permet de rentrer doucement dans l’allure course. Au sommet, je profite d’une relance pour me détacher gentiment et on poursuit notre chemin par une très belle piste dans les bois dont quelques descentes qui me permettent de reprendre quelques places car on sent que certains coureurs ne sont pas trop à l’aise en descente avec des sections de pneus étroites. Il est donc très important de choisir la bonne section de pneus correspondant au terrain proposé et ajuster la pression en conséquence. Le terrain de jeu va d’ailleurs s’avérer plus caillouteux que ce que j’aurais pensé, quelques crevaisons ont lieu dès le début de parcours.

En bas d’une descente, petite portion de route en montée pour enchaîner sur une belle piste nous menant à hauteur de Dohan au coeur du parc national de la vallée de la Semois. D’ailleurs celle-ci se prête à merveille à la pratique du gravel avec une multitude de chemins roulants le long de la rivière et de routes forestières traversant les massifs forestiers sur les hauteurs. Un schuss sur route et voici la seconde montée du parcours longue de 2 kilomètres sur asphalte, certes nettement moins difficile que la première escalade mais ça roule vraiment vite, je m’accroche comme je peux à un duo, je suis bien entré dans la course aux alentours de la 25e place ! On sillonne ensuite quelques chemins légèrement boueux et un peu moins roulant jusqu’à retrouver le cours de la Semois que l’on traverse par une étroite passerelle. Me voici maintenant à Cugnon, le petit passage technique sur la passerelle m’a permis de me détacher du petit groupe dans lequel j’étais. On retraverse la Semois par une route puis on longe le cours d’eau en traversant une prairie pour rejoindre le village de Mortehan.

C’est la 3e montée du parcours qui nous attend à la sortie du village où l’on quitte provisoirement les berges de la Semois pour monter 100 mètres plus haut. Au sommet, on a 24 kilomètres de course et on retrouve un trio en tête de course emmené par André Rosende suivi à une trentaine de secondes par un groupe de chasse composé de 7 coureurs. Derrière, c’est nettement plus loin et ils ne sont déjà plus que 10 à pouvoir se jouer la victoire après 50 minutes de course. Pour ma part, je suis déjà signalé à près de 9 minutes de la tête de course et pourtant, j’ai l’impression de rouler déjà vite avec une moyenne de 25 km/h. C’est ici que les parcours 60 et 110 se séparent, le plus petit parcours amorce le retour alors que le plus grand nous emmène un peu plus loin dans cette magnifique vallée de la Semois. Notre parcours nous emmène ensuite sur une voie verte qui traverse la localité de Herbeumont, à cet endroit la Semois dessine de larges courbes tel un serpent que l’on évite en passant d’une rive à l’autre du cours d’eau afin de shunter ces méandres. Après ces quelques kilomètres de plat, une nouvelle montée nous attend pour aller chercher le point de vue de Libaipire situé 150 mètres plus haut. On escalade les deux kilomètres de montée, d’ailleurs on y trouve notre premier single mais on aura pas droit au panorama, on bascule directement sur une descente rapide qui me ramène sur les rives de la Semois que l’on va longer pendant quelques kilomètres par un agréable chemin.

Me voici au premier ravito du parcours après 37 kilomètres de course que j’ai effectué en 1h38. J’y effectue juste un arrêt express pour remplir un de mes deux bidons vides et assurer le coup pour les 45 prochains kilomètres. Après 20 secondes d’arrêt, c’est reparti en direction du village de Ste Cécile en continuant à suivre le cours d’eau, le terrain est moins accidenté et permet d’aligner les kilomètres assez rapidement. D’ailleurs depuis le début de parcours, le tracé est vraiment adapté à la pratique du Gravel sans nous faire rouler à outrance sur de l’asphalte. On découvre une variété de chemins rendant le tracé très agréable. Après le passage à Ste Cécile, 2/3  kilomètres sur une petite route nous amène à Chassepierre, un joli village tout proche de Florenville et non loin de la célèbre abbaye d’Orval. J’ai maintenant 45 kilomètres de course et on commence à amorcer le retour. On longe encore un peu la Semois jusqu’au village de Laiche et l’on attaque une montée sur asphalte qui nous amène à l’entrée de la forêt des Epioux que l’on va visiter pendant une vingtaine de kilomètres. Évidemment au sommet, on redescend sur la Semois, c’est le fil rouge de l’épreuve donc on alterne entre montées dans les bois et redescentes sur cette vallée sauvage. Les chemins sont de plus en plus cassants, on y trouve également pas mal d’humidité, il faut se faufiler entre les flaques. Encore un magnifique chemin à longer la rivière et c’est reparti pour une montée de 2 kilomètres où je reprends enfin un coureur que je poursuivais depuis une quinzaine de kilomètres. Une fois au sommet, on va donc rouler de concert et une belle piste rapide nous permet de rejoindre l’étang des Epioux, une réserve biologique qui abrite de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs. Pour être sincère, je ne verrai que furtivement le lac car on rattrape un nouveau coureur. On regrimpe aussitôt à nouveau dans la forêt et je vais profiter d’une zone bien humide où je trouve la meilleure trace pour franchir les épaisses flaques de boue afin de m’échapper. Je fais le forcing dans la descente qui suit tout en restant méfiant car c’est plein de pierres, j’y croise un coureur qui a crevé et double un nouveau coureur, je me rapproche ainsi petit à petit du top 20. J’enchaîne les kilomètres sur une belle piste en sous-bois où je roule à bonne allure et une fois passé le vallon de l’Antrogne, nouvelle montée longue de 2 kilomètres, pas très difficile et régulière où je n’accélère pas mais maintiens une allure régulière pour assurer la fin de parcours car au sommet il reste encore 40 kilomètres à couvrir. J’enchaîne sur une portion roulante et je file pour descendre retrouver le « petit » parcours. J’y retrouve une voie verte, la même que celle empruntée à Herbeumont en début de parcours mais en sens inverse et un peu en amont, il s’agit bien sur d’une ancienne ligne de chemin de fer. J’ai 75 kilomètres de course et pendant ce temps, on retrouve notre trio de tête qui mène bonne allure, ils ont bouclé ces 75 premiers kilomètres en tout juste 2h30 avec maintenant 4 minutes d’avance sur un groupe de 5 coureurs, nul doute que la victoire se jouera dans ce trio. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ça fait déjà quasi une demi-heure que la tête de course est déjà passé lorsque je passe à ce fameux 75e kilomètre.

Je poursuis ma balade mais difficile de mener une allure de course rapide en étant seul sur ce long faux plat montant de 3 kilomètres très roulant, par contre le décor est très joli. Je quitte la voie verte et trois kilomètres plus loin, voici le second ravito que j’attendais impatiemment. Je fais à nouveau un stop assez rapide pour remplir les deux bidons qui suffiront largement pour assurer les 30 derniers kilomètres. Je repars et enchaîne deux montées successives en rattrapant des coureurs du « petit » parcours et me voici dans le mur de La Cornette, une rampe de 150 mètres à 14%, c’est ici que je double un nouveau concurrent et ainsi entre dans le top 20. Une longue montée de 3kms fait suite à cette rampe et je me retrouve à 430 mètres d’altitude, ce sera la dernière grosse difficulté du jour. Ensuite, on plonge vers Noirefontaine par un chemin très rapide. On traverse la grande route nationale qui relie Bouillon à Liège à hauteur du lieu dit de Curfoz, l’arrivée se profile mais avant, on aura droit à un passage au fameux belvédère de Bouillon et sa tour en bois. Ensuite descente vers la vallée de la Semois par un chemin qui sera ni plus ni moins que la première difficulté des parcours VTT du lendemain. Me revoici rapidement sur les bords de la Semois. Il ne reste plus que deux kilomètres et on termine par l’arrivée commune à toutes les épreuves du week-end sans exception, à savoir le petit single pédestre du méandre de Bouillon, il faut rester bien vigilant et quelques coureurs y laisseront du pneu, même si près de l’arrivée. L’arche d’arrivée est en vue au bout de la ligne droite pavée du quai de la Semois et c’est au terme de 4h27 de course que j’en termine avec un top 20 à la clé qui me satisfait au vue de la qualité des coureurs au départ. En tête de course, c’est finalement Axel De Lie, frère d’Arnaud De Lie et coureur professionnel au sein de l’équipe Lotto Dstny qui remporte cette première édition du GRG Gravel en bouclant les 110 kilomètres en 3h40 avec une petite poignée de secondes d’avance sur le portugais André Resende qui aura tenu tête au vainqueur en maintenant le suspens jusqu’à la fin. Bram Rombouts aura tenu 3 heures en tête de course avant de devoir laisser partir les deux hommes forts du jour, il complète le podium avec 6 minutes de retard sur le duo de tête. La fin de course se sera montrée impitoyable car chaque coureur arrive ensuite un par un. Chez les dames, nette victoire de Chloé Mieze qui boucle les 110 kilomètres en 5h03 avec plus d’une heure d’avance sur Émilie Gentili et 2 heures sur Catherine Scoupe. Chantal Boets sera la 4e finisheuse de ce GRG Gravel long format. Sur l’épreuve de 60kms, c’est Philipp Butzow qui remporte l’épreuve en 2h10 chez les hommes et Senne Verbist chez les femmes en 2h47.

Pour une première, c’est un coup de maître et l’organisation a tapé tout de suite dans le mille en proposant un tracé varié et parfaitement adapté à la pratique du Gravel. Pas un seul instant, je ne me suis ennuyé et la vallée de la Semois en amont de Bouillon étant moins encaissée que le côté aval où se déroulera les épreuves VTT, le spot s’accommode très bien au Gravel avec des montées pas trop longues aux pentes modérées. Le seul petit bémol, c’est l’enchaînement avec les épreuves VTT du lendemain que l’on sait déjà très exigeantes qui privent bon nombre de coureurs d’explorer cette vallée de la Semois en mode Gravel. L’organisation créera t-elle un évènement GRG Gravel spécifique sur un week-end afin d’attirer plus de monde sur un évènement unique en Gravel autour de Bouillon ou souhaitera t-elle garder la version Gravel au sein d’un seul et unique événement « festival » GRG, nous le saurons à l’avenir et ce sera une surprise pour 2024. En tout les cas, cette première édition fut un succès et nul doute que cette version Gravel du GRG va grandir au fil des éditions.

Pendant ce temps de l’autre côté de la vallée, une autre épreuve était également au programme: le GRG Enduro avec son tracé exigeant comprenant 6 spéciales chrono sur une boucle de 35 kilomètres cumulant 1200m de dénivelé. Au programme de la journée, un terrain varié et des points de vue magnifique sur la vallée, des passages techniques sur des tapis de racines et quelques surprises à l’image de la « dalle à Tof », une dalle verticale très impressionnante à descendre dont bon nombre de concurrents préféreront l’échappatoire prévu à cet effet. Au cumul des 6 sections chrono du jour, c’est Olivier Bruwiere qui se montre le plus rapide avec deux meilleurs temps lors des deux premiers chronos. On retrouve à la 2e place  Gilles Franck également auteur de deux meilleurs temps. Maxime Lichtken complète le podium en s’octroyant les deux derniers meilleurs chronos possible. Les coureurs arrivent au compte goutte au terme d’une magnifique journée ensoleillée.

Place aux épreuves VTT le dimanche avec comme point d’orgue l’attribution des titres de champion de Belgique XC Marathon masculin et féminin décernés respectivement au terme de 120 et 90 kilomètres de course. Une légère brume recouvre le cours de la Semois lorsque je me dirige sur la ligne de départ. C’est sur l’épreuve reine que j’ai décidé de m’aligner au lendemain des 110km du GRG Gravel. Les parcours VTT vont nous faire visiter le côté opposé de la Semois par rapport à Bouillon, la vallée étant plus encaissée de ce côté-ci avec des montées plus abruptes. La trentaine de coureurs prétendant au titre de champion de Belgique catégorie élite sont appelés chacun leur tour dans la « top box », les coureurs licenciés se retrouvant dans un sas juste derrière suivis par tous les autres participants. L’ambiance a du mal à monter sur la ligne de départ, l’enjeu est important pour les pilotes car le tracé proposé est chaque année très exigeant, le stress gagne donc un peu tout le monde dans la quête de bien réussir l’épreuve, soit pour bien y figurer au classement, soit pour franchir la ligne d’arrivée dans les délais.

Il est 8h, c’est parti pour les 215 coureurs au départ de ce GRG Marathon 120, les coureurs du 90km partiront 30 minutes plus tard et ceux du 70 kilomètres une heure plus tard. Suivront les participants du 50km pour un total de 1200 coureurs dans la journée ! On s’élance sur les quais de la Semois, on passe le petit tunnel de la « Porte de France » puis on se retrouve à nouveau sur les rives de la Semois, de l’autre côté de la boucle que l’on longe sur un bon kilomètre. Je pars assez gentiment en milieu de paquet et nous voici très rapidement au pied de la première difficulté du jour, celle-ci même dévalée pleine balle la veille lors du finish de l’épreuve Gravel. Bonne surprise, pas d’embouteillage à l’entrée du chemin, chacun respecte sa place et ensuite ça forme deux files avec les plus lents côté droit et les plus rapides côté gauche qui peuvent ainsi remonter gentiment le peloton sans stress. Je reste sage la première moitié d’ascension avant de doubler quelques concurrents peu avant le sommet. Si l’échauffement a été assez léger, je peux ainsi maintenant entrer dans ma course. On passe devant le belvédère de Bouillon et on poursuit par du chemin rapide avant de plonger dans un single rapide mais qui peut s’avérer piégeux, en atteste le talentueux coureur Michiel Van Aelbroeck qui verra toute chance de titre en catégorie Master s’envoler – alors qu’il en était l’un des prétendants – en déchirant un pneu après moins de 10 kilomètres de course, ce GRG peut très vite se montrer impitoyable ! Un petit kilomètre sur les berges et on remonte aussitôt sur un chemin large et une pente assez douce nous menant au premier ravito du jour qui intervient assez vite dans la course. Le groupe de tête constitué d’une bonne douzaine de coureurs passe au petit village de Botassart après 11km de course en 26 minutes, autant dire que ça part sur des moyennes horaires extrêmement rapides, je me retrouve déjà relégué à 8 minutes alors que nous n’avons gravi que deux « talus ». Je zappe donc ce ravito, ce qui sera le cas d’une bonne moitié du peloton lancé sur les 120km. On quitte furtivement les bois pour traverser quelques plaines à vive allure mais ce ne sera que de courte durée car on approche de notre premier sentier technique du jour, un petit single qui serpente entre les arbres et quelques ruptures de pente qui s’enroulent facilement. Je m’amuse beaucoup et je me fais bien plaisir sur un début de parcours vallonné mais qui reste néanmoins roulant et rapide sur cette première heure de course mais pas d’inquiétude, les choses sérieuses arrivent et la difficulté va monter crescendo.

Nous revoici sur les rives de la Semois avec cette fois un single qui serpente dans une végétation dense précédant un faux plat montant sur un chemin large propice à un regroupement de coureurs, enfin pour peu de temps car quelques hectomètres plus loin, c’est un petit enchaînement technique avec une montée raide qui passe limite à vélo, une relance et un passage un peu engagé en descente, du coup le groupe se retrouve à nouveau éparpillé. Pas le temps de respirer, une nouvelle grimpette sur un chemin large, je roule à très bon rythme avec un petit trio, ici ça relance vite et il faut peu réfléchir à la gestion de l’effort tout en profitant de chaque opportunité que le tracé nous propose pour s’alimenter ou s’hydrater car à peine le sommet passé, on enchaîne sur un magnifique single rapide en dévers qui nous amène sur les hauteurs du village de Poupehan. Gros freinage et relance pour une nouvelle montée roulante, la 4e ? la 5e ? On ne sait plus vraiment et on arrête de compter. Au sommet, nous voici déjà au second ravito du jour après 30 bornes de course. Je fais un arrêt rapide pour refaire le niveau d’eau mais je dois être un des premiers à m’arrêter et l’eau n’est pas de suite disponible, tant pis je poursuis immédiatement et on verra au prochain ravito en espérant ne pas le payer par la suite. Je poursuis par une magnifique descente qui a servi comme spéciale d’enduro hier, c’est plein de petites épingles, un peu de dévers, bref du joli pilotage et c’est nettement plus chouette que la descente dangereuse pleine pente sur un tapis d’énormes racines lors des éditions précédentes. En bas, on retrouve évidemment le cours d’eau mais également la bifurcation du « parcours 50 » qui amorce le retour par l’autre rive de la rivière alors que l’on attaque une sévère et longue montée, également une classique du GRG par sa difficulté, 750m à 14% de moyenne quand même !

A partir de maintenant, il n’y a plus vraiment de peloton. Au sommet, les choses ont bien changé en tête de course puisque l’on retrouve toujours le champion d’Europe en tête mais accompagné d’un seul coureur en la personne de Kevin Panhuysen, le duo possède une vingtaine de secondes d’avance sur Simon Grégoire et Thomas Sprengers. Lors de mon passage, on m’annonce les hommes de tête à 18 minutes alors qu’ils ont à peine fait plus d’une heure de course. On bascule sur une descente rapide et on suit une courbe de la Semois en restant en surplomb et c’est reparti pour une montée, j’essaie de maintenir mon train en assurant un rythme d’endurance dans chaque montée. Quasi de retour au sommet de la montée de Frahan, nouvelle descente vers le camping d’Alle et à peine le temps de respirer, une des plus longues montées du parcours nous attend, 200m de dénivelé soit un petit quart d’heure d’efforts (heu 10 minutes pour Joris Massaer qui réalise le meilleur temps de la montée), cette grimpette est vraiment éprouvante et sera propice à un petit regroupement, on se retrouve à 7 coureurs. Une relance au sommet et je me retrouve avec deux coureurs pour m’abriter sur la petite section de route après le village de Cornimont qui permet de récupérer de l’escalade précédente. Encore une montée puis une partie roulante, nous voici au magnifique point de vue de Naglemont, un petit regard pour apprécier le décor et je me lance sur une des descentes les plus engagées du parcours, très grosse pente et des petits virages, des racines, des pierres, tout passe à vélo et ça me permet de m’isoler seul, cette descente a fait le ménage. Allez, enfin une des rares sections plates du parcours, 3km sur une piste cyclable le long de la rivière qui permet de souffler un peu d’autant que je sais qu’au bout m’attend le 3e ravito alors que le « parcours 70 » bifurque à son tour pour rentrer sur Bouillon.

Sans le moindre doute je m’arrête. Plein d’eau et grignotage et 30 secondes plus tard, c’est reparti après 50km de course. En tête de course, on retrouve à nouveau le duo Alleman/Panhuysen mais les deux fuyards possèdent maintenant près de 2 minutes d’avance sur un groupe de 6 coureurs. Le duo de tête est passé à ce ravito il y’a déjà 40 minutes lorsque je repars, juste impressionnant en l’espace de 50km ! Je repars sur une montée assez facile avant de basculer sur une descente rapide mais technique, je me fais reprendre par les 3 premiers coureurs du « parcours 90 » partis 30 minutes après moi qui impriment un train d’enfer dans la descente mais que je parviens à suivre. Nous voici à Vresse sur Semois avec pas mal d’animation dans ce chouette village et ça remonte aussitôt par 1500m à 10% sur route, une vraie bosse typique ardennaise. J’arrive au sommet avec les 4e et 5e du « parcours 90 ». On poursuit par un magnifique single rapide qui suit une courbe de niveau avant de basculer très vite vers le village de Membre, c’est ici que l’on attaque une grande boucle alors que le « parcours 90 » bifurque vers le chemin retour. La boucle qui nous attend est un mélange de montées physiques et de singles sauvages à l’image de la section autour de Orchimont avec bon nombre de passages à gué dans le vallon de Nafraiture, une jolie série de singles certes épuisants mais vraiment magnifiques à rouler. Me voici au 70e kilomètre en compagnie de 2 coureurs, deux petits kilomètres sur route vont nous permettre de dérouler un peu pour rejoindre le 4e ravito. La tête de course approche avec toujours le même duo qui enfile les kilomètres comme des perles mais leur avance a fondu de moitié, ils ne possèdent plus qu’une minute d’avance sur un quatuor emmené par Frans Claes et Joris Massaer.

Remplissage d’eau car il commence à faire chaud après 3h50 de course. Je ne fais qu’un arrêt express car mes deux compagnons se sont déjà fait la malle. On enchaîne par une section roulante mais surtout une longue descente, la plus longue du jour et une des plus belles sur un magnifique single où je me fais une belle frayeur pour rejoindre le village de Bohan, ce village est également bien animé et on passe sur l’autre rive de la Semois, un joli portage de 500m à 15% sur un sentier glissant nous attend et permet de me détacher de mon trio. La montée est assez longue mais récompensée par une descente, la fatigue commence à se faire sentir et c’est à une allure au train que je monte une très longue grimpette de 3km qui mène au ravito suivant, encore un peu plus d’un quart d’heure d’escalade, les jambes commencent à fatiguer sérieusement et il est temps d’amorcer le retour vers l’arrivée. Voici le 5e ravito, l’un des plus attendus selon moi, arrêt rapide mais nécessaire car les 750ml d’eau sont rapidement bus. Surprise en tête de course, on retrouve Wout Alleman seul avec 1’20 d’avance sur un trio composé de Frans Claes, Joris Massaer et Simon Grégoire alors que Kevin Panhuysen qui a craqué se retrouve à 3 minutes.

Allez, c’est parti pour les 35 derniers kilomètres. Descente full gaz très rapide et très large puis on remonte une bosse de 2 kilomètres, les montées sont moins difficiles mais plus longues sur ce versant de la Semois, ça permet de cumuler le dénivelé en douceur. Les 10 kilomètres qui suivent sont globalement plus roulants et je reprends un coureur puis un autre, la course d’usure fait son effet, je ne roule pas très vite mais il reste un peu d’énergie. Une très longue descente en lacets sur piste nous amène tout près du village de Alle où je retrouve le dernier ravito et le « parcours 70 ». J’ai pile 100 bornes au compteur, ne reste plus que 20 bornes ! Je m’arrête très vite, un bidon d’eau et je m’engoufre dans le single rapide qui plonge vers Frahan où l’on retrouve le « parcours 50 ». A partir de maintenant, le parcours est commun pour tout le monde, ça veut dire que je vais en doubler du monde et ce sont en général de bons moments où l’on s’encourage mutuellement. On attaque une montée qui commence en douceur mais qui se termine par une rampe à 11% sur un kilomètre pour aller chercher le belvédère des Croisettes où l’on peut contempler le magnifique méandre de Poupehan. Après cette belle et difficile montée, Wout Alleman est toujours en tête avec deux minutes d’avance mais cette fois sur le duo Frans Claes et Joris Massaer, le podium est maintenant dessiné car on retrouve ensuite Simon Grégoire à 7 minutes. Au moment où je passe à ce belvédère, le vainqueur de l’épreuve a déjà franchi la ligne d’arrivée depuis 50 minutes alors qu’il me reste encore 13 bornes de course. J’enchaîne sur une jolie descente technique, passage tout près de Poupehan et j’attaque l’avant dernière montée du parcours, pas très difficile avec quelques bons replats mais longue de 4km au coeur de ces forêts ardennaises. Je bataille avec un nouveau coureur dans cette montée tout en doublant une belle panoplie de concurrents de différents parcours. Au sommet, une belle piste en forêt et on plonge dans la descente des Augustins, un sentier ludique au début mais un peu engagé sur le bas avec de la pente, des racines et des arbres à éviter. Ouf, me voici en bas en ayant pu doubler correctement des participants à pied dans cette descente.

On retraverse la Semois, on entre dans les 5 derniers kilomètres, on passe une magnifique passerelle en bois puis série d’escaliers pour monter puis pour descendre. Je me retrouve sur la petite route qui longe la Semois pour rentrer sur Bouillon mais… surprise on bifurque à gauche et voici une dernière bosse qui se profile, j’essaie de tout donner d’autant que j’ai un coureur en vue que je reprends juste avant le sommet de ce single raide dans l’herbe. Revoici le belvédère de Bouillon, l’arrivée est en vue ! Je plonge dans l’ultime descente qui n’est ni plus ni moins que la spéciale d’Enduro finale d’hier excepté les deux passages engagés afin que tout le monde puisse descendre en sécurité, elle reste néanmoins technique et très ludique, suffisamment pour que j’y double un dernier coureur de mon parcours. Voici le dernier kilomètre le long de la Semois, le même Finish que pour les épreuves d’hier avec le passage incontournable du sentier piéton de la Poulie et voici l’arche d’arrivée en vue que je franchis après 6h55 de course avec une 77e place scratch à la clé, très loin du vainqueur qui est arrivé depuis 1h45 en la personne de Wout Alleman, champion d’Europe cette année à Laissac, champion de Belgique ici même en 2021 et favori logique qui devient du coup pour la seconde fois champion de Belgique XC Marathon Elite. A 4 minutes, on retrouve un duo qui ne jouera pas le sprint, Frans Claes prenant la seconde place devant Joris Massaer qui devient également champion de Belgique XC Marathon catégorie Master. Le top 5 est complété par Kévin Panhuysen auteur d’une belle fin de course suivi de Simon Grégoire. Chez les dames, le titre se disputait sur le parcours de 90km et c’est la très expérimentée Alice Pirard qui remporte le titre au terme de 4h51 de course. Joyce Vanderbecken très en vue sur les épreuves nationales du BAMS prend la 2e place à 3’30 de la vainqueur tandis que Githa Michiels complète le podium à 7 minutes. Ce parcours 90km a été remporté par Sébastien Carabin en 4h05, à savoir qu’il avait participé la veille aux championnats du monde de duathlon cross en Italie, juste impressionnant !

Ce Grand Raid Godefroy a de nouveau tenu toutes ses promesses. Nous sommes ici sur un évènement de grande envergure qui propose un petit festival du VTT/Gravel l’espace d’un week-end sur un site magnifique. Une organisation soignée; un accueil simple, souriant et efficace, bière et barbecue pour rappeler la tradition belge, un prix d’inscription très correct pour un évènement de cette ampleur et des tracés juste somptueux et équilibrés, ni trop facile, ni inaccessible avec de magnifiques belvédères pour se poser quelques instants dans un fabuleux décor. Ce GRG est devenu maintenant l’événement incontournable de la rentrée automnale en terre wallonne.. Alors Gravel ? Enduro ? VTT ? Quelle sera l’épreuve de votre choix ? Rendez-vous à Bouillon les 7 et 8 septembre 2024 pour la 28e édition de cette emblématique épreuve.

Infos et résultats : www.grandraidgodefroy.be

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