Transvésubienne 2017, du classique et du nouveau !

La mythique Transvésubienne renoue cette année avec son format classique, un prologue à profil descendant le samedi suivi d’un parcours en ligne de La Colmiane à Nice le lendemain. Résumé d’un week-end de pur VTT !

Par Vincent Lombardi – Photos : UCC/Cyril Charpin

Le prologue développait 12 kilomètres pour 300 mètres de dénivelé positif et 800 mètres de dénivelé négatif. Au départ de la station de La Colmiane, les coureurs s’élançaient par vagues de 20 pour rejoindre le village de Saint-Martin-Vésubie en fond de vallée. Bien placé l’an dernier, je m’élance dans la dernière vague aux côtés d’Alexis Chenevier (Scott), Konny Looser (BiXS Pro Team), Emeric Turcat (Team Mountain Tschopp), Patrick Lüthi (Team Prof-Raiffeisen), etc. du beau monde ! Malgré le programme chargé du dimanche, les graviers volent au départ, le duo Chenevier / Looser mettent les gaz d’entrée. La première montée roulante négociée à bloc fait bien mal, au niveau du col de la Colmiane, nous basculons dans une descente qui nous fera perdra 600 m de dénivelé d’une traite par un singletrack très propre, rapide et ludique qui surplombe la Vésubie. A mi-descente, nous traversons à Mach 2 le village perché de Venanson, on enchaîne sur une série de marches qui commencent à me faire tétaniser les bras, je perds un peu de terrain. Arrivé au point bas du parcours, nous remontons vers Saint-Martin-Vésubie par un sentier à flanc de montagne qui nous oblige à pousser le vélo. Je remonte des coureurs partis dans les vagues précédentes, pas facile sur ce sentier étroit, je m’efforce de doubler proprement sans terminer dans la rivière en contrebas. Une dernière bascule droit dans une pente terreuse très raide nous amène au cœur de Saint-Martin-Vésubie via une série de marches en montée, histoire de bien se faire exploser les jambes ! Un vrai condensé de TransV ce prologue, du monotrace de grande qualité, des franchissements techniques, du portage, de quoi s’échauffer pour le lendemain. Avec une correcte 22ème place, je reste dans le coup pour un top 10 au classement général d’autant plus que les écarts sont plafonnés à 5 minutes maximum par rapport au vainqueur. En haut du classement, Alexis Chenevier impressionne déjà en remportant ce prologue avec 2mn20s d’avance sur Patrick Lüthi, un gouffre en seulement 12 Km !

Le lendemain, dès 5H30 du matin, les coureurs s’installent dans leurs vagues respectives comme on monte sur un ring, prêt à prendre des coups et à en donner ! A 6H01, les fauves sont lâchés et l’on attaque la traditionnelle montée du départ qui dure prêt d’une heure, je bascule 14ème au sommet en contrôlant mon effort. Une dernière poussette jusqu’au Mont Tournairet et la grande nouveauté de cette Transvésubienne 2017 arrive, exit la descente cassante et aérienne du Brec d’Utelle, nous nous lançons dans une descente inédite de 1600 m de dénivelé (rien que ça !), essentiellement en fôret sur des support variés, terre, rochers, racines, épingles plus ou moins serrés, il y a de tout. Au tiers de la descente, je passe Patrick Lüthi qui a crevé, 300 m plus loin, c’est mon tour, sans faire de faute, mon pneu arrière explose, sur un replat, je répare proprement en installant une chambre à air. Une crevaison si tôt dans une course comme la Transvésubienne est vraiment handicapante, il faut ensuite négocier les descentes prudemment pour préserver la chambre à air beaucoup plus sensible au pincement qu’un montage tubeless. Je repars au-delà de la 40ème place et entame une remontée prudente. Après une heure (!!!) d’une descente d’exception, nous traversons la Vésubie à la Giandola pour sans transition s’élancer dans le portage vers Loda, une paille de 700 m à 24%…


Après une des rares section de route du parcours, nous attaquons une longue section de mounta cala (montée/descente) sur un superbe monotrace jusqu’au col de Porte. Dans un virage anodin, j’aperçois un vélo au fond d’un ravin à 5 m en contrebas, ouf, le pilote est resté sur le sentier lui ! Même dans les passages « faciles », ce parcours requiert une vigilance de tous les instants. Nous rejoignons le col de Porte au milieu des voitures pétaradantes du rallye automobile d’Antibes (en liaison heureusement…), une expérience assez insolite. Au passage du col, je pointe à la 20ème position, bien décidé à continuer ma remontée. Pour durcir le parcours, l’organisation a décidé d’éviter la piste du col de Porte en la contournant par un sentier qui n’en est pas vraiment un, si la descente passe bien, nous remontons plus loin par une draille à peine marquée qui se résume à un portage violent sur un terrain rocailleux aux appuis fuyants. A ce moment, on a l’impression de faire du surplace, ici, les kilomètres comptent doubles ! Une fois arrivés à la cime de Rocca Sièra, la vue vaut le détour, les montagnes s’adoucissent (un peu), la Méditerranée n’est plus très loin. Mais avant de la rejoindre, il faut négocier la courte mais cassante descente sous le village en ruines de Rocca Sparvièra. Sur un des multiples rochers qui nous barrent la route je sens la jante taper fort, par miracle, je n’entends pas le pschitt caractéristique qui suit souvent ce genre d’incident, ma chambre a tenu ! Je rejoins le col Saint Michel soulagé pour m’élancer dans une descente inconnue vers Coaraze, joli village construit sur un promontoire rocheux. Le sentier est beau, on file vite, il y a tout de même quelques enchainements bien techniques mais à ce stade de la course on ne les remarque presque plus. Troisième ravitaillement près du village, j’en profite pour manger salé, il commence à faire chaud. La remontée sur les flancs du mont Férion s’effectue par un portage sympathique de 500 m à… 30%. La succession de portages de cette édition commence à faire très très mal, le dos souffre presque autant que les jambes. Une fois revenue sur la crête, on aurait pû espérer une fin de course plus clémente, il n’en est rien, le sentier est trialisant et demande beaucoup de jus pour passer sur le vélo, sauf qu’après plus de 6 heures de vélo à ce stade, j’en manque cruellement, c’est dommage, la 12ème place est en vue ! Vers Terre Forte, le parcours est à profil descendant mais terriblement cassant, il faut conserver sa vitesse pour ne pas passer par-dessus le guidon en butant sur les rochers, déjà que les jambes et le dos étaient HS, cette fois, ce sont les bras qui rendent l’âme. Trop concentré sur ma trajectoire et sur la constante nécessité d’alléger la roue arrière pour ne pas pincer, j’en oublie de m’alimenter correctement. Je commence à voir des étoiles et suis obligé de m’arrêter au dernier ravitaillement pour avaler quelques gels… qui feront effet quelques kilomètres plus loin, j’ai perdu 2 places dans l’histoire et pointe à une honnête 14ème place. La fin de parcours emprunte un sentier rapide et vraiment plaisant à rouler où pour une fois on ne se bat pas trop avec le terrain… jusqu’à cette dernière descente fraichement tracée qui nous permet rejoindre le stade de la Lauvette, site d’arrivée de cette Transvésubienne 2017. Celle-ci présente de nombreuses cassures, de gros dévers, des dalles glissantes, beaucoup assureront en passant à pied, je me bagarre pour négocier au mieux cette dernière difficulté mais perd une place face à un pilote beaucoup plus à l’aise que moi. Je passe la ligne en 15ème position, à 10 minutes de mon objectif top 10, il faudra revenir à nouveau !


Alexis Chenevier remporte sa 5ème Transvésubienne ce qui constitue un nouveau record, mais cela n’a pas été de tout repos. Il gagne cette édition grâce au bonus acquit lors du prologue, en tête dans le premier tiers de la course, il a par la suite dû batailler avec deux crevaisons, quelques sorties de piste et un Konny Looser très fort mais pas encore winner, celui-ci termine 2ème pour la 2ème fois de suite. Chenevier réalise un début de saison vraiment exceptionnel avec une succession de victoires sur l’Epic Enduro et les deux manches du All Mountain Challenge… XC, Enduro, il sait tout faire ! Sur la 3ème marche du podium, on retrouve Emeric Turcat en habitué des épreuves montagnardes.

Kristien Achten (Swooth MTB Team) remporte la catégorie feminine avec une superbe 56ème place scratch devant Jeanette Mayr (Fusion-world.ch Juliana Bicycles) et Maëlle Vanderkam (Bim Bim Team). De plus en plus populaire, la catégorie e-bike (vélo à assistance électrique) est enlevée à la surprise générale par le jeune Kenny Muller (E-team La Roue Libre Moustache) devant Mehdi Gabrillargues (Haibike), malgré un bri de chaine lors du prologue, et Kieran Page (Lapierre). La quintuple vainqueur en VTT « musculaire » Nadine Sapin, s’est élancée cette année en e-bike et remporte sa catégorie devant la spécialiste du XCO Nathalie Schneitter (Focus).

Résultats complets : www.ucc-sportevent.com/transvesubienne/resultats

Sans le passage mythique du Brec d’Utelle, certains craignaient une édition édulcorée, il n’en a rien été. Cette entame de parcours différente nous a offert une incroyable descente d’une heure et la fin de course tout en singletrack trialisant en aura achevé plus d’un. Rendez-vous l’an prochain pour un nouveau combat de boxe avec ce parcours ou dès le 1er octobre puisque George Edwards et son équipe organise une nouvelle épreuve, la Transvalléenne TransWest, entre la station de Gréolières-les-Neiges et Théoules-sur-Mer (100 Km, 2500 m de dénivelé positif et 3900 m de dénivelé négatif), une Transvésubienne d’automne en quelque sorte, à découvrir en personne ou sur VELOCHANNEL.COM bien sûr !

Infos Transvalléenne/TransWest : www.ucc-sportevent.com/TransWest

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