Partager la publication "Deux béotiens en autonomie sur le canal de midjoun (deuxième partie)"
Seconde partie de ce petit voyage à vélo de 4 jours le long du Canal du Midi. La première partie est à retrouver en cliquant sur ce lien.
Printemps 2013, pas d’enflammage, pense à l’emballage !
Comme si les vélos n’étaient pas assez lourds, ils commencent à se parer de leurs nouvelles couleurs…
Texte et photos : SebRV
Deux béotiens en autonomie sur le canal de midjoun (canal du midi en occitan)
Jour 2 – Quelque part entre Lauragais et montagne noire
Bram 14 km 1h04 toujours pas cerf !
Calembour mis à part, nous apprécions, ce matin, d’avoir planté la tente, la veille, au sommet d’une colline (tu me suis !?). Le démarrage n’en est que plus doux. Un phénomène étrange se produit alors, en ce matin calme. Nous sommes en danseuse, en descente… Ca se reproduira, à partir de ce point kilométrique à couaziment chaque redémarrage. En rejoignant les berges et en posant nos roues sur un tapis de feuilles et d’aiguilles en décomposition, nous remercions les arbres ici présents en rives et posons à nouveau nos séants sur nos selles. Marrant comme après moins de 10 heures, retrouver le canal et laisser les voies goudronnées derrière nous, nous donne déjà le sentiment de retrouver un « chez soi ».
Rencontre du troisième type… un couple d’anglais navigue au feu de bois.
Carcassonne downtown 39 km 3h15
Nous arrivons trop tard pour le coloré et bruyant marché de la place Carnot mais nous rattrapons avec le pont (!!) vieux et la superbe vue sur la cité comtale. De l’art d’aller visiter un site classé en empruntant un autre site classé. La classe internationale, non !?
Et m… ils sont déjà en train de plier !
A y être, autant se faire un deuxième grand site classé dans la journée.
Trèbes de plaisanterie 54 km 4h42 pause café devant le ballet des canards et des bateaux de croisière
Dans le port de Trèbes y’a des marins qui déchantent aurait chanté Pierre Bachelet en imitant maladroitement son idole belge. Avant d’attaquer les corbières, nous nous posons sur une terrasse mais l’incessant ballet des bateaux de loc’ essayant qui d’accoster, qui de faire demi tour n’incite pas au calme ni à la sérénité. Nous enquillons un expresso et filons à l’anglaise (Bradley, si tu nous regardes…).
La nature est quand même bien faite (et je parle pas que de ma partenaire !).
La Redorte 82 km 7h12 séance photo, séance touriste… repos du fessier (pour celui qui shoote)
Ne me demandez pas à quoi sert cette incongruité architecturale… à part à faire de belles images et à faire mal au séant du modèle. Ils étaient certes doués pour calculer les déplacements des fluides mais manifestement pas pour tracer un chemin carrossable, à l’époque. Rendez vous sur Google pour une définition succincte et illustrée. Et au Balto à la Redorte pour une histoire du fameux épanchoir détaillée mais avec l’accent.
Le ciel est aussi tourmenté que le canal, en arrivant en minervois mais la consultation du guide ne reste qu’une excuse pour faire une pause !
Roubia 93 km 8h27, 12 heures d’arrêt
Plus de platanes, une cabane d’éclusier au milieu de nulle part, l’orage qui menace et les coquelicots qui dansent… nous quittons notre fil d’Ariane, le temps d’une halte pizza-bière-camping en phase d’ouverture de saison. 10 kilomètres au Sud du canal, sous le regard distant de l’Alaric (super sortie vtt, pour ceux qui ne connaissent pas encore), nous oublions notre incantation de la veille… et planterons, à 22h30, dans le noir, après un bien bel orage comme l’Aude sait en offrir à ses visiteurs. La vision, l’odeur des pins parasols, les collines rocailleuses en arrière plan, les vignes encerclant chaque village, bref, les Corbières offrent un nouveau décor au canal. Deuxième jour, deuxième ambiance.
Les bateaux passent sur le pont et la rivière passe en dessous… mais bien sûr ! Et la marmotte…
Jour 3 – Réveil sous la frondaison des pins maritimes au beau milieu des Corbières
Si nos jambes se remettent en mouvement machinalement, les peaux de chamois ne sont plus d’un grand secours ! Attablés, au petit déjeuner, sur une terrasse ombragée de Lézignan-Corbières, au moment de commander un 4ème café-prétexte à gagner quelques précieuses minutes de répit, heureusement qu’un autre binôme à bicyclette (déjà croisé la veille et que nous retrouverons dans le train du retour) se décide à mettre les voiles… et nous donne des scrupules. Je crois que nous y serions encore, à attendre les résultats de l’hippodrome d’Auteuil et à deviser météo ou politique internationale.
No man’s land audois 33 km 2h53 have a break, have a Pigasse
Pour se jouer des dénivelés, le tracé du canal devient aussi torturé que la météo. Au milieu de nulle part, entre deux grains comme l’on nomme les averses en Bretagne, nous partageons ce calme et hors du temps lieu de halte avec des locaux. Heureusement qu’ils ont un plan B car s’ils comptaient cuire leur pêche sur le barbecue improvisé, c’est un coup dans l’eau ! A propos d’hydratation, nous repartons avant la pluie mais cherchons un point d’eau pendant une partie de la journée. Paradoxal, isn’it ? Note à l’attention de ceux d’entre vous qui le planifie pour l’été, sur cette étape, le canal est souvent dénudé de ces protecteurs platanes entre Carcassonne et Béziers. Prévoir un chameau-dos grande contenance.
Le danger n’est pas toujours là où on l’attend. Port du casque recommandé !
Tunnel du Malpas 54 km 4h55 SNCF 1-PPR 0
Les années passent, les promos se succèdent mais les ingénieurs gardent leur logique. Bosser dur pendant les prépas, fêter leur entrée en école durant les années suivantes… et creuser des tunnels toujours plus profonds ! A ce petit jeu, ici, Pierre Paul Riquet a été battu par ses successeurs des réseaux des chemins de fer. Le canal passe ici à l’aplomb du « trou » fait pour les trains ! Au roulage, le sous sol devient plus meuble et poussiéreux (nos séants toujours convalescents ne se plaignent pas et on comprend qu’ils aient préféré creuser, ici, plutôt que faire encore une fois le tour de la colline). A la vue, la terre devient presque blanche. A l’oreille, pas de doute, nous arrivons bien en zone touristique. Au nez… bin RAS ! Les guides pédestres passent le relai aux speakers des pontons pour ne jamais nous laisser écouter le silence de nos mécaniques bien huilées. A la prochaine halte, nous découvrirons que des « croisières » sont organisées pour aller passer dans ce tunnel. Goffer, Isaac et Julie n’ont qu’à bien se tenir !
Quand le sous sol devient plus meuble, PPR (Pierre Paul RIQUET et non Pinault Printemps…) préfère creuser que contourner les collines.
Colombier 57 km 5h17 Fuyons ! Le béton et les pavés autobloquants ne se sont pas arrêtés à la Grande Motte !
Mais qui a eu l’idée !? Sans déconner (doucement ami secrétaire de rédaction, c’est une ponctuation, ici bas !), en déployant nos béquilles sur cette esplanade digne des plus belles idées architecturales des 90’s, nous sommes incrédules… mais assoiffés… mais incrédules
Passons l’épisode touristico surcoté des écluses de Fonsérane, les bords trop urbanisés de l’Orb (bien plus sympa et canoë-kayakables, quelques kilomètres en amont) et changeons, une nouvelle fois, d’ambiance. Le smile aux lèvres à en récolter des moustiques entre les incisives, nous nous disons que « ça y est, on l’a fait » mais déjà, le sentiment que tout est passé trop vite, arrive. Etrange impression alors que nous avons arrêté de penser à ce qui se passe du côté de nos périnées depuis 72h…
Portiragnes-pas-plage 80 km et des bananes 7h02 on est à l’heure pour l’ouverture du camping des mimosas
Pour patienter, après avoir planté la guitoune (un bob dédicacé de Gibert TRIGANO à celui qui connait l’origine de ce sobriquet et le transmet à la rédaction ?!), nous décidons de partir, à pieds par des chemins de paludiers, voir LA MER ! Sans se concerter, nous décidons d’attendre le lendemain pour faire les derniers hectomètres menant à la digue qui marque la fin de notre canal. Cherry on the cake et/ou intégrisme cartographique, nous ne posons pas nos roues sur le sable. Pas avant d’avoir passé ces deux tourelles de la pointe des Onglous qui nous narguent, depuis des mois, sur guides et sites consultés, en prépa. La dernière écluse. Les moustiques affamés et notre festin fait de bière belge et de burger maison nous aident à penser à autre chose et à patienter. Ce soir, nous roulons la viande dans le torchon avec le sentiment du devoir accompli. Au passage, nous sommes heureux de l’avoir fait durant le mois gruyère (surnom suisse du mois de Mai français). Le choc de ces grands campings posés sur la frange littorale, à partir de mi juin, aurait sans doute été un peu violent.
Suite au prochain épisode (qui sera le dernier)… (La première partie est à retrouver en cliquant sur ce lien).