Duo de délices !
La semaine de la saga « Lozérienne » a débuté le dernier week-end d’avril avec la Lozérienne Gravel et la Lozérienne Cyclo au départ de Banassac-Canilhac !
C’est au cœur du village, sur la place de l’Eglise Saint-Médard, que plus de 530 participants se sont retrouvés tout le week-end pour découvrir ou redécouvrir la Lozère. A travers le Causse de Sauveterre, les Gorges du Tarn et l’Aubrac, c’est une immersion au cœur de la Lozère, de son terroir et de ses paysages majestueux qui attendaient les participants en ce week-end de 1er mai.
Par Fred Ischard – Photos : LVO
Me voici donc rendu à Banassac, petite commune de Lozère bordé par la vallée du Lot. Dès lors que l’on arrive, le charme de ce petit village opère et l’on est très vite envahi par l’âme qui règne ici, tout est calme et les gens sont plutôt accueillants. Le centre névralgique de l’épreuve est clairement à l’image de l’événement : convivial, simple, familial, bref un évènement de grande envergure à taille humaine.
L’accueil chaleureux au sein de l’équipe d’organisation donne le sourire lorsque l’on récupère notre plaque de course. D’ailleurs l’équipe LVO se montre généreux en proposant un package bien rempli lors du retrait des dossards, on y retrouve une plaque de cadre personnalisé, une planche à découper propre à l’épreuve ainsi qu’une saucisse séchée locale, quelques échantillons de lubrifiant Squirt et un repas offert après l’épreuve, tout ça pour une quarantaine d’euros sans compter les trois ravitos généreusement garnis sur le parcours. Allez maintenant en tenue, je prépare le vélo type Gravel et direction la ligne de départ au cœur du village. Le traditionnel animateur des épreuves labellisées « Cycling Challenge » Éric Garcia a cette fois laissé place au non moins expérimenté Philippe Join-Lambert qui sera en charge de dynamiser ce week-end, mettre le feu à Banassac et donner le top départ de cette 2e manche du Gravel’tour Cannondale.
Lozérienne Gravel, au coeur du causse de Sauveterre
Il est bientôt 14h en ce samedi 29 avril, encore quelques secondes et nous sommes un tout petit peloton à s’élancer pour les 65 kilomètres et 1700 mètres de dénivelé du parcours. En effet, nous sommes 55 coureurs au départ, un chiffre un peu en hausse par rapport à l’an passé mais on s’aperçoit que le mode « compétition » en Gravel a des difficultés à séduire mais trouve son public, certains désirant combiner épreuves Gravel et cyclo sur un même événement, d’autres profitant de l’opportunité d’une « vraie » course de Gravel sur un format de course acceptable trop peu proposé dans notre territoire français.
C’est parti et faible quantité ne rime pas avec faible qualité car ça part d’entrée de jeu très très vite sous l’impulsion du varois Guillaume Potier notamment. Après deux kilomètres tout plat sur asphalte avalés à une vitesse folle, nous entrons à La Canourgue, petit village considéré comme la petite Venise de Lozère en rapport à ses mini canaux qui arrosent le village. Nous ne visiterons que très peu le village car la première difficulté du parcours se dresse déjà devant nous et pas n’importe laquelle car on a 5 kilomètres d’ascension à quasi 10% de moyenne à gravir sur une piste rendue parfois glissante suite aux averses matinales qui se sont abattues dans la région. Me retrouvant assez rapidement autour de la 20e place, je remonte quelques coureurs partis un peu trop vite sur cette piste en lacets. Je tire profit de quelques replats mais me retrouve malgré tout un peu en difficulté sur les pentes raides à 15%. Une fois au sommet, le top 10 s’est isolé devant mais ensuite on retrouve un groupe de coureurs individuels mais les écarts sont minces si bien qu’après une petite dizaine de kilomètres, je me retrouve avec deux coureurs à lutter pour la 12e place, le top 10 se retrouve une petite minute devant. Le parcours de cette Lozerienne Gravel va nous faire visiter le Causse de Sauveterre de part en part. Du coup, on ne redescend pas immédiatement et on évoluera sur des chemins parfois assez collants avec du cailloux et un profil très casse pattes car un causse lozérien, c’est tout sauf plat ! Ces plateaux aux multiples couleurs rendent ce moment magique.
Malheureusement pour moi, je sens mon pneu avant un peu dégonflé et malgré l’insistance à rester dans mon groupe, je dois le laisser partir après 20 kilomètres de course et à peine une heure de course. Je dois maintenant rouler au ralenti. Un écart conséquent s’était creusé avec les poursuivants et malheureusement pour moi, ma pompe s’est égaré en tombant de ma poche et je dois me débrouiller pour regonfler mon pneu. Un groupe de quatre coureurs me passe sans que quiconque ne puisse me venir en aide. Je fais donc la longue descente suivante à pied pour rejoindre le ravitaillement de Cabrunas, trois autres coureurs me doublent sans m’aider non plus. Je suis donc le premier coureur à m’y arrêter en espérant vivement y trouver une pompe mais malheureusement, pas la moindre assistance technique ni le moindre outil sur ce ravito. Bon je suis un peu dépité sur le coup mais je profite du ravito bien garni avec pas mal d’échantillons de produits énergétiques Ergysport, de délicieux morceaux de Cantal d’un fromager local, bref c’est bien top et ça donne envie de rester, surtout sous le beau soleil qui nous accompagne. Je traverse la petite route pour voir ce qui se cache derrière le parapet d’en face et là stupeur ! Le décor est vertigineux, à couper le souffle, voici les impressionnantes gorges du Tarn et cet époustouflant cirque de Pougnadières, c’est juste le plan Wow du jour !
Je tente maintenant de repartir alors que pendant ce temps, la première dame Justine Dupenloup est gentiment passée. Quelques mètres plus loin, la chance me sourit enfin et une assistante de coureur me prête une pompe, je peux enfin réparer mon pneu avant. Au bout de 5 minutes, c’est reparti et une seconde course débute pour moi. J’hésite entre me remettre au rythme course ou profiter tranquillement et garder l’énergie pour le lendemain. Je vais privilégier une allure soutenue mais linéaire en s’économisant un minimum. Le profil reste identique, c’est casse pattes avec quelques grimpettes un peu plus sévères par endroits mais jamais très longues. Je redouble assez rapidement Justine qui adopte une allure régulière et paraît à l’aise en montée. Je vais également doubler un petit trio de coureurs qui a crevé et au passage à proximité du Point Sublime, je me retrouve déjà aux portes du top 20. Il reste encore 25 kilomètres à effectuer, les conditions météo sont encore top malgré des prévisions menaçantes. Encore une belle montée à gravir et je descends rapidement au pied du hameau de Soulages où se trouve le second ravito du jour. Je passe rapidement ayant déjà pas mal perdu de temps et je reprends à nouveau 3 coureurs.
Allez, encore 18 kilomètres. Le décor change un peu et on retrouve plus de sous-bois. Les chemins deviennent également plus typé VTT avec notamment une grimpette bien raide avec cailloux et racines dans tout les sens. Peu de coureurs vont passer à vélo, de mon côté je parviens à passer ce talus mais pas certain qu’à allure course depuis le départ, je n’aurai pas posé pied ! La descente qui suit est tout autant périlleuse et d’ailleurs les 5 kilomètres suivants vont réclamer beaucoup de prudence sur des chemins plus cassants. Voici enfin la bascule, on quitte le causse de Sauveterre pour plonger vers le petit village de St Saturnin par une magnifique petite route aux multiples lacets. La prudence est de mise sur un revêtement parfois humide.
Il ne reste que 5 kilomètres à effectuer et encore un petit effort sur une petite route qui monte par paliers avant de plonger définitivement sur Banassac. Méfiance sur cette descente, on dévale une piste avec du cailloux, il ne s’agirait pas de crever une seconde fois si proche de l’arrivée. Me voici de retour à Banassac, encore quelques centaines de mètres et l’arche d’arrivée est franchie après 3h23 de course, je termine finalement à la 16e place de cette Lozérienne Gravel malgré une vingtaine de minutes perdues lors de mes déboires en première moitié de course. C’est Guillaume Potier qui sera montré impérial en remportant l’épreuve au terme de 2h50 de course, le cévenol Julien Merle prend la seconde place devant Paul Émile Lorthoire. Chez les dames, victoire de Justine Dupenloup en 4h08.
On a beaucoup apprécié le tracé qui réclamait beaucoup de qualités techniques pour surmonter les difficultés du parcours. On a également été particulièrement séduit par les paysages et les différents panoramas sur le Causse et les Gorges, c’est le sourire aux lèvres que l’on déguste la pasta party offerte par l’organisation, de quoi refaire le plein d’énergie en vue de la Lozérienne Cyclo et ses 155 kilomètres qui nous attend le lendemain.
Lozérienne Cyclo : plateau de l’Aubrac et gorges du Tarn
Après une bonne nuit de récupération, retour à La Canourgue pour la Lozérienne Cyclo avec au choix 105 ou 155 kilomètres en mode chronométré et 105 ou 55 kilomètres en mode randonnée. Je m’élance donc sur le grand parcours de 155 kilomètres afin d’en découvrir un maximum sur les trésors que nous cache ce territoire lozérien. Il est 9 heures et nous sommes environ 250 coureurs au départ de ce grand parcours, la météo est menaçante mais pas une goutte de pluie au départ. On quitte rapidement Banassac pour longer le cours du Lot pendant quelques kilomètres, ça roule très vite et j’ai 40/45 km/h au compteur, tout le monde veut se placer et relâcher l’adrénaline du départ. Pour moi l’adrénaline ne durera pas longtemps, je suis à nouveau victime d’une crevaison après seulement 4 kilomètres de course. J’arrive à me traîner jusqu’au pied de la première difficulté du jour en laissant passer l’intégralité du peloton. Voici un sympathique lozérien présent en spectateur prêt à m’aider mais il n’a pas la pompe qui convient. Heureusement, un voisin va m’en prêter (car comme cité précédemment j’ai perdu la mienne lors de l’épreuve Gravel la veille). J’installe une chambre à air, je gonfle et je repars avec 10 minutes de retard et la voiture balai aux fesses. Je me lance à l’assaut de cette montée vers le plateau de l’Aubrac. Aucune pression de course, je me mets à un rythme d’entraînement soutenu, la route sinueuse est à l’ombre sous les arbres est très agréable avec une pente régulière et pas trop difficile. Après seulement 5/6 kilomètres d’ascension, voici déjà les derniers, je fais un petit signe au véhicule qui ferme l’épreuve et je m’en vais. Une petit bonjour à chaque coureur que je passe, certes le résultat final ne sera forcément pas extraordinaire mais l’expérience globale va être sympa à remonter tous ces petits gruppettos.
Je passe le petit village des Hermeaux, porte d’entrée vers l’Aubrac. Une courte descente et je remonte cette fois vers la petite station de ski nordique des Saulces, le paysage est un peu plus dénudé et je double au sommet un groupe plus conséquent d’une vingtaine de coureurs où l’ambiance paraît vraiment détendue. Nous sommes à 1100 mètres d’altitude, on ne montera pas plus haut pour aujourd’hui ! Encore quelques kilomètres tout plat et on passe le col de Trébatut, premier ravito du jour et notre point de bascule. C’est la fin de notre visite éphémère de l’Aubrac et on plonge vers St Germain du Teil et la vallée du Lot. La descente est facile sur une route large avec peu de virages mais la route humide m’incite à la prudence. Du coup, je reste dans un petit groupe afin de faire le petit tronçon le long du Lot qui nous ramène sur Banassac en compagnie de quelques coureurs. Ça roule plutôt bien sur le plat, chacun son petit relais à 38/40 km/h et on arrive rapidement au passage à Banassac à proximité de notre départ, fin de notre première boucle après 50 kilomètres de course.
Maintenant faux plat montant jusque La Canourgue puis c’est la seconde ascension du jour vers le causse de Sauveterre cette fois. Je m’échappe du petit groupe en compagnie d’un auvergnat et continue ma remontée de coureurs. Sur notre route, on passe devant le rocher de Malpeyre, un magnifique cailloux à la forme particulière qui domine le vallon de l’Urugne. Le site est somptueux et la route serpente en corniche, passe sous un rocher, juste magique ! La montée se poursuit de manière un peu plus irrégulière pendant une dizaine de kilomètres jusque La Baraque de Trémolet, le coeur du Causse de Sauveterre à 800 mètres d’altitude. Voici le second ravito que je zappe également pour filer vers St Rome de Dolan en traversant ce Causse par une route agréable et qui plus est avec un vent qui nous pousse un peu. Entre temps, j’ai à nouveau doublé un groupe d’une vingtaine de coureur, maintenant place à la descente vertigineuse vers les Gorges du Tarn. La descente est chouette et pas dangereuse sur une route large en lacets et quelques minutes plus tard, me voici au village des Vignes le long du Tarn en compagnie de deux coureurs avec lesquels je vais partager le magnifique tronçon de 25 kilomètres au coeur de ces gorges particulièrement impressionnantes.
Cette section est globalement assez plate, on se relaie et j’en profite également pour en prendre plein les yeux car cette route est juste sublime ! Parfois, on passe littéralement sous la roche, c’est vraiment sensationnel excepté la circulation assez dense en ce dimanche de week-end prolongé. Nous voici à Ste Enimie, l’un des villages classé parmi les plus beaux de France ! On reconnaît ce village à son abbaye particulière qui domine le Tarn. Quasi 100 kilomètres au compteur et se dresse devant nous la montée vers Cabrunas, ascension régulière avec 400 mètres de dénivelé à gravir. Cette ascension est également exceptionnelle avec une vue quasi constante sur les gorges. Je double de nombreux coureurs victime de crampes ou qui commencent à fatiguer. Au sommet, voici le ravito de Cabrunas, exactement le même que celui de l’épreuve Gravel la veille et toujours ce magnifique panorama du Cirque de Pougnadières. Je m’arrête quelques secondes remplir un de mes bidons et je repars pour une section de montagnes russes particulièrement éprouvante sur ce Causse de Sauveterre. On monte et on descend sans arrêts, les montées sont courtes mais parfois les pentes s’élèvent à 12% !
Second passage à la Baraque de Trémolet. Je double encore des coureurs mais les écarts sont nettement plus conséquents et les groupes moins fournis. Je ne m’arrête pas à ce dernier ravito, il reste 30 kilomètres et le ciel devient de plus en plus menaçant. Le vent de face ralentit notre progression et c’est à proximité du passage au Massegros qu’une belle averse de grêle nous tombe sur la tête. La fin de parcours n’est pas toute plate et il va nous falloir gravir trois belles montées avant de basculer définitivement vers Banassac. Malgré un revêtement bien mouillé, on retrouve une route large sur cette descente finale avec un dernier shuss très rapide où je me permets une pointe à 75km/h.
Voici l’entrée de Banassac, dernier kilomètre et je franchis la ligne d’arrivée en 5h27, remontant à la 76e place de cette Lozerienne Cyclo. En tête de course, c’est finalement un sprint qui a départagé le groupe de tête où le belge Vince Mattens en sort vainqueur, bouclant les 155 kilomètres en 4h10 à une moyenne impressionnante de 37 km/h malgré les 2500 mètres de dénivelé du parcours. Malgré sa participation à l’épreuve Gravel la veille qu’elle a remporté, la haut savoyarde Justine Dupenloup remporte la catégorie féminine en tout juste 5 heures de course. Sur l’épreuve 105 kilomètres, le jeune coureur Clement Bocquet franchit la ligne d’arrivée en tête au terme de 2h58 de course.
Une magnifique dégustation aligot/saucisse locale nous est offert en guise de repas de clôture, exactement à l’image de l’épreuve : simple, locale, conviviale et généreuse… C’est donc la fin de ce premier volet de la Lozérienne qui s’achève avec de magnifiques images plein la tête ! Retour en terre lozérienne la semaine suivante avec la version VTT cette fois. Trois jours de course au programme sur trois sites différents pour une visite intégrale de ce département de la Lozère, ce sera à suivre en immersion au coeur de la course !
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