Rives du lac et coeur des Bauges
La reprise a sonné du côté des épreuves cyclosportives de fin de saison et nous avions rendez-vous à St Jorioz le week-end du 24 et 25 août. Nous avons eut droit à de magnifiques parcours tracés surplombant le lac d’Annecy sur le très bucolique plateau du massif des Bauges. Près de 1000 participants ont répondu présent ce week-end en s’alignant sur les différentes épreuves proposées le samedi et le dimanche. Récit d’un joli séjour haut savoyard.
Par Fred Ischard – Photos : Pixalpes / LVO
Le week-end commence le samedi matin par la « Grimpée du Semnoz », une épreuve courte permettant de se jauger sur un effort intense avant la cyclosportive du lendemain. Au programme, 24 kilomètres d’ascension et 1200 mètres de dénivelé positif à gravir, il s’agit ni plus ni moins de la mythique ascension vers la station du Semnoz. Les départs sont donnés individuellement toutes les 20 secondes depuis le coeur du village de St Jorioz et les coureurs entrent tout de suite dans le vif du sujet avec un début d’ascension assez facile mais devenant plus raide à partir du passage au col de Leschaux. Sous un soleil radieux, la récompense promise ne se fera pas attendre avec la Chaîne des Aravis, le Massif des Bauges, la Chartreuse et la Chaîne du Mont Blanc en guise de panorama à 360 degrés. C’est le coureur belge Vince Mattens qui se montrera le plus rapide pour atteindre le sommet avec un chrono de 57m07s, il n’égale pas le record datant de 2022 en 55m08s mais ça reste un chrono sacrément rapide. Baptiste Lombardi et Maxime Malbranque complètent le podium et seront les deux seuls autres coureurs à passer sous l’heure pour atteindre le sommet. Mathilde Fournier sera quant à elle la plus rapide avec un chrono de 1h11.
De notre côté, on va prendre le départ de l’épreuve Gravel qui va nous mener au cœur du massif des Bauges par des sentiers et des routes communales, voici la promesse de l’Alpes Aventures Gravel comme se nomme l’épreuve.
Environ 80 participants ce samedi matin, on s’élance à 9h30 sur un tracé de 70 kilomètres cumulant 1650m de dénivelé. Le début de course sur des petites sentes et des allées aux abords des rives du lac d’Annecy s’effectue sous allure neutralisée et une fois dans le village d’Entrevernes nous sommes lâchés pour quelques kilomètres roulants mais piégeux avec plein de relances sur des chemins gravillonneux, gare aux voitures également sur les intersections car ce départ très rapide est grisant mais il ne faut pas oublier que nous progressons sur routes ouvertes, ce qui vaudra quelques frayeurs à certains. Heureusement, après quelques kilomètres, nous traversons la localité de Doussard, le pied de la principale difficulté du parcours, les 13 kilomètres et 950m de dénivelé de l’ascension du col de Chérel par une interminable mais très chouette piste forestière qui suit d’abord la combe du torrent de l’Ire sur une pente régulière où les groupes se forment. Ensuite, la pente se cambre brutalement pendant deux kilomètres à 12% qui font encore exploser les groupes et opèrent une sélection radicale. La fin d’ascension est très chouette avec une belle succession de lacets et un paysage découvert au milieu des alpages. C’est après 1h06 d’efforts que j’atteins le sommet à 1500m d’altitude. Après cette longue escalade, place à une descente sur une piste large mais très loin d’être roulante, on y trouve beaucoup de pierres rendant ce chemin cassant et technique avec des vélos Gravel non munis de suspensions, je vais essayer de lâcher les freins à certains endroits tout en restant très prudent à d’autres et notamment dans les virages et les petits pierriers. Une fois tout en bas, on emprunte un joli single avant de traverser quelques prairies et des sous bois pour rejoindre le village du Châtelard où est dressé le seul et unique ravito du jour. On y retrouve toujours de délicieuses provisions sucrées ou salées, on peut se délecter de barres et de gels autant que de fromage et de saucisson par exemple. Une fois sorti de la localité du Châtelard, on traverse la base de loisirs des Iles du Chéran avant d’attaquer la dernière partie du parcours qui nous emmène au col de Leschaux par une succession de montées assez raide. La Motte en Bauges puis Bellecombe en Bauges, cette fin de parcours nous fait traverser les jolis villages du massif des Bauges en empruntant des petites routes paisibles. Au sommet de ce col de Leschaux qui n’est ni plus ni moins qu’un petit village situé à 950m d’altitude, c’est la fin du chrono après un peu plus de 60km de course. Ne reste ensuite plus qu’à plonger vers St Jorioz situé 500 mètres plus bas en empruntant une descente 100% asphalte. Je boucle cette épreuve Gravel en 3h09 à la 20e place en compagnie de l’annecéenne du team Wish One Marie Louise Biard qui s’impose chez les dames devant Camille Giraud la leader du challenge Gravel’Tour Cannondale et Cécile Maiezza. Chez les hommes, victoire de l’espagnol Josep Termens du team Cannondale ISB en 2h36 devant Alexandre de Marans à 40 secondes et Boris Morand à 5 minutes.
Cet Alpes Aventures Gravel était la 6ème et avant dernière manche du Gravel’Tour Cannondale dont Lionel Genthon reste le leader chez les hommes malgré son absence sur cette manche.
Après une magnifique après-midi baignade et tourisme autour du lac sous un splendide soleil, nous prenons part le lendemain à la cyclosportive version chrono (également adapté en version rando sans chrono pour le petit parcours). Avec des départs échelonnés entre 9h et 9h30, les participants avaient le choix de partir sur l’un des trois parcours proposés par l’organisation. Que ce soit sur le Tour du Châtelard (55kms/1150m D+), le Parcours des Bauges (110kms/2 050m D+) ou encore le Parcours du Semnoz (130kms/2 850m D+), les cyclistes ont ainsi pu découvrir le charme des Bauges et la quiétude de belles routes de montagne !
Que ce soit en mode chrono pour s’imprégner de l’esprit de compétition ou en mode rando pour profiter du parcours et apprécier le paysage, tous les cyclistes étaient les bienvenus sur cette dVélos Lac d’Annecy, Bienvenue dans le cœur du Massif des Bauges !
J’ai pour ma part pris part au départ de l’épreuve reine, la fameuse boucle comprenant l’ascension complète du Semnoz qui se déroulera intégralement sous les nuages et une bruine rafraîchissante. Le départ est donné à 9h sur les rives du lac d’Annecy pour les 350 participants du « grand » parcours. Un premier kilomètre neutralisé pour traverser la localité de St Jorioz puis nous sommes lâchés au pied de la très longue ascension du Crêt de Châtillon, plus connu sous l’appellation « Semnoz » du nom de la station de ski située au sommet. Cette escalade longue de 24 kilomètres se découpe en trois parties. On commence par la montée vers le hameau de « La Magne » longue de 5 kilomètres, c’est celle-ci qui va de suite créer la sélection dans le peloton qui se morcelle en plusieurs gros groupes. Je ne suis pas du tout dans le rythme dès le pied de l’ascension et je vais voir pas mal de coureurs me doubler, tout le monde est motivé et prêt à en découdre pour réaliser la meilleure ascension possible vers les cimes du massif des Bauges. Après cette première montée, on a une courte descente d’un kilomètre où il faut déjà se montrer prudent sous une chaussée humide et ça remonte de nouveau pour cette fois atteindre le col de Leschaux, six kilomètres de montée plus facile, c’est assez roulant mais la pente est irrégulière. La bruine et la chaussée humide ne me dérange pas plus que ça mais les jambes sont vraiment lourdes et je suis déjà tout à gauche avec le braquet le plus petit possible.
Voici le col de Leschaux à 950m d’altitude, nous sommes encore relativement bas mais maintenant les choses plus sérieuses vont débuter avec les 13 kilomètres d’escalade qui nous mènent au Semnoz. Nous sommes pendant un bon moment sous les nuages, la bruine continue de tomber, je parviens enfin à tenir un groupe d’une dizaine de coureurs dans les pentes les moins difficiles de cette seconde moitié d’ascension. On traverse une forêt, on passe un bon replat et on aperçoit le sommet lors des deux derniers kilomètres, enfin on devine plutôt car en face de nous le décor est absolument tout gris, on ne peut pas dire que l’on puisse admirer les alpages du sommet et ce Crêt de Châtillon, encore moins la vue panoramique sur le lac d’Annecy et le sommet de la Tournette, faudra repasser une autre fois.
Je passe le sommet après 1h45 de course, tout mon petit groupe s’est disloqué dans le dernier kilomètre, certains se sont arrêtés au ravito, d’autres non. Je m’arrête pour recharger en eau et cola, enfiler une veste et grignoter quelques morceaux d’orange et de banane. La température ambiante ne doit pas dépasser la dizaine de degrés, le ressenti avec l’humidité qui règne est vraiment froid ici à 1700m d’altitude. Je me lance maintenant dans cette descente longue de 11 kilomètres. La prudence est de mise dans cette descente où l’humidité de la chaussée s’ajoute à la visibilité réduite sous cette épaisse masse nuageuse. En bas, me voici au village de Quintal où notre petit groupe de l’ascension précédente se reforme en partie, certains sont encore devant, d’autres toujours derrière. C’est plutôt une bonne chose car les 7 kilomètres suivants jusqu’au village de Gruffy sont plutôt plats sur les balcons de la montagne du Semnoz. Je profite de ce moment pour me ravitailler un peu mais perd assez rapidement le groupe suite à une accélération dont je ne tente même pas de suivre, préférant rester sur mon tempo plutôt tranquille me permettant de profiter un peu plus du parcours. Quelques kilomètres plus tard, après un long faux plat longeant le cours du Chéran, nous voici au « Pont de Banges » où l’on retrouve maintenant le « Parcours des Bauges » et ses 300 partants exemptés de l’ascension du Semnoz. Manifestement il semble que tout le monde soit déjà passé et je me retrouve assez seul en direction du col de Plainpalais par les villages d’Arith et de St François de Sales et mine de rien, cette ascension qui parait plutôt facile sur le papier va se révéler nettement plus relevée sur le terrain; 12km et 500m de dénivelé sur des pentes très irrégulières avec pas mal de replats mais une fois passé le village de St François, on trouve des pentes régulières à 8/9% sur une petite route sans aucun rendement. Je vais vraiment peiner dans cette dernière partie d’ascension mais je vais parvenir à reprendre quelques coureurs du groupe que j’avais laissé partir quelques kilomètres plus tôt.
Nous revoici à 1000m d’altitude, second ravito du jour où je me délecte d’un peu de fromage bien que ce ravito soit dévalisé par le passage de tous les concurrents du « parcours des Bauges ». Remplissage des bidons et j’effectue un quasi demi tour pour redescendre par une route parallèle à celle que l’on a gravie. La route est plus large, pas trop technique avec assez peu de pente donc nettement moins dangereuse que la descente du Semnoz. Les 9 kilomètres qui nous mènent à Lescheraines s’effectuent donc à vive allure et permettent de récupérer un peu avant la deuxième moitié de parcours.
A peine entré dans Lescheraines que l’on bifurque sur la droite, il nous faut maintenant remonter en douceur sur un très long faux plat montant d’une dizaine de kilomètres où je parviens à maintenir l’allure imprimée par quelques coureurs encore motivés. On laisse l’ascension de Margeriaz sur notre droite pour aller visiter le village d’Aillon le jeune un peu en contrebas. Un nouveau « demi-tour » pour monter au village d’Aillon le Vieux à 950m d’altitude et on redescend vers la vallée du Chéran.
On passe le cours d’eau et on remonte aussitôt pour rejoindre le très joli village du Châtelard déjà visité la veille lors de l’épreuve Gravel. Voici le 3e et dernier ravito que je décide de zapper car je sais qu’il ne reste qu’une petite vingtaine de kilomètres en mode chrono. La fin de parcours sera quasiment que la même fin de parcours empruntée la veille avec quelques kilomètres tout plat en direction du village de La Motte en Bauges avant de remonter gentiment par petits paliers jusqu’au village de Bellecombe en Bauges où il ne reste alors que deux kilomètres d’ascension. J’aurai la chance de parvenir à me faire emmener par un coureur motivé afin de me protéger du vent défavorable de cette fin de parcours, me permettant de reprendre quelques coureurs fatigués. Revoici le col de Leschaux où comme la veille est jugée l’arrivée chrono de cette dVélos Lac d’Annecy après 115 kilomètres de course, les 15 derniers kilomètres de descente pour rejoindre l’arrivée finale à St Jorioz étant effectués à allure libre pour raison de sécurité.
Côté classement, félicitations au très talentueux coureur belge Vince Mattens qui obtient le doublé sur la dVélos Lac d’Annecy en remportant avec panache le « Parcours du Semnoz » au lendemain de sa victoire sur l’ascension chrono du Semnoz. Après 3h25 de lutte acharnée à quasi 33 km/h de moyenne il franchit la ligne d’arrivée avec 4 minutes d’avance sur le coureur du team Wish One Bruno Morel. Nicolas Rondeau complète le podium au terme d’un sprint face à ce dernier. au sprint devant son coéquipier Dimitri Bussard. Chez les dames, c’est une américaine en la personne de Meredith Byrne qui décroche la première place en 4h03 devant Marie Brozzoni (déjà seconde l’an passé) et Élise Ferreira. Exactement comme l’an passé, ils seront 7 coureurs à se départager au sprint sur le « Parcours des Bauges » et c’est Jules Gellaerts (3e l’an passé) qui s’impose en 2h34 devant Hugo Fanti et Dorian Ravinel. Chez les dames, Emma Lombardi réalise une excellente performance en entrant dans le top 20 du scratch à seulement 5 minutes du vainqueur. Marie Louise Biard (vainqueur la veille en Gravel) prend la seconde place et la suissesse Lucie Altheer complète le podium.
Prochaine échéance en Provence à Maussane les Alpilles pour l’équipe d’organisation LVO lors du week-end du 19 et 20 octobre sur le raid des Alpilles qui sera la dernière manche du Gravel’Tour Cannondale et du Cyclo’Tour Classified.
Infos, résultats et inscriptions : www.cycling-challenge.fr
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