Étape 3 : Mount Paul et Sterkfontein Lake
Troisième jour de course sur la Go2Berg. Aujourd’hui, 103kms au programme pour rejoindre le lac de Sterkfontein et son immense barrage, une étape de transition pas vraiment difficile sur le papier mais le vent va venir jouer les trouble-fêtes et rendre cette étape nettement plus difficile que prévue. Récit d’une journée où il fallait se montrer patient et garder les yeux ouverts.
Par Fred Ischard – Photos : Stew Nolan
La nuit en hôtel à Clarens fut vraiment un luxe et a permis une récupération complète des organismes à l’aube de cette 3e étape du Go2Berg. On laisse nos sacs à la réception de l’hôtel puis direction petit déj à base de wraps et de muffins, toujours pas envie de porridge ce matin. Ne reste déjà plus qu’une petite demi-heure avant le départ, le temps d’un léger réveil musculaire et à 7h30 c’est parti en mass-start c’est à dire tous en même temps. Le départ est neutralisé pendant 2kms afin de traverser cette très jolie petite ville de Clarens avant d’être arrêté, on attend tout le monde afin d’emprunter une route nationale sur deux kilomètres. On repart peu de temps après à nouveau sous allure neutralisée sur une belle grimpette qui fait déjà exploser le peloton dans le fictif et ensuite on nous lâche sur une large piste, c’est parti pour 100 bornes ! On forme tout de suite un groupe de tête de 10 coureurs mais après 10 minutes on sera rapidement 3 à sauter du groupe ; ça roule trop vite, l’étape est longue et le vent souffle fort de face. Je me retrouve en compagnie de deux adversaires directs mais après quelques kilomètres, mon plus proche adversaire lâche prise, on l’attend une première fois mais il resaute un peu plus loin et on se retrouve à deux avec le fameux compagnon de l’étape 2 qui après avoir craqué sur le final des deux étapes s’est retrouvé à 20 minutes derrière moi. Mon plus proche adversaire étant distancé, je roule beaucoup devant en ce début de course mais on va très bien s’entendre à deux, chacun prenant des relais sur le terrain qui l’avantage, moi dans les montées et lui sur le plat ou en descente.
Heureusement que l’on sera deux car ce vent nous ralentit considérablement et il faut prendre son mal en patience. Pas grand chose d’intéressant lors des 40 premiers kilomètres, c’est full pistes larges pleines de cailloux qui nous secouent terriblement. Le relief est dur mentalement aussi, des montagnes russes où l’on aperçoit au loin chaque montée que l’on doit affronter. On arrive au premier ravito après 38kms en 1h50, l’allure n’est pas rapide sur ce début de parcours exclusivement sur piste. Arrêt d’une petite minute histoire de boire un peu, refaire le plein d’eau et manger quelques délicieuses boulettes à la pâte de dattes et coco, délicieux !
C’est reparti pour une nouvelle section de pistes interminables cette fois entrecoupées de quelques passages sympa dont une descente assez rapide dans les rochers qui nous permet de rentrer sur 3 coureurs que l’on chassait depuis 50 bornes en plafonnant une minute derrière. Malheureusement, on ne va pas rester bien longtemps et on va sauter dans la bosse suivante à nouveau avec le même compagnon de galère à lutter face au vent. Côté décor par contre, c’est totale liberté dans des grands espaces jonchés de gros « cailloux » qui sont autant de petits massifs au coeur du Parc de Golden Gate. Je profite d’une montée un peu plus longue pour me détacher tout seul afin d’anticiper un peu le second ravito qui arrive dans quelques kilomètres et m’accorder une pause « express » pour manger après 3h25 de course.
Allez, c’est parti pour l’ascension du Mont Paul que l’on aperçoit juste devant nous. Alors on ne monte pas au sommet mais on emprunte un magnifique sentier qui monte progressivement en suivant le contour de ce massif. Le décor est magnifique et ce single casse bien la monotonie des 70 premiers kilomètres roulants en plein vent. Après le sommet, on bascule sur un sentier tout aussi joli que la montée; c’est rapide et ça serpente à travers les cailloux pour dévaler les 300m de dénivelé que l’on venait de gravir.
Une petite montée sur une piste et voici le très long barrage de Sterkfontein en vue, celui-ci on va le traverser intégralement avant de longer une partie du lac. Le parcours est à nouveau très linéaire avec toujours ce vent de face qui nous ralentit. Il nous reste 25kms, on traverse maintenant une réserve nationale où l’on peut apercevoir des antilopes et des zèbres, c’est un joli spectacle et malgré la difficulté avec ce fort vent, il faut vraiment profiter de tout ça. Sortis de cette réserve, nous voici sur une petite route nationale que l’on va emprunter pour boucler les 15 derniers kilomètres avec tout de même 200m de dénivelé à gravir sous forme de trois montées assez pénibles pour rejoindre la ligne d’arrivée dans un cottage situé au sommet d’un petit col qui sert de frontière entre la province du Free-State et celui du Kwa Zulu-Natal. Je boucle donc ces 103kms à la 7e place après à peine plus de 5 heures de course en compagnie de Justin Milner, un sud-af très corpulent mais très puissant sur ces longs tronçons de pistes. Cette étape fut vraiment usante, assez ennuyeuse dans l’ensemble mais le Mount Paul et le Sterkfontein Lake ont bien agrémenté la fin de course. Place à la récupération, le temps se couvre et la fraîcheur s’installe dans ce bivouac situé à 1700m d’altitude. Les prévisions météo s’annoncent mauvaises pour demain mais croisons les doigts.
Étape 4 : la pluie joue les trouble-fêtes dans le Kwa Zulu-Natal
Nous attaquons maintenant la 2e moitié de course avec 77kms au programme du jour et le mythique passage au « Wall of my China », une gigantesque falaise avec un passage vertigineux et une vue magnifique sur une crête à 1900m d’altitude. Réveil habituel à 6h, petit déjeuner et comme prévu, de grosses averses s’abattent sur le campement, il a d’ailleurs plu une bonne partie de la nuit et on nous annonce un départ décalé d’une heure en espérant une fenêtre météo plus clémente. On patiente mais les prévisions n’étant guère plus réjouissantes pour une bonne partie de la journée, l’organisation prend la sage décision d’annuler l’étape car le passage à la falaise du « Wall of my China » est considéré beaucoup trop dangereux sur les dalles rocheuses très glissantes et en plein brouillard épais où l’on n’y voit pas à 100m, ne s’agirait pas de sortir du sentier et faire un vol plané de quelques centaines de mètres de dénivelé !
L’organisation nous prévoit donc un plan B de dernière minute en nous faisant détourner par la route nationale pendant 50 bornes puis finir par une piste au milieu des fermes pour rejoindre le prochain campement. Du coup pas de chrono pour aujourd’hui mais tout de même cette liaison improvisée à effectuer sur le vélo, chacun à son rythme. L’organisation ira même jusqu’à faire déplacer le premier ravito prévu sur notre parcours afin d’en bénéficier. Allez, il est 9h et on s’élance tous en même sur la route escortés par la police qui va neutraliser l’allure sur les 15 premiers kilomètres de descendre pour rejoindre la plaine 600m plus bas. Il fait bien froid dans cette longue descente sous la pluie ! Du coup, la mission du jour n’est donc pas de réaliser le meilleur chrono possible mais bien de s’économiser en vue des deux derniers jours de course qui nous attendent.
Une fois en bas, l’allure reste assez vive car la pluie et l’humidité ambiante n’incite pas à trop traîner. Ça discute et le peloton est formé d’une multitude de petits groupes. Côté parcours, rien de sensationnel et on apprécie de retrouver de la piste sur le final après deux heures de roulage sur asphalte. Par contre, le décor changé dans les 10 derniers kilomètres, les fermes laissent place à un décor plus sauvage dans la savane et plus on se rapproche de l’arrivée, plus on découvre le lac et les montagnes de Skoenkiop qui sera notre terrain de jeu pour l’étape du lendemain. Me voici au Em’Seni Camp situé au bord d’un magnifique cours d’eau. Entre temps, j’aurai pu apprécier les deux délicieux ravitos où on nous a véritablement proposé de véritables buffets à base de viande et saucisses grillées, sandwichs, wraps, gâteaux, bière. Clairement l’organisation met la barre très haut côté ravito et repas lors des campements.Chaque midi en fin d’étape et chaque soir, on aura droit à des dîners savoureux à base de différentes viandes préparées de toutes les façons (grillades, ragoûts, rôtis…), c’est assez rare de trouver autant de soin et de qualité côté repas sur une épreuve de cette ampleur avec 250 coureurs à nourrir. Installation dans ce magnifique campement où l’on restera deux nuits, un petit luxe supplémentaire non négligeable avant d’attaquer le final de cette Go2Berg !
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