Test de l’Orbea Orca Aero

Nouvelle ère

Il est bien loin le temps du premier Orbea Orca, un monocoque carbone aux formes tarabiscotées, léger et reptilien, adoré des grimpeurs légers et des cyclosportifs au long cours, mais limité pour les coureurs plus athlétiques. Orca, c’est désormais une gamme entière chez la marque espagnole, dont l’Aero est le dernier fleuron. Terriblement efficace, c’est une bête de course au rapport qualité-prix soigneusement étudié. Il s’inscrit dans la nouvelle tendance des vélos de compétition, au même titre que les machines que nous voyons s’imposer sur les plus grandes courses du monde.

Photos : Orbea/Antton Miettinen/DR

Quelques mois après la présentation du nouvel Orca, décliné en trois niveaux de gamme selon la qualité des fibres de carbone utilisées, Orbea poursuit le renouvellement de son offre avec un cadre qui fait peu de concessions à la performance pure. L’Orca Aero n’est proposé qu’à partir des fibres de carbone OMR, soit le plus haut niveau au sein de la firme ibérique. Il se distingue de l’Orca OMR par la forme de ses tubes, étudiés dans la soufflerie de l’école polytechnique de Milan, après que chaque forme de tube a été optimisée au préalable à partir d’impressions en 3D dans une petite soufflerie locale.

Sans surprise, l’Orca Aero adopte les lignes générales des modèles à succès du moment, comme le Canyon Aeroad, le Pinarello F10 ou encore le Lapierre Aircode. Les haubans sont abaissés, les fourreaux de fourche légèrement arqués, le tube diagonal adopte le concept Kamm Tail avec des bords de fuite tronqués, et l’ensemble formé par la douille de direction et la tête de fourche est parfaitement intégré, tout comme les passages de câbles.

Mais l’Orbea adopte tout de même quelques solutions spécifiques, comme un tube supérieur de forme ovale, ou un tube de selle qui épouse les contours de la roue arrière, jusqu’à la jonction avec les haubans, par ailleurs relativement imposants, tout comme les bases. Le sommet du tube de direction voit l’adoption de bagues intégrées et aérodynamiques et d’un capot, qui conviennent à merveille au cockpit Vision Metron 5D monté sur notre vélo d’essai.

Particulièrement exposé aux contraintes aéro, le tube diagonal bénéficie d’un double rayon de courbure, au contraire de la forme concave du Pinarello Dogma F10. Tout comme ce dernier, l’Orca Aero est un vélo fait pour rouler vite, mais sans se montrer extrême dans les solutions d’intégration choisies, comme peuvent l’être les Specialized Venge ou Trek Madone par exemple. Au niveau du poste de pilotage par exemple, s’il est optimisé avec le cockpit Vision Metron (qui ferait gagner 6 watts à 45 km/h en soufflerie), il peut parfaitement se monter avec une potence et un cintre traditionnels. Du reste, l’Orca Aero a été comparé lors de sa conception à toutes les références du marché nommées précédemment, à chaque fois avec les mêmes roues de 50 mm. Tout ce peloton de tête se tiendrait dans un mouchoir de poche en termes de traînée aérodynamique selon Orbea, loin devant les vélos typés montagne ou « puncheurs ». Ainsi, l’Orca Aero permettrait d’économiser 27 watts à 45 km/h par rapport à l’Orca présenté l’été dernier. Sans doute suffisamment pour justifier les 250 à 300 g de plus sur la balance.

Du côté de l’intégration, on note l’apparition d’un logement en haut du tube diagonal pour le boîtier de jonction Di2. L’ensemble des passages de câbles a d’ailleurs été optimisé pour assurer un freinage sans accroc et un minimum de complication au montage ou à l’entretien, en évitant les passages totalement internes comme les Venge ou Madone.

La fourche profite des nouvelles règles UCI, qui limitaient jusque là la largeur des fourreaux. De face, ceux-ci sont arqués pour diffuser l’air autour du vélo. Le montage des freins reprend le concept Direct Mount, à l’avant comme à l’arrière. Bien que le vélo soit aérodynamique, il accepte des pneumatiques jusqu’à 28 mm de section.

La tige de selle est dotée d’un tube ovalisé conçu pour limiter les turbulences entre les jambes du coureur. Elle est surtout réversible, de manière à adopter si besoin une position très avancée, en mode triathlon par exemple. Son système ingénieux de serrage permet de différencier les réglages d’inclinaison et de recul.

Le cadre en lui-même profite de la dimension et de la structure des tubes pour se rigidifier encore par rapport à l’Orca OMR. Même si Orbea a dû revoir un premier prototype aux formes définitives jugé trop rigide latéralement et longitudinalement en travaillant sur le placement des couches de carbone, l’Orca Aero est aux antipodes du premier Orca : ici, c’est l’efficacité maximum qui est recherchée.

Contrairement à l’Orca, proposé avec des fibres de carbone OME, OMP ou OMR, l’Orca Aero n’est proposé que dans cette version haut de gamme OMR (pour Orbea Monocoque Race) avec un tarif agressif pour ce type de vélo, qui débute à 2999 € en Shimano 105 et roues Vision Team 35 Comp pour l’Orca Aero M Team.

Les autres modèles de la gamme sont :

  • L’Orca Aero M20 Team, avec un groupe Shimano Ultegra R8000, et des roues Vision Team 35 Comp au prix de 3299€
  • L’ Orca Aero M20i Team, avec un groupe Shimano Ultegra Di2 R8050 et des roues VIsion Team 35 au prix de 3999€

L’Orca Aero M10 Team, avec un groupe Shimano Dura-Ace, et des roues DT PR 1600 Spline 32 au prix de 4799€

  • L’Orca Aero M10i Team, avec un groupe Shimano Dura-Ace Di2, des roues Fulcrum Racing Quattro Carbon au prix de 7499€
  • L’Orca Aero M11i Team, avec un groupe SRAM Red eTAP, un cockpit Vision Metron et des roues DT PRC 1400 Spline 65 au prix de 7899€

Tous ces modèles sont proposés en sept tailles, et personnalisables à la commande, au niveau des plateaux et longueurs de manivelles ou potence par exemple, mais aussi au niveau des couleurs, grâce au programme MyO.

Nous avons testé l’Orca Aero monté avec un groupe Dura-Ace Di2, un pédalier capteur de puissance FSA Powerbox, un cockpit Vision Metron et des roues Vision à pneu de 55 mm de haut. Selon Orbea, c’est avec ce montage que le vélo fonctionne le mieux sur le plan aérodynamique, mais curieusement ces roues ne sont pas proposées en première monte sur l’un des vélos de la gamme.

Si ce mariage est particulièrement réussi pour une utilisation sur des terrains plats ou très légèrement vallonnés, il n’en est pas tout à fait de même dans les bosses au-delà de 6/7 % où l’on ressent une certaine inertie, surtout au niveau de la direction au moment de relancer en danseuse. Ainsi équipé, l’Orca Aero flirte avec les 7,5 kg, mais le montage de roues de 40 ou 45 mm, surtout si elles sont à boyau, donne au vélo un tout autre dynamisme, et aussi un peu plus de confort. Car l’Orca Aero est loin d’être un pulmann. C’est un vélo de course, conçu pour rouler vite. À basse vitesse, il filtre très peu les vibrations, bien qu’étant particulièrement bien posé sur ses deux roues. On ne le sent pas rebondir sur les mauvais revêtements, et c’est déjà un point très positif.

Le vélo est très peu flexible sous la contrainte, et il encaisse sans broncher les gros braquets et les brusques accélérations. Le poste de pilotage est l’un des plus rigides de ce type que nous ayons déjà testés. Il convient parfaitement à la rigidité du cadre, et évite de ce fait les sensations de cisaillement au niveau de la rigidité de l’avant. En revanche, nous le trouvons particulièrement inconfortable, notamment dans sa partie haute. Nous avons ressenti des fourmillements dans les mains sur les deux belles sorties que nous avons effectuées avec le vélo. Pas de problème de flottement non plus avec les roues de notre point de vue, même si certains de nos compagnons de route plus lourds ont vu les jantes lécher les patins sur de grosses relances. Le freinage des Metron 55 est très bon, au moins sur le sec. La géométrie de l’Orca Aero est parfaitement équilibrée, le vélo est stable dans les descentes rapides, et précis dans les enchaînements de courbe. Il peut toutefois se montrer légèrement sous-vireur en cas de vent latéral, avec le profil des tubes et la hauteur des jantes.

Dans les bosses roulantes, l’Orca tient bien la cadence, mais il est souhaitable d’adopter une fréquence de pédalage assez élevée pour le faire vivre et conserver un peu de réserve en cas de démarrage d’un adversaire. Lorsque c’est plus pentu, on apprécie qu’il ne se désunisse pas, bien qu’il faille tenir compte du poids du vélo d’essai pour en jauger la nervosité.

Pour conclure, l’Orca Aero se comporte comme la concurrence qu’il vise : c’est un vélo de compétiteur, de cycliste entraîné ou de triathlète avec des watts. Le confort et la versatilité ne sont pas ses points forts, mais il est en revanche très rigide pour un vélo typé aéro. Conçu pour des pros, il nécessite un peu de temps pour être apprivoisé. Ensuite, il remplit parfaitement son rôle, à savoir délivrer une efficacité sans faille, aussi bien pour rouler vite sur le plat que pour optimiser la moindre parcelle d’énergie délivrée face aux pourcentages. Les tarifs des modèles proposés sont de plus très bien placés. Encore une bien belle réussite de la marque espagnole Orbea.

ORBEA ORCA AERO

Taille du modèle testé : 49. Hauteur de selle : 687 mm.

Les + : Efficacité, rigidité, aérodynamique, finition, programme de personnalisation
Les – : Confort, cockpit du vélo testé

Cadre : monocoque carbone OMR
Fourche : monocoque carbone OMR Freeflow
Poids du modèle testé : 7,5 kg (1200 g le cadre en taille 53, avec peinture et visserie)

Prix public : de 2999 à 7899 €

Voir également :

Contact : www.orbea.com

 

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2 commentaires sur “Test de l’Orbea Orca Aero”

  1. Bonjour,

    Merci pour cette présentation et test intéressant.
    Connaissez vous l’angle de tige de selle que l’on a en inversant la tige, pour mettre le vélo en position triathlon? (73.5 en taille 53)

    Merci

  2. Bonjour,

    Je roule sur un Orbea Orca depuis 18 ans( excusez du peu), et jamais de problème . Je vais reprendre sûrement un
    autre Orbea très prochainement.
    Bravo Orbea !

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