XC Marathon UCI World Series – La Tramun 2016, paradis du singletrack technique !

Dernière manche UCI MTB Marathon World Series sur le continent européen pour la saison 2016, La Tramun la cloture de fort belle manière.

Texte : Jeff Bossler – Photos : LaTramun

Girona (Gérone en français) est située à seulement une cinquantaine de kilomètres de la frontière française en Catalogne. Et ce week-end y avait lieu une nouvelle manche des UCI Marathon World Series lors de la 18ème édition de « La Tramun » qui est devenue au fil des ans une référence en Catalogne. Allez, ce n’est que 6 heures de route de Lyon (l’aéroport de Barcelone n’est pas loin au pire), c’est parti pour un dernier périple pour cette saison 2016 histoire de profiter de la douceur de la Costa Brava et de juger ce nouveau venu dans le calendrier UCI Marathon World Series.
La première édition de La Tramun a donc eu lieu en 1999, et depuis ce temps les organisateurs ont travaillé sur le parcours pour l’améliorer en remplaçant les pistes par des singles. Tout d’abord en dénichant des sentiers cachés, en réopérant certains et sinon en les créant de toutes pièces. Il est même annoncé sur le site : « uniquement des singles ».

Un peu comme la Forestière des années 2000, le départ est situé loin de l’arrivée, avec un dénivelé négatif de plus de 2500m avec seulement 2100 de montée. Nous sommes juste étonnés de voir un marathon de 68km « seulement », et bien finalement heureusement ! Le départ était donc donné à Hostalets d’en Bas pour 8H30 à près de 50km de Girona. L’organisation avait tout prévu évidemment avec des bus pour les coureurs et des camions pour les vélos, afin d’acheminer plus de 300 participants avec leur monture à partir de 6H30 devant le centre de Fontajau. A noter qu’un deuxième parcours de 30 km au départ d’Hostal del Fang partait à 13H00 pour 30km et permettait d’éviter aux concurrents du 68 d’être gênés, à condition de couvrir les 38 premiers kilomètres en 4H30.

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Quelques minutes après 8H30 les fauves sont lâchés. Parmi les partants, un favori se détache en la personne de Sébastien Carabin, suivi de l’italien Tony Longo. A noter la participation du professionnel sur route Robert Gesink, ce sera lui d’ailleurs, accompagné des coureurs polonais du team JBG, qui vont mener grand train durant les seuls 5 kilomètres de col en bitume (Gesink qui abandonnera ensuite). Le peloton va se disloquer et ce sont des petits groupes de coureurs isolés qui attaquent la suite de la montée en sous bois. Ce sera quasiment la dernière fois que nous verrons de l’asphalte, sauf à 2 reprises lors de la traversée de route pour prendre le chemin suivant. La première montée est très raide, à l’adhérence précaire car les pluies de vendredi ont rendu la surface des chemins glissante. Le sommet est atteint au km11 à plus de 1100m d’altitude, le profil indiquant 9km de descente. Et pour descendre, cela va descendre et j’aurais aimé pouvoir changer de vélo pour un enduro avec tige de selle télescopique ! Toujours en single, parsemé de cailloux et de dalles en dévers humides, il faut vraiment engager pour réussir à tout passer sur le vélo. Une semaine de reconnaissance n’aurait pas été de trop car à plusieurs reprises les obstacles et les marches arrivent par surprise, il n’est plus temps de freiner, il faut les enrouler ou les sauter. Sans compter les nombreux virages en épingle avec du vide à nos côtés. Et la descente n’est pas non stop, à plusieurs reprises nous auront affaire à un talus très raide à remonter pour aller chercher le single suivant, et même à quelques portages courts.

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Le gros morceau du parcours se situera entre le km20 et le km35, une succession de montées courtes et raides suivies de descentes toujours en single, tantôt roulables tantôt à la limite du praticable et du numéro d’équilibriste avec un hardtail en habits lycra. Ce qui est sûr, c’est que ce profil en dents de scie oblige à puiser dans ses réserves et ces 15 kilomètres ressemblent à un XCO géant. Nous dépassons ensuite Hostal del Fang, lieu du départ du petit parcours de 30km. Les 14 kilomètres suivants sont à profil globalement ascendant, afin de regagner 500m d’altitude, mais évidemment il aurait été trop simple de monter tranquillement. 5 petites descentes techniques entrecouperont cette section afin de ne pas nous faire perdre le coup de guidon. Arrive le grand moment du parcours avec une descente de moins d’un kilomètre et demi qui va nous faire perdre plus de 300m d’altitude. Autant dire que cette section ressemble presque à de la chute libre, avec des marches de plus d’un mètre et des sections droits dans la pente tout en glisse sans possibilité de s’arrêter. Un grand moment de serrage de fesses oui ! Même les locaux se font surprendre et plus d’un finit à l’envers, tandis que les 3 premiers avoueront avoir fait une grande partie en courant.

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A partir du km50 et pour les 18 derniers, le parcours redevient plus conforme à un XC Marathon classique. Une longue montée cassante sur ce qui ressemblait à une ancienne voie romaine avec de grandes dalles disjointes, puis une succession de singles majoritairement descendants et relativement rapides à rouler. Vraiment plaisant. Nous rejoindrons l’arrivée à Girona via quelques grandes pistes rapides, enfin pas pour très longtemps car à nouveau l’organisation a ouvert de toute pièce quasiment 5km de singles dans le bois le long de la rivière. Des singles moins fun à rouler car assez récents et donc à la surface très inégale, il va falloir encore de nombreux passages de VTT pour aplanir tout cela. Passage sous l’autoroute, dernier bain de boue toujours le long de la rivière avec les flaques des pluies tombées vendredi et c’est la ligne d’arrivée.

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Le vainqueur Sébastien Carabin mettra un peu plus de 3H40 pour 68km, soit environ 18km/h de moyenne. Rarement un XC Marathon UCI n’aura été aussi peu rapide pour un vainqueur, surtout de la trempe du belge. Chez les dames, c’est Claudia Galicia Cotrina qui l’emporte en 5H04. Plus de 350 participants seront classés dont certains en près de 9H…

Résultats complets : LaTramun 2016/résultats

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Voilà, la saison XC Marathon est terminée, à moins de vouloir se rendre aux Philippines, Chili ou Brésil. Quel bouquet final que nous ont proposé les organisateurs de La Tramun avec un parcours de haut vol. Près de 60km de singletracks sur les 68km au total dont beaucoup ont été créés à la pelle et à la pioche, consolidés avec des morceaux de bois. D’autres ont vu la réouverture de sentiers locaux, à la limite du praticable avec de grosses marches et des dalles de pierre en dévers, les grosses pluies du vendredi ayant encore rendu l’adhérence plus précaire. Selon l’organisation, le souhait est de montrer aux coureurs étrangers ce que représente la conception du VTT en Catalogne dans la région de Girona. Et bien nous avons eu l’expérience d’un des XC Marathons les plus durs et surtout le plus technique jamais couru. A titre de comparaison, le XC Marathon du Roc d’Azur s’apparente à une aimable sortie de route plate en Vendée. Rendez-vous est pris mi-octobre 2017 pour la 19ème édition de La Tramun, qui sera toujours intégrée au calendrier UCI Marathon World Series. Prévoyez le tout-suspendu, la tige télescopique et une bonne dose de reconnaissance si vous comptez tout passer sur le vélo !

Infos : http://latramun.cat

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6 commentaires sur “XC Marathon UCI World Series – La Tramun 2016, paradis du singletrack technique !”

    1. La transV est quand même plus technique et plus engagé, mais on y va en connaissance de cause avec le vélo adéquat. Ce WE le HT 29 tige de selle haute était trop limite.

        1. Non nous avons fait avec ce que l’organisateur avait en stock, que 2 photographes pour tout le parcours, il manque beaucoup de passages techniques au milieu de nul part avec aucun accès facile pour les piétons. Mais c’est sur que la marche de plus d’un metre à descendre était vraiment un truc de dingue (il y avait une épingle 5m derrière et une autre marche juste après) et nous avons du fouiller dans plus de 3000 photos pour trouver 2 coureurs seulement qui l’ont passé…

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