Impossible de ne pas évoquer le raid VTT Chemins du Soleil lorsque l’on consulte le calendrier des épreuves VTT marathon tant cette épreuve est devenue un événement incontournable pour tous les amoureux de VTT de montagne. Cette 17e édition nous aura proposé une fois de plus un tracé exceptionnel afin de découvrir de nouveaux sentiers et des haut lieux touristiques de ce territoire des Préalpes entre Isère, Drôme et Hautes-Alpes, une magnifique aventure qui débute le 30 mai dans un petit village du Vercors pour se conclure le 2 juin à Gap, la « capitale » des Hautes-Alpes.
Par Fred Ischard – Photos : Rémi Fabrègue/Agence Kros
Nous voici à La Chapelle en Vercors, départ de la première étape à 21h30 en mode nocturne pour une boucle de 28 kilomètres cumulant 800 mètres de dénivelé. Nous sommes 85 binômes au départ pour la formule « Elite » chronométrée, les quelques 400 randonneurs exemptés de cette étape nocturne viendront gonfler le peloton au départ de la 2e étape. Il fait encore un peu jour pour le début de course et comme chaque année, ça frotte toujours sur cette étape courte, on essaie de se placer correctement alors que les favoris se détachent rapidement. Les quatre premiers kilomètres sont rapides, profil légèrement descendant sur un chemin piégeux en sous-bois avec quelques flaques de boue…
Intervient la première bosse longue de 4 bornes qui sera très exigeante, il faut gravir un sentier plein de pierres glissantes sans poser pied à terre, ça réclame déjà une sacré énergie mais c’est très joli à rouler et les coureurs plus techniques peuvent prendre l’ascendant dès ce début de course. On termine l’ascension par une piste plus roulante. Au sommet, on attaque la descente sur un long single hyper piégeux qui serpente entre les buis, les pierres glissent de partout et on a l’impression de rouler sur du verglas dans la nuit noire du Vercors, autant l’avouer mieux vaut avoir des lampes qui éclairent fort et loin. Quelques chutes seront à déplorer sur ce terrain particulièrement technique mais rien de grave, tout le monde bouclera sain et sauf cette première boucle. On plonge ainsi jusque Les Barraques en Vercors, porte d’entrée des fabuleuses gorges des Grands Goulets, un des nombreux sites touristiques du Vercors.
Une fois en bas, on remonte par une piste sablonneuse, une surface que l’on retrouve assez peu dans la région, longue de 4 kilomètres nettement plus roulante que la première difficulté du jour. Au sommet un replat puis une nouvelle bosse d’un kilomètre raide dans la caillasse, les écarts sont faibles et l’équipe des grenoblois emmenés par Guillaume Philippe et Pierre Llora déjà sur le podium l’an passé se placent aux avant postes et prendront la seconde place de cette étape à 15 petites secondes du team Vendée VTT emmené par Pierre Billaud et Arnold Jeannesson qui remporte cette étape nocturne après 1h20 de course. Une belle descente nous attend pour rejoindre le village de La Chapelle en Vercors puis quelques raidillons dont le dernier bien technique sur un sentier plein de gros cailloux, cette étape sera courte mais déjà bien physique et technique, bref un concentré du terrain de jeu qui nous attend par la suite… Nettoyage des vélos, douche rapide puis au dodo car le lendemain, place à la seconde étape qui sera longue de 62km et cumulant 2100m de dénivelé à travers le sud Vercors et le Diois…
Après une courte nuit, nous voici au départ de l’étape 2, l’enchaînement n’est jamais très simple à effectuer avec le réveil à 5 heures, le petit déjeuner à digérer malgré le peu de sommeil… Un petit déjeuner comme d’habitude copieux et savoureux proposé par l’organisation à base de muesli complet, fromage blanc, confitures locales, miel de la région, bref de quoi tenir une partie de la journée qui nous attend. Nous voici sur la ligne de départ pour 62km et 2100m de dénivelé.
Il est 7h30, c’est parti pour une mise en route de 2 kilomètres en montée sur bitume pour quitter La Chapelle en Vercors. Ça frotte un peu pour se placer avant de nous lancer sur les premiers chemins et on s’attaque à un single avec des petites dalles blanches glissantes comme sur l’étape nocturne, les jambes sont bien raides et le cardio monte vite. On monte progressivement avant d’arriver sur une portion bien roulante pour traverser les hauts plateaux du Vercors, des petits groupes se forment à la faveur de cette liaison nous menant au pied du premier col du jour.
Passage à Vassieux en Vercors, haut lieu historique de la Résistance après 15 kilomètres de course, on attaque l’ascension du col de La Chau qui culmine à 1400 mètres d’altitude, montée relativement roulante dans la forêt avant de traverser de beaux alpages au sommet. Place à une longue descente, on quitte le Vercors pour plonger dans le Diois, on emprunte un splendide sentier étroit, vertigineux, très sinueux, au sol très fuyant. On arrive en bas au ravito de Marignac en Diois à mi-parcours, on y retrouve plein de bonnes choses pour refaire le plein d’énergie : fruits, fromage, croquants aux amandes, crème de marrons, fruits secs, eau, bref un mix entre produits locaux et autres plus classiques pour tous les goûts. La suite du parcours devient un peu plus facile, on escalade maintenant la courte ascension du col de Bergu, une montée plutôt roulante d’où l’on domine la ville de Die et ses alentours. Au sommet à 750 mètres d’altitude, on plonge sur Die par un nouveau single moins vertigineux mais très pentu sur un sentier plein de racines où l’on doit piloter à travers une forêt de pins.
Nous traversons maintenant cette capitale dioise, une jolie petite ville de 5000 habitants aux saveurs provençales arrosée par la Drôme, le cours d’eau qui donne son nom au département que l’on traverse, il nous reste une vingtaine de kilomètres pour boucler cette étape. On monte une petite route avant de gravir un magnifique single raide plein de virages et d’épingles. Il faut puiser dans toutes nos ressources pour affronter ce sentier très difficile. Heureusement, voici le ravito du village de Laval d’Aix, il ne reste que dix kilomètres mais il semble nécessaire de profiter de cet ultime ravito pour bien terminer l’étape, on y retrouve d’ailleurs de délicieux morceaux de tomme du Vercors, nous sommes gâtés ici sur ces Chemins du Soleil.
C’est reparti mais une sacré bosse de 4km très très difficile nous attend et va littéralement assommer plus d’un coureur alors que côté course, c’est cette ultime difficulté qui fera la différence que ce soit pour les classements scratch hommes, dames ou mixtes. Ce single est très pentu, succession de portages et épingles très serrés nécessitant de descendre et remonter sur le vélo à de nombreuses reprises. Nous devrons également traverser de nombreuses ravines, bref une montée très exigeante qui nous fera souffrir mais l’arrivée du jour est au bout. Dernière descente technique et trialisante par endroits avant de franchir la ligne d’arrivée à Chatillon en Diois au terme des 62 kilomètres et 2100 mètres de dénivelé du parcours. Le point d’orgue de cette étape aura sans aucun doute été le passage sur les crêtes du col de La Chau d’où l’on a pu profiter d’un panorama époustouflant sur tout le Diois et la Drôme provençale. Cette étape a été remporté par le duo Guillaume Philippe/Pierre Lloria qui prend la tête de l’épreuve devant le team Vendée de Pierre Billaud/Arnold Jeannesson à 1 minute 15 et les suisses du team Mountain Tschopp de Emeric Turcat/Arnaud Rapillard à 2 minutes 50.
On poursuit donc cette aventure du raid des Chemins du Soleil par la 3e étape entre Chatillon en Diois et Veynes en Dévoluy… Une étape de 70km avec 2600m de dénivelé qui va nous faire traverser une partie du Diois à travers les balcons du Glandasse pour entrer dans les Hautes-Alpes sans vraiment de surprises côté parcours, on va emprunter des traces déjà arpentées lors d’éditions précédentes qui ont fait l’unanimité tout en nous dénichant quelques délicieuses surprises.
Nouveau départ à 7h30 et un petit kilomètre sur route pour étirer tout le monde, ça frotte encore pas mal du fait d’un niveau très homogène cette année sur la formule « élite », ça se soldera par un petit carambolage au sein du peloton mais pas de bobos. C’est déjà la bataille entre les équipes filles et mixtes, le team FMR menés par le duo Benjamin Coutand/Lucie Croissant menant la course devant le duo du team Raidaventures.fr Adrien Corneloup/Albane Lallier, bref un duel de raideurs expérimentés alors que chez les dames c’est le binôme international du team belge Kona avec Kristien Achten et Laura Turpijn qui domine les débats devant les bretonnes Marine Eon/Anais Grimault. On emprunte un premier chemin avant de basculer dans une petite descente ludique qui domine le village de Chatillon. On poursuit ensuite par un très joli single en balcon en surplomb du Bez, le cours d’eau qui arrose Chatillon. C’est un peu à la queue leu leu en ce début de parcours mais il ne faut point s’exciter car une belle et longue ascension nous attend. En effet après seulement 5 kilomètres voici le pied de l’ascension du col du Pinet, 600 mètres de dénivelé à gravir qui débutent par une belle piste forestière pendant quatre kilomètres. Le peloton s’étire et de petits groupes se forment à mesure que l’on prend de l’altitude. On quitte ensuite la piste pour emprunter un nouveau sentier à flanc de falaise super beau et très vertigineux, quel boulot de l’organisation pour dénicher et nettoyer ces traces magiques à rouler. On se lance dans la superbe descente vers le village de Boulc, assez engagée mais pas trop dangereuse. Le premier ravito nous y attend car ensuite on entame la plus longue montée du jour, les 8 kilomètres et 650 mètres de dénivelé de l’ascension du col des Vaunières, une montée plutôt roulante sur une jolie petite route puis sur une piste. Et là on se rend compte que les écarts sont encore très serrés entre les équipes de tête de course, ça roule vraiment vite et ça enchaîne les ascensions à un rythme effréné. Au sommet nous voici à 1400 mètres d’altitude. On poursuit sur un joli petit sentier puis par une descente très rapide, traversée du hameau des Vaunières puis on s’engouffre pleine pente dans la forêt pour se gravir un gros portage certes assez court mais sur un tas de feuilles et de cailloux en pleine forêt hors de toute trace, très exigeant pour les mollets mzis ça fait aussi partie intégrante du raid VTT Chemins du Soleil. Il faut s’accrocher pour ne pas trop subir le parcours et profiter du magnifique décor qui s’ouvre devant nous. On entre dans les Hautes-Alpes et on aperçoit la vallée du Buëch en contrebas. Quelques mètres sur un sentier trialisant au sommet d’une arête crêtes puis on bascule sur une descente rapide…Nous voici à St Julien en Bauchene dans la vallée du Buech, deux kilomètres de plat nous permettent de récupérer un peu avant une nouvelle montée de trois kilomètres sur piste nous élevant à 1100 mètres d’altitude. On enchaîne par une descente courte et rapide sur piste, un peu de route puis nouvelle bosse roulante de deux kilomètres, les kilomètres défilent mais le profil reste très casse-pattes. On bascule vers le hameau de La Faurie, emplacement du second ravito du jour. Il reste 17 kilomètres et on gravit maintenant l’ascension du col de Seille, à nouveau quatre kilomètres de montée alternant une belle route en lacets et un chemin vraiment raide qui va faire exploser plus d’un coureur mais au sommet, ce sera la récompense avec une magnifique descente sur des petites arêtes de sable noir nous plongeant vers Aspres sur Buech, un carrefour historique entre le Dauphiné au Nord et la Provence au Sud.
On entame les 10 derniers kilomètres et voici la dernière bosse du jour fort heureusement plutôt roulante pour franchir le dernier massif nous séparant des portes du Dévoluy. Et voici la ligne d’arrivée sur les rives du plan d’eau des Iscles à Veynes en Dévoluy. Il ne faudra guère plus de 4 heures et 6 minutes pour le team Vendée VTT qui remporte l’étape avec 50 secondes d’avance sur les leader de l’épreuve, le duo Guillaume Philippe/Pierre Lloria. Seulement 24 secondes séparent ces deux équipes à la veille de la dernière étape, le suspens reste entier. En prenant la 5e place du jour, le duo suisse du team Mountain Tschopp, vainqueur sortant, Emeric Turcat/Arnaud Rapillard reste à la 3e place mais est déjà relégué à près de 11 minutes. Étape du jour à nouveau magnifique, plus physique et un poil moins technique qu’hier mais tout aussi belle…
On nous annonce un final en apothéose avec une traversée « aérienne » du Dévoluy longue de 60 kilomètres et 2000 mètres de dénivelé… Après une troisième étape vraiment physique, place donc à une quatrième étape qui va nous amener sur Gap par une jolie balade dans le Dévoluy, en fait ce sera juste une exceptionnelle balade !
Le réveil à 5 heures du mat est toujours aussi difficile mais tout le monde est impatient de découvrir ou redécouvrir cette belle étape qui nous attend. Départ à 7h15 au coeur de cette jolie petite ville de Veynes puis on s’attaque à une bosse de 8 kilomètres dont 6 seront effectués sur bitume pour se hisser au sommet du col des Tourettes. Rapidement, un groupe de tête d’une dizaine d’équipes s’échappe en tête alors qu’un second groupe d’une quinzaine d’équipes en poursuite roule fort derrière, c’est dans ces situations que l’on voit que l’épreuve prend du volume d’année en année niveau densité de coureurs. On passe le col des Tourettes et on s’engage dans un sentier étroit parsemé de portages et autres raidards pour atteindre le sommet de cette première ascension du jour à 1350 mètres d’altitude, cette section permet de faire un peu la différence pour certaines équipes avant la longue descente qui nous attend.
On plonge vers le village de Montmaur, la première partie de la descente est large et rapide mais reste cassante alors que la suite de cette descente sera très pentue et technique. On se lance maintenant sur une longue ascension de 15 kilomètres, d’abord très physique sur un single plein de cailloux qui roulent puis en sous bois plein de franchissements, de dévers, de ruisseaux, bref ça avance pas bien vite et faut beaucoup d’énergie pour progresser. Enfin, après de nombreux raidards, on arrive sur la piste de Matacharre. Nous arrivons au principal ravito du jour situé tout près du joli barrage de Matacharre. C’est le moment idéal pour refaire le plein d’énergie et ainsi bien terminer cette ascension du col de Matacharre. On poursuit la montée par une piste roulante et agréable sous les sapins passage jusqu’à 1600 mètres d’altitude, sommet du col de Matacharre.
On entre dans les alpages sur un fabuleux sentier aérien nous menant au col de Conode, c’est devenu un passage incontournable et emblématique du raid, vraiment vertigineux mais parfaitement sécurisé par tout le staff d’organisation en charge de la sécurité du parcours , on y retrouve même un bénévole avec une pioche qui stabilise le sentier après le passage de coureurs pendant la course, un gage de grande qualité pour nous faire profiter de ces traces exceptionnelles ! Quelques minutes de bonheur plus tard, nous voici au sommet du col de Conode à 1800m d’altitude, le point culminant de l’épreuve !! Place à la descente et on ne sera pas déçu; la première partie a déjà été emprunté lors d’éditions précédentes, c’est un sentier tout en dévers parsemé d’obstacles, grosses racines saillantes, pierres, blocs, bref du vrai technique mettant en avant les qualités techniques et de pilotage des coureurs. Ensuite c’est inédit, on s’engage dans une sublime descente tout en sous-bois dans un décor très sauvage, passages rapides sur un tapis de feuilles, petite escalade au pied d’une cascade, petits sauts, singles bien propre, encore un magnifique travail de l’équipe d’organisation pour le traçage et le nettoyage de cette nouvelle trace. En bas, nous ne sommes pas au bout de nos surprises, nous voici au pied d’un portage nous menant au sentier de la barre des Bancs, un passage creusé en corniche sous la roche à même la falaise. C’est probablement le passage le plus spectaculaire du week-end, passage à pied obligatoire et photo de ce magnifique point de vue de rigueur. Une vraie descente de montagne nous attend pour descendre au ravito du petit village de Rabou. On y retrouve toujours un choix sucré/salé avec fruits, fromages, bonbons, croquants amandes, fruits secs et de quoi se réhydrater. Nouveau single raide en sous-bois, petit portage et petite montée route nous mènent vers la dernière descente du parcours, une descente rapide et sympa avant de retrouver la montée finale des années vers le hameau de Basse-Correo sur un plateau dominant l’agglomération gapençaise et faisant face au pic de Ceüse devant nous. On retrouve le petit canal d’irrigation de Charance que l’on va longer pendant quelques kilomètres pour se laisser glisser jusque l’arrivée chrono jugée dans les hauteurs de Gap, la traversée de Gap s’effectuant hors chrono pour rejoindre l’arrivée finale.
Le suspens tant attendu pour la victoire finale tournera finalement court, le duo du team Vendée VTT Arnold Jeannesson/Pierre Billaud étant contraint à l’abandon après 20 kilomètres suite à un problème mécanique laissant ainsi le champ libre au duo de l’équipe « Moules Frites » de Guillaume Philippe/Pierre Lloria qui renoue avec la victoire cette année en remportant au passage cette dernière étape après 3h28 de course pour boucler les 60 kilomètres du parcours. En prenant la seconde place de l’étape à 5 minutes des vainqueurs, le duo suisse du team Mountain Tschopp termine 2e de cette édition à 16 minutes des vainqueurs après 4 victoires consécutives sur ce raid des Chemins du Soleil. Le jeune duo du team La Forestière Florian Buffard/Maxime Colin complète le podium à 26 minutes. Chez les dames, domination sans partage du team Kona de Kristien Achten/Laura Turpijn devant le duo de raideuses Stephanie Blockx/Chiara Casari et les bretonnes Marine Éon/Anais Grimault. En catégorie mixte, le team FMR de Benjamin Coutand/Lucie Croissant remporte l’épreuve devant le team Raidaventures.fr fe Adrien Corneloup/Albane Lallier et le duo Thomas et Julie Heckel.
Que dire de cette somptueuse aventure, un raid VTT d’exception dans un décor paradisiaque et sur des nouvelles traces toujours plus belles et surprenantes chaque année sans parler des repas aux produits locaux provenant de petits producteurs et préparés aux petits oignons, tout ça dans une ambiance hyper conviviale en formant tous une grande famille. C’est juste une épreuve qui mérite au combien son énorme engouement et qu’il faut faire absolument. Rendez-vous en 2020 lors du week-end de l’Ascension (du 21 au 24 mai) pour la 18e édition !
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