Test du Cannondale Moterra SE

Cannondale Moterra SE de profil

Après un premier contact fin 2016 avec la gamme Moterra (voir ici), l’opportunité de passer plus de temps au guidon du tout-suspendu électrique de Cannondale ne pouvait se refuser. Début 2018, nous prenons donc possession d’un Moterra SE pour quelques jours. 140mm de débattement devant, 130mm derrière, chaussé en 27+… On va pouvoir profiter des premières fraicheurs hivernales.

soudures derrière la direction du Moterra SE Cannondale

Le Cannondale Moterra SE annonce la couleur. Ce sera sérieux. Cadre gris foncé et noir comme le reste de l’équipement, seuls les flancs crème des pneumatiques renvoient un peu de lumière. Les tubes très largement dimensionnés, comme les cordons de soudure apparents de tous côtés, promettent du solide. Cependant, le poids sans pédales de cet exemplaire en taille M reste raisonnable, puisque les cristaux liquides de la balance se calent sur 23.6 kg.

moteur et batterie Bosch du Moterra SE Cannondale

Cannondale insiste sur la rigidité préservée du tube diagonal : le logement de la batterie est ajouté sous le tube diagonal (et non intégré), ce qui ne l’affaiblit pas et maintient un centre de gravité bas. La batterie est branchée en haut, verrouillée en place en bas. Une coque rigide maintenue par une sangle élastique la protège des agressions extérieures. Ce système nous a paru efficace, même si nous ne l’avons pas malmené sur le terrain. La batterie est en tout cas facile à déposer et à remettre en place pour la charge.

Il est resté de l’espace dans le triangle pour un porte-bidon. On a réussi à y entrer même un 750ml, mais seul le demi-litre est réellement manipulable en roulant.

levier de frein Sram Guide

On retrouve Bosch à l’assistance, avec un moteur Performance Line CX alimenté par une batterie de 500Wh. La transmission et le freinage viennent de chez Sram, avec un groupe EX1 complet ainsi qu’un ensemble leviers et étriers Guide RE.

fourche Fox du Moterra SE Cannondale

amortisseur Fox et biellette carbone

Pour compléter cette musculature appétissante, Fox se charge de maintenir les trains roulants au contact du sol : une fourche Performance 34 Float (spécifique électrique) devant, et un amortisseur Performance Float Evol dans le cadre. Une charge batterie et une paire de pédales plus tard, direction les bosses des Vosges.

commande Bosch Purion

La commande de l’assistance à la main gauche fait dans le simplissime. On met en route au-dessus, et on change les quatre niveaux d’assistance avec les gros boutons + et – sous le pouce, faciles à manipuler même avec des gants. S’affichent lisiblement la vitesse instantanée, l’état de la batterie et une estimation de l’autonomie restante (selon le mode choisi). Pour les plus curieux, le reste est dans la notice, mais pour rouler ça suffit bien.

Cannondale Moterra SE sur une montée accidentée

Les essais ne se feront que sur quelques sorties, ce qui nous frustrera presque. Quelle machine… Un petit moment qu’on n’avait pas repris le guidon d’un vtt à assistance électrique. Le temps de se réhabituer au dosage du coup de pédale pour ne pas patiner en adhérence précaire, en restant assis et en laissant le Fox travailler, et on grimpe alors beaucoup de choses. La magie revient. On s’affranchit de l’effort, et on se concentre sur la technique. Ça y est, tout passe, en restant souple au pédalage pour -on l’a dit- ne pas perdre l’arrière. Surgonflage et danseuse à proscrire, trop contre-productifs l’un comme l’autre. On ne revient pas sur l’agrément de l’assistance Bosch, toujours plus généreuse au démarrage, et parfaitement fluide ensuite à allure constante. Les deux niveaux supérieurs de l’assistance sont toujours aussi rigolos et exessifs à notre goût. Il faut dire que nous avons évolué dans des conditions hivernales humides persistantes, avec des racines grasses et sournoises incitant à la prudence, alors rêvons un peu : avec des capteurs adaptés, l’électronique pourrait comparer la rotation de la roue arrière à celle de la roue avant, en déduire un patinage et réduire alors le couple d’assistance… Bref.

On a quand même songé durant ce test que ces Onza Canis auraient été plus à l’aise sur le sec. L’arrière nous a trop souvent semblé proche du décrochage, tandis que l’avant cherchait parfois un appui à l’extérieur de sa trajectoire immédiate.

détail du pneu Onza Canis

Pas de quoi bouder son plaisir cependant. Le Moterra est équilibré, les masses parfaitement centrées et le surpoids batterie-moteur n’est finalement que peu perceptible, même dans les évolutions lentes et serrées. Dans ces cas-là, mieux vaut avoir le doigt léger sur les freins, sinon le cadre se raidit (et les pneus glissent -encore).

descente d'une pierre sur un sentier

A allure plus rapide, Le Moterra SE est très bon. Toutes ses réactions sont prévisibles, saines et mesurées. Il répond sans inertie, notamment à l’avant. Le grand guidon et la potence courte y sont pour beaucoup dans cette docilité, aidés par une fourche au travail irréprochable. Les freins semblent insensibles à l’échauffement, au moins sur quelques centaines de mètres. Quant à la commande au guidon de la tige de selle, c’est disgracieux mais fort pratique. Au doigt et à l’oeil, on vous dit.

vtt électrique, descente rapide

« Pendant que le pilote s’amuse, le matériel travaille. »

En fait, durant nos quelques sorties, nous n’avons pu prendre le châssis ni les suspensions en défaut, sur un terrain pas si exigeant il est vrai. Difficile de dire si c’est la biellette en carbone (fièrement mise en avant dans la fiche technique) qui donne à elle seule cette impression de rigueur, mais ce cadre est un sacré outil. La fourche le seconde dans le même état d’esprit : pendant que le pilote s’amuse, le matériel travaille. Vu le prix demandé, c’est plutôt de bon goût! Nous avons toujours rendu la main en ayant l’impression d’être encore loin des limites de notre monture. Juste ces pneus, peut-être… Ou alors la trouille de glisser. En tout cas, scritch, nous avons frotté le carter moteur dans les vingt premières minutes de test, preuve quand même qu’on se sentait en confiance (et que cette pièce n’est pas superflue).

descente raide en Moterra

Voici donc une machine chère, mais qui semble tenir ses promesses. Une assistance électrique de qualité, sur un vélo conçu pour ça depuis une feuille blanche avec de bons composants . Le résultat est là. Et il faut bien le reconnaître : celui qui clame toute l’année que « l’électrique c’est pas son truc » aura quand même la banane après trois heures au guidon d’un Moterra.

L’assistance musculaire, c’est bien, aussi. C’est vraiment un autre plaisir, en fait il faudrait les deux. Alors, si vous avez un peu de place et un peu de sous… Voici un électrique pour s’amuser sérieusement.

CANNONDALE MOTERRA SE
Moterra SE photo constructeur
Les + : châssis efficace, maniabilité, docilité générale.
Les – : pneus en demi-teinte, tarif… ouch.
Cadre : aluminium
Fourche : Fox Performance 34 FLOAT FIT4, 140mm
Dérailleur : Sram EX1, 8 vitesses
Shifters : Sram EX1
Cassette : Sram XG 899, 11/48 dents, 8 vitesses
Chaîne : Sram PC1110
Pédalier : Cannondale EC3, 15 dents
Freins : Sram GUIDE RE, 200/180mm
Jantes : WTB i29, 27,5″, 32 trous
Moyeux : Formula Disc – 110x15QR avant, 157×12 arrière
Pneus : ONZA CANIS Kevlar TLR 27.5X2.85
Potence : Cannondale alu 6061, 1-1/8″, 5°, 55mm
Cintre : Cannondale alu, 9°, rise 15mm – largeur 780 mm
Grips : Cannondale Locking Grips
Tige de selle : TransX dropper, 31.6, 100mm (S)/120mm (M), 150mm (L/XL)
Selle : Fabric Scoop Elite
Poids : 23,60 Kg en taille M, pesé sans pédales
Tailles disponibles : S, M, L et XL
Prix public : 5699 €
géométrie du Moterra SE Cannondale
D’autres infos : www.cannondale.com

pneu arrière Onza Canis qui patine

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