Test Cielo Cross Racer

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L’acier remis au goût du jour

Ne dit-on pas que la mode est un éternel recommencement ? Profitant de la relance outre-Atlantique d’une discipline pourtant vieille de 70 ans en Europe (le cyclo-cross), mais aussi du regain d’intérêt global pour l’acier en matière de construction de cadres, Cielo nous propose avec le Cross Racer un vélo étonnamment polyvalent, pour routes, chemins et sous-bois. 

Le Cielo Cross Racer est un vélo à tout faire, pour peu que l’on ne cherche pas la performance à tout prix dans une discipline choisie. Sous ses airs de vélo de cyclo-cross, il est surtout plus polyvalent, mais pas encore totalement à ranger parmi les vélos de Gravel. Géométrie typée route qui fait la part belle à la vivacité plutôt qu’à la stabilité (au niveau de la longueur des tubes et des angles), hauteur de douille de direction plutôt sportive, boîte de pédalier surélevée, et deux supports de porte-bidon cohabitent sur cette machine hybride, qui se montre à l’aise sur de nombreux terrains différents. Le choix des roues, et surtout des pneumatiques, suffit à modifier son caractère. Les capacités d’adaptation au terrain de l’acier faisant le reste. Car c’est toujours un plaisir de retrouver la large plage d’utilisation de ce matériau par rapport au carbone et à l’aluminium en règle générale. Non seulement le Cross Racer a du répondant, mais il est aussi étonnamment stable et rassurant, et surtout suffisamment absorbant pour survoler les chemins et autres routes mal pavées. Seules caillasses et grosses racines le déstabilisent par rapport à un VTT. Mais rien de plus normal, avec une fourche droite et une position basse du poste de pilotage.

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Retour aux sources

Cielo est la marque de cadres créé par l’accessoiriste Chris King, mondialement réputé pour ses jeux de direction, moyeux et boitiers de pédalier. Chris King a fabriqué son premier jeu de direction à roulements annulaires en 1976, dans son garage du côté de Santa Barbara. Si le californien a persévéré dans le développement des composants avec le succès que l’on connait aujourd’hui, il fabriqua également des cadres route et Touring en acier pour quelques cyclistes locaux à la fin des années 70 ainsi que de premiers VTT Cielo au début des Eighties avant de se consacrer à 100% à la conception et fabrication de pièces comportant des roulements, stoppant ainsi toute activité artisanale côté châssis. C’est finalement en 2008 qu’il fut décidé de faire revivre Cielo avec en premier lieu un cadre route inox, toujours fabriqué à la main localement dans les ateliers de la marque ayant migré vers le nord dans une des capitales culturelles du cyclisme, Portland (Oregon). La gamme est aujourd’hui restreinte, couvrant néanmoins plusieurs disciplines : route (cyclo, course), cyclo-cross, VTT.

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À la fois classique et moderne

Construit entièrement à la main aux USA, le Cross Racer n’est pas pour autant sur mesure. Ce n’est d’ailleurs que cinq tailles qui sont proposées, mais on trouve sept coloris en revanche, dont on apprécie la qualité et la profondeur, même après plusieurs sorties sous des conditions difficiles : la peinture et le vernis sont très résistants. Classiques, mais réalisées dans les règles de l’art, les soudures entre chaque tube montrent une finition de très haut niveau.

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Les tubes acier Columbus Life, en 6,5/10e d’épaisseur aux extrémités et 4,5/10e au centre (tubes supérieur et diagonal, le tube de selle est en 0,75 – 0,4 – 0,6) tranchent avec les productions actuelles du fait de leur faible section. Pourtant, ils reprennent les renforts et les formes internes bi ovalisées des fameux tubes Columbus Minimax, considérés comme très rigides il y a 20 ans. L’allure classique cache un sloping de 2°, juste assez pour favoriser un peu de nervosité sans altérer la possibilité de porter le vélo sur l’épaule, essentielle en cyclo-cross. Les bases de 425 mm de long sont évasées vers l’axe de la roue arrière, tout comme les haubans, ce qui favorise la rigidité latérale, mais un peu moins l’évacuation de la boue entre les pneus, en cas de conditions très collantes. La boite de pédalier est de type PressFit 30.

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Sur l’avant, la douille de direction 44 mm en provenance de chez l’américain True Temper est conçue autour d’un jeu de direction Chris King InSet en 1 pouce 1/8 en haut et 1.5 en bas, très rigide et qui assure à la fois stabilité et maniabilité sans failles. Cet ensemble est relié à une fourche en carbone Enve droite et relativement massive par rapport au reste du vélo. Le câble de frein arrière et le câble du dérailleur arrière cheminent au dessus du tube supérieur, ce qui assure une maintenance facilitée. Pas de dérailleur avant ici, pour ce modèle prévu pour une utilisation avec un seul plateau. Testé ici en version cantilever, le Cross Racer est aussi disponible en version freins à disque.

Les détails qui tuent ! 

Si les tubes proviennent de fabricants spécialisés de grande renommée, certaines pièces sont conçues, usinées et travaillées sur place dans les ateliers Cielo. Les pattes de roues et dérailleur en inox par exemple, chromées sur leurs faces externes, nervurées côté surface d’appui du moyeu, efficace et superbe ! L’entretoise des haubans est également de conception maison, avec ici encore un chromage magnifique incorporant le logo de la marque. Le pontet du frein arrière est usiné chez Cielo aussi. L’entaille du tube de selle se termine par un oeillet soudé pour éviter les risques de fissures.
Cadre de série mais fabrication typiquement artisanale.

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Équipement simplifié

Monté par nos soins, l’équipement fait la part belle à la simplicité, avec un pédalier Sram Force CX 1, un dérailleur arrière Sram Force, une cassette 11/32, des leviers mécaniques Force 1 (sans mécanisme de changement de vitesse à gauche), des freins à tasseaux Avid Shorty 4, des roues Bontrager RL, des pneus Specialized Trigger en 33 mm de section, une tige de selle Enve en carbone, une selle Fizik, une potence 3T et un cintre Zipp Service Course. L’ensemble se pose à un poids très raisonnable de 8,5 kg avec pédales en taille S, compte tenu de la nature du cadre, et du poids des pneumatiques.

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Il épouse le terrain

Routes, pistes cyclables, chemins, sous-bois, le Cielo Cross Racer s’accommode de différents terrains, mais toujours en vitesse. Par rapport aux mêmes parcours empruntés à VTT, il est 3 ou 4 km/h plus rapide partout, sauf sur quelques descentes caillouteuses, des singles tracks très techniques, ou sur des montées très raides où le développement de 38×32 est un peu limite. En dehors de ces pratiques un peu plus extrêmes, le Cielo est idéal pour s’évader du train-train habituel de la route, pour échapper à la pression de la circulation ou au vent glacial des plateaux exposés. Son rendement sur chemins est donc à des années-lumière de celui d’un VTT. Il permet de rouler fort et d’envoyer du braquet, malgré un minimum de technique. Certes un peu plus déstabilisé par les ornières, les racines ou les pierres qu’un vrai vélo à crampons, il permet de relancer super fort après chaque difficulté du terrain. Et le retour sur des parties roulantes, voire sur le bitume vent dans le dos, permet d’atteindre des allures inhabituelles avec un vélo polyvalent. En termes de pilotage pur, il est défavorisé par un poste de conduite un peu bas. Les descentes un peu chaudes sont abordées plutôt avec les mains sur les cocottes que les mains en bas, pour une question de meilleure répartition des masses. Sans compter un freinage vraiment limité sur le mouillé, nos cantilevers Avid Shorty 4 avec patins d’origine sont vraiment trop justes dans la boue ou sous la pluie.

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Globalement, la structure en acier absorbe très correctement les irrégularités du terrain, bien que beaucoup de choses se jouent sur la pression de gonflage. Avec une faible pression, c’est moelleux et ça pardonne pas mal d’imprécisions techniques. Mais le vélo perd un peu en contrôle dès lors que l’on relance en danseuse. Avec un peu plus de pression, c’est surtout la motricité en montée sur terrain meuble qui en pâtit. Le retour sur le bitume est à chaque fois étonnant, car plus près de nos références habituelles, on peut juger de la bonne rigidité latérale du cadre, et de son excellent rendement. Avec des roues et des pneumatiques de route, il est vraiment difficile de faire la différence avec un bon vélo spécifique, bien que l’on ressente un soupçon de confort supplémentaire. En étant pointu, on remarque un poil de nervosité en moins, sans doute en raison des bases un peu longues, et on peut aussi être limité par le plateau unique de 38. Pour un usage purement cyclo-cross, on apprécie la boîte de pédalier surélevée, qui donne un peu plus de capacités de franchissement. Les manivelles arrivent à toucher néanmoins, il faut rester un minimum prudent. Avec sa géométrie et ses angles typés pour la route, le Cross Racer peut manquer un peu de vivacité dans les changements brusques de cap ou les vire-vire entre les arbres, mais sa stabilité le rend assez à l’aise dans les franchissements de dévers. Quant à son poids, il n’est pas handicapant au moment de porter le vélo sur l’épaule. Restent les deux emplacements de porte-bidon, inhabituels pour un vrai vélo de cyclo-cross. En cas de montage d’un tel accessoire, le porter devient beaucoup plus compliqué.

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Le Cielo Cross Racer n’est donc pas tout à fait un vélo qui excelle dans un domaine en particulier. Mais il correspond à cette nouvelle tendance de machines à tout faire, relativement à l’aise aussi bien pour une sortie de 120 bornes sur la route que pour une randonnée à travers bois et chemins. Un vélo que l’on peut emmener à la neige ou à la mer, et dont l’entretien est hyper simplifié, avec une transmission 1x et des freins cantilever. Le Cross Racer n’est pas une machine de course, mais un vélo polyvalent et performant, idéal pour un cycliste aventurier ou pour un routier ou un vététiste qui cherche un deuxième vélo pour rompre avec les séances classiques d’entraînement. La qualité de fabrication et la finition ne doivent toutefois pas faire oublier que le kit cadre reste cher pour un modèle proposé uniquement de série et en cinq tailles seulement.

CIELO CROSS RACER

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Cadre : acier Cielo Cross Racer, tubes acier Columbus Life, douille de direction True Temper
Fourche : carbone Enve CX
Jeu de direction : Chris King InSet 7
5 tailles : XS, S, M, L, XL
Poids :  1,68 kg le cadre en taille S

Prix public : 2899 € (cadre + fourche Enve + jeu de direction Chris King)

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2 commentaires sur “Test Cielo Cross Racer”

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