Ouvert mais du carac-terra-revendre !
C’est la grosse nouveauté du printemps chez Orbea, l’arrivée d’un Allroad dans la gamme du constructeur espagnol n’étant pas passée inaperçue notamment au sein de la communauté Gravel. Un vélo annoncé polyvalent mais ne vous fiez pas à son allure sage de « cyclo gentil » avec son cadre quasi droit dénotant avec les productions slooping actuelles, le Terra cache bien son jeu !
Présenté début avril 2017 à la presse internationale et immédiatement disponible en magasin, le nouveau Terra a immédiatement suscité de l’intérêt auprès d’un public averti, les adeptes de la pratique Gravel principalement, son côté à la fois ultra-moderne et traditionnel marquant les esprits et faisant naître quelques interrogations quant à ses capacités sur le terrain.
Un air de famille
Si l’on s’intéresse au reste de la gamme Orbea, on retrouve une certaine similitude dans les formes avec des tubes proches de ceux d’un Avant Disc nouvelle génération, des sections assez rondes, des bases imposantes et des haubans fins. La différence notoire avec l’Avant, outre la géométrie, est ce cintrage vertical des haubans permettant sur le papier d’apporter un peu plus de tolérance. Mais on retrouve ce côté quelque peu traditionnel évoqué précédemment, avec des cadres hauts, 63 cm de longueur de tube de selle par exemple sur notre XL de test, 59 pour un L ou encore 55,4 pour un M. Pas de Slooping contrairement à l’Avant disposant de tubes de selle plus courts comparés à la taille réelle du cadre (un cadre 60 cm a par exemple un tube de selle de 56 cm). La comparaison s’arrête là, le Terra est un vélo clairement différent de l’Avant même si Orbea propose des options de monte pneumatique en 700 x 25 sur ce nouvel Allroad. Les bases de 430 mm confirment d’ailleurs que le Terra est conçu pour être utilisé sur du chemin plutôt que sur du bitume.
Si les deux triangles se montrent plutôt volumineux, le cadre de l’Orbea n’en est pour autant pas spécialement long, le choix d’un Reach court ayant été privilégié. D’ailleurs, on trouve sur ce XL une potence de 120 mm, toujours un peu à l’ancienne mais qui trouve parfaitement sa place ici comme on le verra plus tard…
Modernité avec des détails techniques actuels et habituels, la possibilité de monter tous types de transmissions notamment – mono ou double, mécanique ou électrique – les différents inserts ou caches interchangeables étant prévus à cet effet. Axes traversants de 12 mm pour les roues, boite de pédalier PF30, direction intégrée, fixation des étriers de freins au standard Flat Mount et la possibilité de monter des garde-boues à tringles.
Dernier point concernant le matériau employé, avec un niveau de qualité de carbone OMP, qui est l’intermédiaire chez Orbea avec habituellement l’OME en entrée de gamme et l’OMR en haut de gamme. Le Terra, quel que soit le modèle, existe uniquement en fibre OMP, un bon compromis pour une utilisation bien sportive sans entrer dans des tarifs exorbitants. La construction est propre, rien à redire sur la finition extérieure de très bonne facture.
MyO
Des possibilités de personnalisation si l’on opte pour le programme MyO avec une finition mat ou brillant, choix du coloris sur 4 zones différentes ainsi que sur les logos (jusqu’à 18 couleurs différentes pour chaque zone), on vous laisse calculer le nombre de combinaisons possibles !
Mais si l’on manque d’inspiration où que l’on se perd parmi toutes ces possibilités, Orbea propose également son Terra en 5 coloris standards, une offre déjà bien large (très rare de voir autant de choix) permettant de satisfaire la grande majorité des pratiquants. Un des coloris de série se détache, celui habillant notre vélo de test, dont on souligne l’originalité et la touche artistique.
Il est également possible de modifier quelques éléments du montage d’origine avec diverses options possibles du côté des périphériques. Le Terra M21-D est équipé d’un groupe complet (sauf chaine) SRAM Force 1, cassette 11/36 dents et plateau de 40 dents. Poste de pilotage FSA Energy, tige de selle FSA SL-K, roues Fulcrum Racing 5 DB, pneus Schwalbe G-One 700×40 mm. Parmi les options possibles, cintre FSA K-Force et potence OS-99 CSI, tige de selle FSA K-Force compatible batterie Di2, roues Mavic Ksyrium Pro Allroad Disc, pneus Vittoria Rubino en 700×25 mm ou Kenda Flintridge en 700×35 mm. On a donc la possibilité « d’upgrader » lors de l’achat son Terra en fonction de ses envies. Et c’est plutôt bien car si l’on se penche sur le choix des roues, des Fulcrum Racing 5 DB d’origine, l’option Mavic Ksyrium Pro Allroad Disc peut s’avérer un excellent choix pour partir sur une pratique purement Gravel. Les Fulcrum ne sont pas de mauvaises roues – rigides, fiables et pas trop lourdes (1750 g la paire) – mais sont sur le papier prévues pour une utilisation route avec du pneu à chambre. 17 mm de largeur interne (23 mm en externe), c’est moins que les Mavic qui elles s’accommoderont davantage à une monte pneumatique en 700×40 mm, qui plus est en Tubeless Ready. Les Schwalbe G-One Allround Tubeless Easy 700×40 mm d’origine sont de très bons pneus pour rouler en Gravel mais leur montage ici en chambre sur les Fulcrum Racing 5 DB les rendent très sensibles à la crevaison. Nous en avons fait les frais à de nombreuses reprises, épines, cailloux…, le passage en Tubeless est obligatoire si l’on veut être tranquille !
Un pur Gravel
Sur le terrain, le Terra efface tous les préjugés. On ne s’attendait évidement pas à un raté de la part d’une marque comme Orbea mais autant préciser tout de suite que ce Terra M21-D nous a surpris et impressionné ! La position est « bien comme il faut », bon compromis entre confort et agressivité, pas trop haut pas trop bas de l’avant, pas trop long non plus même si ce grand cadre nous faisait craindre une allonge trop forte. La potence de 120 mm, on en reparle, elle parait finalement presque courte au regard d’un axe de roue avant placé loin devant. C’est là que l’Orbea Terra surprend le plus avec cet avant assez couché façon VTT – 70,5° d’angle de direction pour les chiffres – qui justifie l’usage d’une potence à valeur courante sur route plutôt qu’un modèle court. Le vélo est ainsi très stable et confortable mais c’est son niveau de maniabilité qui nous a le plus impressionné, un régal lorsque l’on se faufile sur des parcours ludiques comme des petits sentiers forestiers tortueux où l’on retrouve les sensations de pilotage d’un VTT. Mais attention, le Terra n’est pour autant pas un VTT, les chemins accidentés le rappelant rapidement même si les capacités de franchissement sont intéressantes. Disons que l’on a ici un vélo très joueur, très facile à manœuvrer, ce qui ouvre certaines perspectives sur des sorties où l’on mixte de grandes pistes caillouteuses avec quelques sentiers rapides et amusants, emplis de pif paf sans être réellement techniques et accidentés. Le Terra est vif et combiné à une bonne stabilité, il se manoeuvre facilement et rapidement, un coup de guidon en une fraction de seconde et la courbe est passée à l’attaque sans aucune crainte. Un obstacle imprévu en sortie de virage, on rectifie immédiatement voire on lève l’avant, le vélo réagit instantanément, un jouet dont on ne se lasse pas !
Et c’est également valable à faible vitesse, sur des secteurs devant être négociés avec des trajectoires bien précises que l’on aborde toujours bien placé pour enchainer des manoeuvres aisées. On est stable, on bouge comme on le souhaite, on place ou replace l’avant là où il faut, on ne subit pas le terrain ni la machine.
De retour sur les pistes forestières et autres chemins agricoles, le Terra se montre efficace, confortable et suffisamment dynamique pour rouler longuement au train de manière soutenue ou plus tranquille. On se sent très bien à son bord quelle que soit l’intensité qu’on lui impose. On apprécie cette direction couchée sur les revêtements plus difficiles comportant parfois des trous quelque peu agressifs, ça passe à haute vitesse sans trop taper ni déstabiliser. En accélération pure, pas de déformation du châssis, ça répond sans toutefois être radical, nous ne sommes pas sur un vélo de cyclocross taillé pour le rendement pur et dur, le Terra fait le boulot lorsqu’on le sollicite vivement mais il n’est pas taillé pour les démarrages ultra-violents. Et les pneus en 40 mm de large brident évidement l’ensemble, une monte plus étroite ne sera pas sans conséquences sur le comportement en termes de vitesse pure mais on se priverait de certaines capacités évoquées plus haut. Pour évaluer davantage le niveau de confort d’ensemble et les aptitudes globales de la machine, 3 testeurs se sont relayés à son bord durant ces 2 mois de test. Une petite session Bike Packing light en guise de conclusion au programme avec des journées aux alentours des 200 km n’auront pas abimé son pilote. Seuls les braquets serrés (plateau de 40 et cassette 11/36 dents) limitent les possibilités pour ce genre d’exercice, ce qui est également valable pour une utilisation en montagne sur des pentes longues à fort pourcentage. Rien n’empêche d’opter pour une cassette 11/42 dents et/ou un plateau plus petit et il existe aussi pour rappel des Terra double-plateaux plus polyvalents, voir la gamme complète ici : Orbea présente le Terra. Sur des parcours de plaine plats à vallonnés, c’est en tout cas un régal avec une plage de braquets permettant de rouler vite et de passer partout avec un certain niveau de forme tout de même. Les pneus en 40 mm, d’autant plus les Schwalbe G-One, restent un excellent choix pour une pratique Gravel grâce à un très bon compromis adhérence/confort/rendement à condition d’opter pour une monte Tubeless Ready. Un mot sur les périphériques FSA dont il est inutile de rappeler la réputation, le cintre route légèrement aplati sur sa partie haute apporte du confort et une bonne prise en main. Chacun ses goûts à ce niveau, la monte d’un cintre plus évasé type Salsa Cowshipper par exemple pourra être intéressante mais la maniabilité du Terra étant déjà excellente, un guidon type Cowbell pourrait s’avérer comme étant le bon choix. Le cintre FSA d’origine est en tout cas très satisfaisant sur ce type de machine.
Le Terra s’affiche comme un Gravel actuel, une conception concordant avec les besoins des utilisateurs qui recherchent un vélo sachant être efficace sur piste et joueur sur des sentiers ludiques. Mais le Terra n’entend pas non plus se glisser dans la fenêtre des pratiquants souhaitant faire du VTT avec un Gravel, une certaine tendance rencontrée du côté des fans de John Tomac… La monte pneumatique ne peut excéder les 40 mm ici (il reste alors 8 mm de chaque côté du pneu entre les haubans et les jambages de fourche) et on ne pourra pas installer de roues de 27.5 à pneus larges. Et c’est très bien ainsi, l’Orbea Terra est un pur Gravel, restant en phase avec une pratique originelle de la discipline (où l’intérêt principal porte sur la vitesse) sans chercher à franchir de nouvelles barrières inutilement. Une machine efficace et très plaisante à rouler pour les cyclistes recherchant du confort associé à un niveau de performance globale élevé. On pourra l’utiliser sur route ou en cyclo-cross mais sans atteindre le niveau de machines plus spécifiques à ces usages. L’Orbea Terra ne manque pas d’atouts et d’originalité, c’est une sacré réussite, sans aucun doute l’un des meilleurs Gravel sur le marché actuellement !
Les – : Roues
Fourche : Carbone OMP
Dérailleur : SRAM Force 1
Poignées : SRAM Force 1
Cassette : SRAM PG1170 – 11/36 dents
Chaîne : FSA Team Issue
Pédalier : SRAM Force 1 PressFit – 40 dents
Freins : SRAM Force 1 Disc – rotors de 160 mm
Roues : Fulcrum Racing 5 DB
Pneus : Schwalbe G-One Allround TLE – 700×40
Potence : FSA Energy
Cintre : FSA Energy Compact
Tige de selle : FSA SL-K 350 x 27.2 mm
Selle : Prologo Nago Evo PAS Tirox
Poids : 8,64 kg sans pédales en taille XL
5 tailles : XS, S, M, L, XL
Coloris : 5 + personnalisation MyO
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