PYR’EPIC, le Raid VTT des Pyrénées dans toute sa splendeur !

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Rendez-vous au cœur des Hautes Pyrénées pour vivre la première édition de la PYR’EPIC, une épreuve d’exception tant sur le concept que sur le tracé dans sa dimension physique et technique mais aussi sur le plan de l’organisation. Le club de Lourdes VTT nous a concocté un raid VTT All-Mountain de 120km avec 9000m de dénivelé négatif et 4500m positif réparti sur 2 jours.  

Texte : Muriel Bouhet – Photos : Christophe Cieslar, Loïc Arnould, Guillaume Retif

Il aura fallu 3 ans de travail acharné au club de Lourdes VTT pour mettre sur pied ce raid VTT de haute montagne au cœur des Pyrénées, et autant dire qu’en tant qu’organisateur de l’une des manches de Coupe de Monde de DH en France, il maîtrise bien leur sujet.

Le programme de cette nouvelle épreuve de All-Mountain s’annonce plus qu’original, alliant paysages, singletracks et remontées mécaniques pour descendre 2 fois plus que monter. Les amoureux de montagne et de vrai VTT, en quête de défi et d’aventure seront comblés. Et moi qui pensait qu’à Lourdes, les miracles n’existaient pas, eh bien il va peut être falloir reconsidérer la chose.

Il s’agit de relier en 2 jours le Pic du Midi de Bigorre à Lourdes en faisant une escale à Cauterets. Le parcours emprunte les plus beaux sentiers du coin pour offrir 9000m de dénivelé négatif contre 4500m de positif. Une aventure unique en son genre que nous avons eu la chance de vivre, car les 250 places ont été adjugées dés les premières heures d’ouverture des inscriptions. Il ne fallait pas louper son créneau, pour ceux qui voulaient passer un week-end épique. Selon l’organisation, plus de 500 demandes ont été effectuées. La Pyr’Epic semble avoir remporté un franc succès dès sa première édition, un événement comme celui-ci ne court pas les sentiers dans les régions du sud-ouest. Et depuis l’arrivée des Enduro World Series en France, c’est une pratique qui a le vent en poupe.

En tête d’affiche, on retrouve quelques noms connus tels que le pilote espagnol Uriarte Markel d’Orbea Enduro Crew, les français Kevin Miquel de Commencal Enduro Team ou encore le marathonien Rémi Laffont de Rose Vaujany, qui sont venus se tester sur ce format de course atypique.

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La mise en route 

Vendredi, on débarque à Lourdes, à l’Hotel Alba en bordure du Gave du Pau, où l’on est de suite pris en charge par l’organisation (retrait dossard et au passage une poche avec diverses infos, un bidon, une tasse floquée Pyr’Epic, ainsi que les plaques de cadre, de sac à dos, et de sac de voyage). En y regardant de plus près tout au fond de la poche, on y découvre une petite attention particulière à peine dissimulé, une bouteille de bière locale, la Bigourd’Ale ! On ne laisse rien au hasard chez Lourdes VTT, les vélos sont immédiatement chargés dans les semi-remorques pour gagner le sommet du Pic du Midi cette nuit. Pour le repas du soir, une pasta party est organisée dans le restaurant de l’hôtel. Les discussions seront écourtées car le réveil prévu à 4h du matin risque de piquer un peu.

A peine couchée et nous revoilà debout à 4h du matin, les bus nous emmènent à La Mongie, au téléphérique du Pic du Midi. Un petit déjeuner nous est offert par les bénévoles et c’est l’occasion de nous donner les dernières consignes avant l’embarquement dans les cabines. L’ascension au sommet est magique et nous fait prendre conscience de la chance que nous avons. Nous assistons à l’un des plus beaux spectacles de cette journée, un magnifique lever de soleil à près de 3000m d’altitude avec ses premiers rayons qui viennent illuminer la chaîne Pyrénéenne. Ca valait le coup de tomber du lit.

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Un raid 100% montagne

Départ toutes les 20 secondes, une météo au beau fixe, une belle journée s’annonce. On voit les top pilotes se lancer et les premiers virages semblent plutôt difficiles à négocier. C’est sympa de regarder les autres mais l’adrénaline commence à se faire sentir lorsque vient notre tour. Les quelques rares filles présentes sur l’épreuve, au nombre de 4 précisément, nous partons une à une dans la même vague, ce qui permet de lancer les hostilités entre nous.

C’est parti, le vélo bascule dans la pente verticale et rocailleuse du sommet où mon pneu arrière cède d’entrée. Pas de chance… Réparation et ça repart de plus belle. Je sens qu’il va falloir ménager son matériel car la moindre erreur va me coûter cher.

Nous dévalons plus de 2000m de dénivelé négatif sur des sentiers techniques mais à la fois rapides et amusants. (Juste pour info, prévoyez des plaquettes de freins neuves avant de vous lancer sur ce genre d’épreuve). La descente se passe sans encombre jusqu’à Luz Saint Sauveur. D’ailleurs, vu le nombre de partants, je pensais être doublée par de nombreux acharnés et finalement les dépassements sont restés fluides et coopératifs. On apprécie ici l’esprit All-Mountain !

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C’est à mi course que le gros morceau de la première étape arrive. Au menu, une longue montée mais quelle montée ! Plus de 1600m de dénivelé positif à avaler sans interruption avec des passages à plus de 25%. C’est la que l’on se rend compte que c’est sympa le tout suspendu de 160mm de débattement en descente mais lorsqu’il faut promener les 13/14kg sur le dos, c’est une autre affaire. On prend son mal en patience, le portage est long et pénible d’autant plus que la chaleur ne fait pas bon ménage chez certains concurrents : crampes, déshydratation, coup de chaud… L’exigence de cette épreuve se charge de nous remettre chacun à notre place.
Petit à petit, le paysage se dévoile, un superbe décor de montagne s’ouvre devant nous. Et pour finir en beauté, on s’approvisionne au ravitaillement du Riou pour entamer la dernière descente vers Cauterets. Que du bonheur ! Cette descente est juste magique, combinant des passages rapides et raides, des épingles à donner le tournis, une traversée en sous bois… On n’en oublie vite le calvaire vécu tant on s’éclate.

De là s’achève la première étape de cette journée dite « facile » selon les organisateurs. Nous risquons de savoir ce qu’est véritablement la « Pire Epique » ! Je termine en 2ème position chez les filles à 1 mn de la tête, assez surprise après mes problèmes de crevaison. Il n’est que 14h, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, le temps de raconter ses déboires autour d’une bière fraîche et on file ensuite à l’hôtel avant de reprendre des forces à la pasta party animée par le club de Lourdes au Casino de Cauterets.

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Dans le vif du sujet

La journée de dimanche commence à 6h30 du matin où se profile une deuxième étape plutôt bien corsée, qui pourra être décisive pour ceux qui visent le classement général. Elle se divise en deux parties : le plus long de 64km jusqu’à Lourdes et une spéciale de 6km depuis le Pic du Jer. Un beau chantier en perspective, 4500m de dénivelé négatif et 2800m de positif qui paraît si simple à lire sur le papier.

Encore une fois, la logistique est sans faille. Au départ, même topo que la veille : remise des bagages, débriefing et prise du petit déjeuner aux remontées mécaniques. On ne se lasse pas d’admirer les couleurs rougeâtres de ce magnifique lever de soleil au dessus des cimes. Aujourd’hui, le départ est effectué selon le classement de l’étape d’hier. Plus motivant ou plus stressant ? Tout dépend de l’objectif que chacun s’est donné pour finir d’une pièce à Lourdes. En ce qui me concerne, la première place est en ligne de mire. Rien à perdre tout à gagner, je fonce à vive allure dans un sentier alpin plutôt piégeur, avec des ornières, où il faut réveiller les sens si on ne veut pas finir dans les bouses de vache. Emballée par l’euphorie de la descente, nous loupons une bifurcation et nous descendons beaucoup trop bas. Ca commence mal. Tous mes espoirs de remporter la Pyr’Epic tombent à l’eau, une erreur d’inattention et 15 mn de perdu. On sait combien le temps est précieux sur ce type de course lorsque les écarts sont minimes. Rien ne sert de courir, changement d’état d’esprit, l’objectif est désormais d’achever cette belle conquête des Pyrénées comme elle se doit.

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Les descentes sont plus engagées que la veille, ce qui demande un bon bagage technique. Il faut rester concentré sur les trajectoires à prendre et être toujours vigilant sur le contrôle de sa vitesse, même si on sent que ça passe. Les fautes de pilotage ne pardonnent pas dans certains passages. Nous enchaînons les bosses comme les descentes à un rythme constant sans trop user les organismes afin d’arriver encore vivante au pied du « Pibeste ». Je n’ai jamais autant entendu parler du Pibeste en l’espace d’une soirée, la montée la plus redoutée du week-end.

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Arrivée au ravitaillement 2, cette fois-ci, on y est : une rude montée de 6km, pas moins de 700m de dénivelé positif, jonchée d’énormes blocs de pierres rendant le sentier inroulable. Exposée en plein soleil, l’ascension est rendue difficile par la chaleur, il faut serrer les dents longuement pour passer la pente exigeante avec le vélo à côté ou sur le dos. Ce portage est interminable, je dirais même que la montée de la veille paraîtrait presque rapide maintenant. On aperçoit les hauteurs et les autres devant qui semblent presque inatteignables, formant une procession de pilotes qui grimpent péniblement. Je suis surprise de doubler un participant en VAE qui fait sa pause syndicale. « Besoin de récupération », il me dit. Je ne l’envie pas pour le coup dans les portages, avec ses batteries et son moteur intégré.
Un seul mot d’ordre : résister ! Ne pas oublier de s’hydrater pour éviter les coups de chaud. Un signaleur nous indique dans la montée que la fin des hostilités est juste à l’entrée du bois. On y croit. Après quelques virages serrés la pente s’adoucit et le pédalage soulage les jambes meurtries.

Enfin la délivrance, nous engageons une descente pour nous redonner le sourire. Toutefois, la fatigue commence à peser et cela se fait ressentir dans la précision de notre pilotage. Les chutes nous guettent. Le dernier ravitaillement au kilomètre 55 marque presque la fin de course mais aussi l’option d’écourter et de rentrer directement à Lourdes. Pas question d’abandonner, nous attaquons la dernière grosse difficulté de la journée, la bosse du Béout où il faut repasser en mode portage. Et ça repart vers le sommet en pédestre. Une fois en haut, encore un beau point de vue sur la vallée. Et puis le monotrace à la fois amusant et technique nous ramène à Lourdes pour effectuer l’ultime étape du Pic du Jer. Petit ravitaillement avant d’embarquer dans le funiculaire et nous voilà sur la piste permanente du Jerc avec un final inoubliable sur la piste de la Coupe du Monde de DH. Une arrivée en fanfare dont un bon nombre de participants se souviendra. Après plus de 12h d’effort en 2 jours, je termine en 2ème position à plus de 6 minutes de la première féminine. Félicitations à la vainqueur qui a fait un sans faute.

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Résultats complets : www.lourdesvtt.com/résultats PyrEpic 2016

En résumé

La Pyr’Epic entame sa jeunesse sur la plus haute marche en frappant très fort pour cette première édition avec une superbe prestation parfaitement rodée et des parcours au top !
Pas si simple de redescendre sur terre après un week-end chargé de souvenirs pleins la tête. Tout semble surdimensionné lorsque l’on découvre l’épreuve au fil du séjour : l’altitude, les dénivelés négatif et positif, les sommets, les paysages, et aussi et surtout la complexité de l’organisation. Tout est minuté, précis, calé, pensé pour que ça se déroule au mieux pour chacun. La gentillesse et l’accueil des bénévoles ont été parfaits du vendredi au dimanche. Chapeau à toute l’équipe de Lourdes. Le concept de ce raid marathon montagnard est tout simplement bien orchestré par le club de Lourdes, où se côtoient les meilleurs pilotes de VTT XC marathon et d’Enduro, et le reste des participants dans une ambiance de camaraderie sportive et fairplay.

Pour ce qui est du matériel, je reviendrai avec un vélo plus préparé et adapté pour ce genre parcours. Mon tout suspendu de 160mm de débattement m’a plutôt pénalisé dans les montées et physiquement achevé dans les portages. Le vélo idéal n’est nul doute un tout-suspendu, entre 120 et 140 mm de débattement, qui offre un bon compromis entre confort en descente et rendement dans les ascensions. Mais aussi, j’ajouterai une bonne paire de pneus à carcasse renforcée et bien sûr l’indispensable tige de selle télescopique. Si vous voulez profiter de cet évènement hors norme sans trop souffrir, il faut un minimum de préparation tant sur le plan physique que technique.

En espérant être de nouveau de la partie en 2017 ! Si vous aussi, vous avez envie de vivre l’expérience Pyr’Epic, n’hésitez pas à suivre la page Facebook de la Pyr’Epic pour connaître la date d’ouverture des inscriptions. L’an prochain, les places risquent d’être très chères pour obtenir son billet d’entrée.

Infos : www.lourdesvtt.com

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2 commentaires sur “PYR’EPIC, le Raid VTT des Pyrénées dans toute sa splendeur !”

  1. Bravo pour cet article qui rappelle parfaitement cette épreuve fabuleuse. Je pense bien être le pilote vae en perdition dans le Pibeste évoqué dans l’article, je suis donc bien placé pour saluer la superbe performance sportive de Muriel sur cette épreuve ! Bravo encore à une journaliste « all mountain » de talent !

  2. Superbe reportage de ce raid où l’essentiel est si bien décrit: paysages exceptionnels, organisation au TOP, il y en avait pour tous les niveaux!Moi je l’ai vécu de l’intérieur… en VAE; la montée du Pibeste avec 29kgs dans le dos me hante encore l’esprit…mais je repars l’année prochaine!

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