Grand Raid 2015, le mythe entretenu

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L’an dernier le Grand Raid fêtait son quart de siècle sous le soleil, pour la 26ème édition ce fut encore le soleil qui nous a accompagné sur cette épreuve doyenne des grands XC Marathon européens.

Texte : Jean-François Bossler et Sandrine Ponsard – Photos : Etienne Bornet/Grand Raid

Après le traditionnel contrôle technique des vélos aux casernes de Sion le vendredi et la récupération du package course, cap sur Verbier où sera donné le départ du Grand Raid aux aurores. Une petite reco du col de départ pour nous rassurer et tourner les jambes, une bonne assiette de riz et au lit car le programme de demain est chargé, 126km et 5000 de dénivelé positif avec un départ à 6H30.

Bonne surprise, la météo est avec nous, soleil prévu toute la journée et température plutôt chaude pour une fin août dans les Alpes Valaisannes. Il fait un peu frais au départ, mais cuissard et maillot court, manchettes et un petit coupe vent suffiront, ils seront retirés d’ailleurs après la première descente. Comme d’habitude ça part très fort devant, évidemment il ne faut pas vouloir suivre. Les 60 premiers kilomètres sont assez roulants et l’erreur est de se mettre en surrégime dès le départ alors que le gros morceau arrive après le kilomètre 90. Faire les montées à son rythme sous son seuil, lever un peu la tête et profiter des paysages alpins et ne pas prendre de risques inutiles comme ce concurrent italien dévalant la première descente sans contrôle et partant deux fois à la faute, on ne le reverra plus.

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On ne va pas vous refaire le détail du parcours, il est identique à l’édition 2014 que nous avions couvert ici : www.velochannel.com/Grand Raid 2014
Nous allons plutôt mettre l’accent sur nos impressions croisées femme/homme, et expliquer pourquoi ce XC Marathon reste mythique.

Déjà les paysages, c’est de loin une des plus belles épreuves de ce côté, le Valais est fantastique, alpages, montagnes et sommets enneigés, lac aux eaux turquoises. Cela permet de faire passer agréablement le temps des longues montées.

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Le parcours est globalement pas très technique, plutôt roulant, la victoire se jouant en un peu plus de 6 heures. Mais certains passages en single et en sous bois humides sont traitres, sans compter la dernière descente après le pas de Lona, vous franchirez la ligne d’arrivée les bras tétanisés !

Le Pas de Lona, LE portage mythique, plus de 20 minutes pour les meilleurs, près d’une heure pour les derniers. Moins de 2 kilomètres mais plus de 300 mètres de D+ sur une pente très raide et un sol fuyant avec des appuis précaires tout en dévers. Et on est au delà de 2500 m d’altitude, autant dire que tout est 3 fois plus dur par le manque d’oxygène. Notre conseil, pousser le vélo et porter le moins possible en montant sur un rythme marche montagne. Il faut rester lucide pour la descente suivante surtout que ce sommet est traitre, ça redescend un peu avant de remonter sur une piste pour le véritable point haut du parcours (2792 m d’altitude) qui passe sur le vélo.

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Les ravitaillements sont l’énorme plus de cette épreuve. Situés quasiment tous les 10 km, il n’est pas nécessaire d’avoir une assistance et tout concurrent a l’impression d’être un pro. En effet, vingt bénévoles vous tendent à chaque ravito des bidons de boissons énergétiques, des bouteilles d’eau (dont le diamètre permet de tenir dans un porte-bidon), des barres, bananes, fruits, etc… ce qui permet en ralentissant juste un peu de refaire ses réserves. Honnêtement, c’est le seul endroit où je vois cela, à la Cape Epic par exemple, les ravitaillements sont copieux mais vous devez vous arrêter, remplir vos bidons, vous servir en barres et bananes. Au Grand Raid c’est juste parfait !

La difficulté de l’épreuve va crescendo, 60 km assez facile pour prendre la mesure, la côte de Mandelon qui vous entame par sa longueur, le ravitaillement d’Evolène (plus beau village Suisse) qu’il faut vraiment soigner (j’ai failli arrêter là voyant mon ravitailleur et sachant que je pouvais rentrer en voiture !), et la montée de l’A Vieille interminable et dure qui vous amène au portage du Pas de Lona.

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Alors oui ce n’est pas le marathon le plus technique de l’année, mais c’est une épreuve de masse puisque quasiment 3000 inscrits se lanceront sur les différents parcours, dont 850 sur le grand. Pour la majorité des participants, la distance et la dénivellation cumulées représentent déjà un challenge hors du commun, et ce Grand Raid représente un savant dosage entre technicité et plaisir de rouler. Nous retiendrons quelques beaux singles dans les premiers 60 km, celui après la bosse d’Evolène avant la montée de L’A Vieille, et surtout le sentier au sommet de Madelon dans les alpages, vraiment du pur régal. La dernière descente avec la fatigue pourrait apparaitre comme une délivrance mais elle est très technique surtout après le barrage de Moiry. Si les premiers ont mis 6H03, le dernier classé est arrivé vers 19H, soit 13H de roulage… Il est quand même préférable que tout le monde rentre avant la nuit…

Grand Raid Verbier Grimentz au féminin, par Sandrine Ponsard

Vendredi le contraignant mais obligatoire contrôle du vélo et retrait de la plaque à la caserne de Sion, un aller retour d’une bonne centaine de kilomètres pour ensuite retourner à son hébergement proche de Verbier. Même avec une bonne gestion de cette journée, on a souvent l’ impression d’y laisser un peu de jus. Peaufiner les derniers détails, un bon repas, et au lit, tout en sachant que la nuit sera courte.

Samedi, debout 4 heures du mat’, un bon petit déjeuner et en route pour 20 minutes de fourgon dans les nombreux lacets qui conduisent de Bruson à Verbier dans l’obscurité. Echauffement et derniers petits détails de logistique puis 6 heures 15 la mise en grille. Les hommes avec dossards prioritaires tout d’abord, puis les filles – nous sommes une trentaine au départ – et derrière le gros de la troupe à  nos basques prêt à en découdre. Quelques regards furtifs, avec des connaissances des mondiaux de Val Gardena, des inconnues aussi. 6h30 le coup de pistolet retentit et c’est parti direction la Croix de Coeur, mi-route mi-chemin en montée régulière. Sur cette partie la principale difficulté est d’éviter tout accrochage avec la masse des coureurs lancés à nos trousses. Arrivée au sommet, une voix connue m’encourage, c’est Renée l’amie Suisse qui nous héberge. Ca fait déjà du bien au moral, nous aurons des encouragements tout le long de l’épreuve (merveilleux public Suisse !).
Direction Nendaz, je ne sais pas exactement où je me situe au classement, mais les sensations sans être extraordinaires sont bonnes. 1 heure 40 de course, remontée vers Vaysonnaz puis la station de Tyon avant de replonger sur Heremence, second pointage 3 heure 17 et une sixième position. Pour moi c’est là que commence vraiment  la course, mais bizarrement une certaine lassitude m’envahit, la montée vers Mandelon n’est pas très difficile mais comporte des passages compliqués et piégeux. Sur l’alpage on retrouve des portions plus techniques, il faut rouler très propre pour éviter la casse mécanique ou physique. Direction Evolene où le ravitaillement est important. Sans physiquement être cuite, je reste scotchée, impossible de passer la seconde, et le souffle de plus en plus court. Sans préparation au préalable, j’ai beaucoup de mal à  gérer l’altitude au delà  de 1500 mètres. Montée vers Volovron puis descente traître dans des gravillons. L’ascension vers Eison n’est pas très longue mais raide, je ne suis plus très lucide.
Nausées, un pas en avant deux en arrière, c’est à  l’arrache que j’arrive au sommet de Lona, une chose compte, gérer et rester concentrée dans la descente car la fatigue entame la lucidité. Au final 9 heures 29 mn, 15 minutes de mieux que 2014, mais je m’étais fixée moins de 9 heures. Une 11 ème place au final, 4 places perdues depuis Evolene, mais je n’ai rien lâché, et je sais que c’est dans la douleur que l’on grandit.

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Le Grand Raid reste une course bien à part, un mythe pour les uns, que l’on veut terminer, un objectif pour les autres où il ne faudra rien négliger pour titiller le podium, mais c’est aussi un marathon UCI sur lequel on peut déjà engranger des points pour la saison suivante. Beaucoup de difficultés ont été  gommées, la faute au tourisme important dans le Valais mais pas aux organisateurs. Eric Léger, directeur de course le dit «Restons honnêtes, notre course a toujours été plus connue pour sa longueur, son dénivelé et la beauté de ses paysages que pour ses difficultés techniques.»

Infos et résultats : www.grand-raid.ch

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