Au coeur du championnat de France XC Marathon 2022 !

Rendez-vous national en Briançonnais

Grande particularité et principale nouveauté de la 7e édition de l’Alps Epic, la première étape servira de support au championnat de France XC Marathon, une distinction vraiment méritée tant le terrain de jeu est juste fabuleux ici !

Par Fred Ischard – Photos : Alps Epic/Agence Kros

J’arrive donc le vendredi matin après une nuit en train, Briançon étant une destination accessible par une ligne ferroviaire directe depuis Paris par un train nocturne. Une fois arrivé sur place, je ne suis pas seul à me rendre sur l’Alps Epic et comble de bonheur, c’est une des navettes de l’organisation qui vient nous récupérer, c’est quand même la classe cette organisation soignée. Allez, direction Monêtier les Bains à l’autre extrémité de la station de Serre Chevalier qui accueille comme de coutume lors des dernières éditions le grand départ de l’épreuve.

Me voici maintenant au cœur du village « Alps Epic » après un voyage des plus simple depuis la capitale. Toute l’équipe d’organisation s’affaire déjà à ce que tout soit prêt pour accueillir les quelques 400 coureurs attendus lors de la journée de samedi. Le temps de remonter le vélo et on peut déjà récupérer notre pack Alps Epic avec un sac de 60 litres qui nous servira à se faire transférer nos bagages durant la semaine. Dans ce sac, j’y retrouve mon précieux dossard et les différents profils des différentes étapes qui nous attendent, bon faut pas trop regarder car c’est toujours aussi effrayant et mieux vaut aborder cette épreuve avec humilité jour après jour. Même après avoir bouclé l’épreuve à cinq reprises, une Alps Epic reste un défi à part entière.

Allez, il est maintenant temps d’aller dégourdir un peu les jambes, une petite reconnaissance des 15 premiers kilomètres du lendemain suffiront amplement. Il est important de reconnaître ce départ car on va certes longer le cours de la Guisanne tout en s’attaquant en douceur aux pentes du col du Lautarêt, un agréable mix de monotraces et chemins plus larges qui fut autrefois l’axe historique de cette vallée avant que ne soit construite la route. Retour par la route et l’après midi passe rapidement à visiter ce joli village de Monêtier. Nous sommes tous invités à un briefing qui sera très court car toutes les infos nous seront envoyées par mail ou message.

Mes deux premières nuits se passeront dans l’enceinte de l’auberge de jeunesse de Serre-Chevalier, il y’a probablement plus luxueux mais j’ai l’avantage d’être à quelques kilomètres du départ, une proximité non négligeable. Repas simple mais en quantité largement suffisante, une bonne nuit et le lendemain matin, c’est parti pour l’aventure Alps Epic ! N’ayant pas anticipé la possibilité de prendre mon vélo avec moi à l’hébergement, je l’ai laissé la veille au parc à vélo, l’occasion de tester les différentes navettes mises en place par l’organisation et globalement ça fonctionne nickel et les rotations pour acheminer les participants des différents hébergements au lieu de départ sont régulières, vraiment rien à signaler là dessus. Me voici sur place à 20 minutes du départ; je récupère mon vélo, petit échauffement rapide et mise en grille de départ. Le SAS 1 est réservé aux élites possédant des points UCI, le SAS 2 à toutes les féminines, le SAS 3 à une trentaine de coureurs possédant quelques résultats sur des épreuves nationales ou internationales et enfin le SAS 4 pour tous les autres coureurs. Les commissaires m’ont accordé beaucoup d’indulgence en m’attribuant le SAS 3, je ne sais pas si je le mérite encore maintenant mais celui-ci me permet de m’échauffer un peu plus et prendre le départ en compagnie de coureurs assez costaud ou encore de… Martin Fourcade, véritable légende du biathlon et venu faire une pige sur les 5 jours de l’Alps Epic.

Il est 8h30, cette fois ce n’est pas l’incontournable Éric Davaine aux commandes de l’animation de ce championnat national mais l’habituel et expérimenté Philippe Join-Lambert. Dernier décompte et c’est parti ! On sort très rapidement de la station et on se retrouve très rapidement dans la poussière des premiers chemins, quelques ralentissements et je reste très vigilant car nous sommes encore tous en masse. Après deux petits kilomètres très rapides, premier petit embouteillage en négociant le premier single de la journée, vraiment pas grand chose avec quelques cailloux et virages le long du cours d’eau mais on passe un par un, suffisant pour créer un bouchon à l’entrée. On sort rapidement du monotrace, une relance sur route et on passe le hameau du Casset. On s’attaque maintenant à un single profil montant nettement plus long, quasi 3 kilomètres donc autant dire qu’il fallait être placé. Je suis aux alentours de la 40e place, certes je suis assez poussif mais ça n’avance pas trop mal et je suis content d’avoir reconnu cette section la veille. Ce single plein de relances pompe déjà pas mal d’énergie et nous en sortons pour retrouver une montée sur asphalte où je me fais déposer par un groupe d’une dizaine de coureurs emmenés par… Pauline Ferrand Prévot (au passage je n’aurais jamais vu la future championne de France Léna Gérault). Je ne m’accroche nullement au groupe car je ne peux absolument, j’essaie de relancer mais très tôt dans la course, mes jambes ne veulent vraiment rien savoir et j’ai déjà des impressions de coups de chaud sous 28 degrés après seulement 30 minutes de course.

Je passe le hameau du Lauzet et on poursuit notre ascension vers le col du Lautaret sur un chemin GR bien roulable au beau milieu d’une prairie le long de la Guisanne qui devient maintenant un petit torrent. Et sur cette piste roulable, je vois tour à tour Estelle Morel bien emmenée en début de course par notre Jeff Bossler national puis Margot Moschetti (ça annonce une belle bagarre pour le podium chez les dames). Ensuite, il y’a un gros écart et je gère donc mon effort entre le groupe de Jeff Bossler d’une dizaine de coureurs et un autre groupe derrière emmené par… Martin Fourcade et Loïs Habert. Ils reviennent sur moi dans le dernier kilomètre d’ascension sur un sentier raide, voire très raide où je sens vraiment que je n’ai plus du tout de jambes et je transpire énormément et ce… après 12 kilomètres de course. Je m’accroche au maximum de l’effort à eux jusqu’à rejoindre le passage de la route nationale, nous sommes quasi à 2000 mètres d’altitude et 650 mètres de dénivelé gravis sur cette première heure de course.

Les premiers sont déjà très loin, on redescend un bout de route plein gaz, le peu d’air que ça procure me fait du bien et je m’arrête au premier ravito pour un remplissage bidon express nécessaire. C’est reparti pour la suite de l’ascension, petit portage sur un petit sentier mais bien moins long que je ne pensais car après quelques mètres, ce sentier raide en lacets se passe en vélo malgré une pente à 16% de moyenne sur une borne ! Sur ces pentes très raides, je parviens à limiter l’écart et me lance à l’assaut du sentier du Roy, un chemin qui surplombe la vallée que l’on vient de gravir, nous permettant de revenir en direction de Serre-Chevallier. Je n’ai pas les relances et la fluidité nécessaire pour revenir sur le groupe des biathlètes et c’est vrai que je ne me sens pas très lucide sur ces passages pas trop dangereux mais restant à flanc de ravin, ça reste assez plat donc je souffre moins que durant la première heure. Une petite bosse pour rejoindre le chalet de l’Alpe du Lauzet permet à un nouveau groupe de 5 coureurs « énervés » de rentrer sur moi et de me déposer avec en queue de groupe Jauffrey Daguin, un autre coureur bourguignon. J’ai 20 kilomètres de course et je poursuis donc ce sentier du Roy qui monte un peu plus que les kilomètres précédents, quelques petits pierriers par endroits mais je ne m’en sors pas trop mal. Par contre, dès que ça monte un peu plus je me fais déposer par des petits groupes. Je monte ainsi jusqu’à 2200 mètres d’altitude en souffrant dès que ça monte un peu.

Voici la première descente du jour à travers la forêt de la Guisanne, un petit sentier humide et glissant en lacets à travers une végétation dense qui contraste avec les pierriers et séracs du sentier du Roy, seulement 2 à 3 kilomètres de descente mais un régal ce joli sentier. A mi pente de cette descente vers la vallée, une bifurcation; le parcours rando sportive poursuit la descente vers Monêtier, pour notre part il faut maintenant remonter en balcon en direction du Vallon de la Moulette. C’est une bonne série de trois gros raidards qu’il faut arpenter pour le rejoindre. Je parviens tout de même à rester sur le vélo mais c’est très laborieux. Je suis vraiment à la peine, un autre groupe me double mais maintenant peu m’importe la course, il faut trouver chaque bonne raison pour continuer, le magnifique décor dans lequel on évolue est un bon motif mais sera t-il suffisant pour me donner l’envie d’aller au bout de moi même et ce, dès la première étape de l’Alps Epic ?

Je passe ce fameux vallon au milieu d’une bergerie, je suis maintenant à 2150 mètres d’altitude, il reste maintenant 300 mètres de dénivelé pour parvenir au col de Buffère, le premier grand sommet de cette première moitié de course. On poursuit par le GR en balcon sur une piste large tout en continuant de grimper sous forme de raidillons et de replats. On aperçoit enfin le col, il reste 200 mètres de dénivelé, on quitte la piste pour gravir un petit sentier en poussant le vélo, il faut savoir que les premiers sont passés sur le vélo ! J’avance mètre après mètre et je redouble quelques coureurs victimes de la chaleur, à l’image d’un marseillais qui sera contraint à l’abandon. Je parviens péniblement au sommet, me voici enfin au col de Buffère à 2400 mètres d’altitude après 33 kilomètres de course ! A ce moment là, je n’ai pas les idées claires, dois je continuer la course ou abandonner et filer directement vers le col du Granon. Je discute une minute avec un signaleur posté au sommet qui me suggère de descendre avec prudence et d’aviser au prochain ravito.

Je bascule en direction de la vallée de la Clarée pour 700 mètres de dénivelé à descendre ! Le tout début est très chouette sur un single au milieu des alpages puis ça se corse sur un sentier très étroit, une belle ravine mais surtout beaucoup de pierres. Je ne suis pas assez lucide pour descendre sur le vélo et préfère poser pied. Peu après ce passage périlleux, un nouveau petit groupe me double cette fois mené par la championne olympique 2012 Julie Bresset. Je décide de tâcher de rester dans ce groupe en profitant des bonnes traces de Julie et ça marche, je reprends le dernier groupe qui m’a doublé dans le portage et un semblant de sourire. La fin de descente s’effectue sur un chemin plus large mais très très pentu avec peu de grip et nous voici à 1750 mètres d’altitude le long de ce torrent de la Clarée. On longe le cours d’eau par un sentier plus ou moins technique et très casse-pattes avec même un petit portage et 2/3 crapahutages en prime. On forme un bon petit train d’une dizaine de coureurs toujours emmené par Julie et nous voici à Névache, dernier village de cette haute vallée de la Clarée, ça m’est parfois arrivé de venir jusqu’ici l’hiver pour pratiquer le ski nordique et ce village est aussi charmant l’été que l’hiver ! Je peux à nouveau respirer un peu, on nous offre deux kilomètres plats sur asphalte pour rejoindre le second ravitaillement du jour ! Je prends les rênes du groupe, motivé par l’envie de rejoindre ce ravitaillement situé juste au pied de la route menant au col de l’Echelle. Nous sommes pile à mi-parcours, je n’ai rien pu manger jusque là donc je tente de manger un peu de fromage qui me tente et de boire du cola, remplissage du bidon et je décide de poursuivre jusqu’au pied de la prochaine difficulté, j’ai 3h15 de course. J’apprends au passage que c’est Stéphane Tempier qui est passé en tête il y’a quasi une heure en compagnie de Hugo Dréchou, juste incroyable !

Après 3 minutes d’arrêt, je reprends ma route sur ce val de Clarée, on dévale une piste de ski nordique pour rejoindre le hameau de Plampinet puis on poursuit d’une rive à l’autre du cours d’eau par un sentier parfois façonné par l’orga suite à de récents orages, on a même une belle ravine à franchir occasionnant un petit crapahutage et on file sur une piste roulante jusqu’à l’entrée de Val des Prés, nous sommes redescendus jusqu’à 1400 mètres d’altitude et maintenant une décision s’impose à moi. Notre groupe a explosé à la suite du ravito, je me suis retrouvé à nouveau avec Julie Bresset sur cette section facile du jour et c’est probablement cela qui m’invite à tenter le coup de m’attaquer aux pentes de la deuxième difficulté du jour, la redoutable ascension du col du Granon et sa piste militaire longue de 10 kilomètres à 9% de moyenne ! Il fait 37 degrés et c’est parti pour un très long kilomètre vertical ! J’adopte la cadence la plus facile possible mais la chaleur nous plombe littéralement. De mon côté, on ne peut pas dire que ce soit mieux mais ce n’est pas pire que les 3 premières heures de course. Alors j’avance péniblement mètre après mètre en essayant de profiter du moindre centimètre d’ombre sous les arbres. Finalement j’arrive à rouler et je ne me sens pas pire que les coureurs qui m’entourent, je rattrape même 3 coureurs et distance totalement involontairement Julie Bresset qui pourtant inconsciemment m’a motivé à continuer la course. Après 4 kilomètres d’ascension, bidon à sec et je dois mon salut à un petit torrent. Je bois goulument comme un assoiffé, me baigne dans l’eau fraîche et repars un peu rafraîchi en compagnie d’Emiliano, un cinquantenaire bien costaud rencontré sur l’Iron Bike. On fait un bout de chemin ensemble jusqu’à ce que je le distance à 3 kilomètres du sommet. Enfin, la pente se radoucit, ça redevient même quasi plat pour les deux derniers kilomètres effectués en compagnie de l’ami francilien Jean-Michel Bulliot (qui va devenir champion de France Master 60) qui me remotive à son tour pour atteindre le sommet. J’ai peine à le croire mais le voici enfin ce col du Granon, second passage à 2400 mètres d’altitude.

Dernier ravito de la journée, je n’arrive toujours pas à manger donc je me contente uniquement de cola. Du coup, je m’arrête peu de temps et je repars assez vite en direction du col de Barteaux en suivant un single sur une ligne de crête, un dernier gros raidard me mène au col et ensuite c’est une très longue descente qui m’attend et comble d’un peu de bonheur, je retrouve un peu de lucidité pour me faire plaisir sur cette section parfois bien périlleuse. C’est clairement bien technique, en surplomb de ravin où la faute de pilotage est interdite. Tout s’enchaîne bien, à mi pente une piste à remonter mais seulement sur 500 mètres avant de rebasculer sur la fin de notre descente. On enchaine une succession interminable d’épingles et en fin de descente, on doit franchir un passage extrêmement périlleux qui nous impose de poser pied à terre, et d’ailleurs même à pied ce passage est compliqué à franchir ! Encore quelques enfilades techniques avant de plonger vers le village de St Chaffrey où je retrouve la vallée de la Guisanne. Il ne reste plus que 15 kilomètres pour rejoindre l’arrivée. Cette magnifique descente m’a redonné un peu d’énergie me permettant d’avaler le long faux plat jusqu’à Chantemerle où je rejoins deux coureurs dont un que l’on distance rapidement. On poursuit notre traversée du domaine de Serre-Chevalier par de petits sentiers casse-pattes qui longent le cours d’eau. Je distance le second coureur et rejoins Jauffrey Daguin au passage de Villeneuve juste au pied de la dernière difficulté à 6 kilomètres de l’arrivée. Cette dernière montée longue de 3 kilomètres est un véritable supplice, je la connais pour y’avoir posé mes skis cet hiver mais là ici sur le vélo, je suis au bout du bout. Malgré tout, je distance Jauffrey et m’approche de l’arrivée. Dernier single avec un passage bien technique négocié sans notion de danger tant la fatigue est présente, un dernier coureur doublé dans le dernier shuss et voici les 300 derniers mètres avant la ligne. Ce dont je me souviens de ces derniers mètres, c’est m’être écroulé à l’arrivée, totalement intoxiqué par la chaleur ! Il me faudra une bonne demi-heure pour reprendre mes esprits et plus d’une heure avant de pouvoir avaler quoi que ce soit. Il m’aura fallu 6h35 pour boucler les 89 kilomètres et 2900 mètres de dénivelé du parcours. Je suis déçu de cette médiocre performance sur un événement national de cette ampleur, surtout aussi tôt dans la course et sans vraiment comprendre si ça résulte directement des fortes chaleurs ou d’une fatigue importante. Quoi qu’il en soit, il va falloir vite oublier cette déception, se réhydrater, manger en quantité suffisante et se reposer pour enchainer avec la 2e étape de l’Alps Epic qui se poursuit dès le lendemain.

Résultats complets : www.alpsepic.com

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