Le grand départ

Me voici cette fois en Afrique du Sud à l’occasion de la 2e édition de la Old Mutual Go2Berg qui n’est ni plus ni moins que la version raccourcie de la mythique JoBerg2C que nous avions eut la chance de vivre en 2016. Cette fois, c’est donc  7 jours de course au cœur de l’Afrique du Sud qui nous attendent avec au programme une belle balade itinérante qui nous fera traverser une partie du pays du nord au sud pour une expérience qui nous fera parcourir près de 530 kilomètres.

Par Fred Ischard – Photos : Stew Nolan

Prologue : Les berges de la Wilge River

Avant de parler course, parlons un peu de l’accueil et de la prise en charge car après une quinzaine d’heures de vol pour rejoindre Johannesburg, on pourrait vite se sentir perdu ! Et bien absolument pas, on pouvait être pris en charge dès le jeudi soir à la sortie de l’aéroport pour une soirée dans un lodge en banlieue de Johannesburg avant de se faire conduire jusqu’à Frankfurt, un village situé à 150kms au sud de Joburg où sera donné le grand départ de cette 2e édition de la Go2Berg.

Une fois sur place le vendredi midi, on a deux bonnes heures pour monter les vélos, se préparer et bien évidemment passer au check-in pour récupérer notre dossard. Niveau accueil, c’est absolument top ! L’organisation est familiale, une petite équipe d’une dizaine de personnes tout au plus et tout les écoliers et le staff d’un collège local à nos petits soins, clairement c’est très rare d’être aussi bien pris en charge sur un évènement de cette ampleur, l’ambiance est très chaleureuse et on se sent tout de suite très bien. Avec le dossard, quelques goodies, une magnifique veste, un sac tout aussi joli siglés au nom de l’épreuve.

Montage du vélo effectué et l’heure de départ du prologue approche. Pas de stress pour ce J-0,  le chrono sera présent mais ne sera pas comptabilisé au classement général, bref chacun roule comme il le souhaite mais c’est une façon de neutraliser l’étape pour rouler relax pendant plus ou moins une heure avant d’attaquer les choses sérieuses le lendemain. Trois départs sont donnés tout les quart d’heure et je décide gentiment de partir dans le dernier afin de me laisser plus de temps à ranger les affaires.

Allez 14h30, c’est parti pour les premiers tours de roue en terre sud-af ! Le premier kilomètre se fait en convoi derrière la police pour sortir de Frankfurt, un pont d’autoroute qui pique un peu les jambes et nous sommes lâchés à l’entrée d’un golf ! Pas très commun de traverser un golf lors d’une épreuve VTT, bon ce n’est pas un célèbre golf international non plus mais c’est rigolo puis on plonge rapidement vers les berges de la Wilge River que l’on va longer pendant une quinzaine de kilomètres, bref un prologue assez simples mais attention aux pièges avec quelques trous à éviter, quelques bancs de sable et un vent latéral qui nous pousse à tout moment hors de la trajectoire. Le décor est juste dépaysant sur un vaste plateau à 1500m d’altitude, ça aussi ce n’est pas un petit détail.

Je ne m’emploie donc pas vraiment à l’effort, pas mal de photos et surtout je garde grands les yeux ouverts pour profiter de ce vaste décor. On rencontre ici ou là quelques habitants qui travaillent en tenue locale. La chaleur sans être extrême est tout de même présente avec un bon 30 degrés pendant ce prologue. Il me reste un peu moins de 5kms, je quitte le cours de cette Wilge River pour rentrer vers Frankfurt, une belle montée avec vent de face nous attend que je grimpe avec un petit groupe. On aperçoit maintenant la grande usine agricole que l’on va traverser avant de rejoindre l’arrivée, la petite section technique du jour avec quelques rails ferroviaire à traverser. Dernier kilomètre et je franchis la ligne d’arrivée de ce prologue après une balade de 56 minutes, juste ce qu’il faut pour se dégourdir les jambes et contrôler que le vélo fonctionne bien après le voyage. Allez, une bonne nuit de repos et place aux choses sérieuses le lendemain avec 95kms et 1000m de dénivelé au programme.

Étape 1 : Les grands plateaux et les farms-roads

Première nuit sous tente assez fraîche car ici les températures varient assez vite entre la journée et la nuit. Réveil à 5h45 et le « protocole » de la semaine se met en place. D’abord se mettre en tenue puis filer au petit déjeuner pour garder un temps de digestion acceptable même si l’on sait très bien qu’avec des départs tôt dans la matinée, il est difficile de garder un temps de digestion confortable avant le départ. Il faut donc rester raisonnable sur le coup de fourchette sous peine de le ressentir lors du départ et on le verra plus tard, il n’y a pas de quoi mourir de faim ici, même pendant la course !

Allez il est 7h30, je me place en box A, pas eut l’information d’attribution des boxs, probablement identique au prologue car pas de classement sur celui-ci mais cette fois il y’a chrono donc autant récupérer les bonnes roues et un bon groupe sur un parcours qui promet d’être très roulant et rapide ! C’est parti, les choses sérieuses commencent. Les 8 premiers kilomètres sont parfaitement identiques à la veille. On sort de la ville sous escorte policière, bon de toute façon ça ne roule pas très vite devant, même pour les favoris. Nous sommes lâchés à l’entrée du golf comme hier puis on plonge le long de la Wilge River. Un petit groupe de tête s’est formé sous l’impulsion de 4 coureurs sud-af très costauds. Ayant un moment de doute quand à suivre ce groupe, un écart se forme et en me retournant, un écart encore plus grand avec le groupe derrière, bref je suis tout seul et ce n’est pas une bonne idée. Du coup, je fais un effort nécessaire mais inutile pour réintégrer le groupe de tête sauf que deux kilomètres plus loin, on quitte le parcours du prologue et on grimpe une première bosse sur une piste sud-af en tôle ondulée, bon ba là ça va trop vite et je saute quasi immédiatement pour me retrouver seul. Je profite donc du moment en mettant de l’allure à la relance sur cette autoroute en terre tout seul dans ce décor avec de magnifiques couleurs et pour le moment pas trop de vent.

Après quelques kilomètres, on quitte cette « autoroute » pour emprunter une farms-road, ces chemins qui traversent les prairies à vache dans ces immenses fermes isolées. Je me fais reprendre par un groupe… de VAE, alors autant je ne suis pas anti vélo électriques mais voir des groupes de VAE faire vraiment la course et être intégrés au classement, ça peut être dérangeant. Bon, l’esprit de la course est comme cela et on va s’y adapter. J’ai beau être à plus de 25km/h mais impossible de tenir l’allure d’autant qu’ils peuvent bénéficier d’un changement de batterie après 30kms de course. Bon ba la première équipe mixte est devant moi mais avec une batterie. J’arrive au pied de la 2e montée où j’aperçois les équipes de tête tout au sommet et certains VAE qui ont quasi fait la jonction.

Voici après 20kms de course une jolie descente sur un petit single bien tracé, voilà qui me réconforte et me permet de reprendre duo VAE mais qui va me redistancer dès la montée suivante. On traverse une grande ferme puis une 3e montée qui nous amène sur un petit sommet où l’on domine un petit lac et une belle ferme sur l’autre rive. J’emprunte un joli single qui contourne le lac et me voici au premier ravito après 29 bornes et 1h08 de course, on nous avait promis que ce serait rapide mais pour le moment, ça reste assez varié entre farms-road, pistes et deux jolis singles. Arrêt express pour remplir mon unique bidon et c’est reparti par contre il y’avait vraiment moyen de s’accorder une belle pause avec des grillades et de quoi se faire un délicieux pique-nique sur ce magnifique site.

Bon j’ai profité d’un arrêt rapide et du changement de batterie des VAE pour repasser devant eux mais pas pour longtemps… Les mixtes me repassent et cette fois-ci je ne les reverrai plus. Les 30 prochains kilomètres vont être moins amusants, on ne va emprunter que des routes en terres, des pistes hyper larges et pas souvent très roulantes, on se fait par moments pas mal secouer. Ah après 35 kilomètres de course, voici un groupe de 5 coureurs en VTT… musculaire ! Ah ba voilà, cette fois je peux m’accrocher un peu et on va pas mal batailler sur ces multitudes de collines à gravir, le relief est assez casse pattes mais l’allure toujours rapide même si après deux heures de course, le vent d’ouest s’est levé et pas qu’un peu. Du coup, certains coureurs sont plus à l’aise dans le très roulant, pour ma part avec un plateau de 32 dents je suis un peu limité mais je parais plus à l’aise dans les montées. Notre groupe se coupe en deux à mi course et après 10 bornes je vais sortir de mon petit groupe qui ne veut plus rouler donc je tente le coup d’aller chercher le reste du groupe, ba en fait ça prendra beaucoup de kilomètres sur ces très très longues lignes droites.

Voici le second ravito après 63kms de course réalisés en 2h25. Nouvel arrêt express car le dernier coureur du groupe que j’ai failli reprendre ne s’est pas arrêté. Il me reste une bonne trentaine de bornes et autant le dire, ça va se corser un peu à tout niveau, certes ça reste rapide mais très vallonné, on quitte enfin ces « autoroutes » pour enchaîner des farms-road avec cette fois vent défavorable. Je lutte avec un duo VAE qui m’aura donné du fil à retordre, parfois devant ou derrière ! Ah, du préventif qui sort de mon pneu, juste une épine sortie du pneu qui va se reboucher mais à l’arrivée, c’est une dizaine d’épines que je vais devoir sortir, ici c’est pneus Tubeless obligatoire.

A 15 bornes de l’arrivée, sur une montée raide dans l’herbe je reprends le dernier coureur du 2e groupe « musculaire » on va dire mais j’aperçois un duo à moins d’une minute, il reste 10 bornes et ça se tente d’aller les chercher. Pari gagnant en les reprenant dans les 5 derniers kilomètres. Du coup, petite bataille dans le final sur des singles à travers des prairies en plein vent qui nous permet de reprendre le duo VAE que je n’ai fait que doubler toute la matinée. Bon le duo que j’ai rejoint est bien « musculaire » et a sauté du groupe de tête. Je pensais terminer ensemble mais ils craquent dans la dernière montée vent de face du dernier kilomètre.

Et voici l’arrivée après 95kms bouclés en 3h54, 30 minutes après le vainqueur Pieter Du Toit qui termine devant Philip Buys. Ce sont donc bien des vélos musculaires qui terminent devant mais avec des coureurs d’un sacré calibre ! Belle journée, certes rapide mais je retiens ces traversées de fermes avec quelques fermiers locaux pour nous encourager où quelques habitants placés à des endroits totalement isolés ou alors des passages à travers des énormes troupeaux de vaches qui parfois ont essayé de faire la course avec nous en meuglant histoire de nous encourager. Au final, c’est une 9e place aujourd’hui sur cette étape car un seul classement solo (les deux coureurs d’un duo étant classés en solo). On verra pour essayer de maintenir le top 10 sur une prochaine étape de 90kms et 1100m de dénivelé avec un final sympa dans les montagnes Maluti.

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