Test du Haibike Greed HardNine 7.0

Remodelé en 2016 avec l’adoption de ce cadre atypique, le Haibike Greed ne manque pas d’atouts sur le terrain, en particulier cette version 7.0 orientée performance pure s’adressant aux pilotes évoluant sur des parcours XC.

Si la marque Haibike s’est fortement spécialisée dans le vélo à assistance électrique en s’étant forgé une solide image dans ce secteur ces dernières années, essentiellement du côté du VTT, il est bon de rappeler qu’elle demeure toujours bien présente dans le milieu du vélo à propulsion 100% humaine. La gamme n’est plus aussi large que par le passé, mais Haibike reste actif sur toutes les pratiques, et l’on trouve des machines variées qui font le bonheur de bon nombre de pratiquants. La gamme de VTT est complète et claire.

Nouveau Greed 

Apparu au sein de la gamme 2016 du constructeur germanique, le châssis Greed nouvelle génération équipe les versions haut de gamme comptant en 2017 trois modèles, Greed 6.0, Greed 7.0 et Greed 8.0, affichés à des tarifs respectifs de 2999 €,  3999 € et 5699 €. Si le premier prix est monté en Shimano Deore XT 2×11 vitesses, les 7.0 et 8.0 utilisent la fameuse transmission SRAM Eagle 1×12 vitesses présentée en 2016, détails complets >> SRAM 2017 : Deux groupes 1 x 12 vitesses !

En ce qui concerne les versions moins onéreuses, les Greed 3.0, Greed 4.0 et Greed 5.0 sont proposés à des tarifs compris entre 1599 € et 2899 €. On retrouve des cadres « partagés » avec d’autres marques du groupe Accell (dont fait partie Haibike), cadre que l’on retrouve par exemple chez Lapierre (famille Prorace).

HardSeven ou HardNine ?

Chaque Greed – quel que soit le niveau de gamme – est proposé en roues de 27.5 ou de 29 pouces, le consommateur a donc le choix y compris sur les tailles S. Mais du côté des extrêmes, un XS (35 cm) existe uniquement en 27.5 tandis que le XL (55 cm) ne se fait qu’en 29 pouces. On apprécie en tout cas ce large choix 29 pouces, du S au XL, convenant notamment davantage aux compétiteurs.

Greed HardNine 7.0

Notre vélo de test, un HardNine (29 pouces donc), surprend et ne laisse pas indifférent avec ce look atypique et plutôt imposant. On aime ou on déteste, mais Haibike a le mérite de proposer quelque chose de nettement différent, en tout cas de nombreux regards se sont attardés dessus durant ces plusieurs semaines de test, et l’on peut affirmer qu’il a plutôt eu la cote. Des formes complexes comportant de multiples arêtes, un tube diagonal courbé en bas tranchant avec cet ensemble rectiligne tube supérieur/haubans, un avant imposant non sans évoquer une tête de requin (qui est rappelons le l’emblème de la marque, Hai signifiant requin en allemand). Pas de tubes fins, y compris sur le triangle arrière, l’ensemble n’est pas non plus « obèse » mais dénote une robustesse rassurante.

Mais n’ayez crainte, sous ses allures de SUV du VTT, à l’inverse le HardNine 7.0 est très léger affichant à peine 9,5 Kg sur la balance (en taille L) prêt à rouler avec pédales. Certes il y a plus léger, mais pour rester dans ce budget de moins de 4000 Euros, Haibike n’a pas cherché à faire de l’ultralight et les inconditionnels du poids plume arriveront facilement à lui faire perdre de bonnes centaines de grammes sur les composants périphériques. D’origine, on est sur un montage « à l’allemande » avec des pneus en 2.25 de large, des disques de 180 mm avant et arrière, un poste de pilotage et une assise Haibike avec rails CrMo pour la selle et un cintre bien large de 740 mm. Rassurant à tous les niveaux, prêt à rouler très vite sur les autoroutes allemandes (bien pour les XC Marathon locaux…) puisque même équipé d’un plateau de 36 dents !

Le cadre dispose de diverses trappes interchangeables (ouvertes ou fermées) permettant de tout passer en interne, y compris un dérailleur avant en tirage Side Swing ou classique, mécanique ou électrique, tout est prévu pour ça. Pas de format Boost, on est sur du 142 x 12 mm en ce qui concerne l’axe traversant arrière, les pattes aluminium, assez massives elles aussi, sont démontables des 2 côtés (pas uniquement côté dérailleur). 15 x 100 mm à l’avant, leviers de déverrouillage incorporés à l’avant comme à l’arrière, plus lourds que de simples axes traversants à empreinte Allen mais bien plus pratiques. La boite de pédalier est au format PressFit.

Concernant le train roulant, les dernières ZTR Crest, version MK3 (qui ont rappelons le été élargies avec désormais 23 mm en interne et 26,3 en externe) ont perdu un peu de poids (une quinzaine de grammes pour atteindre 458g la jante). Moyeux maison XLC d’origine asiatique, un montage robuste en DT Swiss Comp avec même des écrous laiton plutôt que de l’ergal. Sans être trop lourdes et plutôt agréables à emmener, ces roues pourront tout de même être changées pour optimiser la performance en compétition.

Sur le terrain

Ce HardNine 7.0 en taille L nous aura suivi quelques semaines, sur des sorties XC court à long sans toutefois atteindre de longues heures de selle. Des courses régionales avec un 24 heures en équipe de 5 pour tirer à fond (on a essayé du moins) sur la bête. La prise en main est aisée, on ne sent pas sur un pur-sang ultra agressif mais plutôt sur un VTT sportif  avec un avant plutôt haut pour un hardtail. On n’hésite pas à mettre la potence au plus bas, mais on gardera tout de même un ensemble un minimum « relax » qui offre de belles perspectives dans le ludique. On peut presque parler d’un ensemble neutre, entre pure machine de XC et vélo de Trail. Néanmoins, en termes de réactivité, on est bien sur un hardtail XC, répondant à la moindre sollicitation. Les roues brident un peu sur les parties assez rapides et roulantes mais cette première monte est très correcte, on aura le temps de 2 courses troqué le Rocket Ron arrière pour une enveloppe plus fine et moins cramponnée s’avérant davantage adaptée à ces tracés. Un résultat plus que satisfaisant, mais on sent que les roues ne valent pas les meilleurs produits XC actuels, de série ou en montages artisanaux.


Pour en revenir au comportement intrinsèque du Greed nouvelle génération, il y a du bon avec un excellent équilibre de l’ensemble. Stabilité et maniabilité sont au rendez-vous. Très facile à manoeuvrer et assez joueur, certes aidé par un cintre de 740 mm, le Greed HardNine 7.0 s’est montré très stable et très à l’aise lorsque le sol devient agressif (pavasses, racines, etc). On peut mettre au crédit de la stabilité une valeur de BB Drop (hauteur de boite, mesure exprimant la différence de hauteur entre les axes de roues et celui du pédalier) plus importante que la moyenne, Hiabike annonçant -65 mm (tableau de géométrie complet en fin d’article). Sécurisant, il reste facile à piloter quelle que soit la vitesse. On s’attendait à un éventuel excès de rigidité verticale, il n’en est rien. Et en termes de rigidité associée au confort, la tige de selle combinée à des haubans reliés bas au tube de selle permet d’obtenir un très bon niveau de confort sans que l’on ressente une sensation de flou.

Nos nombreuses sorties en forêt de Fontainebleau ont été révélatrices, le Greed 29er est rapide et «facile», dans la lignée de nombreuses machines actuelles disposant de ces géométries modernes où l’on a pas hésité à descendre sous les 70° d’angle de direction. Ce n’est pour autant pas une machine exclusive, au contraire. Taillé pour rouler vite et se défaire de nombreux obstacles, il accepte également les sorties bien plus tranquilles où le plaisir à son bord reste intact. Le Haibike Greed HardNine est accessible et permet de s’ouvrir aux virées courtes comme longues. Il ne faudra pas hésiter à monter une couronne plus petite: le 36 dents, même en transmission Eagle avec pignon de 50, se montre trop limite dans les forts pourcentages où l’on retrouve finalement les inconvénients d’une transmission 1×11. Un 32 dents sera parfait en termes de polyvalence, on pourra s’aventurer à peu près sur tous les terrains sans apréhension au sujet des braquets.

Pour en revenir aux périphériques Haibike d’origine, tige de selle flexible en carbone diamètre 27.2 mm, selle typée course – étroite et plutôt ferme – avec un canal central limitant les pressions et laissant circuler un peu d’air. Collier de selle typique Haibike, présent depuis quelque temps sur plusieurs vélos de la gamme, un look « mécanique », un efficacité correcte (pour les forts gabarits, patte spéciale anti-glisse obligatoire) et l’on regrette l’apparition de rouille sur les pions de rivetage. Le sommet du tube de selle est rainuré pour recevoir ce collier, il sera difficile (mais pas impossible) d’opter pour un modèle d’une autre marque.

Du côté du poste de pilotage, la forme et la largeur du cintre en carbone favorisent la maniabilité et le «bien-être». Mais comme pour l’assise, à chacun ses habitudes, et un changement pourra s’avérer nécessaire selon les envies. Les grips silicone ne valent évidement pas des ESI – référence absolue du milieu – mais on note des progrès par rapport à certains produits franchement ratés ces dernières années. Confort correct, tenue, il n’est cependant pas vraiment possible de rouler sans gants (contrairement aux ESI) dès que les températures deviennent estivales. Pour de la première monte, c’est en tout cas pas mal et utilisable. La potence est en aluminium, l’ensemble est rigide, ça ne vrille pas et l’on garde ainsi une bonne précision de pilotage.

L’avis d’Octavien Maillard

Pilote Haibike France depuis cette année, Octavien Maillard évolue au niveau national (top 20 en coupe de France) et international (plus occasionnellement) avec de belles victoires sur le XC d’Ecouves ou le Roc des Alpes par exemple. Nous lui avons demandé  de nous donner un avis objectif sur ce Greed qu’il utilise en version HardNine 8.0.« Parmi les points négatifs, la douille de direction est trop haute pour une utilisation exclusivement Race. La boite de pédalier est à mes yeux trop basse avec peu de garde au sol. Parmi les points positifs, le confort grâce au flex de la tige de selle, la géométrie/conception est top d’un point de vue rigidité et stabilité. Enfin, le rapport équipement/prix est intéressant. Pour ce qui est du format de roues, 27.5 ou 29, c’est vraiment relatif au pilote. Personnellement j’aime le 29 pour sa stabilité et du coup son aspect un peu passe partout, ce qui permet de ne pas avoir de full-suspensions dans la mesure du raisonnable. »

 

En conclusion

Atypique, agile, séduisant, le Greed HardNine ne manque pas d’atouts à condition d’aimer ce look particulier. Il ne déçoit pas sur le terrain et saura combler les amateurs de vitesse qui recherchent aussi un minimum de confort, tant sur la souplesse que sur la position avec cet avant un peu plus haut qu’à l’accoutumé. XCO ou XC Marathon, les 2 sont envisageables avec ce type de machine. Quelque peu excessif dans ses formes, il ne l’est pas une fois dans les singletracks avec un comportement sain et dynamique, le plaisir et la performance sont au rendez-vous !

HAIBIKE GREED HARDNINE 7.0

Les + : originalité, prise en main aisée, dynamisme
Les – : serrage selle, denture couronne

Cadre : carbone monocoque UD
Fourche : RockShox SID RL
Dérailleur : SRAM X01 Eagle
Shifter : 
SRAM X01 Eagle Trigger
Cassette : SRAM XG1295 – 10/50 dents
Chaîne : SRAM PC1290
Pédalier : SRAM X01 Eagle Press Fit – 36 dents
Freins : Magura MT6, disques AV/AR de 180/180 mm
Jantes : Stan’s NoTubes ZTR Crest MK3
Moyeux : XLC Evo Disc
Rayons : DT Swiss Comp, écrous laiton
Pneus : Schwalbe Rocket Ron Evo 29 x 2.25
Cintre : Haibike Components TheBar +++ 740 mm
Potence :
Haibike Components TheStem +++
Tige de selle : Haibike Components TheSeatpost  +++ 400 x 27.2 mm
Selle : Haibike Components TheSaddle +++
Poids :  9,22 kg sans pédales en taille L
4 tailles : S, M, L, XL
Prix public : 3999 €

 

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